Catalog 54 - Internet WEB access


 

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1.             ALARD Delphin (1815-1888) Violoniste français, maître de Sarasate - L.S. avec d'autres, 1 p. in-folio ; Paris, 22.X.1857. En-tête imprimé.                                                                (300.-)     200.-

Successeur de Baillot comme professeur de violon au Conservatoire de Paris, Alard signe ici, en tant que membre du Comité des Etudes, une très belle lettre de félicitations en faveur de son confrère Ernest DELDEVEZ (1817-1897). Ce dernier venait de publier un excellent ouvrage «... consistant en un choix de morceaux tirés des œuvres des grands violonistes-compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles, avec parties concertantes ajoutées au texte original et réalisées pour Violon et Piano...», etc.

Parmi les nombreux musiciens ayant apposé leur signature autographe au bas de ce document, citons Daniel AUBER, From. HALÉVY, Ambroise THOMAS, Michele CARAFA, Gustave VOGT, Ant. PRUMIER, J. F. GALLAY, J. G. KASTNER, Lambert MASSART, etc. Très belle réunion de signatures d'illustres musiciens et violonistes !

 

2.             ALBANI Emma (1847-1930) Soprano canadien, l'un des plus célèbres de son temps - L.A.S., 2 pp. in-12 ; «Mardi». En-tête à son chiffre, agrémenté d'un dessin représentant une harpe.                             (250.-)     150.-

Elle trouve le critique musical Pierre VÉRON «... bien indulgent...», le remercie pour toutes les amabilités et les articles flatteurs qu'il lui a consacrés et lui annonce que «... Les répétitions de la Linda [de Chamounix, de Donizetti] m'occuperont un peu la semaine prochaine...», etc.

Après son extraordinaire succès au Covent Garden en avril 1872, la cantatrice avait été engagée à l'Opéra Italien de Paris pour la saison 1872/73.

 

3.             ALI PACHA, Méhémet-Emin, dit (1815-1871) Homme d'Etat turc, plusieurs fois président du Conseil et grand vizir. On lui doit l'application du célèbre hatt-i-houmaïtoun en faveur des Chrétiens, en 1852 - L.S. (avec 1/2 p. autographe), 2 pp. in-8 ; Constantinople, 16.VI.1869. En-tête du Grand Vézirat.              (750.-)     500.-

Curieuse lettre «confidentielle» adressée à M. de Salve, à Galata-Séray, à la suite de nombreuses plaintes qui lui sont parvenues. Le Grand vizir s'inquiète des «... insuffisances et de la mauvaise qualité de la nourriture...» servie aux élèves du Lycée Impérial local dont l'économe grec fait preuve «... d'un mauvais vouloir insigne contre tout ce qui n'appartient pas à sa propre nationalité...». Il prie son correspondant de bien vouloir remédier sans tarder à cet état de choses et lui précise qu'il reste dans l'attente de connaître la décision qu'il prendra, car il craint que cette affaire ne dépopularise «... une œuvre que je considère comme appelée à contribuer à la régénération de mon pays...».

Ali Pacha ajoute de sa main  un post-scriptum de neuf lignes, suite à un rapport de police qui lui est parvenu : «... un certain grec nommé Janni est de très fâcheux antécédents sous le rapport de moralité [et] abuse des fonctions d'interprète du Lycée en débauchant les jeunes élèves et en les conduisant là où ils ne doivent pas mettre le pied...» ; il exige que soient prises les mesures nécessaires. [TURQUIE : Voir aussi les numéros 6, 100, 110, 260, 264 et 276]

 

4.             ANCIEN RÉGIME - Ensemble de documents anciens portant quelques signatures autographes, XVIe/XVIIIe siècles. Papier et vélin. Pièces jointes.                                                                                    (300.-)     200.-

Lettre de 1564 en copie, adressée à «Messieurs de la ville de Dôle», d'une écriture rapide, simplifiée - L.A.S. d'un noble de Montluc concernant des affaires que traitent le frère Grek et le marquis de Foudras (1759) - Pièce signée «Louis» en 1775 par le secrétaire de la main de Louis XVI, contresignée par le ministre SARTINE et signée par d'autres dont L. J. M. de Bourbon, duc de PENTHIÈVRE (1725-1793).

Joint : quelques feuilles de papier vierge avec filigranes anciens.

 

5.             APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918) Poète français d'origine italienne, il fut l'un des initiateurs les plus perspicaces de l'art moderne - Manuscrit autographe, 1 p. in-8.                                                  (2200.-)   1600.-

Ce feuillet légèrement bruni et aux bords irréguliers semble avoir longtemps traîné dans les poches du poète ; celui-ci y a noté un bref résumé de cinq ou six curieuses histoires ou pensées sur l'Amour (faits divers réels ou sortis de son imagination ?). Il note par exemple : «Mariage de prêtre : pour convertir la femme et pour la rendre heureuse, il sacrifie son salut et l'épouse. Elle est enceinte...» ; ou encore, à propos d'une «Pièce» qu'il intitule «La pudeur» : «peintre - modèle - déshabillage - amour - pudeur - rhabillage».

Plus bas, il est question de «... deux sacrifices. Le mari se crève les yeux pour conserver le souvenir de la beauté de sa femme et la femme se défigure pour rassurer définitivement la jalousie du mari...», etc.

 

6.             ATATÜRK, Mustafa Kemal (1881-1938) Général et homme d'Etat turc, président de la République dès 1923, après l'abolition du Sultanat - Manuscrit autographe, 1 p. in-folio, crayon. Vers 1927.           (4500.-)   3000.-

Exercice d'écriture latine en vue de l'abolition (1928) des caractères arabes !

Document exceptionnel provenant des archives du célèbre ethnologue suisse Eugène PITTARD (1867-1962). Ami personnel du «père» des Turcs, le savant et son épouse Hélène furent les hôtes privilégiés d'Atatürk à Ankara ; la discussion fut portée sur le procès de modernisation de la nouvelle République et sur la barrière que constituaient la langue et l'écriture arabes au rapprochement de la Turquie à l'Europe.

A cette occasion, les Pittard tracèrent sur une feuille des mots et des noms («biologie», «archéologie», «Hittite» et «Israël»), afin que le Président turc leur en donne l'équivalent en caractères latins selon la prononciation turque. Pour le mot «biologie», Atatürk propose différentes solutions phonétiques : «bi + ologie», «biy», «büy», etc. ; pour «Hittite», c'est «ig + it + ig + it + eg», etc. Le nom d'«Israël», qui s'écrit «ig + is +er + ag + eg», est quant à lui suivi des mots «Yahudi» et «Yakutig» (?).

Précieuse relique témoignant de l'amitié qui liait la Suisse à la Turquie. Rappelons que dès 1926 le Droit civil suisse, adapté aux nécessités propres au pays, avait été introduit dans la législation turque !

Le professeur Pittard publiera en 1931 «Le visage nouveau de la Turquie».

 

 

7.             BALDWIN James (1924-1987) Romancier américain, il vécut plusieurs années à Paris, ville qui servit de décor à son second roman, Giovanni's Room. Fils d'un pasteur noir, il prêcha lui-même à Harlem - PHOTO signée, 4°. Autographe rare.                                                                                               (500.-)     350.-

Magnifique portrait de profil, en noir et blanc, des années 1975/1980. Cliché original du Guardian de Londres.

 

8.             BALSEMÃO, Luis Pinto de Sousa Coutinho, vicomte de (1735-1804) Diplomate et ministre portugais, ancien capitaine et gouverneur général du Mato Grosso, au Brésil - P.S., 2 1/2 pp. in-folio ; Lisbonne, 3.III.1794. (3000.-)            2000.-

Document historique !

«Artigos das Condiçoens, comque a Corte de Portugal aceita a tregua ajustada por tempo de hum anno entre Hamuda Barà Dey do Reino de Tunes, et Sr Perkins Magra... Encarregado dos Negocios de Sua Mag.e Britanica... segundo a Convençao trocada no primeiro de Janeiro de 1794...».

Parmi les cinq points développés dans ce document, notons celui relatif à la liberté qu'ont les bateaux portugais de naviguer dans le détroit de Gibraltar et dans l'Océan atlantique et l'interdiction qui est faite aux «Corsarios Tunezinos» d'approcher «... a menos de duas Legoas distantes das Costas do Reino de Portugal, e das Ilhas dos Assores, Madeira, e Cabo Verde, e por neuhum modo se poderao estacionar de fronte, ou a vista dos Portos...».

Il ne sera fait aucun obstacle à la liberté de navigation des bateaux de commerce transportant des marchandises manufacturées au Portugal «... ou das suas Colonias, e Conquistas...», dont le Brésil était alors le plus important.

Le document souligne que seule l'acceptation des différentes conditions qu'il propose permettrait au Portugal de ratifier la trève mise au point par les Anglais à Tunis. [BRÉSIL et PORTUGAL : Voir aussi les numéros 38, 66, 200, 201 et 241]

 

9.             BANER Johan G. (1596-1641) Célèbre feld-maréchal suédois, engagé dans la guerre de Trente Ans - L.S., 1 p. in-folio ; Leutmarien (?), 13.II.1640. Adr. et petit sceau à ses armes sur la IVe page.  (1200.-)   800.-

A un officier supérieur suédois en poste dans la Hinter-Pommern, à Stettin, pour l'informer des dispositions qu'il a prises afin de permettre à son conseiller Lillieströhm d'encaisser ce qui lui est dû pour diverses charges dont son «... General Gouverneurs tractament...», soit 3000 Reichsthaler, etc. Commandant en chef de l'armée suédoise en 1634, Baner avait remporté de nombreux succès, notamment la bataille de Chemnitz (Saxe) en 1639, et conquit la Bohême l'année suivante.

 

10.           BARDE Charles (1803-1878) Pasteur genevois, il se consacra à l'instruction religieuse et présida le Comité des missions évangéliques - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Genève, 27.II.1863. Pièce jointe.          (400.-)     250.-

Longue missive à un «frère» qui aurait souhaité pouvoir rendre quelques services à une dame vivant en Algérie, laquelle reçoit déjà les «consolations» de la religion. Barde s'est entretenu à ce propos avec différentes personnes, dont le pasteur Jean-Frédéric ASTIÉ (1822-1894), professeur à la Faculté de l'Eglise libre à Lausanne : «... Nous sommes heureux que sa collecte ait aussi bien réussi et il paraît espérer qu'elle contribuera à remettre à flot cet utile établissement...», etc.

On joint une L.A.S. de 3 pp. in-8 de Jean-Louis NAVILLE-TODD (1812-1895, éducateur et député conservateur genevois) au même pasteur. Datée de Genève le 17 mars 1863, cette missive concerne un nommé Baumann «... de la Suisse allemande, qui il y a 4 ou 5 ans a dû remplir quelques fonctions religieuses dans votre église protestante d'Algérie...» ; une société s'occupant de l'évangélisation dans le Canton s'intéresse à lui. Naville-Todd, qui a vu «... avec grand intérêt cet hiver... à son retour de Suisse, Mr le Pasteur Astié de Mostaganem...», envoie ses amitiés au Pasteur Cogni, espérant qu'il aura conservé quelque souvenir de lui et de sa visite à Alger en 1855.

 

11.           BEAUHARNAIS, Claude, Comte de (1756-1819) Officier français, sénateur dès 1804. Fils de Fanny et père de Stéphanie de Bade - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 23.III.1806. En-tête gravé à son nom.         (300.-)     200.-

Cousin de l'impératrice à laquelle il doit tous ses honneurs, le «Sénateur Beauharnois» intervient en faveur de Monsieur Devilliers, un officier «... que je connois beaucoup et dont les propriétés sont proches des miennes, dans le département de la Vendée...».

 

12.           BEAUHARNAIS, Eugène de (1781-1824) Vice-roi d'Italie, fils de Joséphine, adopté par Napoléon Ier - Deux L.S., 4 pp. in-4 ; Laybach et Vérone, 1813.                                                                                  (300.-)     200.-

Belles lettres militaires adressées au général Grenier pour lui faire part de ses projets de défense du Tyrol et lui transmettre des nouvelles reçues du général Mermet à propos de certains mouvements de l'artillerie ennemie : «... Vous voudrez donc bien donner les ordres en conséquence...».

 

13.           BEAUHARNAIS, Eugène de - P.S. «payé ce 12 janvier [1810] - E. N.», 2 pp. f°. En-tête.     (2000.-)   1500.-

FACTURE émise par «FRIESE et DEVILLERS - Joailliers Bijoutiers de leur Majestés le Roi et la Reine des Deux-Siciles - Rue du Bacq n° 1...» suite à une livraison du mois de décembre 1809 «... à S. A. I. le Prince Eugène Napoléon...» d'une étonnante série de plusieurs dizaines de bijoux pour un total de plus de 64.000 francs !

La date de cette facture pourrait laisser supposer que ces objets furent utilisés comme cadeaux de fin d'année. Les prix de ces bijoux varient de 24 francs pour un «... cachet en cornaline...», à 3000 francs pour «... une paire de Boucles d'oreilles poires entourés de Brillants...» en passant par une «... boétie d'or...» payée 500 francs ; une «... Parure complette en Turquoises et Brillants...» coûta à Eugène la somme de 30.000 francs ! Le document se termine par deux notes autographes signées, l'une des joailliers donnant reçu du paiement, l'autre du prince Eugène qui a noté : «Payé ce 12 janvier - E. N».

Magnifique document pour le nombre important et la variété de pièces décrites (parures, boîtes, croix en rubis et en brillants, cachets, boucles d'oreilles, colliers, plaques, médaillons, bracelets, boutons de manche, etc., etc.) mais aussi pour le bel en-tête gravé aux armes des souverains des... Deux-Siciles, ennemis de l'Empire napoléonien.

 

 

14.           BEAUHARNAIS, Fanny de (1738-1813) Femme de lettres française, tante de l'impératrice Joséphine, son Salon fut le rendez-vous d'une société choisie - L.A.S., 1 p. in-4 ; (Paris), 15.III.1806.       (600.-)     400.-

Au comte Félix de Saint-Martin de LA MOTTE (1762-1818), botaniste et littérateur piémontais nommé par le Consul Bonaparte préfet du Dépt. de la Sésia, puis Sénateur en 1804.

Fanny de B. aurait vivement souhaité la présence de son correspondant, homme de vaste culture, à une soirée organisée par le Cercle harmonique : «... j'aurais attaché un prix infini à devoir à votre obligeante influence le local de la rue du bac auquel aspirait cette belle réunion de talents...» ; la confiance qu'elle lui voue lui serait précieuse car si Mr Roitier se refuse «... à entrer en pourparler avec ces Messieurs sur les conditions... qu'il mettrait à son consentement, rien de ce que j'espérais ne sera réalisé...», etc.

 

15.           BELLINI Vincenzo (1801-1835) Compositeur italien dont la pureté de la mélodie et la richesse du lyrisme ont fait le durable succès des opéras :  La Somnambule, Norma, Puritains, etc. - MUSIQUE autographe, 2 pp. in-4 obl. ; (Naples, vers 1818/20).                                                                                              (8000.-)   6000.-

A 17 ans déjà, Bellini était l'auteur d'ouvrages de musique religieuse (son Magnificat, notamment, date de 1818), de cantates et de mélodies. Les deux faces de cette feuille sont remplies d'une vingtaine de portées sur lesquelles le musicien a tracé un long extrait de son célèbre Dixit Dominus. Composé à l'époque où le musicien suivait ses études au Conservatoire de Naples, ce fragment d'environ 250 mesures de la partie de hautbois du Psaume 109 est un premier jet portant quelques corrections et rajouts, ainsi que les indications musicales «Allegro» et «Più mosso».

Le manuscrit incomplet de cette œuvre, restée inédite, fait aujourd'hui partie des archives du Conservatoire de Naples.

Selon le musicologue Francesco Pastura, qui fut longtemps directeur du Museo Belliniano de Catane, la partition complète du Dixit Dominus devait être jointe à celle du Magnificat, composé dans les mêmes années, et l'ensemble fut exécuté à l'occasion de quelques vêpres solennelles.

Les autographes (feuilles musicales ou lettres) de Bellini, mort à l'âge de 34 ans, sont  très rares. [Voir l'ill. en couverture]

 

16.           BERLIOZ Hector (1803-1869) Compositeur français - L.A.S., 1 p. in-8 ; «Samedi» [Paris, 27.V.1837]. Adresse autographe et cachets sur la IVe page.                                                                   (3000.-)   2000.-

Lettre de jeunesse, adressée au musicologue Auguste BOTTÉE de Toulmon (1797-1850), bibliothécaire du Conservatoire de Paris dès 1831, relative à un service que le compositeur souhaiterait rendre à une amie, Louise BERTIN, dont l'opéra Esmeralda avait été un fiasco en 1836, contre toute attente de Berlioz et de Liszt qui avaient été très favorablement impressionnés par la musique de cette dame.

Bottée ayant demandé une copie de «... la partition pour la Bibliothèque, ... [Mademoiselle Bertin] ne sait pas si vous entendez qu'elle la fasse copier à ses frais. Dans ce cas l'affaire souffrirait quelques difficultés ; écrivez-moi...», etc.

Notons que la révolution de 1848 ayant fait perdre la raison à Bottée de Toulmon, celui-ci laissa à la Bibliothèque, qu'il avait dirigée 17 ans durant, d'importantes copies d'œuvres musicales exécutées par son ordre sur des ouvrages rares.

Lettre non répertoriée dans la Correspondance générale d'Hector Berlioz éditée par Frédéric Robert en 1975.

 

17.           BERLIOZ Hector - Dédicace A.S. sur la page de titre de son ouvrage «Voyage Musical en Allemagne et en Italie», deux volumes réunis en un ; Paris, 1844. Légères rousseurs. Reliure XIXe, dos cuir avec nerfs et pièce de titre.                                                                                                                                  (3500.-)   2500.-

Précieux exemplaire non rogné de la première édition de ce recueil de «Mélanges et Nouvelles» que Berlioz fit paraître chez Jules Labitte vers la fin du mois d'août 1844. La dédicace autographe, dont l'encre a légèrement bavé par endroits, est tracée d'une main rapide sur le faux titre : «A Mr Lagrange (ou Legrand ?) - Témoignage d'amitié de l'auteur - H. Berlioz».

Au-dessous, sur la gauche, signature d'un ancien bibliophile («C. Theuveury» ?), lequel a ajouté au volume deux imprimés : un long article de journal de Jules Janin de 1869 intitulé «Les Mémoires d'H. B.», et un poème d'A. Deschamps «A Berlioz - Apothéose des Victimes».

 

18.           BERTON Henri (1766-1844) Violoniste et compositeur français - Sept autographes (5 L.A.S. ou P.A.S., 1 P.A., 1 L.S.), 9 pp. in-4 ou in-8 ; Paris, vers 1810/1822. Portrait gravé joint.                           (800.-)     500.-

Intéressant ensemble de lettres et documents autographes de l'illustre violoniste qui se dit dans l'un de ces papiers - une feuille autobiographique de 1816 -, «... Professeur de Composition et Membre du Comité d'Enseignement depuis la Création du Conservatoire 16 thermidor an 3 - Pendant 8 ans Violon à l'orchestre...» ; l'on y apprend aussi que sa véritable année de naissance est 1766, et non 1767 comme l'indiquent la plupart des dictionnaires.

Parmi les autres pièces : 1) message A.S. de PAER avec réponse A.S. de BERTON disant son immense estime pour le musicien italien ;  2) lettre à SARRETTE sur la représentation de la Lyonnaise ; 3) une importante missive de 1816 où il fait état de ses engagements et de ses droits hérités depuis l'époque de Louis XVI ; 4) longue et intéressante lettre (1822) où Berton se fait l'apologiste du métronome de MAELZEL, «... ce petit instrument est parfait. Il est calculé sur le temps horaire... Il divise les temps en rondes, blanches, noires ou croches, à volonté. Il est très solide... et surtout peu coûteux... et vouloir ravir à Mr Maëlzel le mérite de son invention serait aussi injuste que de vouloir nier que le célèbre BREGUET soit l'inventeur de plusieurs de ses chefs d'œuvres d'horlogerie...», etc., etc.

 

19.           BIZET Georges (1838-1875) Compositeur français - L.A.S., 1/2 p. in-8 ; [Paris, 1866].         (2000.-)   1500.-

Brève missive à un «cher ami» (son librettiste Jules ADENIS) pour le prier de bien vouloir passer jeudi à 1 heure «... chez votre cher collabo[rateur]...» car «... il faut en finir...», ces quatre mots étant vigoureusement soulignés.

La rencontre devait se faire à trois (Bizet, Adenis et Saint-Georges) et apporter la touche finale au texte de La jolie fille de Perth dont le livret ne satisfaisait pas totalement le jeune compositeur. Cet opéra en 4 actes créé avec quelque retard au Théâtre-Lyrique le soir du 26 déc. 1867, remporta à la première un grand succès, plus que tout autre opéra de Bizet donné de son vivant.

 

 

20.           BLÉRIOT Louis (1872-1936) Pilote et constructeur français d'avions - PHOTO signée avec quelques mots de dédicace, 12° obl.                                                                                                                             (2000.-)   1400.-

Superbe photo originale nous montrant Blériot, en tenue d'aviateur, debout dans son monoplan Blériot-XI, saluant de sa main droite une petite foule venue l'acclamer (avant son envol pour la traversée de la Manche, le 25 juillet 1909 ?). Voir reproduction.

 

21.           BOIELDIEU François Adrien (1775-1834) et Luigi CHERUBINI (1760-1842) Compositeurs - Pièce signée par les deux et par trois autres, 2 pp. in-4 ; Paris, 27.III.1802. Petite tache brune au coin inférieur gauche. Cachet en tête.                                                                                                                                   (500.-)     300.-

L'«... inspecteur du Conservatoire de musique...» CHERUBINI, le «... membre dudit Conservatoire...» BOIELDIEU, et l'«... auteur et professeur de musique...» Louis Emmanuel JADIN (1768-1853) s'engagent auprès de Madame DUHAN «... tenant le magasin de musique et d'instruments boulevard Montmartre N° 1050 aux deux lyres...» à composer et rédiger pendant une année un journal de chant italien et français «... contenant romances, cavatines, canons et petits duos...», dont les textes seront rédigés par l'auteur dramatique Charles de LONCHAMPS (1768-1832). Ce contrat nous livre une foule de détails précieux relatifs au journal en question, aux manuscrits à fournir, aux rémunérations et à leur répartition, etc.

A côté des signatures de Cherubini, Boieldieu et Jadin, Charles Lonchamps et Jeanne-Elizabeth Duhan ont ajouté les leurs précédées chacune des mots autographes «approuvé l'écriture» pour acceptation des clauses du contrat.

 

22.           BONAPARTE Jeanne (1861-1910) Fille de Pierre-Napoléon B., onzième enfant du prince de Canino. Epouse du marquis de Villeneuve, député corse et majoral du félibrige - L.A.S. «Jeanne», 4 pp. in-8 ; Paris, 17.III.1882. Papier de deuil avec couronne princière. Enveloppe. Pièce jointe.                    (450.-)     300.-

Belle et longue lettre à son neveu William BONAPARTE-WYSE (1826-1892) qui fera bientôt découvrir au marquis de Villeneuve le mouvement félibréen.

La jeune princesse, qui venait de perdre son père, nous livre quelques détails relatifs à sa famille et évoque son mariage, fixé au 22 mars, auquel elle convie son destinataire : «... Je ne vous écrirai pas longuement car je compte bientôt sur une bonne causerie de vive voix avec mon grand frère...» (William B.-W.). Puis, plus loin : «... Et l'Epithalame ? J'espère qu'il n'a pas vu le feu et que nous pourrons bientôt l'admirer. Embrassez Ellen et Napoléon...».

Sur l'enveloppe jointe figure l'adresse ainsi libellée : «Monsieur - Bonaparte-Wyse - 29 Rue Breteuil - Marseille» ! [A ce sujet, voir le numéro suivant, Louis-Lucien Bonaparte]

Joint : carte de visite autographe du marquis de VILLENEUVE, «Ancien Député», répondant le 19 octobre 1910 au message de condoléances († de Jeanne) de l'un de ses neveux Bonaparte-Wyse.

 

23.           BONAPARTE Louis-Lucien (1813-1891) Linguiste et chimiste distingué, il était le 10ème enfant du prince de Canino. Napoléon III le nomma sénateur en 1852 et prince en 1856 - L.A.S., 1 p. in-8 ; Londres, 8.X.1888. En anglais.                                                                                                                         (3000.-)   2000.-

Nous pourrions qualifier ce document d'historique puisqu'il apporte la preuve que Napoléon III n'a JAMAIS autorisé les descendants de Thomas WYSE à ajouter à leur nom celui de Bonaparte !

Depuis l'Angleterre où il s'était installé après la chute du Second Empire, le prince Louis-Lucien s'adresse à son petit-neveu Lucien BONAPARTE-WYSE (1868-1903), affirmant solennellement qu'il refusera de le rencontrer «... if you do not promise me, by letter, to renounce sincerely to subscribe yourself in future, or to take the name of Bonaparte-Wyse instead of simply Wyse...» ; il souligne en effet que l'Empereur Napoléon III «... did never recognise to Capt. W. Wyse, your father, the name of Bonaparte ; and I have too much respect for the memory of my late dear Cousin to contradict his wishes...».

Dans son ouvrage «Le Sang des Bonaparte», le généalogiste Valynseele déclare que si, à sa connaissance, aucun décret «... sous le règne de Napoléon III... [autorisa] la postérité de Sir Thomas Wyse et de la princesse Letizia... à porter le patronyme de Bonaparte-Wyse...», il s'agissait-là cependant «... d'une habitude... tacitement admise sous le Second Empire...».

Cette lettre en est un démenti formel. [Voir le numéro 22, Jeanne Bonaparte-Villeneuve, qui prouverait le contraire]

 

24.           BONAPARTE Lucien (1775-1840) Ministre et ambassadeur du consul Bonaparte dont il avait favorisé la prise du pouvoir en 1799. Exilé à Rome, il obtint du pape Pie VII le titre de prince de Canino - P.A.S., 1/2 p. in-4 ; Canino, 10.II.1821.                                                                                                                                  (1500.-)   1000.-

Important document relatif au mariage de sa fille, la princesse LETIZIA, avec le diplomate irlandais Thomas WYSE  (1791-1862), qui devait avoir lieu un mois plus tard. Dans ce document, le prince de Canino «... déclare rester chargé de solder le payement du loyer de Viterbe que j'ai constitué en Dot à D. Letizia ma fille ; et j'entends que cette obligation sous seing privé ait le même effet que si elle était contenue dans l'acte matrimonial...».

 

25.           BONAPARTE Lucien - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; Canino, 20.XI.1821. En IVe page, adresse et beau cachet de cire noire aux armes princières.                                                                                                           (900.-)     600.-

Quelques mois après la mort de son frère NAPOLÉON Ier (ce qui explique la cire noire du cachet), le prince de Canino s'adresse à son «... cher Beau-fils...» Thomas WYSE (1791-1862), le diplomate irlandais devenu l'époux de la princesse Letizia le 4 mars 1821. Il s'agit-là de l'une des toutes premières lettres de Lucien B. à son gendre, alors que les jeunes mariés filaient encore le parfait amour : «... je vois avec un vif plaisir que Letizia répond à mon attente ; embrassez-la bien pour moi... Vous faites fort bien de voir la bonne Société et de ne pas vous isoler...». Les époux sont attendus à Canino, mais il faut auparavant «... que Letizia se dépêche de vous faire Papa...». Lucien envoie «... mille choses au Cardinal Fesch ; il sera bien qu'il baptise votre fils ou fille...».

Le 6 janvier 1822, Letizia mettait au monde un garçon qu'elle prénomma Napoléon, peut-être en souvenir de son illustre oncle mort l'année précédente à Sainte-Hélène...

 

 

26.           BONAPARTE Marie (1882-1962) Psychanaliste française, petite-nièce de Napoléon Ier, elle contribua à faire connaître l'œuvre de Freud en France - L.A.S. «Marie», 1 p. in-12 obl. ; St Cloud, 1919. En-tête à son chiffre couronné.                                                                                                                                (350.-)     250.-

Echange de vœux avec son cousin anglais André Bonaparte-Wyse. «... Many thanks... and all my wishes for you and all your children...». André était le fils de William Bonaparte-Wyse, poète et membre du mouvement félibréen.

 

27.           BONAPARTE, Napoléon Ier (1769-1821) Général corse, Premier Consul, Empereur des Français - P.S. (secr.), 1 p. in-folio sur parchemin ; St Cloud, 4.VI.1803. En-tête impr. et sceau sous papier.        (300.-)     200.-

Brevet de chef de bataillon délivré à Pierre DIEU, natif de Bordeaux, qui «... a fait la campagne de 1792, armée du Midi en Savoye... l'armée du Rhin... d'Italie... de l'Ouest...».

Le document est signé par le général Alexandre BERTHIER, ministre de la Guerre, et par le secrétaire d'Etat Hugues MARET. Ce dernier est vraisemblablement l'auteur de la signature «Bonaparte» pour le Premier Consul.

 

28.           BONAPARTE-WYSE Letizia (1804-1871) Fille de Lucien, prince de Canino, elle fut mariée en 1821 au diplomate irlandais Thomas Wyse - Deux L.A.S., 6 pp. in-4 et in-8 ; (Waterford), janvier 1828 et «Manor of St John», 8.VI.[1862].                                                                                                                           (2000.-)   1200.-

Deux longues et importantes missives écrites à 34 ans d'intervalle à sa belle-sœur Henriette WYSE et témoignant des effets de l'éloignement des deux familles après la rupture survenue entre Letizia et son époux.

En 1828, la princesse manifeste clairement sa volonté de conserver des liens d'affection avec les Wyse ; elle accepte de quitter l'Irlande et expliquera «... à Wyse les motifs de mon brusque départ. J'ai préféré ne point vous dire adieu ainsi qu'à Winafrina ; j'aurais pleuré en vous quittant... Adieu... je vous recommande mes chers enfants, puissiez vous être aussi heureuse que je le désire. Tout ce qui porte le nom de Wyse ne cessera jamais de m'intéresser... Je suis si troublée que je ne puis écrire, les pleurs me suffoquent...», etc. Elle signe «Letizia B. Wyse».

Trois décennies plus tard, le ton a bien changé... Sir Thomas WYSE est décédé à Athènes quelques mois plus tôt et Letizia s'adresse maintenant à «Miss Henrietta Wyse» sur un papier de deuil portant en tête l'aigle impérial couronné, datant triomphalement sa lettre du «Manor of St John», le château des Wyse «high sheriffs» dans le comté de Waterford. «... Si vous n'étiez une vieille fille sans conséquence il y a longtemps que j'aurois mis un terme à vos indignes et sottes calomnies, en vous traduisant devant la police correctionnelle ! Jamais je ne vous fis du mal... pourquoi cet acharnement ?... N'oubliez pas que je vous connais de vieille date et que je sais... pourquoi votre Mère ne voulait pas entendre parler de vous !!! Ne vous mélez pas de mes affaires ni de celles de mes Enfants... Toutes les basses intrigues de George [WYSE] et sa fille n'enrichiront pas Arthur, car mes droits sont incontestables, et Napoléon [Bonaparte-WYSE] seul est l'héritier des terres de ses Ancêtres... et si l'on m'y force je déposerai à la Cour le dossier de Lucien Bonaparte que Sir T. Wyse croyait brûlé ! Par égard pour le nom de mes Enfants je voudrais cacher toutes les turpitudes de la famille depuis son alliance avec les Flanagans !!! Tenez-vous donc tranquille... à ce prix j'oublierai que j'eus le malheur d'être votre belle sœur...». Les preuves de sympathie qu'elle reçoit de «... ce bon peuple de Waterford...» la pénètrent de reconnaissance. Et la fille de Lucien de signer maintenant «Princesse Letizia Bonaparte - Lady Wyse».

 

29.           BONNARD Pierre (1867-1947) Peintre français - L.A.S. «Pierre», 3 pp. 8° ; (vers 1900 ?). (1000.-)   600.-

Intéressante lettre adressée à sa «chère maman», concernant son récent séjour au bord de la mer où «... installé très pittoresquement à défaut de confortable, dans une auberge, ayant une chambre à 3 fenêtres sur la mer, il me semblait la nuit que j'étais sur un bateau...». Il vient de voir les nouveaux décorés, dont certaines de ses connaissances font partie, «... entre autres Cottet, Renoir, Jules Renard...». Il est inquet de n'avoir encore aucune réponse de l'Imprimerie Nationale au sujet des travaux d'illustration qu'elle doit lui confier.

Il annonce sa décision d'aller s'installer à Montval, près de St Germain-en-Laye ; il ne se rendra désormais à Paris que pour son travail, etc., etc.

 

30.           BOUCHER Alexandre (1778-1861) Violoniste français admiré par Beethoven et Rossini, il fut longtemps le rival de Paganini et de Rode - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 9.V.1859. Autographe rare.         (200.-)     150.-

Message destiné au directeur du Journal La Patrie, pour «... faire savoir que j'offre mes talens, si l'on veut organiser des Concerts dignes de la grande circonstance (deuxième guerre d'Indépendance italienne contre l'Autriche, en 1859) ... au seul bénéfice de ceux des Italiens nécessiteux qui désirent retourner dans leur patrie pour aider nos français à la sauver !...». Le musicien précise que son grand âge ne lui permet d'exécuter que ses compositions et, comme «... doyen des musiciens connus...», il demande à ses camarades de faire autant que «... Votre très humble artiste Alex.dre Boucher p[rofesseur] de V.[iolon]...».

 

31.           BUGEAUD Thomas Robert (1784-1849) Maréchal de France, duc d'Isly - L.A.S., 4 pp. 4° ; Alger, 1.XI.1842. En-tête : Gouvernement général de l'Algérie.                                                           (250.-)     150.-

Gouverneur depuis 1840, Bugeaud menait en Algérie une guerre acharnée pour la conquête du pays. Dans cette lettre adressée à l'un de ses principaux collaborateurs, le futur maréchal (1843) déploie une stratégie non dénuée de ruse...

Bugeaud veut en effet en finir avec le pouvoir de Mohammed ben Abdallah, un chérif algérien rival d'Abd el-Kader, et suggère à son correspondant une solution pour assujettir ce chef qui ne peut «... s'amender pour l'esprit et... ne le veut pas pour le fanatisme...». Il serait bon d'organiser une rencontre à Oran : «... Vous le feriez partir avec les hommes nécessaires de sa suite et vous engageriez ses frères (!) à l'accompagner. Arrivé à Oran on lui dirait que des affaires importantes... m'ont empêché de quitter Alger... Pendant l'absence [de ce chef rebelle], probablement très prolongée, d'Ouled Sidi Chiry, vous jugerez si l'on peut gouverner avec les Aghas et si le Kalifat peut être remplacé par le gén.al f.ais...», etc.

Texte important.

 

32.           BUKOWSKI Charles (1920-1994) Romancier et poète am. d'origine allemande, auteur de livres largement autobiographiques écrits après une jeunesse tumultueuse - Rare PHOTO signée, 4°.       (450.-)     300.-

Curieux portrait de face, en couleurs, des années 1980. Le teint hâlé, l'air surpris, un bout de cigarette pendant à ses lèvres, Bukowski revêt une chemise d'une blancheur immaculée qu'une jolie cravate à motifs or et azur égaye.

 

33.           CAGLIOSTRO (Au sujet de) - Rare document imprimé de 4 pp. in-4, daté du 29.X.1788. Papier doublé de soie. Jolie vignette xylographiée en tête.                                                                                         (900.-)     600.-

Numéro 96 du «Hurterische=Schafhauser=Zeitung» paru le «26 Wintermonat 1788», petit journal lancé dans sa ville par le Suisse David HURTER (1748-1828), imprimeur à Schaffouse. Cet exemplaire a la particularité de dédier un article en IVe page au célèbre aventurier italien, Giuseppe Balsamo, dit CAGLIOSTRO (1743-1795) qui, ayant fuit l'Angleterre, avait trouvé refuge en 1787 chez la Bâlois Jacob Sarazin (l'ami de Lavater), puis à Bienne.

Après une âpre querelle avec le peintre Loutherbourg, suivie d'un procès, Cagliostro avait du s'éclipser ; il ne sera repris à Rome qu'en 1789, puis enfermé jusqu'à sa mort. Ce numéro 96 du journal publie une information datée du 26.X.1788 en provenance de Strasbourg. «... Sie haben in Ihrem vorletzten Blatt Hans (!) Cagliostro mit grossem Reichtum in Venedig anlangen lassen, und das ist falsch...». L'interlocuteur anonyme évoque la disparition du charlatan et s'étend curieusement sur le «trésor» de Cagliostro, composé de diamants d'une valeur de 18.000 francs, etc., etc.

Pièce rare et recherchée, comme le sont tous les documents d'époque relatifs à la vie exceptionnelle de Cagliostro.

 

34.           CAMUS Albert (1913-1960) Ecrivain français, prix Nobel en 1957 - Manuscrit autographe, 2 pp.in-4 ; (vers 1947/48).                                                                                                                               (2500.-)   1500.-

Au recto d'une feuille de cahier, Camus a tracé au crayon gras onze lignes du discours de la Peste, placé à la fin de la première partie de L'Etat de Siège. Ce «spectacle en trois parties» devait être représenté pour la première fois le 27 octobre 1948 par la Compagnie Renaud-Barrault.

Au dos, douze lignes (quelques corrections) écrites par l'écrivain à l'encre noire ; il s'agit d'un appel en faveur du compositeur franco-polonais René LEIBOWITZ (1913-1972) dont les amis «... ont décidé de se réunir pour lui offrir le piano dont il a besoin. A ceux qui voudraient bien nous aider dans cette entreprise... nous offrons trois sortes d'arguments : 1) les artistes n'ont jamais fait de mal au monde... ; 2) Un compositeur sans piano est comme un acrobate sans trapèze. Il est dans le vide ; 3) Quoique Leibowitz soit un compositeur atonal, les souscripteurs pourront aimer en même temps leur goût pour la banale tonalité...», etc.

Elève de Webern, Leibowitz fut le théoricien le plus intransigeant du dodécaphonisme schoenbergien. Fixé à Paris dès 1945, il fut le maître de Pierre Boulez et de H. W. Henze.

 

 

35.           CARREL Alexis (1873-1944) Chirurgien et physiologiste français, prix Nobel en 1912 - L.S., 1 p.in-4 ; New York, 21.IV.1924. En-tête du Rockefeller Institute.     En anglais.                                           (450.-)     300.-

A propos d'un congrès de médecine qui doit se tenir à Bruxelles, où il entend parler de ses récents travaux scientifiques. Son intervention aura pour titre «Les Tréphones Cellulaires et Leurs Fonctions», etc.

A un médecin belge lui offrant l'hospitalité.

 

36.           CARUSO Enrico (1873-1921) Ténor italien - Dessin original, au crayon, 8° ; vers 1908.     (600.-)     400.-

Portrait-charge de face d'un jeune homme maigre aux yeux tombants et aux oreilles en éventail, dont le long cou se termine par large nœud papillon. En quelques coups de crayon, l'habile dessinateur qu'était Caruso, nous a laissé un portrait très expressif, et probablement fort ressemblant, de son modèle ( le jeune Gulielmo MARCONI ?).

 

37.           CASALS Pablo (1876-1973) Violoncelliste esp. - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; datée «1930».               (500.-)     350.-

Bel extrait d'un «Prélude» de BACH, tracé vigoureusement sur une feuille d'album. Au dos, quelques lignes d'un artiste non identifié.

Casals avait donné son premier concert public en 1890 ; peu après il achetait les 6 Suites pour violoncelle seul de J. S. Bach, œuvres qu'il allait faire découvrir au monde entier.

 

38.           CAXIAS, Luis Alvez de Lima, marquis puis duc de (1803-1880) Maréchal de l'armée brésilienne et homme d'Etat - 1 P.A.S. + 1 P.S., 1/2 p. in-8 et 1 1/2 pp. in-folio ; Rio de Janeiro, 1858 et 1873. Fentes et traces de scotch.                                                                                                                                  (500.-)     350.-

La pièce autographe datée du 15 mai 1858, signée («M[arquês] de Caxias») a pour but de transmettre une décision administrative ; Caxias occupait alors la charge de Président du Conseil des ministres.

Quelques années plus tard, le 7 juillet 1873, le «Duque de Caxias - marechal do Esercito, Senador do Imperio,... Ajudante de Campo de Sua Magestade o Imperador...» appose sa signature au bas d'une longue attestation en faveur du colonel José de Oliveira Bueno, officier qui fit avec lui la «... guerra contra o Dictator Rozas, desde a sua declaraçao até a sua conclusao, em 1851...», puis la campagne paraguayenne, terminée en 1870. Cet officier avait commencé à servir sous Caxias lors de la campagne «... da pacificaçao da Provincia do Rio Grande do Sul...» entre 1842 et 1845, etc.

Quatre vingts ans après sa mort, le duc de Caxias reçut le titre de «Patrono do Exército Brasileiro» par décret du gouvernement fédéral du 13 mars 1962.

 

39.           CHABRIER Emmanuel (1841-1894) Compositeur français - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Wimereux, «Matin» (juillet 1886 ?). Restaurations aux marges, encre jaunie par endroits.                                   (750.-)     500.-

 

Longue et intéressante missive à une dame (Madame Fuchs ?) lui disant son soulagement d'avoir «... fui la fournaise parisienne... d'ici, je vois la mer, immense... et n'en déplaise à Auber, ce grand symphoniste, je trouve que j'ai devant les yeux des panoramas incontestablement supérieurs au boulevard du même nom...». Loin de Paris, il ne peut donc se rendre rue des Beaux-Arts, mais tient à souhaiter à sa correspondante une villégiature selon ses goûts, «... c'est à dire poético-musicale ; revenez nous avec... une paire de poumons un peu plus brillante que celle dont Geraudel nous fait dans les kiosques la si navrante exhibition, - car enfin il faudra bien que nous continuions à nous égosiller l'hiver prochain et à faire dans les Salons un épouvantable vacarme !...», etc.

A la cantatrice et critique musicale Henriette FUCHS, née Ledoux († 1887) ?

 

40.           CHARCOT Jean (1867-1936) Savant et explorateur polaire français, mort en mer avec tout son équipage du Pourquoi Pas ? - Rare photo d'identité signée à l'encre violette dans la marge gauche «Dr Charcot». Mi-buste de trois-quarts. En uniforme d'officier de marine. Très belle !                                    (450.-)     300.-

 

41.           CHARLES QUINT de Habsbourg (1500-1558) Roi d'Espagne dès 1516, empereur germanique dès 1519, il abdiqua en 1556 - L.S. «Yo El Rey», 1/2 p. in-4 ; Valladolid, 29.IX.1522.                   (2200.-)   1500.-

Le souverain ordonne à son «... escrivano de Racion de nuestra Casa...» de payer 200 ducats d'or à «... Lope Hurtado de Mendoza - gentil ombre de nuestra Casa y guarda de nuestra Real persona...» ; il lui importe peu que l'intéressé «... aya estado y este de aqui adelante, absente de nuestra Corte... Los seis meses que era obligado a nos servir residiendo, como de presente rreside en Roma por nuestro mandado con nuestro muy Santopadre...», le pape ADRIEN VI !

Document important à plus d'un titre : l'empereur venait en effet de regagner l'Espagne après avoir vaincu les Français à la Bicocca (27 avril) ; depuis le 9 janvier 1522, l'ancien précepteur et ministre de Charles Quint avait été élu pape (ADRIEN VI) et don Lope de HURTADO était resté à Rome auprès du nouveau souverain pontif en tant qu'ambassadeur et conseiller (en réalité plus au service de l'empereur espagnol que du pape...) après avoir accompagné «nuestro muy Santopadre». Rappelons enfin que le 15 octobre suivant Charles Quint allait nommer Fernando CORTÉS «gouverneur général de la Nouvelle-Espagne» (Mexique), pays récemment conquis après l'extermination des chefs aztèques. Entre temps, Magellan périssait dans un naufrage (6.XI.1522) après avoir le premier circumnavigué la terre.

En 1522, le soleil ne se couchait en effet jamais sur l'Empire de Charles Quint !

42.           CHERUBINI Luigi (1760-1842) Compositeur italien - P.S., 1 p. in-4 ; Paris, 30.XI.1827. En-tête. Pièce jointe.                                                                                                                                               (500.-)     300.-

En tant que directeur de l'Ecole Royale de Musique, Cherubini décerne «... un accessit de solfège...» au jeune Ed. DELDEVEZ (1817-1897), alors âgé de 10 ans, qui deviendra bon violoniste et chef d'orchestre.

Joint : billet manuscrit daté du 25 juin 1827 ayant permis à Deldevez, jeune élève de M. Millault, de concourir à ce prix.

 

43.           COLETTE, Sidonie Gabrielle Colette, dite (1873-1954) Romancière française - P.A.S., 1/2 p. in-8 ; Paris, 13.X.1926.                                                                                                                                 (450.-)     300.-

Sympathique message en l'honneur de Jacques ROUCHE, directeur de l'Opéra qui, en 1917, avait mis en rapport Colette et RAVEL afin que L'Enfant et les sortilèges soit mis en musique.

Sur le menu d'un dîner organisé au Claridge's Hotel à Paris (carte à double volet, 4 pp. in-8, signée par les invités sur les deux faces non imprimées), la romancière a écrit : «A Rouché, qui montera le Divertissement pour mon arrière-petite-fille, s'il plaît à Ravel...». Parmi les autres signataires, citons le Président du Conseil Louis BARTHOU, le Conseiller d'Etat Léon BARTHOU (membre de l'Aéro-club de France), le soprano Raymonde VISCONTI, Suzette Quinson, etc.

A propos de la genèse du livret de ce Divertissement, devenu L'Enfant et les sortilèges, dont la première représentation avait été donnée à Monte-Carlo en 1924, voir l'excellent article de Jean-Christophe Henry dans Forum Opéra.

 

44.           COOPER Emil (1877-1960) Chef d'orchestre russo-américain, il fit connaître dans le monde les œuvres nouvelles de Prokofieff, Rachmaninov, Scriabine, Glazounov - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 obl. ; Barcelone, 1927.                                                                                                                                                    (300.-)     200.-

Invité à diriger l'Orchestre Pau Casals de Barcelone, Emil Cooper y présenta de la musique de Haydn, Wagner, Debussy et Scriabine. Sur l'une des feuilles de l'album de Joaquim Mestres, un violoniste de l'orchestre, il laissa cette jolie dédicace en souvenir de concerts symphoniques donnés dans la ville catalane, y ajoutant une longue ligne de musique extraite d'un «Poème Romantique pour violon et orchestre op. 9». Belle page, bien remplie.

 

45.           CORTOT Alfred  (1877-1962) Pianiste et pédagogue, interprète très admiré de l'œuvre de Chopin -

Deux L.A.S., 3 pp. in-8 et in-12 ; Lausanne, 8.IX.1960 et Paris, 26.X.1960. En-tête de l'Ecole Normale de Musique de Paris.                                                                                                                     (250.-)     150.-

Dans son premier message il fait savoir à une élève (?) qu'étant absent jusqu'au mois de novembre, leur rencontre ne pourra avoir lieu qu'à son retour, etc.

De Paris, où il s'est rendu pour enseigner à l'Ecole de musique, il reconnaît que le nouvel événement, dont lui fait part sa correspondante, «... légitime entièrement votre décision... Dès que vous pourrez envisager des dates en accord avec votre activité, veuillez... venir Avenue de Taman...», etc.

 

46.           CZIFFRA Georges (1921-1994) Pianiste hongrois, il donna son premier concert à l'âge de cinq ans - PHOTO in-12 signée. Vers 1980.                                                                                                              (250.-) 150.-

 

Portrait mi-buste de trois-quarts datant des années '50, signé au feutre rouge dans sa partie claire : «Amicalement - G. Cziffra».

 

47.           DAVID Giacomo (1750-1830) Ténor italien, premier interprète dans de nombreux opéras et notamment dans la «Circe» de Cimarosa - L.A.S., 3 pp. in-4 ; Milan, 22.I.1822. Adresse autographe sur la IVe page. Autographe rare.                                                                                                                                            (1200.-)   800.-

David commence par rapporter à M. Valeriani (son impresario ?) ce qu'il a appris à propos de la «... povera Carpano...», puis vitupère contre son propre fils Giovanni (1790-1864), lui aussi ténor, qui avait promis de s'éloigner «... di quella megèra Barbarini...», laquelle est au contraire devenue sa femme ; de plus, «... Coj frutti del ballerino Titus, colei ebbe tanto ardire...» afin qu'il accepte de lui servir de témoin de mariage ! Aux reproches de son père, le fils répondit qu'il était majeur, fort tranquille, et de plus déjà engagé par Barbaja pour les quatre années à venir.

Le jeune homme ira aussi chanter à Lucques, ce qui rend furieux Giacomo David au point de solliciter auprès de Valeriano un engagement au théâtre de Livourne durant la même saison, se disant prêt à tous les sacrifices «... purchè possa avere la scrittura per il Teatro di Livorno... per gareggiare con lo spettacolo di Lucca, ponendo in scena un'opera del celebre Maestro Maier (sic, pour MAYR)...», laissant le choix du programme à la direction, à la seule condition que le rôle lui convienne, etc. Superbe texte !

 

48.           DELACROIX Eugène, Lettre à - L.A.S. «Mille tendresses - Ta Consuelo» de Joséphine de Lavalette, baronne de FORGET  (1802-1886), 2 pp. in-8 ; Paris, vers 1842/43.                                             (2500.-)   1500.-

Rarissime LETTRE D'AMOUR de la petite-nièce de l'impératrice Joséphine au peintre DELACROIX dont elle fut la maîtresse et la consolatrice.

«... Mon pauvre amour, que je suis fâchée que tu n'aies pas suivi ta bonne inspiration... j'étais chez moi toute seule et bien tristement... Demain, mardi, tu viendras dîner avec moi... Nous n'irons pas au spectacle, on donne la Norma... nous resterons à causer au coin du feu... je serai heureuse de t'embrasser... Je suis jalouse de ton ami CHOPIN et je suis sûre que tu ne penseras pas du tout à moi ce soir ; mais au moins je suis tranquille sur ta moralité, il ne te mènera pas souper en bonne compagnie...».

On retrouve le pseudonyme de «Consuelo», personnage du roman de George Sand paru en 1842,dans certaines lettres écrites par Delacroix à sa maîtresse en 1844/45 ; celles antérieures à cette date ont été détruites.

 

49.           DE LA GRANGE Anna (1824-1905) Soprano français, première Violetta à New-York en 1856 - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Milan, mars 1861 ?).                                                                                              (250.-)     150.-

A Giovannina LUCCA, l'épouse de l'éditeur milanais : «... sono dispiacentissima di non poter accettare il Suo grazioso invito dovendo cantare domani e dopo domani...», etc. Au printemps 1861, Anna de la Grange interpréta le rôle de Norma lors des cinq représentations données cette saison-là à La Scala de Milan.

 

50.           DE MÉRODE, Cléopâtre Diane, dite Cléo (1873-1966) Danseuse et demi-mondaine parisienne, elle fut aimée entre autres par le roi Léopold II des Belges - PHOTO signée, 12°. Vers 1895.             (300.-)     200.-

Magnifique portrait en buste, de face, de cette jeune beauté d'origine autrichienne qui rendit folles d'amour plusieurs têtes couronnées. Les quelques défauts mineurs (trois petites craquelures et infimes usures aux bords) n'ôtent rien au charme de ce beau portrait où la danseuse revêt une ravissante robe blanche au large col noué couvrant la partie supérieure de ses bras.

Belle signature, bien marquée, «Cléo de Mérode».

 

51.           DEMIDOFF-BONAPARTE Mathilde (1820-1904) Fille du roi Jérôme Bonaparte, elle épousa en 1840 le prince Demidoff après avoir été «fiancée» au futur Napoléon III - L.A.S. «Mathilde Demidoff», 1 p. in-8 ; Paris, 28.XII.[1841]. Pièce jointe.                                                                                                           (450.-)     300.-

La jeune épouse du prince de San Donato - d'origine russe, celui-ci vivait en Toscane - prie un ministre de bien vouloir lui faire l'honneur de venir dîner chez elle le «... Mardi... 4 Janvier...».

On joint une L.A.S. du prince Anatole DEMIDOFF (1813-1870) qui, en date du 30 avril 1845, demande à son correspondant de «... venir déjeuner avec nous... Je verrai l'émail de V° Corsini et j'aurai le plaisir de vous montrer ma villa...».

 

52.           DESAIX Louis Ch. Antoine (1768-1800) Général français - L.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Paris, 10.III.1798. En-tête imprimé.                                                                                                                                     (250.-)     150.-

Il annonce au général Grenier le remplacement de sa 73e brigade «... par la 16e de ligne que le général Championnet vous enverra en la dirigeant sur St Omer...», etc.

 

53.           DÉSIRÉE Bernadotte (1777-1860) Reine de Suède de 1818 à 1844, femme du maréchal, devenu roi de Suède sous le nom de Charles XIV, qu'elle avait préféré au jeune général Bonaparte - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 13.IV.1814.                                                                                                                                            (1500.-)   1000.-

Le 6 avril, Napoléon Ier vient d'abdiquer sans condition et signe ce même 13 avril la convention baptisée «Traité de Fontainebleau». L'Empire s'étant effondré, tous les dignitaires du régime et les proches du souverain se démobilisent.

En tant que princesse d'un des pays vainqueurs, Désirée Clary tente d'intervenir en faveur de certains compatriotes et notamment, ici, de sa sœur Julie, femme du roi Joseph Bonaparte.

Ayant déjà obtenu des nouvelles autorités locales les passeports souhaités pour l'ancien ministre André-François MIOT de Mélito (1762-1841), la future reine de Suède soumet à son correspondant une autre demande : «... Je trouve bien ce qui a été convenu entre vous deux, mais pour completter votre ouvrage il faut que vous ayez la bonté de faire joindre un passeport aux deux autres ; ce passeport sera pour  autoriser la Reine [Julie Bonaparte] à venir à Mortefontaine. Je sais que vous avez besoin d'une autorisation, mais je vous prie de la prendre sur le champ...». Désirée, qui pense joindre une deuxième personne à «... celle que vous ferez partir pour Orléans...», demande que le comte de Mélito en soit informé, etc.

L'ex-roi Joseph BONAPARTE s'étant réfugié à Orléans - d'où il s'échappera trois ou quatre jours plus tard pour rejoindre la Suisse -, il avait écrit le 8 avril à sa belle-sœur pour lui confier sa femme et ses deux filles et la prier de solliciter auprès de l'empereur Alexandre Ier l'autorisation de réunir toute sa famille au château de Mortefontaine. Désirée rencontra personnellement l'empereur de Russie et, ainsi que le prouve le présent document, obtint les passeports demandés qui furent délivrés par le comte de LAFOREST (1756-1846), probable destinataire de la lettre et ministre ad interim des Affaires étrangères du 3 avril au 12 mai 1814 (voir les Mémoires de Miot, comte de Mélito).

 

 

54.           DESSOLLE, Jean Jos. Paul Augustin (1767-1828) Général français - Quatre L.S. (dont une autographe), 7 pp. in-4 ; Armée du Rhin, juin/juillet 1800. En-têtes imprimés.                                 (300.-)     200.-

En tant que chef de l'Etat major de l'armée commandée par Moreau, le général Dessolle transmet à son confrère, le lieutenant général Grenier, les différents ordres qui lui parviennent de son supérieur. Intéressants détails sur le mouvement des troupes françaises qui affrontent les autrichiennes près de Krumbach.

 

 

55.           DE VRIES Rosa (1828-1889) Soprano hollandais, elle chanta aux Etats-Unis et au Canada en 1849/1851 - PHOTO signée, 6 x 10 cm ; Naples, 6.IV.1862.                                                               (600.-)     400.-

Beau portrait en pied (cliché du photographe Bernoud, de Naples) signé et daté par la célèbre cantatrice au bas de la photographie, dans la partie blanche du support. Au dos, deux lignes autographes de dédicace.

Notons que les photos de cette époque signées par de grands artistes lyriques sont très rares. [Voir l'ill. en couverture]

 

 

56.           DJINDJIC Zoran (1952-2003) Philosophe et homme d'Etat serbe, il fut l'un des fondateur du Parti démocrate en 1990 et devint maire de Belgrade en 1996. A la tête du gouvernement serbe qu'il présida de janvier 2001 au 12 mars 2003, date à laquelle il fut assassiné par des adversaires politiques - Signature autographe sur carte illustrée («Greetings from Serbia») où l'on distingue Djindjic au milieu de la foule avec timbre et cachet postal «Beograd, 21.02.97». Autographe peu commun.                                               (450.-)     300.-

 

57.           DONIZETTI Gaetano (1797-1848) Compositeur italien - L.A.S. «Gaëtan», 3 pp. in-8, datée «Paris 29» [octobre 1842]. Joli encadrement et chiffre gaufrés. Sur la IVe page, deux petits cachets d'appartenance à d'anciennes collections.                                                                                                                        (2000.-)   1300.-

Par cette amusante missive rédigée en français et en italien, Donizetti s'adresse à une «Très aimable et charmante amie» (Mme Sandrini ?), citant tour à tour l'éditeur milanais RICORDI, Monsieur SANDRINI, Giacomo PEDRONI (qui dirigeait la préparation des partitions musicales chez Ricordi), etc. «... Vous êtes fâchée contre moi ? Oh ! l'ingrat il demande pourquoi... Che ? forse credereste che tempo, o lontananza scemassero in me l'affezione ! Pas du tout. Non dubitate mai de' vostri amici, vos charmes savent si bien les enchaîner...». Puis, à propos d'une scène («quadro») : «... Noi l'abbiamo fatto, e criticato, e basta così ! Vi ricordate voi quante cervellerie io volea fargli mettere su quel manto Reale ?... poveretto... Basta, ora è finito, e noi ne avremo la gloria, e con essa Andrea (neveu du compositeur) avrà denaro, e noi commissioni a bizzeffe !...». Puis il s'exclame : «... Ho cambiato mestiere... Scrivo musica ! - faccio prove di Linda (première à Paris aux Italiens, le 17.XI.1842) frà giorni agli Italiani... ! fò musica, se non nuova, à peu près...».

La lettre se termine par des salutations destinées à l'entourage de son amie et quelques lignes plutôt tristes sur sa santé précaire (il allait bientôt sombrer dans la folie) : «... Ogni giorno, ogni ora, tutte le volte che abasso gl'occhi, mi vedo en pantoufles, e ciò mi fa melancolia, e piacere... Pitié de moi - priez les éléments... Priez pour moi... priez le ciel pour nous revoir... Conservez dans votre cœur une place pour votre ami...».

 

 

58.           DUKAS Paul (1865-1935) Compositeur, auteur entre autres d'Ariane et Barbe-Bleue, l'une des œuvres les plus marquantes du théâtre lyrique contemporain - L.A.S., 1 p. in-8 ; «Mercredi» [Paris, 10.X.1928]. Adresse autographe au dos.                                                                                                                          (600.-)     400.-

«Pneumatique» adressé au pianiste Alfred CORTOT. «... Nouveau contretemps ! Je reçois une convocation des Beaux-Arts... Difficile de manquer à cette séance de rentrée. Et plus difficile encore - m'y rendant - d'être rue Singer à 6 h. Alors... c'est moi qui ferai le petit voyage...», etc.

L'amitié entre Dukas et Cortot datait du début du siècle et, lorsqu'en 1919 le pianiste créa l'Ecole Normale de Musique de Paris, le musicien apporta tout naturellement son savoir comme professeur de composition. En 1931, Cortot fera paraître son ouvrage La Musique Française de Piano, où Paul Dukas sera à l'honneur aux côtés de Debussy, Franck, Fauré et Chabrier.

 

59.           DUMAS Alexandre (1762-1806) Général mulâtre, père du célèbre romancier - L.A.S., 1 1/3 p. in-4 ; Villers-Cotterets, 9.II.1802. En-tête à son nom et vignette gravée. Peu commun. (750.-)     500.-

 

Il exprime sa gratitude à ses voisins, les époux Collard (Jacques C., futur tuteur du petit Alexandre Dumas, et son épouse, fille naturelle de Philippe-Egalité, duc d'Orléans, et de Madame de Genlis) qui lui ont rendu un service ; souhaitant les revoir bientôt à Paris, il ajoute : «... L'objet des relations extérieures est au moment de se terminer ; si vous avez l'occasion de parler de ce qui me regarde à ce Ministre [Talleyrand], vous m'obligerez beaucoup...».

Désargenté, porté au nombre des généraux en non-activité après ses mésaventures de Naples, et surtout mis en disgrâce par le général Bonaparte depuis la campagne d'Egypte, Dumas a rejoint sa jeune épouse à Villers-Cotterets où, le 24 juillet 1802, elle allait mettre au monde le célèbre écrivain. Malade et inactif, le «brave des braves» se voit obligé de quémander - comme en témoigne notre missive - l'appui d'anciens amis... Notons encore que le général Dumas, mort à la suite d'une longue maladie, ne laissa aucune fortune à sa famille qui se vit même refuser par le nouvel empereur la pension de veuve et d'orphelins.

Emouvant document.

 

60.           DÜRRENMATT Friedrich (1921-1990) Ecrivain et auteur dramatique suisse de langue allemande - PHOTO in-12 signée sur le front «Dürrenmatt», reproduction moderne d'un portrait de face. L'homme de lettres y porte ses typiques lunettes à large monture noire et appuie sa joue gauche sur sa main.              (300.-)     200.-

 

61.           ENESCO Georges (1881-1955) Violoniste roumain - Feuille d'album in-8 obl. signée «Georges Enesco» ; [Bucarest, 1923].                                                                                                      (300.-)     200.-

Jolie page, également signée (et datée «12 avril 923») par Alfred ALESSANDRESCU (1893-1959), chef d'orchestre roumain, pianiste et compositeur, premier prix Enesco en 1913 et 1916. Au verso, signatures de tous les membres du Quatuor ROSÉ (Arnold ROSÉ, Anton RUZITSKA, Paul FISCHER et Anton WALTER) et date «1./VI.23» de la main du premier.

 

62.           EX-LIBRIS - Collection d'environ 40 pièces de petit format, gravées et illustrées d'armoiries (certaines non identifiées) des XVIIIe et XIXe siècles. Prélats, hauts fonctionnaires de l'Administration, nobles provençaux tel que Joubert, l'arch. de Narbonne, J.-B. d'Anthoine, de Vrégille, Mauclair, les chanoines Bousson et Boisot, J. F. Faure, etc. Bel ensemble.                                                                                                          (250.-)     150.-

 

63.           FARKAS Ferencz (1905-2000) Compositeur hongrois, auteur de musiques classiques et de plus de 60 colonnes sonores pour films - MUSIQUE A.S., 2 pp. 8° gr. obl. ; (Budapest, 1981). Enveloppe.              (500.-)     300.-

Feuille couverte d'esquisses musicales tracées au crayon et au stylo, deux belles pages se rapportant semble-t-il à deux compositions différentes : la première, s'étendant sur six longues portées (avec paroles anglaises), est titrée «Pebbles», la seconde, plus longue (sept portées) mais sans paroles, porte le titre de «27-en Mikiell» (?).

 

64.           FELLENBERG Ludwig-Rudolf  (1809-1878) et Edmond (1838-1902) Savants suisses de Berne, archéologues dont la renommé fut européenne - Trois L.A.S., 6 pp. in-8 ; Berne, 1870/75.                (750.-)     500.-

Très intéressante correspondance scientifique adressée à un paléontologue français que leur avait présenté le professeur neuchâtelois Edouard DESOR.

Fellenberg père évoque en janvier 1870 une analyse chimique «... de quelques bronzes antiques du Dauphiné... Travaillant seul, dans mon petit laboratoire privé et seulement quand mes autres occupations me le permettent, n'ayant point d'aide... j'avance peu dans mes travaux... Si vous consentez à attendre... je tâcherai de vous satisfaire pourvu que le nombre des échantillons ne dépasse pas 5 ou 6...», etc.

Quelques semaines plus tard, il remercie pour l'envoi de certains mémoires et dit souhaiter une visite de son correspondant : «... Quoique nos collections archéologiques ne soient point riches, elles contiennent cependant des objets bien intéressants et dignes d'étude. Quand aux Musées de Zurich et de Bâle, ils sont bien plus riches que le nôtre, et datent de plus loin que le nôtre...», etc.

En 1875, Fellenberg fils, plus voué à la l'étude de la géologie alpine que son père mais aussi passionné que lui par l'antiquité préhistorique et romaine du Canton de Berne, annonce l'envoi de «... la liste des bronzes en possession de Mr Burki... Nous avons aussi reçu en parfait ordre Votre magnifique envoi d'ossements de Solutré et la collection de moulages...» ; il remercie au nom de la Commission du Musée qui le charge d'envoyer à son tour au destinataire de la lettre «... une série aussi complète que possible de la faune lacustre des deux stations Locras [Lüscherz] (âge de pierre) et Mörigen (âge de bronze), de plus une série d'ustensiles de l'âge de pierre...». Avec l'aide du prof. Bachmann, Edmond Fellenberg pense pouvoir disposer «... d'échantillons glaciaires ou fossiles de formations suisses... Nous avons soigneusement lavé les ossements de Solutré et nous allons les impreigner de colle forte...».

Il est encore question d'études sur les cavernes françaises et de la découverte de celle de Thayngen, en Suisse, etc.

 

65.           FERDINAND Ier d'Autriche (1793-1875) Empereur de 1835 au 2 déc. 1848, date à laquelle il abdiqua en faveur de son neveu Fr.-Joseph Ier - P.S. «Ferdinand», 1 p. f° gr. obl. ; Olmütz,1.XII.1848.            (750.-)     500.-

Lettres patentes en faveur d'un officier supérieur. Contresignée par le ministre de la Guerre, le baron Franz CORDON (1796-1869), cette pièce est ornée d'un superbe sceau plaqué sous papier aux armes de l'Autriche et porte un très bel en-tête gravé.

Document exceptionnel car signé la veille de son abdication.  Il s'agit donc là de l'une des toutes dernières signatures, sinon la dernière, en tant qu'empereur...

Notons que Ferdinand s'était retiré à Innsbrück lors de la révolte de mai 1848 après avoir, sous la pression des mouvements révolutionnaires de mars, renvoyé Metternich et fait établir un projet de constitution. Mais ces concessions parurent insuffisantes et Vienne se révolta à nouveau en octobre, ce qui obligea l'empereur à aller s'établir à Olmütz puis à abdiquer en faveur de son jeune neveu. Magnifique pièce, très décorative.

 

66.           FERDINAND VII d'Espagne (1784-1833) Roi dès 1808 à l'abdication de son père Charles IV. Détrôné par Napoléon Ier et remplacé par Joseph, il ne retrouva son royaume qu'en 1814. Il restaura l'absolutisme et persécuta les libéraux - L.S. «Fernando», 2/3 p. in-folio ; San Ildefonso, 31.VII.1828. Sur la IVe page, adresse et sceau aux armes plaqué sous papier.                                                                                   (450.-)                300.-

Lettre annonçant à un souverain son intention d'envoyer pour ambassadeur au Portugal son conseiller Don Pasqual VALLEJO «... para el desempeño de Mi Mision en la Corte de Lisboa... [homme aux] apreciables calidades de amor a mi Persona...», etc. Contresignée par le Premier ministre Manuel GONZALEZ SALMON (1778-1832).

 

67.           FLAUBERT Gustave (1821-1880) Le grand écrivain français - L.A.S., 1 p. in-8 sur son typique papier bleuté ; Croisset, 24.IV.[1871].                                                                                                              (1800.-)   1200.-

Les affaires d'Ernest Commanville allant de mal en pis, Flaubert cherche auprès d'un ami des informations pouvant aider l'époux de sa nièce bien-aimée, Caroline. «Mon cher ami - écrit-il à Félix-Archimède POUCHET - Je vous présente mon neveu... qui aurait besoin de renseignements scientifiques sur le bois de chêne. Pouvez-vous lui indiquer ce qu'il faudrait lire ?...». Flaubert ira très prochainement rendre une visite à son correspondant.

Commanville possédait une scierie et commerçait en bois. A son retour d'Angleterre, après la guerre de 70, Caroline raconte comment les affaires de son mari «... commencèrent à s'embrouiller. Il avait cru à la hausse des bois... La guerre fit baisser les marchandises... obligé de réaliser, il dut vendre en subissant de grosses pertes...», etc. [v. J. Bruneau, «Correspondance» de G. F.]. Quant à Félix-Archimède POUCHET, il avait été le professeur de sciences naturelles de Flaubert au collège de Rouen ; plus tard, il enseigna à l'Ecole de médecine de cette ville ; en 1859, il fut en vive polémique avec Pasteur au sujet de la «génération spontanée».

 

68.           [Libri] FOURIER Jean-Joseph (1768-1830) Savant français, il avait suivi Monge en Egypte lors de l'expédition de Bonaparte - P.S., 2 1/2 pp. in-folio ; Paris, 13.III.1826. Fentes aux plis et quelques taches brunes au bas de la 3e page. En-tête gravé de l'Institut de France, avec vignette.                                               (800.-)     500.-

Important «Rapport sur un mémoire de M. Guillaume LIBRI, relatif à la théorie des nombres», signé en tant que Secrétaire perpétuel de l'Académie pour les Sciences mathématiques où Fourier, chargé avec Cauchy et Ampère de rendre compte des derniers résultats des études mathématiques de Libri, explique comment celui-ci est parti d'une formule «... à l'aide de laquelle on exprime par une intégrale aux différences finies le nombre des solutions d'une équation indéterminée...». En passant ensuite par les propres études de Fourier, de Gauss, de Poinsot et de La Grange, Libri arrive à établir «... directement toutes les propositions connues sur les résidus quadratiques et le théorème de M. Le Gendre qui porte le nom de Loi de réciprocité... En résumé... ce mémoire... fournit de nouvelles peuves de l'esprit d'invention qui distingue ses premiers travaux...», etc.

Environ 70 longues et intéressantes lignes scientifiques.

 

69.           FRANCE Anatole (1844-1924) Ecrivain français, prix Nobel en 1921 - Manuscrit autographe, 2/3 p. in-8 gr.                                                                                                                                (250.-)     150.-

«Les mille et une nuits où la fantaisie du Sultan produit des effets presque aussi merveilleux que la puissance des génies et des magiciens...».

 

70.           FRANCE Anatole - P.A.S., 1/2 p. in-4. Encre violette ayant bavé par endroits.                                     (750.-)     500.-

Intéressant et curieux document autobiographique sous forme de questionnaire !

La feuille est divisée en deux partie égales par un trait vertical. A gauche, treize questions auxquelles l'écrivain a répondu point par point dans la colonne de droite. «... A quelle heure vous levez-vous ?... Travaillez-vous le matin ?... Lisez-vous les journaux ?... Que mangez-vous ?... Quel est l'emploi habituel de votre après-midi ?... Quelle est votre villégiature préférée ?...», etc., etc. Visiblement amusé, Anatole France répond qu'il travaille à toute heure, «... si c'est travailler que d'assembler les idées dans ma tête. Mais j'écris le moins souvent possible...», qu'il s'intéresse aux affaires de son temps, apprécie la sieste et, comme Rousseau, les promenades à pied ; il cite les pays où il préfère voyager, dévoile certaines de ses douces habitudes, et nous ouvre en quelque sorte les portes de son quotidien.

 

71.           FRANCE, Marie-Thérèse de Bourbon- (1778-1851) Fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, dite «Madame Royale» - L.A.S., 1 p. in-4 ; Strasbourg, 15.IX.1828.                                           (800.-)     500.-

Charmante lettre de la tante à son jeune neveu, le petit Henri (V) de Bourbon, duc de Bordeaux, puis comte de Chambord (1820-1883), alors âgé de 8 ans. «... Mon cher petit Bordeaux, ... j'aime que vous vous amusiez après avoir bien appris, et étant j'espère toujours bien sage. Embrassez petite sœur [Louise, future duchesse de Parme] pour moi... j'espère vous revoir tous samedi... je... suis contente de mon voyage... je montre votre portrait qu'on aime à voir surtout quand on sait que vous êtes bien sage. Vous reverrez bientôt votre Oncle et bon Papa...», le duc d'Angoulême, etc.

Unique héritier de la branche aînée des Bourbons, le duc de Bordeaux vint au monde sept mois après l'assassinat de son père, le duc de Berry, et fut salué par les royalistes comme l'enfant du miracle ; dernier descendant d'Henri IV, il fut désigné par certains sous le nom d'Henri V. [Voir aussi les numéros 77, Frédéric-Guillaume III de Prusse et 252, Mme de Staël]

 

72.           FRANCHOMME Auguste (1808-1884) Violoncelliste français, ami de Chopin - L.A.S., 2 pp. in-8 ; «Samedi 28 oct.» (Paris, 1865 ?).                                                                                                              (250.-)     150.-

A propos d'une jeune amie «... qui va commencer le Piano chez les Dames Anglaises à Neuilly. Voudriez-vous... lui choisir parmi les maîtresses celle que vous croirez devoir lui convenir ?...». Au pianiste Félix Le COUPPEY (1811-1887), professeur au Conservatoire de Paris où il enseigna dans la classe de piano créée tout spécialement pour les femmes.

 

 

73.           FRANCK César (1822-1890) Compositeur et organiste belge - L.A.S., 2/3 p. in-12 ; v. 1885.             (500.-)     350.-

Quelques lignes d'excuses à la suite d'un oubli : «... Je vous demande pardon...». Belle signature. Autographe peu commun.

 

74.           FRANÇOIS-JOSEPH Ier d'Autriche (1830-1916) Empereur dès 1848, époux de Sissi - L.S. «Franz Josef», 1/2 p. in-folio ; Schönbrunn, 6.VIII.1850. Très belle signature.                                             (500.-)     350.-

Empereur depuis un an et demi de l'une des plus grandes puissances d'alors, François-Joseph s'apprête à fêter ses vingt ans (18.VIII.). Sous son autorité, l'Autriche vient de retrouver la souveraineté d'une bonne partie de l'Italie du Nord, mise à mal par les révolutions de 1848 et 1849, ainsi que la paix en Hongrie, secouée par le mouvement révolutionnaire guidé par Klapka.

Le feld-maréchal Anton CSORICH (1795-1864) figurait au nombre des vainqueurs. Devenu ministre de la Guerre en juillet 1850, le roi l'informe ici personnellement de la décision qu'il a prise de lui accorder la dignité de Conseiller intime («... Ihnen die geheime Rathswürde Taxfrei zu verleihen...»), ajoutant qu'il lui fait de plus bénéfice des taxes habituellement perçues dans de telles occasions.

 

75.           FRANKLIN, William Temple (1760-1823) Petit-fils du célèbre savant et homme d'Etat am., il fera paraître en 1818 en trois vol., Memoirs of the Life and Writings of B. F. - L.A.S. «Franklin fils», 1/2 p. in-4 ; «Ce 30. Dec.bre» (Passy, 1778). Quelques piqûres. Adresse autogr. et marques postales sur la IVe page. Joint : ancienne chemise de collection ayant contenu l'autographe «de celui que Bénit Voltaire».                (3500.-)   2500.-

Le jeune homme prie «Monsieur Ruault - Libraire - Rue de la Harpe - F.b. St Germain... d'envoyer à Passy... 2 Exemplaires des Ouvrages de mon Grand Père. Le mieux relié qu'il sera possible...».

Traduites de l'anglais, les Oeuvres de Franklin avaient été imprimées à Paris en deux volumes, en 1773. Par cette lettre, le jeune W.T. Franklin - qui était en complète rupture avec son père William, pro-anglais ! - voulait se procurer deux exemplaires «... le mieux relié qu'il sera possible...» de cette édition, sans doute en vue d'un présent que devait faire son célèbre grand-père. Proba-blement pris de court, le libraire a noté dans la marge : «Le 31, Envoyé brochés...».

Fils de William F., enfant naturel et unique de Benjamin Franklin, W. T. Franklin n'avait que 16 ans lorsqu'il suivit son grand-père en France en 1776, où ce dernier était venu discuter le traité d'alliance, signé le 6.II.1778 entre la France et les Etats-Unis.

Porté aux nues par la communauté scientifique et littéraire parisienne, Benjamin Franklin restera en France jusqu'en 1785 comme ambassadeur de la naissante nation américaine. C'est à Paris qu'il rédigera durant l'été 1782 les grandes lignes du traité de paix avec l'Angleterre où sera entre autres réclamée l'indépendance de son pays, traité signé avec Adams et Jay le 3 septembre 1783.

Le 17 février de cette année 1778, Benjamin Franklin avait eu une entrevue célèbre avec VOLTAIRE, comme celui-ci le raconte dans une de ses lettres à Théodore Tronchin : «... Le vieux malade... a vu Monsieur Franklin qui lui a amené son petit-fils auquel il a dit de demander la bénédiction du vieillard. Le vieillard la lui a donnée en présence de vingt personnes et lui a dit ces mots pour bénédiction : God and Liberty...».

Autographe intéressant et peu commun datant des origines de la Nation américaine. A noter la forte ressemblance des écritures des deux hommes, preuve de l'immense admiration et du dévouement du plus jeune envers son illustre aîné.

 

76.           FRÉDÉRIC II de Prusse (1712-1786) Roi dès 1740, dit «Le Grand». Homme de guerre et littérateur, ami et correspondant de Voltaire - Apostille A.S. «Gantz guht - Fr.[iedrich], 1/2 p. in-folio ; Berlin, 7.II.1744.                                                                                                                                                           (1000.-)   600.-

Réponse en marge d'un rapport autographe signé de son ministre d'Etat responsable des Finances prussiennes, le baron von MARSCHALL, lui demandant l'autorisation d'accepter un cadeau («ein Présent von 800 Thalern») que le duc de Wurtemberg vient de lui adresser. Le souverain transmet son accord («Gantz guht») puis signe d'un grand «Fr.» se terminant par un large paraphe.

 

77.           FRÉDÉRIC-GUILLAUME III de Prusse (1770-1840) Roi dès 1797, il s'attacha à réparer les fautes du règne de son père. La reine Louise, hostile à la France, l'entraîna dans les guerres contre Napoléon Ier qui se soldèrent par maintes défaites - L.A., non signée, 1 p. in-4 ; «Ce 10 Mars 1820».            (2000.-)   1200.-

LETTRE D'AMOUR du roi de Prusse à sa maîtresse ! Veuf dès 1810, Frédéric-Guillaume III ne se remariera (morganatiquement) qu'en 1824 avec la comtesse originaire de Prague, Augusta von HARRACH (1800-1873), future Princesse de Leignitz.

Cette missive (non signée par discrétion) pourrait être l'une des premières que le souverain adressa à sa future épouse, avec laquelle il entretint une large correspondance : «... J'ai reçu avec beaucoup de reconnaissance... les témoignages de souvenir et d'intérêt dont votre dernière lettre me fournit une nouvelle preuve. L'expérience malheureuse des vicissitudes humaines que vous avez faite de nouveau... a été bien cruelle... Je me tais sur l'événement épouvantable qui remplit d'horreur et qui glace d'effroi l'Europe entière...». Il croit connaître assez la personnalité intérieure de sa jeune correspondante pour saisir l'état de son âme : «... Combien de tristes réflexions il y aurait à faire !...», etc.

L'événement épouvantable en question se rapporte au sanglant épisode qui marqua fortement le cours de la politique, et sans doute aussi l'histoire de France : le 13 février 1820, le duc de Berry avait été poignardé à sa sortie de l'Opéra. Par ce geste, l'assassin voulait tuer le seul prince royal susceptible de perpétuer la race des Bourbons de France... Mais il avait agi trop tard, la duchesse de Berry étant déjà enceinte de l'enfant du miracle, le comte de Chambord, surnommé «Henri V» par les Légitimistes.

 

78.           FREMSTAD Olive (1870-1951) Soprano dramatique suédois, célèbre dans les rôles wagnériens - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 6.IX.(v. 1907). Adresse autographe au dos.                                (200.-)     120.-

De l'«Hôtel Crillon, Paris», la cantatrice, qui est au plus haut de sa gloire, annonce à une amie son prochain départ et son embarquement (pour les Etats-Unis ?). «... Your letter arrived...during the confusion of packing trunks. We are sailing Sept. 17... If you go to Munich do hunt up Hofrat Dillmann... A wonderful Artist. He wishes to see you...».

 

79.           FREUD Anna (1895-1892) Psychanaliste autro-angl. Elève de son illustre père Sigmund Freud, elle se spécialisa dans la psychanalyse infantile - Carte post. avec signature ; [Hampstead, 24.II.1982].      (300.-)     200.-

C'est d'Angleterre, où elle avait émigré avec sa famille dès 1938, que la vieille dame adresse cette carte postale à un admirateur italien après avoir tracé sa signature à l'encre bleue dans la partie réservée à la correspondance.

A Hampstead, Anna Freud avait fondé en 1947 la Child Therapy Course and Clinic dont elle fut la directrice de 1952 à 1982.

 

80.           GALLATIN Albert (1761-1849) Homme politique américain, natif de Genève d'où il était parti en 1780 pour le Massachussetts. Secrétaire d'Etat au trésor sous la présidence de Thomas Jefferson - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; New York, 25.VIII.1846.                                                                                                                      (900.-)     600.-

A Charles G. PERCIVAL, de Utica, l'un des correspondants d'Edgar Allan POE en 1845.

L'ex-homme d'Etat n'a pas le souvenir d'avoir rencontré dans sa jeunesse le célèbre baron von STEUBEN (1730-1794), général prussien engagé dans la Guerre d'Indépendance américaine : «... I never saw General Steuben and did not become a resident of this State [of N.Y.] till the year 1828, many years after his death...» ; il ne se souvient pas même d'avoir vu son portrait. De plus, vu son grand âge, il doute de pouvoir être utile à son correspondant : «... In my 86th year, and almost altogether confined to my house... I am incapable of any out of doors exertions or enquiries...».

 

81.           GENÈVE, 1869 : Monument national - Exceptionnel dossier de 32 pièces, formats divers ; Genève, 1863/1869.                                                                                                                         (10 000.-)               6.000.-

«En mémoire de la réunion du Canton de Genève à la Confédération suisse...» était inauguré, le 20 septembre 1869, lors d'une cérémonie publique qui fit date, le célèbre «Monument National» trônant encore de nos jours sur les bords du lac de Genève.

Cet ensemble unique de documents, lettres, manuscrits, imprimés, retrace l'histoire de ce monument, du lancement du projet jusqu'à son inauguration, sous l'active présidence du général DUFOUR.

Le dossier s'ouvre sur une première lettre circulaire du 9 avril 1863, par laquelle le «Comité provisoire» convoque une assemblée générale «... pour Jeudi 16... au Bâtiment électoral... [afin] de s'entendre au sujet de l'érection d'un monument commémoratif de la réunion de Genève à la Suisse...». Au mois d'août déjà, une soixantaine de projets, de mérite inégal, étaient exposés audit Bâtiment. Dès lors, le projet soulève de nombreuses critiques parmi les Genevois (et quelques compliments aussi...) et les billets et lettres anonymes (!) ici conservés en sont des témoignages vivants : «... Le N° 46 il faut le vendre à un patissier...», peut-on lire dans l'un d'eux ; ou bien «... Misérables de nous faire payer 1 fr.... C'est un vol...» ; et encore : «... Messieurs, La pluspart des lettres sans signature sont des personnes qui ont exposé des plans...» ! Une lettre anonyme, datée du 13 août 1863, signale une erreur se rapportant à la maquette du projet N° 12 ; une autre, signée «Un artiste patriote», suggère de lancer un nouveau concours et propose que le monument soit érigé sur un socle fait d'un bloc de rocher tiré des Alpes, «... l'Alpe si cher à nos méditations...». Un certain «Roulet fils» voudrait que l'on choisisse la colonne N° 26 et en explique les raisons ; l'auteur d'une autre lettre envoie une feuille donnant copie des «inscriptions» à graver sur les plaques, etc. Superbe est la L.A.S. de 4 pp. in-4, de l'héraldiste Adolphe GAUTIER (1825-1896) qui, en date du 17 août 1863, s'explique longuement et par le menu sur «son» projet réunissant certaines idées que lui ont inspirés les modèles exposés, etc.

Parmi les documents les plus importants du dossier, citons l'original de la «Convention» du 12 septembre 1863 (2 pp. in-4), signé par le général Henri DUFOUR, par les trois membres de la Commission ainsi que par le sculpteur Robert DORER (1830-1893) : caractéristiques du Monument, conditions et délais, etc., pour un prix total estimé de 28.000 francs. Vient ensuite la copie d'un «Contrat» de 1864, sans signatures, énumérant, en 10 points de plusieurs lignes chacun, les conditions imposées au sculpteur ; une note autographe de Dufour sur la IVe page (comme on en trouve également sur d'autres pièces), et une seconde, d'une autre main, indiquent que «l'original a été remis à Mons. Tognetti».

En date du 9 février 1867 est signé le «Contrat de livraison» ; s'étendant sur 2 pp. in-folio, fort détaillé et essentiel pour l'exécution de l'œuvre, celui-ci est écrit et signé de la main de Marcel SUÈS-DUCOMMUN (1819-1906), le patriote genevois qui fut à l'origine du projet dès 1861. En novembre de la même année, Robert DORER fait savoir, par une lettre de 3 pages, que son travail prend du retard et propose un arrangement (1 p. in-folio, en allemand) : «... Vu l'impossibilité matérielle d'inaugurer le 12 Septembre 1868 le Monument National de Genève, il a été convenu ce qui suit...», etc. (intéressantes précisions). Une copie de la nouvelle «Convention», écrite en français, est, de la main du Général DUFOUR, «Certifiée conforme à l'original».

Des «Conventions» datées des 16 novembre 1868 (3 pp. in-4) et 28 janvier 1869 (2 pp. in-folio) sont signées pour les travaux du «Piedestal... en pierre de granit...» (signée, entre autres, par DUFOUR) et «... pour les fouilles du piedestal du Monument...» dont est chargé l'entrepreneur genevois François Orange. Le 6 février 1869, une autre «Convention» de 5 pp. in-folio est signée par l'Architecte Vaucher-Crémieux et l'entrepreneur J. H. Boissonas-Golay, les travaux devant être achevés pour le mois de septembre. Le jour de l'inauguration s'approchant (et les problèmes aussi !), le général DUFOUR écrit, dans une L.A.S. d'une page in-8 adressée à Marc CHAUVET, son collaborateur et trésorier du Comité, que les paiements au Sieur Chapuis, marbrier, doivent être stoppés : «... Mardi prochain, vous et moi devons paraître devant le tribunal...», etc.

Après maintes péripéties, l'inauguration, prévue pour le 12 septembre 1869, ne subira qu'un léger retard et sera repoussée aux 20 et 21 à cause... d'un rassemblement de troupes qui devait retenir à Bière le bataillon genevois.

Ces archives renferment d'intéressants documents, comme la cocarde originale aux couleurs de Genève portée le jour des festivités, différentes cartes «personnelles» (autorisations permettant d'entrer dans l'enceinte réservée aux travaux, invitation au Banquet d'Inauguration, carte de la Société des Arts, carte de Navigation et de Banquet de la Société de l'Arquebuse, etc.), le «Programme des Fêtes» (1 p. in-4), la lettre-circulaire d'inviation du général Dufour, le «Menu» du Banquet commémoratif offert au Grand Hôtel de la Paix, la circulaire du Major fédéral Diodati, etc. Enfin, une L.A.S. du 25 septembre 1869, émanant de Marc CHAUVET (1826-1883) et faisant la liste des paiements effectués entre 1863 et 1868 qui révèlent une dépense d'au moins 53.600 francs (l'estimation avait été, rappelons-le, de 28.000 frs...).

Joint : Photo originale in-12 d'une maquette du monument, avec annotations manuscrites au verso et au recto. Il semblerait que cette photo soit celle du projet du sculpteur munichois Jean LEEB qui tomba par hasard, vers 1861, sous les yeux du patriote genevois Marcel SUÈS-DUCOMMUN et lui donna l'idée de doter sa ville natale d'un monument rappelant la réunion (1814) de Genève à la Suisse ! En effet, l'écriture semble être celle du patriote qui aurait donc tracé ici, sous l'image, les mots suivants : «Ce fleuron que mon cœur te donne, sera un rayon du diadème Helvétique dont chaque pierrerie vaut une couronne».

 

 

82.           GOBINEAU, Arthur, comte de (1816-1882) Diplomate et écrivain français, auteur d'un Essai sur l'inégalité des races humaines où il fonde sa théorie de la supériorité de la race nordique. Sa doctrine sera exploitée par le national-socialisme hitlérien - L.A.S., 4 pp. in-8 pleines ; Téhéran, 30.XI.1855.           (1500.-)   1000.-

La seconde partie de son Essai à peine terminée, le diplomate fut envoyé en mission extraordinaire auprès du Shah de Perse. De Téhéran, il rappelle à un correspondant d'Alexandrie (Egypte) sa promesse de «... prendre note... des singularités de dialectes que vous pourriez rencontrer dans vos lectures arabes...». Il est très satisfait de son séjour en Perse, la vie intellectuelle musulmane y est vive, «... sans compter que les manuscrits sont nombreux et assez abordables quant aux prix, les presses lithographiques de Téhéran sont en perpétuel mouvement... Ainsi le Roi fait, en ce moment, les frais d'une édition de Mirkhoud qui est admirable...».

Puis, plus loin : «... nous avons ici des Savants très féconds. On publie non seulement des livres anciens, mais même des premières éditions et ce qui n'est pas indigne d'intérêt, les Persans ont même un de leurs écrivains qui s'occupe d'une histoire universelle dans laquelle il prétend... faire concorder les renseignements européens avec les renseignements asiatiques...». Bien qu'imparfaite, l'œuvre lui paraît fort importante car d'une conception originale et toute asiatique, etc.

Gobineau charge aussi son correspondant de lui trouver «... un exemplaire des 1001 nuits (en arabe), édition de Boulak, bien conservée...» qu'il faudra lui adresser au Consulat de France à Bagdad.

Superbe missive portant un intéressant témoignage sur la vie culturelle arabe du milieu du XIXème siècle.

 

 

83.           GODOY Manuel (1767-1851) Premier ministre espagnol, favori de la reine Marie-Louise - L.S. «El Principe de la Paz», 1/2 p. in-4 ; San Lorenzo, 17.X.1796.                                                            (300.-)     200.-

Sur ordre du roi Charles IV, le ministre informe Don Nicolas Avarana que la licence de son mariage avec Doña Casimira Diaz del Carpio lui a été accordée et que certains avantages militaires lui seront conservés.

L'année précédente, suite à la signature du traité de Bâle (22.VII.1795), Manuel Godoy avait reçu le titre de «prince de la Paix» .

 

 

84.           GOETHE, Johann Wolfgang von (1749-1832) L'illustre poète allemand - L.S. «Goethe», 1 p. in-4 pleine ; Weimar, 21.II.1807. Bord dr. renforcé au dos avec légères traces de colle en transparence. (6500.-)    4500.-

Cette lettre devait accompagner l'envoi d'un article pour le Jenaische Allgemeine Literatur-zeitung, article renfermant le discours de l'historien suisse Johannes von MÜLLER sur Frédéric le Grand. Goethe précise à son correspondant (Henrich C. A. EICHST-DT, rédacteur du journal) qu'il a préféré retirer deux autres textes destinés à la revue, les ayant trouvés trop sérieux, «... und freylich, wo soll jetzt der leichte gute Humor herkommen mit dem man manche Dinge behandeln müsste...» («et vraiment, d'où doit sortir maintenant la bonne humeur avec laquelle on devrait traiter de tels sujets...»). Le poète termine sa missive en annonçant son intention de se rendre au printemps à Jena, etc.

Long texte d'une petite écriture fine et élancée.

 

 

85.           GOLOVINE Yvan (1813-1886) Ecrivain, économiste et publiciste russe, exilé pour des motifs politiques - L.A.S., 1 p. in-8 ; (vers 1845/50). Papier à son chiffre. En français. Autographe rare.     (600.-)     400.-

Golovine prie le rédacteur du Corsaire, journal français des spectacles, de la littérature, des arts et des mœurs qui parut entre 1823 et 1852, de bien vouloir publier quelques lignes précisant qu'il est aussi étranger à la rédaction du Corsaire en général qu'à l'erreur qui s'est glissée dans un article du 11 mai où le comte Krassnowski-Tabasch fut nommé «Grasnowski» - celui-ci s'en étant plaint auprès de Golovine - au sujet d'une nouvelle lecture que M. Ostrowsky a faite dans ses Salons, etc.

L'auteur dramatique Alexandre Nicolaevitch OSTROVSKY (1824-1886) fut une personnalité littéraire de relief et son influence dans l'histoire du théâtre russe fut immense. Son premier opéra, «Le Voiévode», fut mis en musique par Tchaïkovsky en 1869.

 

 

86.           GOODMAN Benny (1909-1986) Clarinettiste et chef d'orchestre de jazz américain - Photo signée, 4°, noir et blanc ; (vers 1980).                                                                                                                             (350.-)     250.-

Très beau portrait en buste où, vêtu d'un costume de soirée sombre, le musicien pose sur une terrasse (derrière lui, la ville de New York ?), tenant sa clarinette des deux mains, les doigts posés sur les clés de l'instrument.

 

 

87.           GOOSSENS Eugène (1893-1962) Compositeur et chef d'orchestre anglais - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; (Barcelone), 12.V.1925.                                                                                                                             (300.-)     200.-

Deux lignes de musique extraites de son «Phantasy Quartet - op. 12», tracées sur une feuille extraite de l'album personnel du violoniste catalan Joaquim Mestres, membre de l'Orchestre Pau Casals.

 

 

88.           GOUNOD Charles (1818-1893) Compositeur français - L.A.S., 2/3p. in-12 ; Paris, 5.VI.1890. Adresse autographe au dos.                                                                                                                       (300.-)     200.-

A son confrère et ami Francis THOMÉ (1850-1909), élève de César Franck. «... Merci, mon cher ami, Votre sincérité me touche autant que vos éloges... Allez ! je sais mieux que personne tout ce que je ne suis pas !...».

Le 4 avril 1890 au Théâtre du Châtelet, Gounod avait dirigé sa Deuxième Symphonie et plusieurs fragments d'autres œuvres par lui composées furent aussi chantés. Les auditeurs acclamèrent le vieux Maître et ce fut là sa dernière apparition en public.

 

 

89.           GREENAWAY Kate (1846-1901) Célèbre dessinatrice anglaise - L.A.S., 2 pp. in-12 ; Brantword, 4.II.1887. Autographe rare.                                                                                                  (600.-)     400.-

«... You will be surprised to hear of me here (l'adresse qu'elle donne en tête est en effet celle de John RUSKIN) and it was a very unexpected coming...», écrit-elle au poète anglais Frederick LOCKER-LAMPSON (1821-1895) pour lequel Kate Greenaway avait dessiné en 1881 un «Little Dinky» inséré dans le volume London Lyrics. Elle est impatiente de tout lui raconter dès son retour à Hampstead, «... as soon as I know where...». L'hiver a été exécrable : «... it is cold here rather and looks very wintry...».

L'écrivain d'art John RUSKIN (1819-1900) fut un admirateur enthousiaste de la dessinatrice avec laquelle il entretint longtemps une correspondance et dont il fit l'éloge de l'oeuvre dans ses Praeterita.

 

 

90.           GRISI Carlotta (1829-1899) Danseuse italienne, son interprétation de Giselle en 1841 la rendit célèbre. Aimée par Alfred de Musset et Théophile Gautier - L.A.S., 1 1/3 pp. in-12 ; (Paris, vers 1842). Adresse autographe sur la IVe page.                                                                                                         (500.-)     350.-

La danseuse prie le compositeur Alphonse LEDUC (1804-1870) de remettre «... à un commissionnaire mes cartes de visite que ma cuisinière vous portera et vous donnerez à ce commissionnaire le nom et l'adresse des journalistes auxquels elles sont dues. Mettez sur mes cartes P.P.C. ...».

Ayant chargé de ce service le portier de Nestor ROQUEPLAN, directeur du Théâtre des Variétés, Carlotta Grisi envoie quelques francs «... pour le récompenser...». Autographe peu commun.

 

 

91.           GRISI Giulia (1811-1869) Cantatrice italienne de grande renommée à l'époque romantique - L.A.S., 2 pp. in-4 ; «Ce 22 Mars» (Paris, vers 1840/42).                                                                      (900.-)     600.-

«... Monsieur Mario m'a dit que vous m'aviez fait l'honneur de venir me voir - écrit-elle à l'avocat et homme politique Adolphe CRÉMIEUX (1796-1880) - et que vous désiriez faire un peu de musique chez vous... Je crains de vous dire un oui purement par compliment, car je viendrai d'avoir chanté le soir du samedi dans l'Otello et je devrais chanter le soir du dimanche...» chez l'épouse d'Alexandre AGUADO (1784-1842), le banquier et collectionneur d'art espagnol.

Craignant que ses forces ne soient pas au niveau de ses désirs, Giulia Grisi propose à Crémieux de reporter cette séance musicale à autre occasion.

Belle lettre faisant allusion à l'Otello de Rossini qui, après la première donnée à Naples en 1816, fut à l'affiche de tous les théâtres lyriques durant des décennies.

 

 

92.           GUERRES DE RELIGION, 1625 - L.S. (secrétaire) de  LOUIS XIII, 1 p. in-folio ; Paris, 14.II. 1625. Adresse au dos.                                                                                                                                                 (450.-)     300.-

Janvier 1625 : les chefs Rohan et Soubise soulèvent de nouveau les Huguenots ; des opérations ont lieu dans l'île de Ré dont Toiras reprend le contrôle pour Louis XIII.

C'est précisément à cet épisode que se rapport la lettre royale que nous proposons ici, adressée au baron de Vieux-Chastel, noble breton. «... J'ai esté bien aise d'entendre qu'en l'occasion de l'entreprise que le Sr de Soubize et ceulx de la Religion prétendue réformée qui l'assistent avoient faicte sur le  Port Louis. Vous avez assemblé voz amys et assisté mon frère Naturel le duc de Vendome...». Le roi lui sait bon gré de la «... fidélité et affection que vous m'avez rendu sur ce subiect important...», etc.

Lettre contresignée par Louis POTIER des Gesvres († 1630), secrétaire d'Etat de Louis XIII. Il avait déjà servi sous Henri III et Henri IV et au nom de ce dernier avait négocié la reddition des places fortes de Bretagne, puis instruit le procès du maréchal de Biron en 1602.

 

 

93.           GUILLAUME II d'Allemagne (1859-1941) Empereur de 1888 à 1918 - P.S. «Wilhelm I. R.», 1 p. in-4 gr. ; Swinemünde «an Bord M. Y. Hohenzollern», 6.VII.1904. En-tête à ses nom et titres et grand cachet à sec. Pièce jointe. En allemand.                                                                                                                        (350.-)     250.-

Nomination d'un Conseiller d'Etat, contresignée par le ministre Rudolf NIEBERDING (1838-1912).

Il est joint la lettre signée de ce dernier (Berlin, 13.VII.1904) qui accompagna le décret impérial.

 

 

94.           GUILLOTINE (La) et LOUIS XVI - Très rare affiche originale, 1 p. in-folio, cm 31,5 x 45,5 environ, imprimée à Londres en 1793. Défraîchie, coin supérieur droit réparé. En-tête, grande vignette (xylographie, cm 15,5 x 14,5). Texte anglais.                                                                                                              (2500.-)   1500.-

Précieux document historique titré «Massacre of the French King !», diffusé quelques jours seulement après l'exécution du roi LOUIS XVI et imprimée à Londres «at the Minerva Office» pour le compte du portraitiste anglais William LANE (1746-1819). La grande vignette - une «View of La Guillotine, or the modern Beheading Machine at Paris - By which the unfortunate LOUIS XVI... suffered on the Scaffold, January 21st 1793» - occupant le tiers supérieur de la feuille, est suivie du texte intégral du décret de la Convention Nationale du 20 janvier condamnant le roi de France à la peine capitale, ainsi que d'une relation détaillée de son exécution publique dont le dernier paragraphe précise : «... After his head was cut off, the Sans Culottes and Jacobins waved their hats in the air, exclaming Vive la Nation ! Vive la République !...», etc.

Le document se termine par une longue description de la Guillotine, le résumé du Testament du souverain déchu et quelques anecdotes le concernant.

[Voir l'illustration en dernière couverture]

 

 

95.           GUITRY Sacha (1885-1957) Acteur, auteur dramatique et cinéaste français - Manuscrit autographe, 12 pp. + 5 pp. dactylographiées, 4° ; Paris, vers 1924.                                                                          (2500.-)   1600.-

Eloge de Georges de PORTO-RICHE, qui va bientôt recevoir la Légion d'honneur, composé de : 1) douze pages de notes autographes avec nombreux rajouts et corrections, premier jet de l'article ; 2) trois feuilles dactylographiées avec texte retravaillé, résumant le manuscrit ci-dessus ;  3) deux feuilles dactylographiées, reprenant, avec quelques petites retouches, les trois feuilles précédentes, et nous livrant le texte définitif de l'article.

Après avoir sévèrement critiqué la France, qui sait si mal récompenser ceux qui dans les arts augmentent réellement son patrimoine en le faisant évoluer sans cesse, et gratifie au contraire «... ceux qui donnent l'illusion qu'ils respectent la tradition parce qu'il n'apportent rien de nouveau... ceux-là, c'est à trente ans qu'on les décore... mon Dieu, que d'injustices, que d'erreurs...», Guitry en vient au cœur du sujet : «... Je ne vous ai pas dit l'autre jour tout ce que j'avais à vous dire de Georges de Porto-Riche... N'importe laquelle de ses œuvres, ouverte au hasard, vous fournit une occasion nouvelle... de l'aimer davantage... Un tel homme honore grandement son pays, sa race et la littérature dramatique. G. de Porto-Riche personnifie à mes yeux l'intelligence juive. Il en possède, au plus haut degré, la probité, la clairvoyance et l'impudeur. Il est sensible, orgueilleux, cruel et tendre...».

Il évoque Le théâtre d'Amour qui «... n'est ni du vrai théâtre, ni du théâtre vrai. C'est de l'amour au théâtre exprimé par un poète...», s'étonne que l'administrateur de la Comédie-Française «... ait laissé passer...  L'Infidèle...», que le Comité de lecture «... n'ait pas demandé à connaître Amoureuse...», que la Maison de Molière n'ait pas fait «... ce qu'elle devait faire pour que Le Passé fut créé Rue de Richelieu...», etc., etc.

 

 

96.           HAFGREN Lilly (1884-1965) La grande cantatrice suédoise, interprète des rôles wagnériens - L.A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, 17.XII.1921.                                                                                                         (200.-)     120.-

Lors d'une tournée en Catalogne, le soprano accepte l'invitation du Consul général allemand Hans von HASSELL (1881-1944 ; ce diplomate sera exécuté comme anti-nazi). «... Da mein Mann mit mir hier ist, darf ich mir wohl erlauben ihn mitzubringen ?...», etc. Dans la Walkirie, Hafgren fut surnommée «Lilliput».

 

97.           HALFFTER Ernesto (1905-1989) Pianiste espagnol, disciple de Manuel de Falla - MUSIQUE A.S., 1/2 p. in-8 ; Barcelone, 28.IV.1931. Pièce jointe.                                                                         (400.-)     250.-

Bel extrait musical de la 2 ème Danse de son opéra «La Muerte de Carmen» commencé en 1931 et terminé bien des années plus tard. Feuille d'album avec longue dédicace au violoniste Joaquim Mestres, membre de «... la admirable orquestra Casals...» de Barcelone.

Joint : feuille d'album semblable dédicacée au même par le musicien catalan Robert GOBERNA à la sortie d'un concert donné à Barcelone le 8 décembre 1925 ; Goberna a ajouté une jolie ligne de musique extraite de la «Misa en sol» de Schubert.

 

 

98.           HANSI, Jean-Jacques Waltz, dit (1872-1951) Ecrivain, dessinateur et caricaturiste alsacien, son œuvre s'est intégrée au forklore de sa région - L.A.S., 1 p. in-4 ; Paris, 17.VI.1928.                              (450.-)     300.-

«... Certes je suis pour la Paix, avec ferveur comme tous ceux qui ont vu de très près les choses les plus horribles pendant cette guerre - écrit Hansi sur papier à son adresse parisienne imprimée en tête -  Je suis heureux de savoir que des hommes éminents travaillent à Genève à rendre impossible une nouvelle guerre...». Il ne croit cependant pas qu'un texte écrit de lui «... puisse nous rapprocher du but...» ; de plus, «... terriblement occupé...», il se voit obligé d'économiser son temps...

 

99.           HAUK Minnie (1851-1929) Soprano américain - L.A.S., 2 pp. in-16 sur carte à son chiffre «H» ; Paris, 3.I.1887. Légère mouillure dans la marge supérieure, avec traces de collage. Peu commun.         (250.-)     150.-

Elle arrive d'Amérique «... after a most delightfully successful Operatic Concert tournée on the Pacific Coast and Canada of 4 months. I shall make Paris my headquarters... to come particularly to replevish my wardrobe...» ! Elle ira bientôt chanter en Allemagne «... but I hope I can come to London instead...» ; elle compte sur l'aide de M. Boosey pour la réalisation «... of the same as far as is your ability...», etc.

 

100.         HEILBRONN Marie (1851-1886) Soprano belge - L.A.S., 3 pp. in-12 obl. ; (fin 1877 ?). En-tête, superbe entrelacement composé des lettres de son nom imprimées en noir, rouge et or.       (250.-)     150.-

Elle se voit forcée de reprendre la promesse faite à son correspondant et s'en explique : «... Je retourne... l'hiver prochain en Russie ; n'ayant pu porter mon concours à la représentation des blessés russes, il m'est impossible de chanter pour les blessés turcs... je renonce à cette bonne œuvre avec bien du chagrin...».

Depuis plusieurs décennies, Russes et Turcs étaient en lutte, notamment à propos des détroits qui s'ouvraient et se fermaient au gré des conventions ; ainsi, en avril 1877, la Russie avait finalement déclaré la guerre à la Turquie et les morts et blessés se comptaient des deux côtés. Rare autographe de cette cantatrice qui mourut en 1886 à l'âge de 35 ans.

 

 

101.         HERBERGER Sepp (1897-1977) Sportifallemand,célèbre entraîneur de football - P.A.S., 8° obl. ; [Weinheim, novembre 1976].                                                                                               (300.-)     200.-

Trois lignes autographes, au bas d'une lettre à lui adressée, suivies de sa signature «Grüss - Sepp Herberger».

En 1997, les Postes allemandes ont émis un timbre à l'effigie de ce célèbre entraîneur qui avait permis à son équipe de remporter la coupe du monde en 1954.

 

102.         HERZ Henri (1803-1888) Pianiste et facteur français de pianos. Ami de Chopin - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 face à face ; Paris, 6.V.1886. En italien.                                                                                  (250.)      150.-

Tous ses instruments étant déjà retenus pour la saison des concerts, Herz n'est hélas pas en mesure de fournir un piano au virtuose, «... artista così celebre...», qui lui en a fait la demande.

 

 

103.         HITLER Adolf (1889-1945) Chancelier allemand en 1933, il établit dès lors une dictature personnelle et totalitaire accompagnée d'un programme d'épuration raciale - L.S., 1 p. sur carte in-12 obl. ; Munich, 29.IV.1926. Trous de classement dans la marge inf., loin du texte et de la signature.          (2200.-)   1600.-

A Eugen MUNDER (1899-1952), premier Gauleiter du Württemberg-Hohenzollern de 1925 à 1928, auquel le futur dictateur envoie, par ces lignes dactylographiées, ses meilleurs remerciements pour le message de vœux reçu à l'occasion de son 37e anniversaire (20.IX.).

Arrêté après la tentative de Putsch de novembre 1923, Hitler avait été jugé et condamné. Le 20 décembre 1924, il recouvrait la liberté et avec elle s'ouvraient les portes de la «grande» politique. Quant au jeune Munder, ancien élève de l'école militaire de Iéna, après trois années d'engagement dans le NSDAP et suite à un différend avec Hitler dont il avait critiqué le style de vie, il démissionnait le 12 janvier 1928 de son poste de Gauleiter et quittait le parti !

 

 

104.         HITLER Adolf - Pièce avec signature imprimée en bleu, 1 p. in-4 ; Berlin, 10.V.1942. Marges blanches très rognées, texte complet malgré la perte d'une partie de la couronne du grand sceau à sec entourant l'aigle et la croix gammée.                                                                                                                                         (250.-)     150.-

Mention honorifique («Treudienst=Ehrenzeichen»), récompensant un haut fonctionnaire de la Reichsbank pour ses quarante années de fidèles services, délivrée par le Führer «... Im Namen des Deutschen Volkes...».

 

105.         HOCHE Lazare (1768-1797) Général français, chargé par la Convention de pacifier la Vendée - Trois L.S., 1/2 p. in-4 chacune ; Cologne et Friedberg, avril/mai 1797.                                                             (400.-)     250.-

Les divisions commandées par le général Grenier, destinataire de ces lettres, seront bientôt relevées par des troupes nouvelles, mais en attendant, lui écrit Hoche, «... veuillez bien préparer votre mouvement et dresser un état des cantonnemens que vous occupez...». Quelques jours plus tard, il exprime sa satisfaction à propos du comportement de son correspondant lors des derniers combats. Le mois suivant, il explique à Grenier comment devront procéder ses troupes pour se retirer d'un territoire déclaré neutre.

 

106.         HORTENSE de Beauharnais (1783-1837) Reine de Hollande, fille de l'impératrice Joséphine. Mariée contre son gré par son beau-père à Louis Bonaparte en 1802, elle donna naissance au futur Napoléon III - L.S. «hortense», avec une ligne et date autogr., 1/2 p. 8° ; Augsbourg, 31.III.[1818].   (1200.-)   800.-

De la Suisse, où elle se réfugia lors de la seconde Restauration, la duchesse de Saint-Leu informe son intendant, le baron De Vaux, que désirant «... contribuer à amelliorer la situation de M.lle Lannoy, je vous authorise à l'informer que je lui accorde un secours annuel...». Hortense précise de sa main que cette aide devra être versée à partir du «... mois de mars 1818...», puis date elle-même sa lettre du «31 mars».

Marie LANNOY - toujours vivante en 1837 - avait été choisie par Joséphine dès 1794 comme gouvernante d'Eugène et d'Hortense. Voici comment la reine la définira plus tard dans ses Mémoires : «... Une demoiselle de compagnie, que ma mère avait prise auprès d'elle, me servit de gouvernante. Bien née, bien élevée et douée de quelques talents, ses leçons m'eussent été profitables si le goût de la politique ne l'eût absorbée tout entière...», etc.

Rappelons que le général Beauharnais avait été arrêté le 2 mars 1794 et guillotiné le 23 juillet. Quant à Joséphine, elle fut arrêtée le 9 avril de cette même année puis remise en liberté le 6 août ; durant sa détention, ses deux enfants furent sous la protection de Mademoiselle Lannoy et de la princesse de Hohenzollern (née de Salm).

 

 

107.         HORTENSE de Beauharnais - L.A.S., 1 p. pleine in-8 gr. ; «Ce 24 juin» (Arenenberg, 1836 ?). Adresse autographe sur la IVe page.                                                                                                              (1800.-)   1200.-

Belle missive à une voisine, la princesse Cécile Rosalie de SALM-KYRBUG († 1866) dont la tante par alliance n'était autre que la princesse Amélie de HOHENZOLLERN-SIGMARINGEN (1760-1841), l'amie intime de Joséphine lors des journées difficiles de 1794.

Hortense annonce à sa correspondante le départ du médecin «... que la  princesse de Sigmaringen attend avec impatience. Il n'a pas de passeport. Veuillez vous occuper de le faire partir si le prince [Frédéric IV de Salm] peut l'emmener... Enfin faites pour le mieux, moi qui ne parle pas allemand je ne puis guère lui dire ce qu'il doit faire...». Elle se réjouit de la visite de la princesse accompagnée de son fils Frédéric Ernest de Salm, alors âgé de 13 ans, et la rassure ainsi à propos d'une épidémie de fièvre scarlatine : «... Mon fils [le futur NAPOLÉON III] a dû aller vous voir [dans son voyage à Bade] et vous dire que vous n'aviez pas de maladie à craindre...» à Arenenberg.

1836 fut une année importante pour Louis-Napoléon : en mai, il avait rencontré sa «fiancée», sa jeune cousine Mathilde, et en juillet un projet de contrat de mariage avait même été dressé. Entre temps, le prince était parti pour Bade, acceptant une invitation de la grande-duchesse Stéphanie. Dans cette ville d'eaux, il se fit peu remarquer mais eut de nombreuses conversations avec des officiers en garnison à Strasbourg...

Le 30 octobre 1836, ce sera la tentative de sédition, puis l'exil au Etats-Unis...

 

108.         HUGO Victor (1802-1885) Ecrivain français - L.A.S., 1 p. in-8 ; [Paris] 17.II.[1834]. Adresse autographe et marques postales sur la IVe page. INÉDITE.                                                   (900.-)     600.-

HUGO et LAMARTINE ! «... Tout ce que vous me dites est bon et juste...», écrit Hugo à Jules LECHEVALIER, directeur de la Revue du Progrès social, lui exprimant son désir de «... recauser longuement... de tout cela quand vous aurez revu LAMARTINE...». Il le prie entre temps de le croire «... bien tout aux idées et tout à vous...».

Personnage hors du commun, polytechnicien, officier d'artillerie et propagandiste saint-simonien, Jules LECHEVALIER était devenu fouriériste et venait de publier (1832/34) de nombreuses brochures sur la doctrine sociétaire, sur l'économie politique et sur l'instruction primaire. Hugo dit-il ici adhérer à ces idées socialisantes ou attend-il simplement la réponse de LAMARTINE avant de collaborer à la Revue du Progrès social, en phase d'être éditée et lancée en 1834 ? Dans la seule lettre connue (en copie) à Lechevalier, l'illustre poète semble effectivement se trouver en plein accord avec son correspondant et avec ses programmes lorsqu'en lui adressant ses vœux de succès, il lui affirme que la «vérité a quelquefois de longues gestations, jamais d'avortements» !

 

109.         HUGO Victor - P.A.S., 1 p. in-24 ; [Paris], 7.III.1878.                                   (600.-)     400.-

Hugo et la musique ! Au dos d'un carte de visite d' André WORMSER (1851-1926), prix de Rome en 1875, l'écrivain accorde au jeune compositeur l'autorisation de «... publier la Nuit d'Eté avec sa musique et payer mes droits d'auteur au chiffre qu'il voudra...». Nous n'avons pas trouvé trace d'une composition de Wormser sur ce poème de Hugo.

La pièce en vers, «Hier, la nuit d'été, qui nous prêtait ses voiles...» portant la date du «21 mai 1833», fut écrite trois mois après le début de la liaison du poète avec Juliette Drouet et inaugure la longue série de poèmes que la jeune actrice inspira à son amant.

 

110.         ISMAÏL Pacha (1830-1895) Khédive d'Egypte de 1863 à 1879. Son nom fut donné à la ville d'Ismaïlia, créée en 1863 pour être le siège de la Compagnie du canal de Suez - L.S., 2 pp. in-8 ; Palais de la Paroute, 27.XI.1887.                                                                                                                                       (500.-)     350.-

A quelques semaines de son retour en territoire ottoman, le sultan Abdul-Hamid ayant accepté de l'accueillir à Constantinople après huit années d'exil, l'ancien Khédive d'Egypte répond à la lettre du comte Caprara di Montalba, résident à Alexandrie (Egypte). «... Je vous remercie de l'amitié que vous me portez et de l'intérêt que vous prenez à ma santé. Je ne me porte pas mal...». Il répondra très prochainement au reste de la lettre, car le temps lui manque.

Ismaïl partira pour la Turquie le 24 décembre suivant et vivra jusqu'à sa mort à Constantinople dans un fastueux exil.

Autographe peu commun !

 

111.         ITURBI José (1895-1980) Pianiste et chef d'orchestre espagnol - MUSIQUE A.S. sur page in-8. Belle portée extraite du «Concerto italien» de J. S. Bach, datée «Paris 22-4-1927».                                            (300.-)     200.-

 

112.         IVANOFF Nikolaj (1810-1880) Ténor russe très appréciépar Rossini et Verdi. Joua dans plusieurs premières et notamment dans des opéras it. - L.A.S., 1 p. 12° ; (Londres), 2.VI.1835. Pièce jointe.  (250.-)     150.-

 

Au harpiste et compositeur Robert N. C. BOCHSA (1789-1856), organisateur de concerts à Londres : «... Et la permission de Mr Laporte... ? Sans cela je ne pourrai pas chanter...».  Joint : L.A.S. (1 p. in-8 à l'en-tête du Théâtre RoyalItalien de Paris) du compositeur italien Giovanni TADOLINI (1793-1872) qui, en octobre 1839, présente le chanteur russe, «... il quale si reca a Bologna, scritturato al vostro gran teatro, per la corrente stagione d'autunno. Vi raccomando questo eccellente artista...».

Les autographes de Nikolaj Ivanoff sont rares !

 

113.         JAMES Henry (1843-1916) Romancier américain de naissance et de tempérament, il était Européen d'esprit et vécut à Paris puis à Londres où il écrivit le meilleur de son œuvre - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Londres, «Reform Club», 7.VII.(1877/1880). En-tête imprimé à sec.                                                                    (750.-)     500.-

Rendu célèbre par la parution de The American, le jeune écrivain, fort sollicité par la haute société londonienne, était très tôt devenu membre du prestigieux, tolérant et hautement privé «Reform Club». Il s'adresse ici à Lady Henrietta Maria STANLEY of Alderley (1807-1895, femme influente, célèbre pour ses qualités sociales et sa franchise) dont il doit hélas décliner l'invitation : «... Je n'ai pas de chance ! I am engaged, to my sorrow... Many thanks... and good wishes for your health, which made you invisible when I called on you... I trust it is quite right now...».

Missive se terminant par la rare signature «H. James j[unio]r» que l'écrivain n'utilisa que du vivant de son père, décédé en 1882.

 

114.         JAMMES Francis (1868-1938) Poète français étroitement lié au Béarn et au Pays basque - L.A.S., 1 2/3 pp. in-folio ; Orthez, 14.IX.1910. Bords rognés (sans manque de texte) et marge gauche renforcée avec du scotch.                                                                                                                                                                      (400.-)     250.-

Longue et belle lettre à un jeune poète qui lui a soumis son manuscrit : «... Votre œuvre... ne me donne point précisément la sensation d'un poème. Mais plutôt d'un bas relief de marbre lumineux... Il existe une légende basque au sujet de certaines naïades qui rendent impropre à l'amour physique tout homme qui les a possédées. Il faut que celui-ci, pour recouvrer sa puissance, accomplisse des tâches héroïques...».

Le texte de son correspondant lui a remémoré cette tradition basque qui «... lui ressemble par la profondeur de son symbole. Ce symbole doit tenter un musicien puisque Charles Bordes m'avait parlé de son intention de tirer de ladite légende un poème symphonique. Je ne sais pas si la mort [en 1909] l'a empêché de réaliser son projet...», etc. Suivent une trentaine de lignes où Jammes tente d'expliquer ce qui manque à l'œuvre : «... C'est l'harmonie... vous me conduisez par l'allée de vos vers dans une magnifique forêt de lauriers qu'aucun vent n'agite... Vous avez fabriqué là un violon merveilleux, mais l'archet manque. Ne voyez rien de désagréable ni de décourageant dans ce que je vous dis... Je trouve au contraire votre cas étonnant. Je n'ai jamais lu de vers aussi silencieux...», etc.

 

115.         Saint JEAN BOSCO (1815-1888) Prêtre italien, fondateur de la Société de Saint-François-de-Sales. Canonisé en 1934 - P.A.S., 2/3 p. in-8 ; Turin, 2.XII.1870. En-tête : Oratorio di s. Franc. di Sales.  (4500.-)   3000.-

Le grand thaumaturge, dont les bienfaits étaient de plus en plus reconnus, se dédiait aussi à la construction d'écoles et d'églises. L'argent manquait en permanence, mais la foi et le charisme du Saint homme attirait à lui offrandes et legs.

Par ce document rédigé entièrement de sa main et signé «Sac[erdote] Gio. Bosco», le prêtre reconnaît avoir reçu un acompte de 2500 francs sur un leg fort important provenant «... dalla fu contessa Teresa, comune del Piazzo [Biella]. Tale somma è pagata a conto del Sig. conte Giuseppe Corbetto (ou Corvetto ?) erede della mentovata Sig. defunta...».

Devant l'accroissement de l'influence des Vaudois dans le quartier turinois de Porta Nuova, Don Bosco avait décidé dès 1868 d'y faire construire une église catholique dédiée à l'apôtre Saint Jean. Elle coûtera plus d'un million de francs, mais les difficultés les plus importantes viendront de l'obstructionnisme de la communauté vaudoise laquelle, propriétaire d'un bout de terre au mauvais endroit, demandait un prix exorbitant ; la consécration de cette église fut ainsi retardée jusqu'en 1882...

A droite de l'en-tête, on peut lire ceci : «Si prega della carità d'affrancare le lettere. Chi desidera le lettere franche favorisca di unire i francobolli occorrenti».

 

116.         JOSÉPHINE, M. J. R. Tascher de La Pagerie (1763-1814) Impératrice des Français, épouse du général Alexandre Beauharnais puis de Napoléon Bonaparte - L.A.S. à la 3e pers. «M de Alexandre Beauharnois», 1/2 p. in-12 ; (Paris), 27.XII.1792. Très rare, de cette époque !                                               (4000.-)   3000.-

Pendant qu'à Paris on juge Louis XVI - dans moins d'un mois, le roi sera condamné à mort -, la belle épouse de l'adjudant général Beauharnais, alors chef d'état-major dans l'armée du Rhin, se soucie quant à elle de se procurer auprès de Monsieur Barbier, marchand de tissus, «... du taffetas de Florence...» dans lequel sa couturière va lui confectionner «... un pierrot...» !

La jeune femme avait quitté la Martinique en 1790 pour rejoindre en France son époux, le vicomte de Beauharnais, dont la Révolution avait aboli le titre de noblesse mais non la popularité et la position sociale ; Joséphine devait donc tenir son rang et, comme le prouve le présent document, soignait volontiers ses toilettes...

Cette missive - qui ne figure pas dans la Correspondance parue en 1996 où seules douze autres pièces sont répertoriées avec une date antérieure - permet de rectifier la date de la lettre n° 3 (vers «1792» et non «1785»), ainsi que le nom cité de «M.elle Léger» (et non «M.elle Ligne») dont on sait maintenant qu'elle était la «couturière» de Joséphine...

Autographe tout à fait exceptionnel malgré son apparence modeste, tracé sur un feuillet au filigrane «Van Der Ley», utilisé à St Germain-en-Laye et à Versailles déjà dans les années 1780.

 

 

117.         JOSÉPHINE, La dame de palais de - L.A.S., 1 p. in-8, de Claire de Vergennes REMUSAT (1780-1821) ; sans lieu ni date (vers 1806 ?).                                                                                              (400.-)     250.-

Madame de Remusat ne sait comment exprimer sa reconnaissance au destinataire de la missive pour le portrait (de l'impératrice ?) que Monsieur Pasquier lui a apporté la veille : «... le plaisir que m'a fait ce témoignage... est mon meilleur remerciement, puisque vous avez eu la bonté de mettre tant de bonne grâce à me le procurer...», etc.

Le baron (1808), puis duc Etienne-Denis PASQUIER (1767-1862) avait été nommé en 1810 préfet de police à la place de Dubois. Après la chute de l'Empire, il poursuivra une longue et brillante carrière politique. Quant à la comtesse Remusat, elle était entrée au service de Joséphine en 1802 comme «dame chargée de faire auprès de Mme Bonaparte les honneurs du Palais» ; elle restera à son service durant tout l'Empire et laissera d'intéressants Mémoires publiés en 3 voll. en 1879/80, tableau très vivant et très piquant de la cour impériale.

 

118.         Saint JOSEPH-MARIE ESCRIVÁ de Balaguer (1902-1975) Saint espagnol, fondateur de l'Opus Dei en 1928. Canonisé par Jean-Paul II le 3.X.2002 - L.A.S., 2 pp. in-12 obl. ; Rome, «Pascua 1958». En espagnol.                                                                                                                                              (2500.-)   1500.-

Sur une carte à l'en-tête de l'Opus Dei, le prélat espagnol - dont la récente canonisation a suscité quelques controverses - adresse ses vœux de Pâques à un futur cardinal de la curie romaine, alors membre de la S. Congrégation du Saint Office. «... Queridisimo Monseñor : ... que el Señor Resucitado les lleve de sus mas grandes bendiciones...», lui écrit-il, exprimant le désir de la rencontrer et le priant de transmettre ses salutations à un ami commun.

Les documents manuscrits de ce nouveau Saint de l'Eglise catholique, dont nous n'avons vu aucun autographe en vente à ce jour, sont rarissimes !

 

119.         JOUHAUX Léon (1879-1954) Syndicaliste fr., ancien ouvrier allumettier, prix Nobel de la paix en 1951 - L.S., 2/3 p. in-4 ; Paris, 7.V.1936. En-tête imprimé. Autographe peu commun.                 (300.-)     200.-

En tant que Secrétaire général (depuis 1909 !) de la Confédération Générale du Travail, Jouhaux s'adresse à l'auteur du livre Puissance et Déclin du Capitalisme qu'il vient de recevoir : «... Je vous en remercie bien vivement. Vous pouvez être assuré que je le lirai avec grand intérêt...».

 

120.         JOURDAN Jean-Baptiste (1762-1833) Maréchal d'Empire - Quatre L.S., 5 pp. in-folio ; de divers quartiers généraux, 1795/1796. En-têtes imprimés. Déchirure et bord effrangé.                   (600.-)     400.-

Ordres militaires adressés par «Jourdan, Général Commandant en Chef l'Armée de Sambre et Meuse, Au Général Grenier...» pendant la campagne d'Allemagne, où le futur maréchal subira la dure défaite de Wurzbourg à l'origine de sa démission, le 23 septembre 1796. «... Je vous préviens... que le général Lefebvre... a rencontré un très gros corps ennemi ; il s'est engagé une affaire qui a été des plus vives, le général Lefebvre a été obligé de se retirer sur le corps d'armée...», etc.

Intéressants textes nous apportant de précieux renseignements sur le développement des actions militaires dans la région.

 

121.         JOYEUSE, François de (1562-1615) Cardinal français, il négocia la réconciliation d'Henri IV avec  Rome. En 1610, il couronna roi le petit Louis XIII - P.S., 3 pp. in-folio ; Rouen, 2.VII.1608.             (450.-)     300.-

Long texte relatif à son rôle de tuteur chargé de représenter les intérêts de sa nièce, la toute jeune princesse Marie de Bourbon, duchesse de MONTPENSIER (1606-1627), fille du Gouverneur de Normandie, Henri de Bourbon († en févr. 1608), et future épouse de Gaston d'Orléans, le frère puîné du roi Louis XIII. Très intéressants détails financiers.

 

122.         Don JUAN DE AUSTRIA (1547-1578) Général espagnol, fils naturel de l'empereur Charles Quint. En 1571, il gagna la célèbre bataille de Lepanto contre les Turcs - L.A.S., 5 pp. in-4 ; Namur, 6.VI.1578. Adresse autographe et sceau à ses armes. En espagnol.                                                  (12 000.-)               8000.-

Importante missive au contenu historique, adressée à sa demi-sœur Marguerite d'Autriche, mère d'Alessandro FARNESE ; celui-ci succèdera à Don Juan comme gouverneur des Pays-Bas espagnols.

En guerre contre Guillaume d'Orange, le vainqueur des Turcs est fort confiant quant à l'issue des combats. Il décrit les progrès de son action militaire contre ses ennemis protestants et fait l'éloge du duc Farnese, l'un des plus célèbres capitaines d'alors. Il évoque l'état des provinces de Limbourg et Luxembourg, recommande à sa sœur de faire pression sur Alexandre Farnèse afin qu'il évite de mettre sa vie en danger et dresse un état précis des événements en cours dans les Flandres espagnoles.

Emouvant témoignage de la confiance qu'accordait à juste titre cet illustre général (déjà malade, il mourra le 1er octobre suivant à l'âge de 31 ans !) à son jeune neveu, dont il loue les qualités. Rappelons qu'en vingt jours seulement, celui-ci réduira à l'obéissance la province de Limbourg et apportera la paix dans toute la région.

Les simples pièces signées de ce prince sont quasiment introuvables. C'est dire si cette lettre de 5 pages entièrement de sa main, et au contenu militaire, est rarissime !

 

                JUDAICA : Voir les numéros 6, 95, 128, 135, 192, 217 et 223.

 

123.         JULIENNE-DEJEAN Eugénie (ca. 1820-après 1869) Soprano français, première Amelia dans Un ballo in maschera de Verdi. En 1853, elle avait chanté avec Tamberlick dans la première londonnienne du Benvenuto Cellini de Berlioz - PHOTO signée et dédicacée, 6 x 10 cm ; (Naples, 1862/63).                (600.-)     400.-

Beau portrait en pied (en costume dans le rôle d'Amelia ?), dédicacé dans la marge inf. blanche en «Souvenir affectueux à Mme Bujanovies - E. Jullienne Dejean». Rare photo-carte de visite (cliché du photographe madrilène J. Laurent) signée au début des années 1860. Probablement la seule vraie photographie de cette cantatrice acclamée dans les œuvres Meyerbeer, Donizetti, Pacini, Peri, etc., dont on perd les traces dès 1869.

 

124.         KELLERMANN François Christophe (1735-1820) Maréchal d'Empire - L.S. «Duc de Valmy», 2 pp. in-4 ; Mainz, 2.VII.1813. Importante pièce jointe, signée aussi par Kellermann.                (750.-)     500.-

Il adresse au prince de Neuchâtel, Alexandre BERTHIER, alors major général de la Grande Armée, «... la Situation Générale du Corps d'observation de Bavière... comprenant les troupes déjà arrivées, qui ont déjà passé le Rhin ou qui sont à Mayence [et] ... celles annoncées...», soulignant que «... Rien ne sera épargné pour accélérer le départ des troupes de ce Corps d'observation comme toutes celles destinées à la Grande armée...».

Le document joint (1 pleine page gr. in-folio), d'une extrême précision et également signé par Kellermann, est un récapitulatif du nombre d'officiers, soldats, troupes, déserteurs, blessés, divisions, compagnies, bataillons que compte chacun des régiments se trouvant en Bavière. Dans la marge, on a ajouté d'intéressantes observations relatives à l'état-major, la cavalerie et l'artillerie, ainsi qu'un deuxième tableau donnant la liste des troupes annoncées (nombre d'hommes, dates d'arrivée, etc.).

Alors à Dresde, Napoléon s'apprêtait à se rendre à Mayence pour y passer ses troupes en revue. La reprise des hostilités contre l'Autriche s'annonçait, balayant l'éphémère armistice de Plesswitz, signé deux mois plus tôt. Pièce historique !

 

125.         KENYATTA Jomo (1893-1978) Premier président de la République du Kenya indépendant de 1964 à sa mort - L.S., 2/3 p. in-4 ; Nairobi, 19.IV.1962. En-tête imprimé.                                              (450.-)     300.-

Figure leader des noirs d'Afrique durant de nombreuses années, Kenyatta fut un opposant politique modéré, ce qui ne l'empêcha pas de subir huit ans d'emprisonnement avant de pouvoir accéder aux plus hautes charges de la toute nouvelle république.

En tant que ministre d'Etat chargé des Affaires constitutionnelles et de la Planification économique lors du dernier gouvernement anglais, le futur président remercie un correspondant anglais pour le soutien qu'il lui a fourni : «... It was kind of you to send such words of encouragement to me and my countrymen...», etc.

Dans le premier gouvernement autonome (1.VI.1963), Kenyatta assumera la charge de Premier ministre.

 

126.         KLÉBER Jean-Baptiste (1753-1800) Général français, il fit la campagne d'Egypte et fut assassiné par un fanatique musulman - Quatre L.S., 8 1/2 pp. in-4 gr. ; divers quartiers généraux, 1796/97. En-têtes imprimés. Déchirure ne touchant pas le texte.                                                                                        (600.-)     400.-

Intéressante correspondance du commandant de l'armée de Sambre-et-Meuse au général de division Grenier : ordre de mouvement destiné aux troupes des généraux Lefebvre, Colaud et Grenier, accords à propos d'un échange de prisonniers proposé par le général Kray, réclamation du général Grenier «... relativement à votre rang de Bataille...», remerciements pour «... l'envoi que vous avez bien voulu me faire, des positions qu'occupent les divisions sous vos ordres...», etc.

C'est de cette époque que date le mécontentement de Kléber, motivé par l'indécision et les contre-ordres répétés du général Jourdan, mécontentement qui le porta plusieurs fois à offrir sa démission, enfin acceptée le 26 décembre 1796. Il quitta l'armée en février 1797 et se retira une année dans sa petite maison de Chaillot, près de Paris, avant de reprendre le chemin de l'Orient où il trouva la mort.

 

127.         KOSSUTH Lajos (1802-1894)Patriote hongrois - L.A.S., 1 p. in-8 ; Londres, 25.IV.1861.     (400.-)     250.-

 

Il aurait eu grand plaisir à se rendre à l'invitation du député libéral Robert P. COLLIER (1817-1886), s'il n'était sur le point de quitter l'Angleterre : «... In fact I only wait for the decision of Vice Chancellor Stuart (Sir John STUART, Vice-chancelier à la Haute Cour d'Angleterre). The delay has already put me to great inconvenience, and would indeed cause me considerable injury, were he to delay jugement still further...», etc. Après avoir longtemps lutté pour l'indépendance de son pays, subi la prison et joué un rôle important dans la Révolution de 1848, Kossuth avait enfin réussi à faire accepter ses revendications par l'empereur d'Autriche. Nommé Gouverneur de son pays, une nouvelle crise l'obligea à démissionner et à s'exiler en Italie, où il mourut.

 

128.         KRÜDENER, Barbara-Julie von (1764-1824) Femme de lettres et mystique livonienne, célèbre pour sa grande influence religieuse et politique sur le tsar Alexandre Ier de Russie - L.A.S. «Votre dévouée amie et Sœur B. Kr.», 4 pp. in-12 ; «2 février» (1815 ?). Petite déchirure touchant un mot.                 (2500.-)   1500.-

Importante lettre d'édification religieuse destinée à ses fidèles de Genève. «Chères Amies et Sœurs en Christ... je vous... aurois témoigné plus tôt ma joye, mais vous savez combien j'ai besoin d'indulgence... Voilà pourquoi je vous exhorte... à prier pour moi. Nous avons aussi des prières pour l'Eglise de Genève, et chaque membre est nommé particulièrement : Nous avons ouvert pour Vous à présent. Epître aux hébreux 1, 8. Et puis...», etc. Plus loin, elle poursuit : «... Oui mes chères Amies, Notre Grande Espérance, nous avons Christ... profitons des occasions qui nous sont présentées pour prouver Notre Amour à Notre Adorable Sauveur... C'est un Dieu d'amour qui est jaloux de ce cœur qu'il daigne vouloir posséder entièrement...», etc., etc.

Amie de Madame de Staël, Madame Krüdener se rendit à plusieurs reprises à Coppet ; en 1808 et en 1812, elle passa aussi à Genève et donna une impulsion assez vive au mouvement du Réveil auquel se consacra par la suite le pasteur genevois Henri MERLE D'AUBIGNÉ. Les autographes de cette créatrice d'une secte que des «voix intérieures» lui inspirèrent, sont très rares.

 

129.         LA HARPE, Frédéric César de (1754-1838) Homme politique vaudois. Précepteur du futur empereur Alexandre Ier de Russie, il réussit en 1814 à obtenir, grâce au tsar, la neutralité de la Suisse et l'indépendance de plusieurs cantons - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 26.VI.1828.                                                               (500.-)     350.-

Avant de quitter Paris, La Harpe tient à remercier son correspondant anglais pour l'accueil et les facilités qu'il lui a offerts lors de son séjour à Londres : «... Les souvenirs que j'emporte... me rendront longtemps heureux... [et m'aideront] à apprécier plus justement tout ce que je lirai sur Votre belle patrie... Saluez, de ma part, cette terre dont on peut dire... Salve magna parens frugum, magna virum, cette terre d'où sont sortis les principes du gouvernement représentatif, qui doivent un jour civiliser le monde...».

Ses pensées vont aussi au couple Booth et à Mrs Denham et Clarke, qui ont été si aimables envers lui.

 

130.         LAMI Eugène (1800-1890) Peintre, aquarelliste et graveur français, élève de Gros et d'Horace Vernet - L.A.S., 4 pp. in-8 ; «Lundi 1er décembre 84».                                                                     (300.-)     200.-

Au sujet d'une exposition pour laquelle il propose des tableaux (qu'il décrit) dont deux aquarelles et des scènes de chasse. Il est également question des collectionneurs Edouard DELESSERT et Henri de GREFFULHE, du peintre Antoine Alphonse de MONTFORT (1802-1884), du marchand d'art Brugniet et du peintre animalier Olivier de PENNE (1831-1897). Intéressante.

 

131.         LAMOTE DE GRIGNON Juan (1872-1949) Compositeur et chef d'orchestre catalan - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, 27.III.1925.                                                                                           (400.-)     250.-

Jolie ligne de musique extraite de sa symphonie «Andalucia» avec dédicace et date autographes pour Joaquim Mestres, violoniste catalan qui fut membre de l'Orchestre Pau Casals de Barcelone dès son origine.

 

132.         LARREY Dominique (1766-1842) Chirurgien militaire fr., partisan de l'amputation immédiate. Aux côtés de Bonaparte dans toutes ses batailles d'Egypte- L.S., 1 1/2 pp. 4° ; Vienne, 19.VIII.1809. (1200.-)   800.-

Napoléon s'est installé à Schönbrunn dès la capitulation de Vienne, ville où Larrey soigne les blessés. S'adressant à l'illustre docteur allemand Samuel T. SÖMMERING (1755-1830), le chirurgien s'étonne du silence de son correspondant : «... Depuis peu de jours, après mon retour de la campagne d'Essling (22.V.1809 ; Larrey y opéra inutilement le maréchal Lannes après la bataille) ... je vous envoyai par la diligence de Vienne la cassette contenant les cinq crânes que je vous avais annoncés... Ces crânes ne vous seraient-ils point parvenus ? Réclamez-les à la Diligence. Ils ont été affranchis... Si je repasse par l'Allemagne pour me rendre en France, j'aurai l'honneur de vous voir et de vous offrir encore un autre crâne assez curieux...», etc.

Rappelons que le docteur Sömmering s'était consacré à l'étude du crâne et du système nerveux ; à propos de la durée de conscience du guillotiné, notamment, il estimait qu'un «reste de jugement et de sensibilité» persistait après la décollation...

 

133.         LAS CASES, Emmanuel-Augustin, comte de (1766-1842) Compagnon de Napoléon Ierà Sainte-Hélène, auteur du célèbre Mémorial- L.S., 2 pp. in-8 ; Passy, 25.VII.1827.Adresse en IVe page.          (1000.-)   650.-

Intéressante lettre (texte de la main de son fils Em.-Dieudonné) adressée aux libraires parisiens Lecointe et Durey suite à une «... conversation où nous ne nous serions pas entendus. En accédant à échanger l'Esprit du Mémorial et les vues de Ste Hélène, ce n'était pas seulement contre les articles de votre fond...» ; et Las Cases d'en expliquer les raisons. Il s'engage donc à céder cinquante exemplaires de son ouvrage à 7,50 Frs, prix réduit par rapport à la «... dernière livraison, bien qu'elle fût de 100 exemplaires. Je vous donnerai des vues de Ste Hélène de la même manière...». Vient ensuite une liste d'autres «propositions» incluant le «Mémorial», des «Vues», un «Extrait de l'Atlas historique», des exemplaires de Hume, «... Le tout en échange prix pour prix...», etc.

Le «Mémorial de Sainte-Hélène, ou journal où se trouve consigné, jour par jour, ce qu'a dit et fait Napoléon durant six-huit mois...» sortit en 1823 en 8 volumes illustrés de vues gravées par les meilleurs artistes de la capitale. 20 exemplaires furent tirés sur papier de Chine vendus 35 Frs la pièce, et 100 exemplaires avant la lettre, sur vélin, étaient proposés à 20 Frs. Le tirage ordinaire, sur beau papier se négociait à 10 puis 12 francs.

 

 

134.         [Postes] LAVALETTE, Antoine-Marie Charmand, comte de (1769-1830) Homme de confiance de Napoléon dont il était l'ami intime, ministre des Postes - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 1.VII.1802. En-tête : Le Commissaire central du Gouvernement près les Postes, petite vignette républicaine. Adresse sur la VIe page.                                                                                                                                                        (350.-)     250.-

«... Aux Maîtres de Poste de la route de Paris à Lyon par Nevers et Moulins...», que Lavallette prévient du prochain passage du ministre des Relations extérieures, Ch. Maurice de TALLEYRAND, lequel partira «... de Paris cette nuit à une heure... pour se rendre aux Eaux de Bourbon l'Archambaud. Je vous recommande de tenir prêts... onze chevaux dont neuf de traits et deux Bidets (chevaux utilisés par les estafettes) et de veiller avec le plus grand soin à ce que son service soit fait avec tout le zèle et la célérité...».

Aux eaux de Bourbon où il se rendait chaque année, Talleyrand avait inventé les vacances ! En 1803, on l'y verra avec sa nouvelle épouse, Madame Grand, et sa mystérieuse fille surgie de l'ombre à l'âge de cinq ans qu'il plaçait ainsi d'abord dans le demi-jour provincial avant de l'exposer aux grands feux de la société parisienne.

 

135.         LE CORBUSIER, Ch.-Ed. Jeanneret, dit (1887-1965) Architecte suisse, l'un des maîtres de l'architecture moderne - Ensemble de documents autographes, dessins originaux, photos et cyanotypes annotés, lettres à L. C., etc., 22 pièces, formats divers ; 1948-1963.                                 (15 000.-)               8 000.-

C'est le 19 décembre 1950 que Le Corbusier fut officiellement nommé «Conseiller architectural» du gouvernement du Pendjab (Inde) où l'on s'apprêtait à bâtir la nouvelle capitale, Chandigarh ; mais depuis quelque temps déjà, l'architecte franco-suisse travaillait à la conception du plan directeur de cette ville et à certains détails des bâtiments administratifs. Cet exceptionnel ensemble, très homogène, se rapporte à la conception du célèbre symbole de ladite nouvelle capitale, la «Main ouverte».

1) Le premier document (nov. 1948) est la «Version A»  de cette Main, comme l'indique L. C. au crayon avant d'ajouter (s'agissant ici d'une impression en noir du dessin, avec taches d'encre de chine) : «... ce dessin, prêté à Tardat, qui en a fait un usage politique à mon insu...» alors que T. lui avait seulement parlé d'un «... programme de jeunes...».

2)                                                           Annotations autographes, 5 lignes, au sujet de l'original du dessin ci-dessus, précisant la date du prêt : 12 novembre 1949.

3) Feuille in-4 avec annotation  relative à un poème paru dans la revue «Verve», se rapportant à la «Main ouverte - Version B».

4) Dessin : «La main est une flamme - dixit Rouhier-Vega», esquisse au dos d'un feuillet imprimé se rapportant à des Conférences. («Magie humaine et divine ?», Paris 1952). Annoté en bas : «Lanterne des vivants, semaine du 14/1/52», précisant que ce croquis est de Rouhier «... pour Chandigarh...».

5) Lettre signée de Hyacinthe DUBREUIL à Le Corbusier, auquel il envoie, en date du 21.I.1952, un dessin : «... Voici la main dont je vous ai parlé, main du prophète Ezechiel... Michel Ange l'a peinte en prenant sa main gauche pour modèle...», etc. [voir ci-après]

6) Dessin original au crayon, cm 8 x 11,5 [voir ci-dessus].

7) Photo originale (4° obl., cliché Lucien Hervé, Neuilly-sur-Seine) d'une vue esquissée de l'ensemble de la construction surmontée de la «Main ouverte» («6 avril 52 - Chandigarh») annotée par L. C. «Version C - 51.52».

8) Dessin original préparatoire de la vue précédente, cm 22 x 13,5, daté «janvier 52». Au dos d'un feuillet imprimé comme au n° 4.

9) Photo originale (4° obl., cliché Lucien Hervé) d'un dessin-projet plus précis que celui décrit plus haut sous le point 7), dessin daté «12 avril 52». Le Corbusier a noté de sa main «Version C - 51.52».

10) Cyanotype (?) cm 28 x 28,5 du dessin d'une «Main ouverte» très allongée («Tapestry G... 22 mars 54») avec longue annotation autographe de Le Corbusier, datée du 26 mars 1954 : «Ceci est un agrandissement par KIM d'une main à petite échelle de moi...», extraite de son travail pour les tapisseries de Chandigarh.

11) Cyanotype, 4° obl., du dessin de la «Main ouverte», daté du 30 août 1954, avec indication de la «Version» tracée par Le Corbusier.

12) Cyanotype, 4° obl., d'une autre version du dessin de la «Main ouverte», datée par Le Corbusier «9 Sept. 54 - Paris» qui en donne également, comme ci-dessus, la «Version».

13) Cyanotype avec nombreuses annotations architecturales, 4°, d'un dessin de la «Main ouverte» sur plate-forme, au bas duquel Le Corbusier a précisé au crayon de quelle «Version» il s'agit. (Même date que la pièce du point 12).

14) Photo originale, 19 x 23 cm, du dessin de la «Main ouverte», avec indication des cotes, main érigée au bout d'un socle en forme de colonne. Quelques petits personnages, assis sur des bancs au pied du monument, laissent imaginer le caractère grandiose de l'œuvre.

15) Grande esquisse originale de la «Main ouverte» (crayon gras, cm 22 x 22) dessinée par Le Corbusier pour suggérer que l'on pourrait placer au creux de la main un nid rempli d'oisillons. L'architecte a noté les lettres «M» et «N» aux extrémités gauche et droite de son dessin.

16) Photo originale (tirage opaque, 4° obl.) d'un dessin exécuté le 2.IX.1954 et représentant la «Main ouverte» avec un personnage (tendant les bras vers l'avant : pour accueillir, pour prier ?) placé sur un petit socle s'avançant dans la paume. Annotation autogr. de quelques lignes de Le Corbusier : «Supprimer... me demander grande élévation...» pour l'acoustique, etc.

17) Longue annotation autographe de L. C., 8 lignes sur page in-4, pour rappeler qu'en 1922 ou 1923 il avait fait une grande gouache titrée «Main ouverte» pour le compte d'Henri Rivière. Conservée peut-être dans un musée, il en voudrait une photo.

18) Feuille autographe concernant une photo du «Secrétariat» prise par Paul JEANNERET en 1958, «La Main ouverte au sommet de la cage d'escalier...», etc. L'architecte croit en avoir eu une épreuve en mai de la même année.

19) Lettre signée de Aldo DUTTO (1 p. in-folio ; Vevey, 24.IV.1963) en réponse à celle que L. C. lui avait adressée le 19 avril précédent. Très long et important texte sur «Les Mains» : «... C'est à la main, cet instrument des instruments, que l'homme doit toute son adresse et les arts qu'il exerce...», etc. Plusieurs lignes de commentaires autographes de L. C. dans la marge gauche.

20) Photostat original de la précédente, fait par Le Corbusier.

21) Note autographe de Le Corbusier (au dos d'une enveloppe in-4 obl.) où, en date du 9 mai 1963, il demande à «Henri» de reproduire [voir n° 20] la lettre n° 19 et de placer le photostat dans le dossier «La Main ouverte» car il considère «... ce texte de Dutto... remarquable...».

22)  Chemise «C» (cm 23,5 x 29,5) dans laquelle étaient conservés les documents relatifs à la «Main Ouverte», où l'on peut lire aussi ce que contenait chacun des trois casiers «C1», «C2» et «C3» : collages, papiers découpés, gouaches sur passe-partout blanc, etc. Si le contenu des deux premiers casiers est tapé à la machine, celui du casier 3 est entièrement de la main de Le Corbusier («film... Entre deux... Rhodoïde», etc.). En haut de la chemise, l'architecte a dessiné à la plume la forme d'un dépliant ouvert auquel il a donné une lettre à chacune des faces : «A - B - C - D».

Documentation originale importante se rapportant à l'une des œuvres majeures de ce grand architecte du XXe siècle.

 

136.         LEFEBVRE François-Joseph (1755-1820) Maréchal d'Empire, duc de Dantzig - L.S., 3 pp. in-folio ; Wetzlar, 20.XI.1797. Deux pièces jointes.                                                                                 (300.-)     200.-

Le futur maréchal, commandant alors l'aile gauche de l'armée d'Allemagne, fait part, dans cette lettre «circulaire» au général Grenier, des intentions du gouvernement et du général Augereau qui le forcent «... à vous interdire toutes espèces de contribution en nature...» pour l'entretien de sa table et celle de ses officiers, frais déjà remboursés dans le calcul de la solde, etc.

On joint deux L.S. du général Kilmaine (recommandation) et du général Lahorie (relative à la distribution des gratifications).

 

137.         LIBRI Guillaume (1803-1869) Célèbre mathématicien italo-français, bibliophile averti et... voleur démasqué - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Londres, 6.XII.1856. En anglais. Pièce jointe.                                (750.-)     500.-

Très intéressante lettre priant un libraire d'acheter pour son compte à une vente de l'Hôtel Drouot à Paris, divers ouvrages dont il donne la liste et les enchères. Il est aussi question de certains volumes de Galilée et de Ciceron (une édition de 1471 «... bought by you for me at the Sotheby's sale...») et d'autres achetés à la vente Stark («... If the manuscripts are not approved they will be sent back... and I shall pay all the expenses...»), etc.

Il est joint une L.A.S. de 2 pp. in-8, datée de Paris le 22.XI.1853, de Mélanie LIBRI (1810-1865), née Double, maîtresse de MÉRIMÉE puis épouse de Libri. Elle demande au libraire parisien Durand de faire parvenir à GUIZOT «... les 23 volumes in-folio que vous avez reçus...» ; elle lui fera avoir les instructions de son époux quant aux autres livres contenus dans la caisse, lesquels devront être posés «... sur des tablettes afin que je puisse les déposer en différents lots destinés aux relieurs, réparateurs, etc. ; ces livres vous ont été envoyés sous mon nom. Mais M. Libri désire que ce soit entre vous et nous...».

L'affaire Libri était alors encore en cours, et Mérimée lui-même sortait de quelques jours d'incarcération pour avoir pris la défense du bibliophile cleptomane ! [Voir aussi les numéros 68, Fourier, et 165,Mérimée]

 

 

138.         LINDER Max (1883-1925) Acteur, scénariste et réalisateur français. Créateur d'un personnage désinvolte et burlesque, il fut un précurseur de Charlie Chaplie qui le reconnut pour maître – PHOTO signée, 12°. Vers 1920. Autographe peu commun. [Voir l'illustration en couverture]                          (450.-)     300.-

Portrait souriant, mi-buste de profil. Tirage argentique signé dans la partie claire de la veste redessinée par le photographe.

 

 

139.         LISZT Franz (1811-1886) Compositeur hongrois - L.A.S., 1 p. in-4 ; (Paris, 16/18.III.1837 ?). Pièce jointe.                                                                                                                                                   (1800.-)   1200.-

Missive INÉDITE adressée à un ami journaliste, le futur homme politique Alexandre REY (1812-1904), un proche de Marie d'Agoult et de George Sand.

Le musicien est sur le point de donner un concert auquel Rey voudrait assister et Liszt l'invite à passer chez lui pour retirer son billet : «... j'ai préféré l'y laisser de peur que vous ne rentriez pas...».

Le papier, l'écriture large et rapide, les termes utilisés se terminant par «T. à v. d'affection», laissent entrevoir la hâte avec laquelle Liszt rédigea ce message. Déjà célèbre, le compositeur s'apprêtait à donner à l'Opéra son triomphal concert du 19 mars 1837, en réplique à celui de Thalberg du 12 mars...

Joint : Charmante L.A.S. de 2 pp. in-8 sur papier rose (Rome, vers 1875) de son amie et égérie, la princesse Caroline de SAYN-WITTGENSTEIN (1819-1887) : «... On ne peut remercier pour une si jolie rose qu'employant la couleur... afin qu'elle donne aux paroles un peu de son délicieux reflet...», etc.

 

 

140.         LISZT, Au sujet de - L.A.S., 2 pp. in-8, dela Princesse Carolyne SAYN-WITTGENSTEIN (1819-1887) ; Weimar, 6.V.1854.                                                                                                                                     (450.-)     300.-

Carolyne s'adresse à l'éditeur KISTNER de Leipzig pour le compte de Liszt qui est malade. Celui-ci tient à le remercier pour l'envoi de la seconde Ballade et le prie «... d'envoyer à ses filles à Paris, sous l'adresse de Madame Patersi (la gouvernante choisie par la princesse !) ... un exemplaire de la 1ère et 2de Ballades...», ainsi que trois autres titres, dont les «... transcriptions publiées en 48-49, 6 cahiers...». Liszt pense en effet que ses deux filles, Cosima et Blandine, ayant «... acquis maintenant un très joli talent sur le Piano, il est temps qu'elles étudient les choses de leur père publiées en Allemagne... auxquelles il a mis beaucoup de soin...», etc.

Carolyne Sayn-Wittgenstein allait obtenir le divorce l'année suivante, mais Liszt ne l'épousera jamais.

 

 

141.         LONDON Jack (1876-1916) Le grand écrivain américain, auteur de L'Appel de la forêt, Croc Blanc,

Le Cabaret de la dernière chance, etc. - P.A.S., 12° obl. ; San Francisco, 24.XI.1909. Petites perforations

bancaires (car le chèque fut encaissé) touchant quelques mots et le haut du «J» de la signature.    (900.-)     600.-

Chèque de huit dollars en faveur du journal (?) The Independent, tiré sur la Merchant National Bank, rempli et signé de sa main.

En 1907, le romancier avait entrepris avec sa seconde femme Charmian un long voyage dans la Pacifique Sud à bord de son bateau The Snark, séjournant à Honolulu, aux Iles Marquises, à Tahiti puis en Australie. Souffrant, il reprit le chemin du retour vers la fin de l'année 1908 et débarqua à Oackland en juillet 1909 avec le manuscrit de Martin Eden, une histoire romancée de sa propre enfance qui fut publiée avant la fin de cette année 1909. Le succès de cet ouvage lui permit d'acheter plusieurs ranchs californiens qui allaient être à l'origine de son «Beauty Ranch» à Glen Allen, où il continua d'écrire et où il se suicida en 1916 à l'âge de quarante ans.

Les autographes de Jack London - et en particulier ses L.A.S. - sont rares. [Voir l'illustration en dernière couverture]

 

142.         LOUIS II de Bavière (1845-1886) Roi dès 1864. Idéaliste, romantique, à la fois enthousiaste et dépressif, il se voulut un mécène et combla Wagner de faveurs. Il se noya dans le lac de Starnberg, dans des circonstances restées mystérieuses - P.S., 1 p. folio ; Munich, 20.III.1884. En-tête imprimé.              (1200.-)   800.-

Lettres-patentes nommant au grade de major le comte Robert von BOTHMER (n. 1842), futur général de l'armée bavaroise. Pièce contresignée par Josef von MAILLINGER (1820-1901), ministre de la Guerre de 1875 à 1885.

Superbe grande signature «Ludwig» au-dessus du sceau à sec aux armes royales de Bavière.

 

143.         LOUŸS Pierre (1870-1925) Ecrivain français - Message autographe, 1 1/2 pp. in-8 ; (Paris, vers 1902). Pièce jointe.                                                                                                                                 (500.-)     350.-

A réception d'une lettre qu'il vient de recevoir du docteur Duché (ci-jointe en original, où il déclare se consacrer depuis quelques années à«... des recherches psycho-physiologiques sur la Précocité intellectuelle, ses relations avec le Génie et le talent...», etc ; 3 pp. in-8 du début du XXe siècle), le jeune Pierre Louÿs, déjà célèbre, adresse cette curieuse «note» à son frère Georges dont il sollicite l'aide pour reconstituer ses souvenirs d'enfance. «... quand j'avais huit ans, je savais qu'ils remontaient à 71-72 ; mais ce sont des instants quelconques. Les seconds sont nettement datés de 1873... Je revois le décor et la position de chaque personnage... ma nourrice avec moi ; une discussion entre maman et ses frères... je revois l'officier allemand qui habitait Dizy avant la Libération du Territoire... Un seul [souvenir]... est de Paris : ma tante Gérard...», etc.

Nombreux détails fort intéressants et vraisemblablement inédits. [Voir aussi le numéro 167, Stuart Merrill]

 

144.         LOWE, Sir Hudson (1769-1844) Général anglais, geôlier de Napoléon Ier à l'île de Sainte Hélène dont il était le Gouverneur - L.A.S., 1 p. in-8 ; [Plantation House], 26.XI.1819.                                         (900.-)     600.-

Missive au contenu énigmatique adressée à «Mons.r le Comte», vraisemblablement le comte de MONTHOLON, l'un des compagnons de captivité de Napoléon : «... Je renvoye les Papiers de Mons.r Harrington que vous avez eu la complaisance de me prêter et vous prie d'en agréer mes remerciements...».

Ce message semble se rapporter à la «guerre» que se livraient, à travers des pétitions, demi-mots, dénonciations et... sermons, le Gouverneur et le Rév. Boys, le «Senior Chaplain» représentant l'Eglise anglicane dans l'île qui avait vu diminuer son autorité - mais augmenter l'immoralité de ses paroissiens ! - depuis l'arrivée de Sir Hudson Lowe, de ses officiers et de ses «hôtes». La pétition sur le problème de l'esclavage (printemps 1819) est restée célèbre dans l'histoire de la petite île ; elle fut signée par une centaine d'habitants, dont un certain Harrington, qui se plaignaient d'un article écrit ou suggéré par le Rév. Boys...

La colonie de Longwood (Napoléon et son entourage) s'était-elle pour une fois rangée du côté du Gouverneur en lui fournissant des documents contre le Révérend Boys ?

 

145.         LUDENDORFF Erich (1865-1937) Feld-maréchal allemand. Héros de la Première Guerre mondiale, en 1923 il prit part au putsch d'Hitler à Munich, puis manifesta un nationalisme exacerbé teinté d'antisémitisme - PHOTO signée «Ludendorff», 12°. Vers 1930. Cliché Hoffmann, Munich.                            (300.-)     200.-

Superbe portrait en buste de face où Lundendorff pose son uniforme, coiffé du casque prussien. La poitrine couverte de décorations, il arbore un air sévère, enfonçant sa main droite dans sa poche et serrant de l'autre ses gants blancs.

 

146.         MAETERLINCK Maurice (1862-1949) Ecrivain belge d'expression française, prix Nobel en 1911 - L.A.S., 1 p. in-8 ; Nice, 2.II.1917. Papier à l'en-tête de sa résidence niçoise «Les Abeilles».          (250.-)     150.-

Son épouse, la soprano Georgette Leblanc (1875-1941), étant retenue à Paris «... pour les représentations de L'Oiseau bleu et des affaires de Cinéma...», l'écrivain prie sa correspondante de bien vouloir remettre leur rencontre de huit ou dix jours, «... d'autant que l'essence est presque introuvable... en ce moment...», etc.

Missive adressée à Madame Louis Stern, née Ernesta de Hierschel, amie parisienne possédant la Villa Torre Clementina au Cap-Martin. Sans doute à cause de la Grande guerre, la première de L'Oiseau bleau ne fut donnée que le 17 déc. 1919, au Metropolitan de New York ; Georgette Maeterlinck y tint le rôle principal.

 

147.         «MAGENTA - 4 Juin 1859 - Minuit et demi» - L.A.S. du général CASTAGNY, 1 p. in-12 écrite au crayon sur feuillet détaché d'un agenda. Au dos, attestation autographe du futur général et ministre Jean-Louis BOREL (1819-1890), alors aide de camp de Mac-Mahon.                                               (800.-)     500.-

Pièce historique ! Après avoir vu tomber à ses côtés le général Espinasse en cette mémorable fin de journée du 4 juin 1859, le général Armand Alexandre de CASTAGNY (1807-1900), commandant la 2ème brigade du deuxième Corps, entrait avec les premiers soldats au cœur du village de MAGENTA dont chaque maison avait été transformée en forteresse par l'ennemi.

C'est à minuit passée qu'il écrit ce billet au général MAC-MAHON : «Mon Général, Je viens de parcourir un grand nombre de maisons ; presque toutes renferment des autrichiens dont bon nombre est blessé. Je ne crois pas exagérer en fixant à 1000 le nombre... Au jour, l'église qui en renferme beaucoup sera probablement ouverte par le Curé qui y est enfermé, et le clocher sera un excellent observatoire pour juger notre position...». Milan était désormais à la portée des armées franco-piémontaises !

 

148.         MALLARMÉ Stéphane (1842-1898) Poète symboliste fr. Son influence sur la conception moderne du poétique est fondamentale - Adresse autographe sur enveloppe 12° obl. ; [Paris, 28.VII.1879].           (600.-)     400.-

Enveloppe originale affranchie portant, de la main de Mallarmé, le nom et l'adresse de Madame POMY-CONOLLY, graveur sur bois, femme et élève d'Alfred PRUNAIRE, illustrateur entre autres certaines œuvres de Fr. Coppée. Nous n'avons pas réussi à localiser la lettre que contenait cette enveloppe.

 

149.         MALUS Etienne Louis (1775-1812) Physicien français, il fut le premier à observer la polarisation par réflexion - P.S., 1 p. in-4 obl. ; Le Caire, 9.VIII.1800.                                                (500.-) 350.-

 

Par cette quittance signée en tant que «chef de Bataillon de Génie» à l'Armée d'Orient, Malus reconnaît avoir reçu la somme de 375 livres des mains du citoyen Estève. Protégé du célèbre Monge, le jeune physicien prit part, lors de l'expédition d'Egypte, aux batailles de Chébréis et des Pyramides, aux sièges d'El-Arisch et de Jaffa, fut chargé de fortifier Damiette, marcha contre les Turcs à Aboukir et fut présent à la reprise du Caire, le 27 avril 1800. Autographe rare, Malus mourut à 37 ans.

 

150.         MANEN Joan (1883-1971) Violoniste et compositeur catalan, auteur de célèbres sardanas - MUSIQUE A.S., 1/2 p. in-8 ; (Barcelone), 17.IV.1932.                                                                           (400.-)     250.-

Jolie ligne de musique tracée sur une feuille provenant de l'album personnel du violoniste espagnol Joaquim Mestres qui fut, dès son origine en 1925, membre de l'Orchestre Pau Casals. Au-dessous, quelques mots de dédicace de Manen en souvenir du concert donné ce même 17 avril.

 

151.         MANNERHEIM Gustaf (1867-1951) Maréchal et homme d'Etat finlandais. En 1939, à la tête de l'armée, il fut le héros de la résistance finlandaise contre l'agression soviétique. Président de la République de 1944 à 1946 - L.S., 1 p. in-4 ; Helsinki, 4.XI.1939. En-tête imprimé. En finlandais.             (450.-)     300.-

La Deuxième Guerre mondiale vient d'éclater ; nous sommes à vingt-six jours de l'invasion soviétique... Le vieux maréchal n'est encore que le Président de la Croix-Rouge nationale et c'est en tant que tel qu'il remercie l'architecte Kaj LINDBERG (1889-1955) d'avoir contribué par son important don au travail difficile de la Finland Röda Kors.

Lettre avec en-tête de la Croix-Rouge, contresignée par le secrétaire général de l'Institution.

 

152.         MAN RAY, Emmanuel Rudnitsky, dit (1890-1976) Photographe américain. A Paris dès 1921, il adhère au groupe dada et développe le «rayogramme», procédé qui fait de lui le maître incontesté de la lumière et de l'ombre. En transcendant l'aspect documentaire de la photographie, il entre de plain-pied dans le domaine de l'imaginaire et de l'inconscient - C.A.S., 12° obl. ; [Lewes, 6.XI.1954].  (900.-)     600.-

Au dos d'une photo-carte postale nous montrant un charmant quartier semi-bucolique du village de Middles Green au début du XXe siècle, Man Ray envoie ses voeux et ceux de sa femme Julie (1911-1991) à un couple d'amis américains installés à Paris depuis 1948, Harold L. KNAPIK (1916-1976) et son épouse Virginia (1911-1975). Il annonce son retour prochain en France et exprime le désir de les revoir bientôt. En anglais.

 

153.         MARIE-THÉRÈSE d'Autriche-Espagne (1638-1683) Reine de France, épouse de Louis XIV dès 1660 en application du traité des Pyrénées. Mère de six enfants, elle supporta avec résignation les infidélités du «roi Soleil» - L.S. «Maria Teresa», 1 p. petit in-4 ; San Lorenço, 13.X.1651. En espagnol.    (1000.-)   600.-

La future reine, alors âgée de 13 ans, remercie sa gouvernante et amie, la comtesse de SALVATERRA, pour les bonnes nouvelles qu'elle vient de lui donner de sa petite sœur, l'Infante Margareta, née le 12 juillet précédent, qu'elle aimerait tant avoir auprès d'elle. Ne pouvant écrire plus longuement, car fort occupée, elle charge sa correspondante de saluer de sa part les personnes de son entourage. Quant au reste, «... no ay nada de nuebo, que te desir solo te pido cuides mucha de tu salud para que te allemos mui buena quando nos bamos que con eso se llebara me tor la soledad que me ases...», etc.

En 1651, Vélasquez peignit un célèbre portrait de l'Infante Marie-Thérèse conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, puis, en 1656, son chef d'œuvre Les Ménines, où est représentée la petite Marguerite, impératrice germanique dès 1666.

Autographe rare, la plupart des signatures de Marie-Thérèse, notamment en tant que reine, étant de la main de secrétaires.

 

154.         MARIETTE Auguste (1821-1881) Archéologue français. Il s'intéressa dès 1848 à l'égyptologie et devint dix ans plus tard directeur général des fouilles d'Egypte. Il reçut le titre de «bey» - L.A.S., 1 p. in-4 ; Louvre, 21.V.1856. En-tête de la Division Générale des Musées Impériaux.                             (500.-)     350.-

Il fournit à M. Servaux, «... le permis d'étude que vous m'avez demandé. Vous savez du reste que les Musées Impériaux sont maintenant publics... Quant aux œufs (?) promis..., je regrette vraiment de ne pouvoir vous les procurer. Les caisses que j'ai reçues d'Egypte... en contenaient quelques-uns qui sont arrivés brisés...». Des bâtiments de la Marine se rendront peut-être bientôt à Alexandrie pour y chercher d'autres caisses car des démarches ont été entreprises à ce sujet : «... soyez persuadé que si l'affaire dépendait de moi, elle serait terminée depuis longtemps...».

Les travaux que Mariette conduisit à partir de 1858 dans les différentes régions de l'Egypte lui permirent de créer à Boulacq un musée célèbre dont les monuments comptent aujourd'hui encore parmi les plus précieux du musée du Caire. En 1850, il avait entrepris son premier voyage dans le pays des pharaons pour y acheter des manuscrits coptes et syriaques, et, les discussions s'éternisant, il s'était rendu à Saqquarah où il commença une campagne de fouilles des sphinx et de plusieurs statues, dont celle du célèbre scribe accroupi, aujourd'hui conservé au musée du Louvre.

 

155.         MARIO Giovanni (1810-1883) Ténor italien. Premier Ernesto dans le Don Pasquale de Donizetti, il chanta souvent à Londres - L.A.S., 1 p. in-8 ; «Mardi soir» (Paris, vers 1841/42). En IVe page, adresse autographe signée et cachet de cire au chiffre de la Grisi.                                   (450.-)     300.-

Compagnon du soprano Giulia Grisi sur la scène comme dans la vie (depuis 1839 ; ils se mariront en 1844), Mario intervient au nom de la cantatrice auprès d'un ami commun, un impresario italien désireux de la rencontrer. «... Madame Grisi est fatiguée de la Semiramide [de Rossini] et... restera plus tard au lit demain matin...» ; elle serait par contre disposée à le recevoir chez elle l'après-midi : «... Nous repasserons tout. Mille care cose...».

 

156.         MARLBOROUGH, John Churchill, duc de (1650-1722) Général anglais, l'un des grands chefs militaires de la guerre de Succession d'Espagne - L.S. «Le Pr. et duc de Marlborough», avec post-scriptum autographe, 3 pp. in-4 ; St James, 11.I.1706.                                                                                   (2500.-)   1500.-

A un diplomate allemand, le Comte de Lescheraines, qui vient de lui faire part du mécontentement de l'Electeur Palatin après les «... désordres commis dans ses Etats par les troupes de Hesse. Vous savez les peines que j'ay prises pour les prévenir et les ordres réitérés que j'ay envoyés à Mons.r de Spiegel...». Le général a été rassuré par une lettre de M. de Geldermalsen écrite peu avant son départ de Düsseldorf, l'informant «... qu'il doute si son Altesse Serenissime Electorale estoit bien informée du fait et qu'en tout cas il alloit y mettre ordre selon le pouvoir que je lui ay laissé...». Il interviendra lui-même auprès du très catholique Electeur Palatin Jean-Guillaume de DEUX-PONTS (1658-1716) - alors résident à Düsseldorf - «... pour lui marquer combien la Reine [ANNE d'Angleterre] est sensible à son zèle pour la Cause commune dans le secours qu'Elle donne pour l'Italie...», etc.

Marlborough ajoute de sa main un bref post-scriptum annonçant que la reine écrira elle-même «... par le prochain ordinaire...».

Fille de Jacques II et souveraine depuis 1702, Anne Stuart subit l'influence de Marlborough et le laissa combattre la France ; il remporta d'éclatantes victoires dans la guerre de Succession d'Espagne, à laquelle cette très intéressante lettre fait allusion.

 

 

157.         MARTIN Frank (1890-1974) Compositeur suisse - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 obl. ; [Amsterdam, 23.XI.1965]. Enveloppe autographe.                                                                                              (600.-)     400.-

Belle ligne de musique, six longues mesures (environ 30 notes) d'un «Allegretto» pour «Oboe» à jouer «dolce legg.[ero]».

Tiré de «L'Air», partie de sa composition pour orchestre intitulée «Les 4 Eléments» (1964), cet extrait est dédicacé à un mélomane suisse de Saint-Gall.

 

158.         MASSENET Jules (1842-1912) Compositeur français - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 19.VI.1887. Enveloppe autographe jointe.                                                                                                                        (300.-)     200.-

Il s'entretient avec «Messieurs Ritt et Gailhard - directeurs de l'Opéra...» sur un incident rendu public qui vient de l'opposer au violoniste et chef d'orchestre Eugène ALTES (1830-1899). Avec sa bonne grâce habituelle et dans un souci d'apaisement, Massenet s'efforce de minimiser l'affaire ; il rappelle notamment comment son adversaire d'un instant l'a aidé à réviser les parties d'orchestre - «... ennuyeuse besogne...» ! - et comment lui-même Massenet avait tenu, après la première du Cid, à ce que les journaux publient sa «très amicale» lettre de remerciements adressée à celui qui avait conduit l'œuvre nouvelle.

La première représentation du Cid, opéra en quatre actes sur un livret d'Ennery, Gallet et Blau, eut lieu au théâtre de l'Opéra de Paris le 30 novembre 1885 avec, pour interprètes, Mme Fidès-Devriès, les frères Jean et Edouard de Rezke et le basse Paul Plançon qui jouera bientôt le rôle du roi François Ier dans l'«Ascanio» de Saint-Saëns.

 

 

159.         MASSENET Jules - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 14.II.1899.                                              (250.-)     150.-

A Camille SAINT-SAENS (d'après une ancienne description) qu'il remercie de tout cœur : «Cher et grand maître,  - lui écrit-il - Votre réponse me rend très heureux... Ma femme est fière de votre souvenir...».

Le message se termine par un mot d'admiration suivit de la signature «Massenet». Le compositeur détestant en effet son prénom finit par ne plus signer que de son nom de famille, parfois précédé d'un «M.» (Monsieur).

 

 

160.         MASSENET Jules - Important manuscrit musical autogr., 4 pp. in-folio (cm 30 x 32 env.) ; vers 1900/1910.                                                                                                                (6000.-)   4000.-

Premier jet écrit dans la fièvre de l'inspiration et très corrigé aux crayons bleu et rouge, ce «Nocturne» complet pour orchestre s'étend sur environ 31 longues mesures tracées sur un système de onze portées correspondant au nombre d'instruments : cor solo - timb[res], tam-tam, harpe, violon solo, alto, deux violoncelles soli et deux contrebasses.

Au dos de la dernière feuille, Massenet a noté au crayon bleu : «Nocturne - esquisse d'orchestre».

Hérité par la fille du compositeur, Juliette MASSENET (1868-1935), ce manuscrit - qui semble être inédit - fut conservé parmi les papiers de l'époux de celle-ci, Léon BESSAND, puis dans une ancienne collection.

Le célèbre «Nocturne» de la «Suite n° 1» de Massenet - où l'on retrouve l'utilisation des timbres et des percussions, dont le «tam-tam» - datant de 1865, il n'est pas impossible que ce manuscrit soit une reprise tardive du même sujet musical carl'écriture du compositeur nous paraît plutôt être celle de la fin de sa vie. [Voir l'illustration en dernière couverture]

 

 

161.         MAURIAC François (1885-1970) Ecrivain français, prix Nobel en 1952 - Manuscrit dactylographié et très corrigé de sa main, 4 pp. pleines in-4 ; (début février 1935).                   (800.-)     500.-

Important article politique intitulé «Six février», rédigé à l'occasion du premier anniversaire des sanglantes émeutes du 6 février 1934. A propos du Président du Conseil Flandin, Mauriac écrit : «... Entre les victimes pour lesquelles il va prier ce matin, et lui, un malentendu n'en persiste pas moins : car ces pauvres gens sont morts pour que ça change, et il occupe le pouvoir pour que ça ne change pas...».

Puis, plus loin : «... sans doute on nous expliquera que les événements ont aidé les hommes ; nous voyons bien ce que Laval doit à Hitler, ce qu'il doit plus encore peut-être au besoin qu'à l'Angleterre d'une Europe pacifiée, pour n'être plus distraite de la partie qu'elle joue en Asie... la politique est l'art d'utiliser les événements... Hélas, le pays est seul dans la partie qu'il joue contre les politiciens... [pour ces derniers] c'est peut-être un jeu d'enfant que de rouler ce peuple malheureux (ils le lui ont bien montré le 8 novembre) mais ce dont nous sommes assurés c'est qu'avec toute leur ruse, ils n'arriveront plus jamais à le rendormir...» !

Nous sommes à cinq mois de la prise du pouvoir par la Gauche française.

 

162.         MAZZINI Giuseppe (1805-1872) Patriote et révolutionnaire italien - L.A.S., 1 p. in-12 ; (Londres, vers 1855). Papier légèrement bleuté.                                                                                              (500.-)     350.-

Il décline l'invitation d'un ami patriote italien (Cesarini ?) : «... ho impegni a un'ora troppo di prima sera. Ma con o senza un anniversario...», il s'engage dès à présent pour la semaine suivante. Pour ce qui concerne Felice ORSINI, il n'y a selon lui aucune urgence : «... parleremo, non v'è premura. Sono affairé...». Dans un court post-scriptum, il dit avoir trouvé «... occasione per la musica...». Rappelons que le révolutionnaire italien Felice ORSINI (1819-1858) prépara un célèbre attentat contre Napoléon III qui eut lieu le 14 janvier 1858. L'empereur en réchappa, mais nombreuses furent les victimes. Orsini fut pour cela condamné à mort et exécuté le 13 mars de la même année.

 

163.         MEHUL Etienne (1763-1817) Compositeur français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 ; (Paris, sept. 1793). Adresse autographe en IVe page.                                                                                                              (600.-)     400.-

Alors qu'en France régnait la Terreur révolutionnaire, on voit ici le brave Méhul prendre la défense de son ami ROUGET DE L'ISLE, le célèbre auteur de la Marseillaise, qu'on vient d'emprisonner. «... Grétry s'est beaucoup récrié sur votre arrestation et bien d'autres...» lui écrit le compositeur pour l'encourager, et «... le Comité de l'Opéra y a pris infiniment de part, ainsi que la Comédie italienne, mais personne ne s'est encore avisé d'agir...». Il conseille au poète d'écrire «... à un nommé Mamin... cet homme peut beaucoup, et... il fera des démarches fructueuses en votre faveur au Comité de Sûreté générale...». Méhul veut connaître «... les moyens de vous faire parvenir des lettres... je vous promets de vous instruire de tout ce qui pourrait vous intéresser. Je partage bien sincèrement vos peines et je désire de toute mon âme de les voir finir bientôt. Adieu, je... vous exhorte à la patience...».

C'est un bien touchant témoignage d'amitié et de courage que nous livre ici Méhul, lorsqu'on sait qu'une simple lettre d'encouragement pouvait coûter la vie à son auteur. Notons que Rouget de L'Isle ne recouvra sa liberté qu'au 9 Thermidor (27.VII.1794), après la chute de Robespierre. Quant au «... nommé MAMIN...», les quelques renseignements que nous avons pu recueillir à son sujet nous le présentent comme «... un de ces hommes atroces qui ont présidé aux massacres des prisons au commencement de septembre 1792...» ; on lui imputait même d'avoir arraché le cœur de l'infortumée princesse de Lamballe...

 

164.         MELBA Nellie (1861-1931) Célèbre soprano - PHOTO in-8 avec dédicace A.S. ; (Bruxelles, vers 1888). Légère trace de punaise dans la marge supérieure.                                                           (750.-)     500.-

Belle photo-cabinet la représentant en buste, de face (cliché Dupont, Bruxelles), vraisemblablement au tout début de sa carrière. Après une année d'études auprès de Mathilde Marchesi, Nellie Melba avait chanté en 1887 à l'Opéra de Bruxelles son premier rôle sur une scène européenne (Gilda, dans Rigoletto), obtenant un immense succès. Rare, de cette époque !

 

165.         MÉRIMÉE Prosper (1803-1870) Ecrivain français, auteur de Colomba et de Carmen qui inspira à Bizet son célèbre opéra - L.A. (non signée, sans doute par discrétion), 3 pp. in-8 gr. ; [Paris] «Dimanche, 26.X.bre 52». INÉDITE.                                                                                                                       (1500.-)   1000.-

A Guglielmo LIBRI (1803-1869), le célèbre mathématicien condamné pour vol de livres précieux dans les bibliothèques publiques françaises, qui trouva en Mérimée l'un de ses plus ardents défenseurs !

L'écrivain annonce avoir confié certains de ses «... bouquins à un jeune couple qui s'en allait à Londres, avec un mot pour vous...» et l'instruira sur les destinataires de ces volumes du Faux Démétrius. Il a écrit le 4 décembre précédent à Michel Lévy pour lui demander trois exemplaires de ce livre, deux pour le dépôt légal, «... et un pour mon ministre plénipotentiaire...» ! En réalité, «... Le 3e est pour Madame L.[ibri] car je ne pense pas que vous daignez avoir un livre qui n'est pas du 16e siècle...». L'écrivain nous révèle plus loin l'identité du couple parti pour l'Angleterre, «... le Cte et la C.sse de Nadaillac, et ils doivent remettre les volumes à tout émissaire venant de votre part...».

Il est ensuite question de M. Bentley (l'éditeur anglais du Faux Démétrius), d'Holmes et Panizzi (du British Museum), qu'il salue. Plus loin, il sollicite des nouvelles de la traduction de son livre, confiée à M. Scoble, et ajoute : «... Les Russes ici sont assez contents de moi, bien que j'aie oté du Paradis un des leurs Saints. Mais ils en ont tant qu'ils peuvent en sacrifier sans qu'on s'en aperçoive dans leur paradis...». Mérimée évoque encore l'influence croissante de la religion et du divin dans la société et laisse entendre que l'on attend à Paris «... l'arrivée de N. S. P. le pape pour le sacre...» de NAPOLÉON III, empereur depuis le 2 décembre 1852. Pie IX ne fit cependant pas le voyage...

Cette importante lettre, inconnue des historiens (seules trois lettres de Mérimée à Libri sont répertoriées dans sa Correspondance), témoigne du genre de rapports, essentiellement culturels, qu'entretenaient les deux hommes, et cela quelques mois seulement après l'emprisonnement de l'écrivain à la Conciergerie à cause de l'affaire Libri. [Voir aussi le n° 137, Libri]

 

166.         MÉRIMÉE Prosper - L.A.S.,1 1/2 pp.in-4 ; «Hôtel de la ville de Rome - vendredi 31 octobre». Pièces jointes.                                                                                                                                                           (300.-)     200.-

Jolie lettre de remerciements à un correspondant dont la recommandation lui a valu un excellent accueil lors de son dernier voyage. «... Lorsque j'aurai l'honneur de vous voir, je vous ferai part de quelques observations de détail que j'ai retenues...».

On joint cinq lettres de la fin du XVIIIe/début XIXe : l'une émane du libraire Didot l'aîné, trois sont signées par un jeune apprenti marchand, la cinquième, non signée, est adressée par son auteur à sa famille résidant dans le Midi de la France.

 

167.         MERRILL Stuart (1863-1915) Poète am. - L.A.S., 3 1/2 pp. in-8 ; Paris, 30.V.1896. Envel. (500.-)       350.-

Magnifique missive adressée à Pierre LOUŸS l'invitant à participer à un dîner qu'il donne à Martigny le samedi suivant en l'honneur de l'écrivain Elémir BOURGES (1852-1925, auteur entre autres, en 1884, du roman Le Crépuscule des Dieux, retraçant la vie du duc de Brunswick et, à quelques égards, de Louis II de Bavière). «... Ta présence est très désirée de tous. T'ai-je encore dûment remercié de l'envoi d'Aphrodite  ? Devant ton magnifique succès je n'ose pas t'adresser de futiles compliments. Bilitis et Aphrodite sont des chefs d'œuvre qui resteront... les corrections faites à ton roman... [donnent] plus de force et d'unité en volume qu'en feuilleton. Allons, mon vieux, travaille ferme et donne nous vite un nouveau motif de belles sensations...».

Il salue deux amis communs.

 

 

168.         MEYERBEER Giacomo (1791-1864) Compositeur allemand - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 22.X.1830. Adresse autographe. En français.                                                                                                              (750.-)     500.-

Meyerbeer se prépare à conquérir la capitale avec son Robert le Diable ; entre temps, il participe activement à la vie musicale française. Désirant assister à l'exécution de l'opéra L'Enlèvement, il écrit au pianiste et compositeur Pierre ZIMMERMANN (1785-1853) qu'à défaut de pouvoir être présent à la première, il souhaiterait entendre la répétition générale. Il sollicite donc un laissez-passer et demande à quelle heure aura lieu le spectacle.

Dès 1827, Meyerbeer avait commencé à s'entretenir avec Scribe - qui était aussi l'auteur du texte de l'opéra de Zimmermann - à propos du livret de Robert le Diable. La première représentation de cette œuvre n'eut toutefois lieu qu'en 1831, le musicien ayant préféré s'imprégner d'abord du style des opéras français.

 

 

169.         MILITAIRES - B à M - Ensemble de 16 lettres, pour la plupart seulement signées, env. 28 pp. in-4 ou in-folio ; lieux divers, 1797/1813.                                                                                                           (800.-)     400.-

Correspondance signée par des officiers, généraux, quartiers-maîtres, etc. (Baraguey, Bernardi, Bonnemains, Duhesme, Legrand, Maranda, Melas, Ménard, Müller, etc.) adressée au général Grenier et touchant divers arguments militaires.

 

170.         MILITAIRES - N à V - Ensemble de 10 lettres, pour la plupart seulement signées, env. 15 pp. in-4 ou in-folio ; lieux divers, 1793/1813.                                                                                                              (500.-)     250.-

Intéressante correspondante, en partie adressée au général Grenier par des officiers supérieurs tels que Nesuy (?), Perrin, Quantin, Quesnel, Richepanse, Thuillier, Verdier, Vignolles, etc.

 

171.         MILLET Luis (1867-1941) Compositeur et musicologue catalan, fondateur avec Amadeo Vives de la revue Orféo Catalá - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, 1925.                                      (250.-)     150.-

Deux belles lignes de musique avec paroles, vraisemblablement extraites une chanson catalane de sa composition. Feuille provenant de l'album personnel de Joaquim Mestres, violoniste de l'Orchestre Pau Casals.

 

 

172.         MISTRAL Frédéric (1830-1914) Ecrivain français d'expression provençale, prix Nobel en 1904 - L.A.S., 3 pp. in-8 ; Maillane, 14.XII.1881.                                                                                         (500.-)     300.-

Missive entièrement relative au Félibrige. «... vous sentez ce que signifient Provence et Félibrige, je viens donc vous confier un projet... Il faudrait à la Chancellerie du Félibrige : 1° une cigale gravée, pour servir de timbre pour nos diplômes ; 2° une pervenche pour être portée comme insigne... 3° un modèle de bijou exprimant parfaitement la Provence et le Midi... destiné à être donné en prix officiel dans les jeux floraux du Félibrige...». Selon Mistral, ces trois objets devraient présenter des caractéristiques spécifiques ; le bijou, par exemple, «... devrait tout simplement être la reproduction du mausolée de St Rémy, ce monument unique au monde qui exprimerait si bien les souvenirs de Rome, des Alpilles, etc. Sous la coupole, on pourrait placer une statuette de provençale (Mireille)...», etc., etc. Superbe texte !

C'est en 1876 que le Félibrige avait reçu à Avignon une constitution très complète, dont Mistral avait tracé les grandes lignes et qui lui a survécu. En 1884, le poète assistera à l'apothéose parisienne du mouvement auquel il avait participé dès 1851.

 

 

173.         MITTERRAND François (1916-1996) Homme d'Etat français, président de la République de 1981 à 1995 - Dédicace A.S. au dos d'une photo in-12 ; [1965].                                                           (600.-)     400.-

Au verso de son portrait en couleurs imprimé à l'occasion de la campagne présidentielle de 1965, le futur chef d'Etat a écrit à l'encre bleue : «En cordial hommage de Fr. Mitterrand». Au-dessous, texte imprimé donnant sa biographie ; on y apprend ainsi que Mitterrand est «... issu d'une famille de cheminots. Il a vécu sa jeunesse avec ses sept frères et sœurs... participé à la Libération de Paris...», etc.

Intéressant document de campagne électorale.

 

174.         MORAND Paul (1888-1976) Diplomate de carrière et écrivain français, il s'est voulu le globe-trotter de la littérature - L.A.S., 1 p. in-12 obl. ; Vevey (Suisse), 8.III.1965.                                      (450.-)     300.-

«Merci... pour votre Journal  - écrit-il au littérateur et critique Jacques BRENNER (1922-2001) qui venait de publier chez l'éditeur parisien Julliard un essai intitulé «Journal de la vie littéraire 1962-1964» -  je m'instruis et m'amuse. La vie de Paris m'arrive avec un retard astronomique ; ... à vous lire, on s'aperçoit que vous avez rempli un grand vide, avec justesse d'esprit et objectivité. Vous êtes d'une grande génération de critiques...», etc.

Très bel hommage du grand écrivain à l'homme de lettres vosgien, mort à l'aube de ce nouveau millénaire.

 

 

175.         MOREAU Jean-Victor (1763-1813) Général français. Opposé à Bonaparte dès 1804, il se retira aux Etats-Unis et ne revint en Europe qu'en 1813 pour participer avec les Alliés à la bataille de Dresde où il trouva la mort - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Corneliano, 6.VII.1799. En-tête imprimé. Encre pâle.            (250.-)     150.-

«... J'espère... que vous êtes arrivé en bonne santé, je le désire bien sincèrement, vous êtes bien nécessaire là-bas, car il paraît que la peur a pris à tout le monde, même au ministre... qui change la destination des troupes...», etc.

 

 

176.         MORERA Enric (1865-1942) Compositeur catalan - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 obl. ; (Barcelone), 17.II.1835. Autographe rare.                                                                                                (450.-)     300.-

Très belle ligne de musique avec paroles, une douzaine de notes extraites de son œuvre lyrique «La Santa Espina» composée en 1907. Feuille provenant de l'album personnel du violoniste catalan Joaquim Mestres, membre de l'Orchestre Pau Casals.

 

177.         MUSIQUE XVIIIe/XXe - Ensemble de 26 pièces (L.A.S., manuscrit A.S., L.S., P.S., etc.) de compositeurs, chanteurs, musicologues, facteurs d'instruments, etc. ; divers formats. (600.-)     350.-

Documents aux textes parfois fort intéressants réunis par un ancien collectionneur : Giovanni ORTEO (1747), Auguste BOTTÉE, PIXERECOURT, FÉTIS, J.-B. de LABORDE, Louis BEYDTS (manuscrit A.S. de 15 pages !), BURGAULT-DUCOUDRAY, CHORON (6 lettres), Adrien LE NOIR de la Fage, les chanteurs CANDEILLE père et fille, les facteurs de pianos H. PAPE, J. PFEIFFER et BOISSELOT, etc. Commentaires, commandes de partitions et d'instruments ; on peut y lire aussi les noms de musiciens célèbres tels que Meyerbeer, Rameau ou Bériot, etc., etc.

 

178.         NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910) Photographe, caricaturiste, aéronaute et écrivain français - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 3.XI.1905.                                                                                            (300.-)     200.-

Sympathique message à une amie intime : «Encore !!! Et alors, ils étaient là, les trois, à se demander : Mais qu'est-ce que nous pouvons bien avoir fait pour mériter tant gentil acharnement... En vérité... vous nous embarrassez... Grâce ! Grâce ! et désormais plus autres cadeaux que votre présence, toujours aspirée...», etc.

 

179.         NANSEN Fridtjof (1861-1930) Explorateur polaire et pacifiste norvégien, prix Nobel en 1922 - Pensée A.S. sur carte in-8 obl. ; (vers 1922/25).                                                                                              (450.-)     300.-

Quelques mots destinés au vainqueur d'une manifestation publique : «Dem Sieger zur Erinnerung - Fridtjof Nansen».

Jolie pièce de cet explorateur, alors déjà mondialement connu.

 

180.         NAPOLÉON Ier Bonaparte  (1769-1821) Empereur des Français - L.S. «Napo», 1 p. in-4 ; Saint-Cloud, 28.IV.1806. Texte autographe de Claude MÉNEVAL (1778-1850).                                                 (3500.-)   2500.-

Le mémoire du général MARMONT ne satisfait pas tout à fait l'empereur ; celui-ci s'en plaint auprès de son fils adoptif, le prince Eugène de Beauhanais : «... il y a de bonnes choses ; mais il ne remplit pas encore mon but. Je désire apprendre qu'on ne perd pas de temps et que les travaux de Palmanova sont en grande activité...». Napoléon veut savoir où en est la carte du Milanais jusqu'à l'Adige dont il avait ordonné l'établissement dix ans plus tôt : «... Faites d'abord lever les bords de l'Isonzo... le temps peut venir où nous serons obligés de reprendre les anciennes frontières vénitiennes...» ; la chose est urgente car «... c'est là que se porteraient les premiers coups... Vous ferez suivre le travail de là au Tagliamento, du Tagliamento à la Piave et de la Piave à l'Adige...».

La Prusse étant sur le point de s'allier à la Russie, Napoléon songeait vraisemblablement déjà à la Campagne d'Allemagne et tentait de se protéger de son principal adversaire, l'Autriche, qui risquait de porter son attaque sur le versant italien des Alpes.

Superbe signature, très marquée et finissant par un vigoureux paraphe.

 

181.         NAPOLÉON Ier Bonaparte - L.S. «Nap», 2/3 p. in-4 ; Saint-Cloud, 31.VIII.1810.                 (1500.-)   1000.-

«... aussitôt qu'on a connu à Gênes mon dernier tarif sur les denrées coloniales, les négocians de ces pays ont envoyé toutes leurs marchandises en Italie...», écrit Napoléon à son fils adoptif Eugène de BEAUHARNAIS, espérant qu'il aura déjà mis à exécution le décret «... imposant les mêmes droits dans mon Roy.[aum]e d'Italie...». Ayant su d'autre part que la récolte y a été mauvaise, l'empereur demande au vice-roi d'Italie de contrôler l'exportation de blé de manière «... à ce qu'on ne nous mette pas dans l'embarras...». Texte de la main du baron Claude-François de MÉNEVAL (1778-1850).

Un décret signé par Napoléon à Saint-Cloud le 3 juillet 1810 avait marqué la fin du Blocus continental, autorisant à nouveau la circulation des denrées coloniales d'origine britanniques. Mais la teneur de cette lettre témoignerait d'une guerre commerciale (lancée de Berlin en 1806) non encore terminée...

 

 

182.         NAPOLÉON Ier Bonaparte - L.S. «Napol», 1/2 p. in-4 ; Portoferrajo, 23.VII.1814.               (3000.-)   2000.-

L'empereur prie le comte Bertrand de demander par lettre officielle au Sieur Pezella l'état de ce qu'ont produit les salines de l'île depuis cinq ans, le prix auquel le sel a été vendu et ce qu'a coûté son extraction. «... envoyez-le chercher, remettez-lui la lettre, et dites-lui que je veux connaître la vérité, que j'espère qu'il ne me trompera pas et qu'il justifiera la bonne opinion que j'ai de lui. Dites-lui qu'une bonne Compagnie m'offre 60.000 f. des Salines et que je suis disposé à l'accepter...».

Jolie signature presque complète de Napoléon, alors souverain de l'île d'Elbe.

 

 

183.         NAPOLÉON II Bonaparte (1811-1832) Fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise d'Autriche, roi de Rome puis duc de Reichstadt, éphémère empereur des Français en 1815 lors de la deuxième abdication de son père - L.A.S. «François», 2 pp. in-4; Vienne, 4.II.1827. Papier bruni avec tranches dorées. (18 000.-)            12 000.-

Rarissime et intéressante LETTRE INÉDITE À SA MÈRE, alors duchesse de Parme (cette pièce ne figurait pas parmi la correspondance du duc vendue en Allemagne en 1958).

L'Aiglon, qui poursuit son éducation militaire imposée par son grand-père l'empereur François Ier d'Autriche, entrera dans sa seizième année le 20 mars suivant, date à laquelle se réalisera son rêve longtemps nourri : les fidèles de son illustre père lui ap[Napoléon II, suite du numéro 183] porteront les reliques que Napoléon lui avait destinées. Entre temps, le jeune prince avait été remis à l'étude du français, précédemment banni du cycle de son éducation, ce qui allait lui permettre de lire dans leur langue le «Mémorial» de Sainte Hélène, mais aussi le testament de son père.

Cette missive est  la première qu'il écrivit à sa mère en français (après un premier essai en 1825 et celles de jeunesse en 1816/1819 en partie dictées par Foresti), langue qu'il continuera d'utiliser jusqu'à sa mort dans ses lettres à Marie-Louise, comme pour réaffirmer ses origines non allemandes ! Notons qu'à la lecture de cette missive, on peut juger combien le comte de Dietrichstein était dans l'erreur en affirmant que le duc, tout à fait incapable d'écrire correctement une lettre en français, pensait en allemand et traduisait...

«Ma chère Maman ! ... votre lettre... me comble de joie comme tout ce qui me parvient de vous...», écrit le jeune garçon qui a reçu des nouvelles de sa mère par l'intermédiaire du baron de Werklein, secrétaire d'Etat de Marie-Louise. «... Sa M. l'Empereur (son grand-père) eut la grâce de me dire que vous lui aviez écrit de votre arrivée à Vienne comme d'un projet fixé pour cet été ; cela a fait renaître dans mon cœur un peu d'espoir, car à dire vrai, je doutais même de vous revoir dans deux ans, étant habitué malheureusement à ce long intervalle...». Il lui fera avoir par le comte Dietrichstein «... l'attestation... de mon examen de Géométrie, qui eut lieu Jeudi passé ; je vais commencer la Trigonométrie...» ; il souligne combien il est reconnaissant au Major Weiss, son professeur, et surtout à son ancien précepteur Foresti qui l'a «... initié dans ces sciences aussi importantes que nécessaires pour moi...» ; il espère pouvoir finir sous peu la répétition de la psychologie et de Jules César «... pour en faire également un examen...».

La lettre se termine par deux lignes affectueuses suivie de «... Votre très-obéissant fils - François...» ; au paraphe de la signature, le jeune duc a ajouté «M. pp.ia» (Manu propria).

Précieuse pièce, digne d'une grande collection. [Voir l'illustration en dernière couverture]

 

 

184.         NAPOLÉON III Bonaparte (1808-1873) Prince-président puis empereur des Français de 1852 à 1870 - L.A.S. «N. Louis», 1 p. in-8 ; (Londres), 27.III.(1848). Enveloppe.                                (1500.-)   1000.-

Importante missive écrite peu après la Révolution de Février, adressée au baron Dumoulin (ou Desmoulins ?) qui l'encourageait, semble-t-il, à rentrer en France comme chef de file de tous les mécontents : «... Il m'est impossible d'entrer aujourd'hui dans tous les détails... qu'il vous suffise de savoir que des intérêts et des considérations très graves m'empêchent de retourner en France avant deux mois... je me suis résolu à ne pas me présenter comme candidat à l'Assemblée Nationale...», etc.

Lors d'élections partielles, le 4 juin suivant, le prince Louis-Napoléon sera toutefois élu triomphalement dans quatre départements.

Le destinataire de ce message pourrait être l'ancien officier d'ordonnance de Napoléon Ier, le baron Dumoulin, résidant à Paris dans les années 1840.

 

 

185.         NAPOLÉON III Bonaparte - L.S., 1/2 p. in-8 ; Fontainebleau, 23.VIII.1868. En-tête à son chiffre couronné. Texte de son secrétaire, l'homme politique corse Etienne CONTI (1812-1872).  (800.-)     600.-

A Valérie MASUYER (1797-1878), dernière lectrice de la reine Hortense et auteur d'importants Mémoires parus en 1930.

«Ma chère Madame Masuyer, Je suis touché des nobles sentiments que vous m'exprimez... Ce sont ceux que je vous ai toujours connus. J'aime à les retrouver sous votre plume ; ils me rappellent tout un passé de fidélité et de dévouement...».

Filleule de Joséphine, Valérie Masuyer était entrée au service d'Hortense en 1830. Aucune dame d'honneur ne fut plus qu'elle dévouée à la reine : fidèle au-delà de la tombe, elle reporta son affection sur le prince et vécut discrète et tendrement sympathisante les heures glorieuses et les heures sombres de la cour du Second Empire.

 

 

186.         NECKER Jacques (1732-1804) Financier suisse et homme d'Etat français - L.S., 1 1/3 pp. in-folio ; Paris, 10.IX.1777.                                                                                                (350.-)     200.-

A propos du règlement des arriérés d'un haut fonctionnaire.

Nommé ministre des Finances de Louis XVI en juin 1777, Necker devait garder cette charge jusqu'en 1781.

 

187.         NEIPPERG Adam (1775-1829) Feld-maréchal autrichien,amant puis deuxième mari de l'impératrice Marie-Louise - L.A.S., 3/4 p. in-4 ; Parme, 13.XI.1824.                                                              (250.-)     150.-

A l'un de ses proches parents, officier de très haut rang, auquel il présente son fils aîné Alfred (1807-1865), porteur de la lettre et futur général wurtembergeois, «... der als Kadet bei meinem Regiment einrückt...». Le feld-maréchal le confie à son amitié, puis signe «Dein Freund u. Vetter - Neipperg F. M.».

 

188.         NEY Michel (1769-1815) Maréchal de France, prince de la Moskowa. Fusillé après les Cent-Jours - Quatre L.S., 5 pp. in-4 et in-folio, l'une avec en-tête imprimé ; Heuchelheim, 1796 et quartier général du Rhin, juin/juillet 1800.                                                                                                                                          (750.-)     500.-

Belle correspondance militaire où il est question d'une erreur de tir (!) contre un groupe d'Autrichiens venus en Parlementaires, d'une réponse qui ne lui est pas encore parvenue «... sur les différents avis que je vous ai adressés pendant la journée...», d'un pont qu'il va bientôt faire réparer. A la fin du mois de juin 1800, il confirme que sa division «... a pris possession de l'emplacement déterminé par votre dernière instruction...». Quant aux nouvelles de Nuremberg, elles lui sont parvenues grâce à «... des voyageurs sûrs venant de cette ville...» qui n'ont point vu d'ennemis là-bas, etc.

 

 

                NOBEL, Prix : Voir les numéros 34, 35, 69, 70, 117, 146, 172, 179, 232, 242 et 246.

 

189.         NORDENSKJÖLD Adolf Erik (1832-1901) Naturaliste et explorateur arctique suédois - L.A.S., 1 p. in-8 ; Stockholm, 18.V.1888.                                                                                                                             (400.-)     250.-

 

Relative à une lettre du chimiste suédois Carl Wilhelm SCHEELE à Lavoisier, à propos de laquelle son correspondant a fourni d'intéressants renseignements et dont l'explorateur sollicite une copie. Il regrette de ne pouvoir procurer un autographe de Scheele, «... lesquels sont très rares...», et souhaite que l'occasion se présentera bientôt.

 

190.         OCHS Peter (1752-1821) Homme d'Etat suisse. Chargéde préparer la Constitution de la République helvétique en 1797, il fut nommé membre du Directoire helvét. l'année suivante mais dut démissionner peu après - L.A.S., 1 p. 8° obl. ; Basel, 24.X.1820. Petit manque à la marge inf., loin du texte.     (800.-)     500.-

Occupé à la rédaction de son Histoire de Bâle (8 vol.), puis à celle de la première partie du Code pénal de 1821, Peter Ochs remercie un correspondant, qualifié ici de «hochgeachteten und hochgelehrten», pour l'envoi de son ouvrage, lequel vient rejoindre les autres, du même auteur, considérés par l'homme d'Etat comme l'ornement de sa Bibliothèque : «... Es ist das Seitenstück Ihrer übrigen Werke, die schon lange eine der Zierden meiner Bibliothek ausmachen...».

Autographe rare de cet ancien chef du parti francophile suisse ; il fait suivre ici sa signature des initiales «J. U. D.» (Juris Utriusque Doctor = Docteur en droit romain et canonique), titre d'études qu'il avait obtenu à Bâle en 1776.

 

191.         OFFENBACH Jacques (1819-1880) Compositeur français d'origine allemande. Il a laissé une œuvre riche de trouvailles mélodiques et de gaité, reflet fidèle d'un certain esprit parisien sous le Second Empire - L.A.S., 3 pp. in-8 gr. ; Paris, 23.VI.1861. En-tête des Bouffes Parisiens.                              (3000.-)   2000.-

Extraordinaire missive où Offenbach réaffirme au librettiste Jules BARBIER (1822-1901) son intention de ne «... travailler à l'avenir que dans le sens de l'opéra comique...».

«Ah que tu es donc bête, mon pauvre ami - écrit-il au futur auteur des paroles des Contes d'Hoffmann - tu me comprends bien et vous ne voulez pas me comprendre, je te demande une Pièce sans trop de charge et tu me réponds que votre Faust  (mis en musique par Gounod en 1859) était précisément dans ce sens...». Le compositeur a donc pris des accords avec Hector CRÉMIEUX (1828-1892) et Ludovic HALÉVY (1834-1908), les librettistes d'Orphée aux Enfers, de La Chanson de Fortunio, de Geneviève de Brabant, La Belle Hélène, La Vie Parisienne, La Grande-Duchesse de Gerolstein, etc. Il souhaiterait pourtant compter Barbier parmi ses collaborateurs, mais celui-ci semble refuser la proposition : «... Quand, grand lâche que tu es, je te parle d'un projet, tu y renonces... [il est vrai] que tu as eu l'idée de faire quelque chose pour moi, mais seul, sans collaborateurs. Je t'ordonne... de vous mettre à l'ouvrage, je veux entendre... une pièce de toi et de Mr Daudet. Elle est acceptée d'avance avec musique du grand devin d'Offenbach...» . Dès l'hiver prochain, il veut voir accolé son nom à celui de Barbier et de Daudet : «... il me faut votre pièce ; que dis-je, ta pièce, sa pièce, notre pièce...», etc.

Le compositeur termine sa lettre en se mettant aux genoux de la femme de son correspondant «... qui valent mieux que les tiens...», et lui rappelle «... l'affection à toute épreuve...» qu'il a pour lui.

Vains efforts ! Offenbach continuera longtemps encore à collaborer avec ses librettistes habituels, non sans succès d'ailleurs... Barbier l'individualiste cèdera aux souhaits d'Offenbach fort tard, devenant l'auteur des Contes d'Hoffmann qui ne seront toutefois joués qu'après la mort du compositeur.

 

192.         OPPERT Jules (1825-1905) Orientaliste fr. d'origine allemande, il se fit connaître par d'importants mémoires sur l'écriture cunéiforme et la langue perse - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 20.VI.1868.               (400.-)     250.-

A propos de ses études sur la civilisation assiro-babylonienne. «... Jusqu'ici le nom de Nimrod n'a pas été retrouvé dans les textes cunéiformes, il n'y peut donc rien se trouver qui interdise sur ce point la Genèse...» ; il suggère donc deux interprétations du verset et conclut que selon «... la première, ce serait Assur qui aurait bâti les trois villes, selon la seconde, ce serait Nemrod...».

D'origine israélite, l'orientaliste cite ensuite deux mots en caractères hébraïques, et ajoute que «... cette petite irrégularité n'est pas isolée ni suffisante pour ne pas penser... à attribuer la fondation de Ninive à Nemrod...».

 

193.         ORGANISTES, Violonistes, etc. - 4autogr. musicaux+1L.S. ; 1910/1933. Pièce jointe.        (450.-)     300.-

L.S. de Hugh P. ALLEN (1869-1946) ; superbe page avec musique A.S. (9 longues lignes, morceau complet) de Joseph KREPS (1886-1965) ; belle feuille musicale (trois lignes, environ 50 notes) d'un «Andantino» d'Edgar TINEL  (1854-1912), et enfin 2 feuilles d'album avec musique, l'une signée par le «Quatuor de Jongen» (en 1916), l'autre par l'ensemble formé par Albert ZIMMER (1874-1940), Louis Barsen, J. Gaillard, P. Ghigo, lesquels ont transcrit quelques mesures du Quatuor en ré de César Franck (Bruxelles, 1916). Joint : Poème A.S. d'Emma TINEL (l'épouse du compositeur belge ?).

 

194.         ORIANI Barnaba (1752-1832) Astronome italien, directeur de l'observatoire de Brera, à Milan. Inventeur de la Trigonométrie sphérique - Trois manuscrits autographes, 3 pp. in-12, + un manuscrit d'une autre main, en tout 6 pp. in-4 ; Milan, 1832. Cachets de collection. En italien.                              (1200.-)   800.-

Le 12 novembre 1832, à six heures du matin, mourait à Milan l'illustre astronome Barnaba Oriani. Sentant sa fin proche, il avait rédigé son Testament quelques mois plus tôt, le 30 mai 1832.

Le manuscrit nous livre les noms des personnes, savants, amis, serviteurs entourant Oriani à cette époque, ainsi qu'une liste des différents objets que l'astronome désirait léguer à chacun d'eux : instruments scienfitiques, montres, textes manuscrits, etc. Certaines institutions, tel l'Observatoire de Brera ou la Bibliothèque Ambrosiana font partie des bénéficiaires.

A ce document, déjà fort précieux en lui-même - et qui pourrait être de la main de Carlo Gianella, choisi par Oriani comme exécuteur testamentaire - sont joints trois feuillets autographes de l'astronome  couverts de calculs et de montants (ainsi que leur affectation) dont il semble qu'Oriani ait voulu laisser une trace après la rédaction de son testament, sans doute dans le but de justifier certains crédits ou dépenses venant compléter le document initial. Les dates que l'on y trouve, également de la main d'Oriani, laissent supposer que ces notes furent écrites entre septembre et début novembre 1832, car les intérêts y sont calculés jusqu'au 21 novembre, 9 jours après sa mort... Cachet de la célèbre collection Muoni.

 

195.         PAGANINI Nicolò (1782-1840) Violoniste et compositeur italien - Lettre en son nom, écrite et signée en tête «Mr Paganini» par son ami l'éditeur de musique Antonio PACINI (1778-1866), 1 p. in-8 ; «Paris, ce Samedi» (automne 1834). Adresse sur la IVe page.                                                                              (750.-)     500.-

Ecriture ressemblant fort à celle du violoniste mais probablement rédigée par son ami Pacini : «Mr Paganini présente ses civilités à Madame la Comtesse Apponi et lui fait savoir que la répétition aura bien lieu ce soir de huit à neuf h. ...». L'illustre virtuose sollicite l'honneur de sa présence et précise que le concierge à d'ores et déjà l'ordre d'ouvrir «... la loge qu'elle voudra ; on entre du côté de la rue Grange Batelière, entrée des acteurs...», etc.

A Thérèse APPONYI (1790-1874), épouse de l'ambassadeur d'Autriche auprès du gouvernement de Louis-Philippe.

 

196.         PAISIELLO Giovanni (1740-1816) Compositeur italien, maître de chapelle du Premier Consul Bonaparte qui l'appela à Paris en 1802 et pour lequel il composa entre autres une  Messe du sacre en 1804 avant de regagner Naples - L.A.S., 1 p. in-4 ; Naples, 1.VII.1812. Adresse autographe au verso.         (1600.-)   1200.-

Paisiello demande à «Monsieur Gregoire - Segretaire de la Direxion de la Musique Impériale... Au Conservatoire de Musique...» de retirer pour son compte la somme correspondant à six mois de salaire que l'empereur lui octroie, et à toutes fins utiles lui fournit un «... certificato di vita...». Le compositeur prie M. Grégoire de lui faire avoir le montant qui lui revient «... secondo il solito per la via di Mons.r C. Rottingher...» après en avoir déduit ce qu'il reste lui devoir. Il le prie en outre de faire parvenir à destination une lettre pour son confrère LE SUEUR, et ajoute «... un piccolo cartellino...» (?) pour son correspondant, etc.

Rare lettre autographe signée de ce compositeur napolitain dont l'œuvre, par son originalité, annonce celle de Rossini.

 

 

197.         PAOLI Pasquale (1725-1807) Général et patriote corse - L.S., 3/4 p. in-4 ; Bastia, 29.VII.1790. Adresse sur la IVe page.                                                                                                                            (2000.-)   1400.-

Farouche adversaire de la France depuis que les Gênois avaient vendu à celle-ci leurs droits sur la Corse en 1767, Pasquale Paoli, vaincu, avait été contraint de s'exiler en Angleterre. Rappelé par l'Assemblée nationale constituante, il vient de faire retour dans son pays. «... Je suis dans cette ville depuis le 17 - annonce-t-il à un ami resté à Londres - et j'ai lieu d'être content de l'affection de mes compatriotes aussi bien que des bonnes dispositions des Français. Je ne puis pas vous en dire davantage... Je suis trop pressé dans ce moment...». Pour ce qui est de la somme d'argent qui devait être envoyée à M. Gentili, Paoli préfèrerait, si son corres-pondant la détient toujours, qu'elle fût remise à M. Cavallo pour rembourser le prêt ayant servi à diverses dépenses relatives à son voyage et à celui de M. Lomagna.

Pasquale Paoli avait été nommé lieutenant et gouverneur dès son retour dans l'île de beauté. En 1793, ayant pris position contre la Convention, il fit appel aux Anglais, obligeant notamment la famille Bonaparte à se réfugier en France. Contrairement à son attente, les Anglais nommèrent dans l'île un autre vice-roi que lui en la personne d'Eliott ; le patriote s'exila alors à nouveau et ne revint jamais plus dans sa Corse natale.

 

198.         PIAF Edith (1915-1963) Chanteuse française - L.S., 1 p. in-4 ; (Paris), 23.XI.1953. (900.-)     600.-

«... Edith Piaf sera la grande vedette... dans un spectacle complet de Music Hall qui débutera le 26 Février 1954 pour une durée de deux semaines...», écrit Louis Barrier, impresario de la chanteuse, au directeur de L'Alhambra de Paris, ajoutant certains détails relatifs à cet engagement et notamment le montant du cachet que recevra la chanteuse, soit «... deux cent mille francs... par jour...» ; toute autre question subsidiaire, affichage, orchestre, etc. fera l'objet d'un contrat détaillé qui sera établi ultérieurement.

Pour donner son accord, Edith Piaf - alors au sommet de son art malgré une santé médiocre due à un abus d'alcool et de drogues - a apposé sa signature autographe au bas de ce double de lettre.

 

199.         POIVRE Pierre (1719-1786) Célèbre voyageur et naturaliste français - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 5.XI.1766. Autographe rare.                                                                                                                                       (500.-)     350.-

Sur le point de repartir pour l'Orient, Poivre fait savoir à M. Noyet de Belleroche, secrétaire perpétuel de la Société Royale d'agriculture de Lyon, combien il est sensible aux sentiments qu'il lui a témoignés : «... j'y reconnois toute la bonté de votre cœur. Ce n'est pas sans regret que je m'éloigne, mais je vous prie, en assurant la Société de mon respect et de toute ma reconnaissance, de luy confirmer les dispositions où je suis de luy donner de mes nouvelles dans toutes les occasions et de luy communiquer les observations que mes nouveaux voyages me mettront dans le cas de faire...».

La ruine de la Compagnie des Indes l'avait bloqué dans ses projets pendant quelques temps. A l'époque de notre lettre, Poivre repartait comme Intendant des îles et allait ravir aux colonies hollandaises les épices précieuses dont elles avaient le monopole pour en introduire la culture aux îles de France et de Bourbon.

 

200.         PORTUGAL, Isabel Maria de (1801-1876) Princesse portugaise, sœur de Pierre Ier du Brésil. Régente de 1826 à 1828 - L.S. «Infanta Regente», 1/2 p. in-folio ; «Palacio de Nossa Senhora d'Ajuda», 2.XII.1826. Enveloppe avec adresse et sceau sous papier. Fentes de scellement.                                           (900.-)     600.-

La jeune «... Regente dos Reynos de Portugal e dos Algarves, e seus Dominios, em Nome d'El Rey...» dom PEDRO Ier du Brésil, son frère, répond au cardinal Giacomo GIUSTINIANI (1769-1843) qui lui avait annoncé sa récente promotion au cardinalat («... à Sacra Purpura...») : «... esta distinçeao, com que o Santo Padre quis premiar as vossas relevantes qualidades..., me fas augurar que sereis em hum tao alto Logar hum novo ornamento de Igreja Universal...», etc.

A noter qu'à la mort de Pie VIII, en 1830, le cardinal Giustiniani aurait été élu pape s'il n'avait été frappé d'une «exclusive» venant de l'Espagne le contraignant à se retirer (exclusive = usage qui voulait que la France, l'Espagne ou l'Autriche puissent exclure un nom de la liste des candidats). Les cardinaux durent voter une cinquantaine de fois avant de trouver un autre nom sur lequel réunir une majorité de suffrages, et le cardinal Cappellari, qui règna sous le nom de Grégoire XVI, fut enfin choisi le 2 février 1831 après presque deux mois de Conclave !

Lettre contresignée par Don Francisco de Almeida-Portugal, comte de LAVRADIO (1797-1870), député, ministre et ambassadeur portugais.

 

 

201.         PORTUGAL, Jeanne de (1537-1573) Fille de l'empereur Charles Quint, elle épousa en 1552 le prince héritier Jean de Portugal. Veuve en 1554, son fils Sébastien devint roi en 1557 - P.S. «Yo la princesa», 1/2 p. in-folio ; Valladolid, 7.II.1559. Grande tache d'humidité claire loin de la signature, laissant le texte lisible. Sceau sur papier au verso.          En espagnol.                                                                                       (1500.-)                1000.-

Au nom de son frère Philippe II d'Espagne - alors engagé contre la France dans une guerre qui allait se terminer deux mois plus tard par la Paix de Cateau-Cambrésis (3.IV.1559) - la princesse autorise don Rodrigo de Navaez y Rojas, alcade d'Antequèra (Malaga) à engager ses biens dans l'achat d'une «tenencia».

Belle et rare signature de Jeanne de Portugal en tant que Régente d'Espagne. C'est par héritage qu'en 1578, à la mort de son fils Sébastien à la bataille d'Alcacer, le royaume du Portugal passa sous la domination de Philippe II d'Espagne, frère de Jeanne.

 

 

202.         PRATOLINI Vasco (1913-1991) Ecrivain italien, auteur de romans au réalisme vigoureux - L.A.S., 1 p. in-8 ; Naples, 30.IX.1950. En tête, quelques lignes de la main d'un rédacteur de journal.        (350.-)     250.-

L'écrivain qui, avant de connaître la célébrité, avait exercé divers métiers (typographe, serveur, revendeur de boissons, etc.), prie le directeur d'un journal napolitain de rectifier une information erronée le concernant, parue en troisième page de son quotidien : «... La prego di volere accogliere una precisazione, e cioè questa : di vero, nella suddetta notizia, c'è soltanto che io da qualche tempo sto lavorando ad un romanzo di ambiente napoletano. Il resto è puro parto di fantasia...» !

Le roman cité ici par Pratolini est-il resté inachevé ? En 1952, paraissait l'édition définitive de «Le Ragazze di San Frediano», puis «Metello. Una storia italiana» en 1955, premier volume d'une trilogie inspirée par le petit peuple face aux bouleversements historiques italiens qui ont suivi le Risorgimento.

 

203.         PRÉVOST Zoé (1802-1861) Cantatrice française qui interpréta Grétry, Hérold, Adam, Auber, Thomas, etc. - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; Paris, 6.V.1827.                                                                    (200.-)     120.-

Le zèle qu'elle a apporté depuis son engagement à l'Opéra-Comique devrait lui valoir une augmentation de traitement... Aussi prie-t-elle son correspondant d'intercéder en sa faveur afin que son sort soit réglé d'une manière plus favorable pour la nouvelle saison théâtrale.

 

 

204.         PRUME François Hubert (1816-1849) Violoniste belge, il mourut fou et aveugle à l'âge de 33 ans - L.A.S., 1 p. in-4 ; «Ce Samedi» (vers 1840 ?). Adresse sur la IVe page. Rare.                                (300.-)     200.-

Pressé par le temps, il ne pourra se rendre chez son correspondant après un concert : «... chargez-vous, je vous prie, de mes respects et de mes adieux à Madame, et veuillez prier M.rs les Artistes de recevoir, en mon nom, mes sincères remerciements...». Au ténor allemand, Joseph SCHLÖSSER (1816-1888).

 

 

205.         RABAUT Jean-Paul (1743-1793, guillotiné) Pasteur calviniste,conventionnel girondin et membre du Comité des Douze - P.A.S., 1 p. in-8 obl. ; Paris, 23.III.1793.                                                              (400.-)     250.-

Il déclare avoir «... reçu de M. Guth... la somme de six cent livres à compte du mandat de M. Panckoucke...», l'éditeur parisien qui avait vraisemblablement imprimé son dernier ouvrage, le «Précis de l'histoire de la Révolution française», paru en 1791.

Décrété d'arrestation le 2.VI.1793, Rabaut fut guillotiné le 5 décembre de la même année, peu après que sa femme se soit suicidée à Nîmes.

 

206.         RACHEL, Elisa Rachel Félix, dite Mademoiselle (1821-1858) Célèbre tragédienne française - L.A.S., 1 p. in-8, datée «27 juin» (Londres, vers 1850, d'après l'écriture).                          (2000.-)   1300.-

Jolie lettre donnant un rendez-vous galant au destinataire ; non cité (par discrétion ?), celui-ci pourrait bien être l'écrivain Ponsard qui, enivré d'amour pour elle, allait dès que possible retrouver sa bien-aimée aux étapes de ses tournées, à Bruxelles, Spa, ou en Suisse...

«Je descendrai à Bruxelles à l'hôtel Bellevue - lui écrit la tragédienne - J'ai reçu ce matin une lettre de H. (Arsène HOUSSAYE ? leur ami commun) qui m'assure... que l'affaire de Mr Altaroche est très bonne... veut-il dire pour la Comédie française ou bien pour l'Odéon...», probable allusion à une pièce («Charlotte Corday» ?) que son correspondant souhaitait faire représenter sur l'une de ces scènes parisiennes dirigées respectivement par Houssaye et Altaroche.

Puis, prise d'un sentiment d'affection envers son ami qu'elle invite implicitement à venir la rejoindre à Bruxelles, Rachel conclut : «... Je t'agrée pour toute ta vie près de moi, mais là tout près...», les mots en caractères gras ayant été soulignés par la tragédienne. Elle termine en signant «... toute vôtre - Rachel».

 

 

207.         RACHEL - P.A.S., 1 p. 12° ; «Jeudi» (Paris), 11.I.1855. En-tête à son chiffre impr. en or. (600.-)         400.-

«Bon pour deux personnes», délivré «A midi moins un quart», permettant aux bénéficiaires d'assister à la «... répétition générale de La Tzarine...».

La première représentation de ce drame en 5 actes de Scribe eut lieu à la Comédie-Française le 15 janvier suivant ; il fut repris encore 17 fois durant le mois et demi qui suivit, pour une recette totale avoisinant les 80.000 francs !

Rachel était au sommet de sa gloire et de son talent, mais aussi à l'avant-veille de ses adieux définitifs au théâtre français.

 

 

208.         RACHMANINOV Serge - Manuscrit musical autographe du violoncelliste Pierre FOURNIER (1906-1986), qui l'a signé de ses initiales en première page, 6 pp. in-folio.                        (1200.-)   800.-

Partition originale très travaillée, avec indications musicales (doigtés, temps, etc., tracés au crayon gras rouge), entièrement rédigée à l'encre bleue et noire par l'illustre violoncelliste qui s'en servait lors de ses concerts. Page de titre («PRÉLUDE - S. Rachmaninoff, op. 23 - 4 - Violoncelle et Piano - Transcription P.F.») et cinq pages de musique, les deux dernières étant un travail postérieur (peut-être furent-elles réécrites par Fournier car égarées ?).

Document fort intéressant nous montrant comment Fournier travaillait ses partitions.

 

209.         RADETZKY Josef (1766-1858) Feld-maréchal autrichien, commandant en chef des troupes impériales en Lombardie - P.S., 1 p. in-folio ; Milan, 26.XII.1848. En allemand.                                          (500.-)     350.-

Après avoir fui la capitale lombarde lors des cinq journées révolutionnaires de mars, Radetzky et ses troupes autrichiennes sont de retour à Milan depuis le mois d'août. Le feld-maréchal informe le comte NUGENT, commandant le 30e régiment d'Infanterie, que l'empereur a accordé au colonel (futur général) Karl LILIA la croix de l'O.I. de Léopold ; la nouvelle devra être communiquée aux différents corps de l'armée autrichienne postés dans les duchés de Parme et de Plaisance.

Document signé à des dates successives par Radetzky, par les feld-maréchaux Karl von CULOZ (1785-1862) et August von DEGENFELD-SCHONBURG (1798-1876), qui furent, trois mois plus tard (23.III.1849), à Novare, les artisans de la victoire autrichienne sur les Piémontais.

Au dos, longue note datée de Vienne le 25 avril 1860 autorisant le feld-maréchal von LILIA à porter la «Kriegs Decoration», note signée de sa main par le prince Edmond de SCHWARZENBERG (1803-1873), général de cavalerie dans les guerres d'Indépendance italienne.

 

210.         RAMUZ Charles Ferdinand (1878-1947) Ecrivain vaudois, auteur de romans s'inspirant des mœurs du pays romand - L.A.S., 1 p. in-8 gr. ; Pully, 14.VIII.1944. Cinq pièces jointes.                                 (450.-)     300.-

Il retourne au Dr. Alfred VOGEL, historien d'art bernois, «... l'introduction que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer, espérant qu'elle va retrouver sa place naturelle en tête de votre étude...». Il est ravi d'apprendre que son correspondant a trouvé une situation «intéressante» qui va lui permettre de se livrer «... à un travail utile...».

Joint : 1) Epreuves définitives - 10 pp. - du texte du Dr. Vogel dédié à Ramuz ; 2) Extrait du même texte - 2 1/2 pp. -, dactylographié et corrigé ; 3) Deux lettres et une carte adressées à A. Vogel par René BOVARD et Willy ROTZLER en 1945. [Voir auss le numéro 250, Spiess]

 

211.         REGER Max (1873-1916) Compositeur allemand - L.A.S. sur cp, 1 p. 12° obl. ; Munich, 16.X.1902. Adresse autographe au verso.                                                                                                              (900.-)     600.-

Reger remercie le Tonkünstler Albert FUCHS (1858-1910, compositeur et musicologue suisse, professeur au conservatoire de Dresde) pour l'article qu'il vient de publier sur lui dans la «Neue deutsche Lied» et regrette de ne pouvoir aller lui interpréter personnellement sa dernière composition. Après avoir sollicité quelques explications, il se plaint d'une surcharge de travail : «... Ich habe wunderlich viel Arbeit, muss jeden Abend bis 10 Uhr mindestens arbeiten... Die Bachichen Kirchencantaten habe ich neu heraus etc...». De retour à Munich - où il avait épousé cette année-là Elsa von Bercken - il donne à Fuchs sa nouvelle adresse : «... von 26 Okt. ... München, Wörthstrasse 20 I...». Comme en témoigne cette intéressante missive, Max Reger n'aura de cesse, dès lors et jusqu'à sa mort, de travailler chaque jour à ses compositions.

 

212.         RÉGNIER, Marie de (1875-1963) Muse, grande amoureuse et femme de lettres sous le pseudonyme de Gérard d'Hourville - 1 L.A.S. + 2 C.A.S. datant des années 1919/1927.                                           (350.-)     200.-

«... j'ai été très souffrante et toute ma correspondance est restée sans réponse...», écrit-elle à une demoiselle valaisanne au recto/verso d'une carte illustrée nous montrant La Naumachie du Parc Monceau à Paris. L'année suivante, elle est ravie de faire plaisir à un proche de la jeune Suissesse en lui adressant depuis la Dordogne une carte illustrée (vue de la rivière à Creysse) signée de son nom et de son pseudonyme. En 1927 enfin, Marie de Régnier prévient une amie qu'elle va devoir «... sortir Lundi... Alors voulez-vous venir Dimanche à 4 heures ? J'espère vivement que oui...», etc.

 

213.         REICHA Antonin (1770-1836) Compositeur et théoricien musical bohème - Musique et texte autographes montés sur 1 p. in-4 obl. ; (Paris, 1835). Deux gravures jointes.                               (900.-)     600.-

Six très belles mesures d'une fugue montées sur grande feuille de couleur verte tirée de l'album du violoniste Deldevez, et long texte explicatif de la main du vieux compositeur bohème : «On prépare la matière fuguée en la cherchant avec le sujet : 1° Les Strettos ; 2° Les imitations ; 3° Le sujet par M.t Contraire ; 4° On divise le sujet en différents petits fragments...», etc. En tête de la feuille, Deldevez a fait précéder sa signature autographe de la mention suivante : «Autographes d'Ant. Reicha (classe du Conservatoire, 1835)». Joint : Portrait gravé de Reicha et illustration gravée de son tombeau «au cimetière de l'Est».

 

214.         REIK Theodor (1888-1969) Psychanalyste austro-am., élève de Freud, il enseigna et exerça à Vienne puis à Berlin avant d'émigrer aux U.S.A. en 1938. Il fonda la National Psychological Ass. for Psychoanalysis - L.A.S., 1 p. 4° ; New York, 31.X.1962. En-tête (biffé) du Theodor Reik Center for Psychoanalysis. (900.-)          600.-

Missive adressée semble-t-il à une ancienne patiente dont le psychanalyste se souvient parfaitement. Celle-ci est sur le point de faire imprimer une «... flashback novel...» que Reik souhaiterait aussi voir bientôt publiée. A son grand regret, il ne retrouve plus l'origine d'un texte qu'il a écrit : «... I have a deplorably weak memory for all books I have written. If you want to quote it, why not say : From a conversation with Theodor Reik...», etc.

Trois ans plus tard, sortira son livre Fragment d'une grande confession, réflexion lucide sur le vieillissement.

 

 

215.         RENOIR Auguste (1841-1919) Peintre français, il sut, par ses toiles et ses couleurs, imposer son univers personnel où dominent la joie et la sensualité - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Cagnes, 21.V.1910. (3500.-)   2600.-

«... J'ai reçu de Rivière et de vous des nouvelles de Renée [Rivière] qui me font de la peine, d'autant que j'ai beau me torturer l'esprit... Illusions déçues, que voulez-vous y faire, et j'ai bien peur que cela finisse plutôt mal, si elle ne peut reprendre le dessin et je n'en crois rien...». Un peu fatigué du Midi, il avoue qu'il rentrerais avec plaisir à Paris où il espère retrouver sa correspondante.

Renoir, déjà malade, avait accepté de guider cette jeune élève dans son art après avoir peint son portrait, aujourd'hui conservé au Musée d'Art moderne de Paris. Renée RIVIÈRE (1885-1972) était la fille du critique d'art Georges RIVIÈRE (1855-1943) et la future épouse de Paul CÉZANNE, le fils unique du célèbre peintre impressionniste.

L'année 1910 avait bien commencé pour le peintre : il s'était fait fabriquer un chevalet lui permettant de mieux travailler face à la toile et avait écrit, avec l'aide de son ami Rivière, la préface d'un livre d'art ; enfin, il avait peint plusieurs beaux portraits : le couple Bernheim, le marchand Durand-Ruel, un autoportrait, etc. Une grave crise de rhumatismes allait cependant bientôt paralyser ses jambes et l'obliger à se servir d'un fauteuil roulant...

 

216.         RENOIR Jean (1894-1979) Cinéaste français, fils du peintre - L.S. «Jean», 1/2 p. in-4 ; Beverly Hills, 25.II.1958.                                                                                                                                        (400.-)     250.-

Il remercie le scénariste Charles SPAAK (1903-1975) de lui avoir communiqué ses impressions après une soirée dédiée au cinéma en France : «... Ce début est très encourageant. L'histoire de l'absence des photos chez Cinédis l'est moins...». Il se réjouit à l'idée d'aller avec Spaak et son épouse «... présenter le film en Belgique...» (son «Déjeuner sur l'herbe», diffusé en 1959 ?).

 

217.         RILKE Rainer Maria (1875-1926) Le grand poète autrichien - L.A.S., 1 p. in-8 gr. ; «Montag Abend» (vers 1916). En allemand.                                                                                                                             (2500.-)   1600.-

Lettre datant probablement de 1916 (ou peu après), époque où Rilke et son correspondant servaient dans l'armée autrichienne. Par voie rapide («Eilig»), le poète adresse au jeune peintre et illustrateur viennois Robert KOHL (1891-1944) deux des ouvrages que viennent de lui envoyer les Editions Insel. «... Vielleicht, falls Dir wirklich Arresttage bevorstehen, kannst Du sie Dir hineinheimlichen lassen und lesen. Wenn das möglich ist...» (traduction libre : «Dans le cas où tu penses réellement avoir un jour d'arrêt, peut-être pourras-tu te laisser envahir secrètement par eux (les deux ouvrages) et te familiariser en les lisant. Si cela est possible, bien sûr...») ; et Rilke d'ajouter : «... Mais ne te laisse pas alourdir et conserve ton fort pouvoir de décision...».

Après son engagment dans l'armée autrichienne, Robert Kohl reprit la peinture ; il exposa ses œuvres en Allemagne et en France avant de regagner son pays d'origine ; interné dans le camp de concentration de Blechhammer, en Silésie, il y mourut.

 

218.         ROBERT-HOUDIN, Jean Eugène (1805-1871) Le légendaire magicien français dont l'œuvre écrite constitue une initiation aux techniques de la prestidigitation - L.A.S., 1 p. 8° ; (Paris), 8.III.1858.       (2500.-)   1600.-

Une année après son retour d'Algérie - pays où il fut envoyé par le gouvernement pour tenter de détruire la crédulité des Arabes envers leurs magiciens et où il s'était fait une réputation de marabout ! - le prestidigitateur est l'invité de tous les salons parisiens. Il dit ici son regret de ne pouvoir se rendre à l'invitation de M. Joest : «... ce contretemps... me prive du double avantage de passer près de vous quelques agréables instants et de faire plus ample connaissance avec l'un de vos convives auquel, déjà, Monsieur Jules Lecomte a bien voulu me présenter...», etc.

Auteur de théâtre et romancier, Jules LECOMTE (1814-1864) est surtout connu pour ses ouvrages de littérature maritime et notamment pour son Dictionnaire pittoresque de marine, paru en 1836. Il travailla aussi à une grande revue du monde des lettres et des arts, Mémoires du Temps, à laquelle la collaboration de Robert-Houdin ne pouvait manquer.

Notons que l'année 1858 verra la publication de Confidences d'un prestidigitateur, ouvrage où l'illustre magicien résume sa vie et expose ses applications de l'électricité à la mécanique, et particulièrement à l'horlogerie. Autographe rare et recherché.

 

219.         ROCHAMBEAU, Donatien de Vimeur, de (1750-1813) Général français, il servit tout jeune dans la guerre d'Indépendance américaine, puis à la Martinique, à St Domingue et enfin en Allemagne où il fut mortellement blessé à Leipzig - L.A.S., 1/2 p. in-4 ; «Au Camp de Hagnau» (Haguenau, Bas-Rhin ?), 16.VII.1813. Cachet de la collection Crawford/Lindesiana.                                                    (1500.-)   1000.-

Quelques jours après avoir servi à Bautzen (21/22.V.1813), le Baron Rochambeau fait route vers l'Allemagne pour prendre part à la victorieuse bataille de Siebenecken (19.VIII.1813). Il écrit au Col. F.A.M. MURIEL (1764-1831), responsable des plans militaires au dépôt général du ministère de la Guerre, pour accuser réception du «... paquet des Cartes [topographiques] que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser avec l'autorisation de M. le duc de Feltre...». Rappelons que la diffusion des plans militaires était soumise à un contrôle fort strict et que Rochambeau avait grand besoin de disposer de nouvelles cartes avant de faire son entrée sur le territoire allemand !

Créé Baron d'Empire par Napoléon le 18 juin 1813, Rochambeau ne profita de cet honneur que durant quatre mois ; il mourut en effet le 18 octobre des suites de blessures reçues à la bataille de Leipzig.

Les autographes de Rochambeau sont rares ; celui-ci l'est d'autant plus qu'il est signé «Le B.on de Rochambeau».

La lettre porte en tête une petite apostille autographe signée du colonel Muriel.

 

220.         ROGER Gustave (1815-1879) Le grand ténor français. Premier interprète d'opéras de Auber, Adam, Halévy, et surtout dans «Le Prophète» de Meyerbeer et dans «Benvenuto Cellini» de Berlioz – PHOTO avec dédicace autographe signée, 6 x 10 cm ; (Paris, 1860).                                                               (750.-)     500.-

Très rare photo-carte de visite (cliché du photographe parisien Pierre Petit) avec une amusante dédicace autographe au dos : «Hildegarde ! Dieu vous garde ! G. Roger», avec date «1860» rajoutée au-dessous au crayon rouge.

Le ténor, qui perdit sa main droite en 1859 lors d'une partie de chasse, pose en pied et en costume dans le rôle de Gérard, chevalier de Rhodes, dans La Reine de Chypre de Fromental Halévy.

 

 

221.         ROPS Félicien (1833-1898) Illustre peintre et graveur belge - L.A.S., 1/2 page in-8 obl. ; (Paris, vers 1890).                                                                                                                                                (450.-)     300.-

«... Vous me feriez très grand plaisir en venant... m'apporter 250 francs. Je serai à l'atelier... J'ai grand besoin de la chose...», écrit-il à son ami, confrère, compatriote et élève Francis NYS (1863-1900).

L'atelier de Rops était situé place Boieldieu, l'ancienne place des Italiens débaptisée en 1852.

 

222.         ROSSINI Gioachino (1792-1868) Compositeur italien - L.A.S., 1 p. in-4 gr. ; Florence, 26.III.1853. Adresse autographe sur la IVe page. Deux trous hors texte, restaurés. Inédite.                            (2000.-)   1400.-

Rossini présente au soprano Augusta ALBERTINI, «celebre cantante», une jeune artiste «... per la quale so che voi pure prendete vivo interesse...». Il est persuadé que la «... posizione elevata in cui vi trovate per fatto dei vostri meriti in arte...» ne pourra qu'être bénéfique à cette élève «... dotata, come trovasi, di bellissima voce di contralto...».

Augusta ALBERTINI († 1898) avait épousé le baryton-ténor Carlo BAUCARDÈ, célèbre premier interprète des opéras Rigoletto et Trovatore de Verdi. En 1859, ils avaient ensemble entrepris une importante tournée en Amérique du Nord.

 

223.         ROTHSCHILD Charles de (1788-1855) Célèbre financier, il créa sa propre banque à Naples en 1820 - L.S., 1 p. in-folio ; Naples, 13.V.1822. En italien.                                                          (450.-)     300.-

Il communique à un Marquis le nom du courrier qu'il s'apprête à envoyer à Paris ; celui-ci ayant besoin «... del necessario Passaporto...», Charles de Rothschild prie son correspondant de bien vouloir le lui procurer.

 

224.         ROUGET DE LISLE Claude Joseph (1760-1836) Officier français, compositeur de chansons, auteur de La Marseillaise - L.A.S., 1 p. in-4 ; Choisy-le-Roi, 26.VII.1829. Adresse autographe et marques postales sur la IVe page.                                                                                                                                           (1800.-)   1200.-

Pathétique missive de ce poète patriote tombé dans la misère et remerciant ici M. Oudard, secrétaire des commandements du duc d'Orléans, pour les 300 francs dont le futur LOUIS-PHILIPPE Ier vient de le gratifier «... de nouveau, sur le simple apperçu des besoins qui sont la suite inévitable de ma double situation de fortune et de santé...». Il envoie un poème soulignant qu'il n'ose «... offrir à ses yeux un griffonage informe et dégradé, semblable à celui que je vous adresse ; et quelque doux qu'il me fût de lui donner un témoignage de ma reconnaissance qui s'accroît en proportion de ce que je deviens plus indigne de ses bontés...», etc.

Le poète charge Oudard de mettre aux pieds du duc d'Orléans ses sentiments de respect et de dévouement, puis termine ainsi : «... Adieu... vraisemblablement je n'aurai plus le plaisir de vous voir, et vous n'entendrez plus parler de moi. Jusqu'au bout je conserverai le plus tendre souvenir de cette obligeance obstinée avec laquelle vous avez tenté d'adoucir mes tribulations...».

Auteur de l'hymne de la République, mais royaliste au fond de lui-même, Rouget n'échappa que de peu à la guillotine et vécut par la suite misérablement de petits travaux de plume. Selon ses biographes, ce n'est qu'après 1830, lors de la renaissance de son hymne que le roi Louis-Philippe lui aurait accordé une pension lui permettant d'adoucir son quotidien, et cela jusqu'à sa mort.

Or, cette lettre nous apporte la preuve que bien avant déjà, le duc d'Orléans avait pris en sympathie l'auteur de La Marseillaise, peut-être en souvenir de leur rencontre au lendemain de la bataille de Jemmapes (6.XI.1792) lorsque Rouget de Lisle, alors aide-de-camp du général Valence, s'était trouvé placé à table à côté du jeune prince. Ce dernier, alors duc de Chartres, lui exprima sa joie de ce rapprochement et lui porta une grande attention, le compositeur l'ayant quant à lui félicité sur la journée de la veille dont le succès pouvait à bon droit être en partie attribuée au futur roi.

[Voir aussi le n° 163, Mehul]

 

225.         ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778) Ecrivain et philosophe genevois - Manuscrit autographe, 10 lignes sur feuille in-4 ; Paris, vers 1745/1746.                                                                   (600.-)     400.-

Intéressantes notes recueillies par l'illustre philosophe en vue d'un travail qu'il préparait pour sa protectrice Madame Dupin, auprès de laquelle il occupait la fonction de secrétaire depuis 1745.

Rousseau y examine l'une des «Ordonnances des R.[ois] de F.[rance]» tirée de l'ouvrage de Laurière et Secousse, où il a remarqué dans «... des lettres de Eudes IV de Bourgogne...» que sa femme Jeanne de France «... se disant autorisée par lui...», accordait des privilèges aux Bourgeois de la ville d'Arras. Selon le philosophe, il y est clairement prouvé que les privilèges accordés par le Duc «... sont donnés aux Bourgeois et Bourgeoises toujours nommés conjointem.[en]t».

Ces notes devaient servir à Madame Dupin qui préparait un ouvrage sur «Les femmes et les lois».

 

226.         ROUSSEAU Jean-Jacques - Manuscrit autogr., 7 lignes sur feuille 4° ; Paris, v. 1745/1746.              (900.-)     600.-

Feuille semblable à la précédente contenant des notes de la main de Rousseau qui aidait alors sa protectrice, Madame Dupin, à rédiger un ouvrage sur «Les femmes et les lois», et notamment sur le Mérite des femmes.

En parcourant l'ouvrage intitulé «Antiquité expliquée... etc.» de B. de Montfaucon, le philosophe a relevé un curieux passage relatif à l'aspect des Amazones qui a retenu son attention ; en effet, sur «... 4 représentations d'Amazones tirées de l'antique, trois ont la mammelle gauche découverte et l'autre la droitte, touttes également bien formées et entières» !

 

227.         RUBINSTEIN Anton (1829-1894) Pianiste russe, le plus illustre de son temps avec Liszt - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Peterhof ?), 20.I.1879. En russe.                                                                                   (300.-)     200.-

Se remémorant certaines choses, il fait parvenir à sa correspondante («Ma chère Barkaska») la somme de 100 Gulden, etc. (traduction approximative de ce texte russe inédit). C'est en 1879 que Rubinstein allait donner à Hambourg la première représentation de son «Neron», un authentique opéra seria. Comme «Demon», cette nouvelle œuvre allait connaître quelque succès.

 

 

228.         RUSKIN John (1819-1900) Littérateur anglais, critique d'art et sociologue - L.A.S., 2/3 p. 8° ; sans date, au dos d'un feuillet à son adresse londonienne : Denmark Hill - S. E. ; (années 1860).       (500.-)    300.-

Curieux billet à un intime. «May you could not do me good. I hope you'll enjoing the drawings. I shall viewing you...» ; puis il ajoute : «... Love to Papa and Mama, Harry and Theodore, and as much as he'll care for to Bustle...». A une personne rencontrée à l'école de filles de Miss Bell ? [Voir aussi le numéro 89, Greenway]

 

229.         SABIN Albert B. (1906-1993) Médecin et virologue américain, il obtint un virus atténué de la polio permettant la prévention de la maladie par vaccination - PHOTO in-8 avec une ligne de dédicace A.S. dans la marge inférieure blanche (vers 1975). Très beau portrait mi-buste de trois-quarts de ce bienfaiteur de l'Humanité.                                                                                                                                              (300.-)                200.-

 

230.         SADE, Donatien, Marquis de (1740-1814) Ecrivain fr. - L.A., 2 pp. 4° ; (Lacoste, fin 1771). Tache brune touchant quelques mots des deux dernières lignes de chaque page. Petite restauration.        (2800.-)   1800.-

De son célèbre château de Lacoste (dans la vallée d'Apt, en Provence, qui fut en grande partie détruit durant la Révolution), Sade écrit à son premier régisseur de biens, le notaire F. B. Fage : «... Tous vos persiflages sont beaux et bons, mais mes équipages arrivent jeudi et il faut sans doute mille écus à ce jour-là... Vos ouvriers d'Apt sont des paresseux infâmes...». Il attend du mobilier et, «... si je n'en ai pas... mercredi, je n'en veux pas du tout... Les millions de diables emportent Apt et tout ce qu'elle contient !...». Quelques temps après, le tout-puissant seigneur de Lacoste deviendra un homme traqué, poursuivi pour sodomie et empoisonnement, à la suite de sa célèbre escapade à Marseille en 1772.

 

231.         SAINT-EXUPÉRY, Antoine de (1903-1944) Pilote et écrivain fr., auteur du Petit Prince. Disparu en mer avec son avion au large de Marseille - Manuscrit autographe, 3 pp. in-4 ; (Etats-Unis, 1941/43). Sur papier pelure jaune pâle au format américain (fente dans la marge droite). Transcription jointe.             (3000.-)   2000.-

Magnifique «Ecrit de guerre» qui pourrait être un chapitre resté inédit de La Citadelle.

«... C'est alors que je composai cette exhortation aux soldats. Il n'est point à vous de choisir ! Vous êtes muraille et soldats... pour un peuple entier. Simplement destinés à la mort dans l'heure où vous êtes soldats. Vous êtes corbeille (?) des morts pour abriter la vie... Vous êtes bac de Dieu, en bois usé, pour la traversée de votre peuple et de tout l'héritage de son esprit et de son cœur. Vous êtes mains jointes pour soutenir. Il ne s'agira jamais de vous, car du jour où vous avez fait le premier pas dans mon armée, vous n'êtes plus...».

Puis, plus loin : «... Vous êtes ceux dont on a besoin. Mais vous n'avez besoin de personne. Nul ne vous aidera, car vous êtes l'aide. Et il se peut que vous mourriez sans soins...». Peut-être d'ailleurs ne seront-ils pas même payés de leurs peines, étant eux-mêmes «... monnaie. Vous êtes la monnaie de change. Je ferai de votre sang le versement du prêt... Vous êtes ce qui paie ce qui n'a point de prix. Et il se peut que j'échange cent mille d'entre vous, pour le sauvetage de l'enfant injustement ravi ou menacé de mort ou qui pleure... Vous m'avez donné votre vie et je vous l'accorde encore... Vous êtes des survivants sans bail... Je vous veux le cœur chaste de haine. Vous ne haïrez point votre ennemi. La haine est rancune des faibles. Mais l'ennemi doit périr de vos mains...». Par contre, les soldats ennenis blessés sur le champ de bataille se trouvant en sursis de mort, le devoir de chacun est de les secourir de les recueillir «... comme des épis tombés de la gerbe... [ainsi] ceux-là sont sauvés de la mort...», etc.

Tracé d'une plume rapide, ce texte, complet en soi et très peu corrigé, date du dernier séjour que fit Saint-Exupéry aux Etats-Unis ; là-bas, loin de sa patrie, il travailla à la rédaction de La Citadelle et à son chef-d'œuvre, Le Petit Prince.

 

 

232.         SAINT-JOHN PERSE, Alexis Léger, dit (1887-1975) Poète et diplomate français, prix Nobel en 1960 - Manuscrit autographe, sept lignes sur feuille in-12 obl. ; (New York, 4.I.1941).                        (600.-)     400.-

Sur un feuillet du fameux hôtel new-yorkais «The Barklay» situé tout près de la Park Avenue, le diplomate a tracé de sa belle écriture un message composé d'une phrase reprise trois fois, tel un poème surréaliste : «Tu n'auras qu'à me le dire et je le ferai faire. Ils le peuvent...», ces trois mots se répétant à la fin.

Curieux document entièrement autographe (rare), datant de l'époque où l'ancien diplomate, exilé de France (1940) et privé de sa nationalité comme de ses biens par le gouvernement de Vichy, s'apprêtait à se rendre à Washington où une place de conseiller littéraire l'attendait à la Library of Congress.

 

233.         SAINT-PIERRE, Henri Bernardin de (1737-1814) Ecrivain fr., ami de Jean-Jacques Rousseau - L.A.S. «Ton ami Bernardin», 1 3/4 pp. 8° ; Paris, 11.X.1807. Adresse et marques post. sur la IVe p.      (1200.-)   800.-

Bernardin de Saint-Pierre commence par reprocher, gentiment mais fermement, à sa femme certaines de ses dépenses quand le procès des Didot ressuscite (ceux-ci avaient édité son ouvrage «Etudes de la Nature» qui fut un immense succès), que de mauvais payeurs l'obligent à employer l'huissier, que les dépenses d'un deuil et de petits neveux malheureux viennent encore grever son budget : «... ta mère, Dieu merci, ne manque de rien et toi encore moins, ainsi ne manque pas de me rapporter... les 200 francs de mon billet... lorsque les temps deviendront meilleurs, tu t'en ressentiras. J'ai lieu de l'espérer par une lettre singulière que je te communiquerai à mon retour...».

Il est arrivé à Paris par un temps exécrable, imaginant son épouse récitant «... la fable des deux pigeons, bon gite et le reste...», et se consolant à l'idée de la savoir bien au chaud avec sa nichée. L'écrivain cite encore son confrère Picard, avoue que sa triple fonction lui donne bien de l'embarras, etc., etc.

 

 

234.         SAINT-SAËNS Camille (1835-1921) Compositeur fr. - L.A.S., 3 pp. 8° ; Paris, 18.IV.1895.  (1000.-)   600.-

Tombé sous le charme du jeune contralto suisse Clotilde BRESSLER-GIANOLI (1874-1912), il fait part de sa «découverte» à un directeur de théâtre (Calabresi, du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles) : elle «... a chanté le rôle [de Dalila] à Genève avec un très grand succès. Elle est engagée à Milan pour cet hiver... et peut-être pourrait-elle aller chanter chez vous avant... Jolie, distinguée, excellente musicienne et douée d'une voix très fraîche et suffisamment puissante, c'est à mon avis une perle... beaucoup mieux en nature que sur sa photographie...». Plus loin, il rappelle qu'il a fait travailler à Mademoiselle Gianoli «... le rôle d'Anne Boleyne dans Henry VIII et j'en ai été charmé ; elle a une rare intelligence du chant et du sentiment dramatique...».

Cette artiste genevoise fut effectivement l'une des grandes interprètes des œuvres de Saint-Saëns (elle avait débuté en 1891 dans Samson et Dalila), mais aussi de Massenet, Bizet et Charpentier dont elle chanta dans la première de «Louise» aux Etats-Unis. En 1912, une opération d'appendicite mal réussie l'emporta à l'âge de 38 ans.

 

235.         SAINT-SAËNS Camille - L.A.S., 3 pp. in-8 ; Paris, 6.XI.1898.                  (500.-)     350.-

«... Moi, tout puissant à l'Opéra ! c'est ainsi qu'on écrit l'histoire. Sachez qu'on n'y tient aucun compte de mes moindres désirs ; ... un jour... Gailhard... m'a répondu que je n'y connaissais rien en fait de chant. Je n'y reçois à ce Théâtre que des rebuffades et j'y mets les pieds le plus rarement possible...».

 

236.         SAINT-SAËNS Camille - Deux L.A.S., 4 pp. in-8 ; la première est datée de Cannes le 27.III.1907 (coin sup. gauche restauré, sans perte de texte), la seconde, sur papier de deuil, est sans date.   (500.-)     350.-

1) Ayant décidé de s'arrêter à Cannes, il prévient une demoiselle qu'il ira lui rendre visite le lendemain ; 2) Amusante missive : «... Vous n'avez pas compris. Votre père m'a parlé d'un monsieur que je connais, décoré par le ministère... à qui je devais envoyer des félicitations, et j'ai oublié qui est le monsieur décoré. Est-ce clair cette fois ?...».

 

237.         SAINT-SAËNS Camille - P.A.S., 1 p. in-4 obl. [Paris], «Septembre 1911».                            (450.-)     300.-

Belle page destinée au chef des chœurs de La Scala de Milan, Aristide VENTURI, écrite peu après une représentation de Samson et Dalila. «Trop heureux d'avoir l'occasion de vous remercier de cette belle exécution de Sansone... où les choristes instruits et dirigés par vous ont montré des qualités si précieuses d'ensemble et de justesse avec un soin des nuances que j'ai rencontré bien rarement...».

 

238.         SAINT-SIMON, Henri de Rouvroy, comte de (1760-1825) Philosophe et économiste français, père des Saint-Simoniens - L.A.S., 2/3 p. in-4. Adresse autographe sur la IVe page. (Vers 1817/18).     (750.-)     500.-

Il annonce au «... célèbre Compositeur Nicolò...» ISOUARD (1775-1818), de Malte, avoir reçu une somme d'argent sur laquelle il ne comptait pas avant une quinzaine de jours ; il n'a par conséquent plus besoin de son service, le remercie chaleureusement et lui recommande de «... ne parler à personne... de la demande que je vous avais faite...».

 

239.         SAMPER Baltasar (1888-1966) Compositeur et musicologue catalan, né à Majorque et mort au Mexique - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, 26.II.1930. Peu commun.                                (400.-)     250.-

Magnifique extrait musical, six longues lignes de sa Première Suite suivies d'une dédicace au violoniste catalan Joaquim Mestres, membre de l'Orchestre Pau Casals.

 

240.         SAND George (1804-1876) Femme de lettres française, ses liaisons amoureuses avec Musset et Chopin sont restées célèbres - L.A., signée d'un trait formant paraphe, 4 pp. in-8 ; Nohant, 2.I.1863.                (900.-)     600.-

Longue lettre inédite sur papier à son chiffre, adressée à des amis intimes, un jeune couple venant de lui annoncer la naissance de leur enfant. «... Merci de ton souvenir et de celui de Marguerite. Je vous bise tous les deux... et vous souhaite une foule d'Andrés, tous plus gros et plus tyrans les uns que les autres... à condition pourtant qu'il ne vous empêchent pas de venir à Nohant...». Elle se dit enchantée du mariage de Maurice avec Lina Calamatta : «... Notre fille (Lina et non Solange !) est un amour et nous promet un heureux événement pour l'année. Et Maurice n'a pas honte de proclamer...» sa satisfaction.

L'écrivain attendait «... un mot de Lambrouche  (le peintre Eugène LAMBERT, 1825-1900)... On nous a dit qu'il mangeait des truffes et prenait du ventre...» ; quant à l'auteur dramatique Edouard CADOL (1831-1898), il est l'hôte de Nohant et «... nous a fait trois pièces très très jolies...» (probablement pour le théâtre de marionettes de Maurice). George Sand lui trouve du talent : «... il ne lui faudrait que du débouché. Je travaille à lui en faire avoir...».

 

 

 

 

241.         SANTARÉM, Manuel Francisco de Barros e Sousa, Vicomte de (1791-1855) Illustre géographe et diplomate portugais, considéré comme le créateur d'une histoire systématique de la cartographie - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Paris, 27.XI.1848.                                                                                                                      (800.-)     500.-

Importante missive où Santarém défend avec fermeté sa «... priorité de l'idée d'une publication...» relative à l'édition des premiers recueils de cartes anciennes.

Une revue allemande vient d'imprimer «... intégralement une brochure que M. Jomard a publié il y a près de deux ans, et dans laquelle il a voulu soutenir après ma publication d'un recueil de cartes du Moyen-âge, une prétendue priorité de l'idée... Les allégations soutenues dans ladite brochure étant contraires à la vérité des faits...». Le vicomte, qui affirme détenir des preuves incontestables, sollicite un droit de réponse, «... acte d'impartialité et de justice due à la vérité... M. Jomard aurait mieux fait de mettre son éternel projet à exécution... que de perdre son temps avec de pareilles réclames...» !

 

Santarém saisit l'occasion pour faire parvenir à son correspondant un exemplaire colorié de son «... grand Atlas des monuments géographiques, lequel renferme déjà plus de 100...» cartes anciennes, dont certaines du VIe siècle ; il y ajoute un volume de son Essai sur l'histoire de la cosmographie, etc.

Ayant suivi en 1807 la famille royale du Portugal au Brésil, Santarém y occupa différents postes diplomatiques avant de revenir s'établir en Europe en 1819 où il se consacra dès lors au développement d'une science nouvelle qu'il nomma «cartographie».

 

 

242.         SARTRE Jean-Paul (1905-1980) Philosophe et écrivain français, prix Nobel (qu'il déclina) en 1964 - L.S. «J.-P. Sartre», 2/3 p. in-4 ; Paris, 21.XII.1963.                                                                              (750.-)     500.-

Au journaliste Roger PILLAUDIN (n. 1927). «... J'avais en effet beaucoup d'amitié pour Jean COCTEAU ; je comprends ce que vous souhaitez et je suis touché de votre insistance. Il est certain que j'aurais volontiers rendu hommage à COCTEAU si je ne m'étais fait une règle absolue, depuis 1958, et tant que les choses ne changeront pas, de ne jamais parler...» à la RTF (radio-télévision fr.).

 

243.         SAVOIE, Christine de France, duchesse de (1606-1663) Fille d'Henri IV et de Marie de Médicis, elle épousa le duc Victor-Amédée Ier de Savoie. A la mort de celui-ci, elle exerça la régence et résista énergiquement aux ambitions de la France gouvernée par son frère Louis XIII, puis par son neveu - Deux L.S., 2 pp. in-4 ; Chambéry, 1637/1640. Adresse et cachets sur la IVe page.                                 (300.-)     200.-

La duchesse de Savoie accepte de prendre pour «... premier escuier...» le baron Dalemagne et définit les limites de sa charge. Trois années plus tard, la régente l'informe que «... le Marquis de St Germain m'ayant fait demander v.re fille en mariage, j'ay voulu scavoir d'elle Sa volonté sur ce sujet...», etc.

 

244.         SCHMITT Florent (1870-1958) Compositeur français, élève de Massenet et de Fauré. Lié à Satie dès 1892, il fut aussi l'ami de Debussy - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Lyon, (1922).                                                  (250.-)     150.-

A Lyon, où il dirige le Conservatoire national de musique, Schmitt traverse des moments difficiles : «... La période d'enthousiasme est passée... Même la période de saturation. J'en suis - comme d'ailleurs la plupart de mes contemporains - à la période d'indifférence...». Il espère que le recul des années lui permettra «... de mettre à la place qui lui revient un musicien (Debussy, † en 1918 ?) certainement très grand mais pas assez ancien encore pour provoquer chez nos sensibilités un regain d'émotion. Dans un demi-siècle... j'espère pouvoir formuler une appréciation moins désintéressée...».

Pour l'heure, son intention serait d'écrire quelques pages sur Quand la cloche sonnera (de A. Bachelet, 1922) et sur le Gianni Schicchi de Puccini, joué à l'Opéra-Comique en 1922, etc.

 

245.         SCHMITT Florent - L.A.S., 2 pp. in-4 ; St Cloud, [2.XI.1925].                   (300.-)     200.-

En octobre 1925, Florent Schmitt avait composé une musique d'accompagnement pour le film Salammbô que Rouché avait fait projeter à l'Opéra ; la tentative n'eut aucun succès et Rouché renonça à donner ce genre de spectacle «... au moins pour le moment...».

Le compositeur remercie ici l'auteur d'un article, lui avoue qu'il croit peu en la réussite de l'entreprise et fait de judicieuses remarques sur les orchestres de Cinéma. «... La chose sur laquelle il faudrait surtout insister c'est sur l'indissociation de la musique et du film... D'après Louis Aubert, 400 cinémas doivent donner Salammbô. Combien joueront la partition ? Aucun sans doute. Très peu inséreront peut-être... des musiques de moi réduites par Branga, Chapelier ou Deouton (?). Les autres joueront des tangos et des souvenirs d'Aïda...». Un récent voyage à Liège, où le film a été projeté sans partition, le confirme dans ses idées : composer pour le cinéma c'est s'offrir en dupe.

Comme il le laisse entendre ici, Schmitt tirera de Salammbô trois «Suites pour orchestre» données au concert. Quant à Antoine et Cléopâtre, dont il est question à la fin de la lettre, il s'agit d'une musique de scène sur texte d'André Gide, composée en 1920.

 

246.         SCHWEITZER Albert (1875-1965) Philanthrope et musicien alsacien, prix Nobel de la Paix en 1952 - P.A.S., 1/2 p. in-8 obl. ; Gunsbach, 1.III.1933. Trous de classement dans la marge gauche.          (400.-)     250.-

Quelques lignes de la main du Docteur Schweitzer à la suite d'une brève lettre écrite par sa secrétaire Emy MARTIN remerciant pour un envoi Martha HINRICHSEN, femme d'un des responsables de la maison d'éditions musicales Peters Verlag, de Leipzig. Cette dernière lui ayant parfois offert certaines partitions de Bach, le philanthrope sollicite son aide : «... Ich bin Ihnen sehr verdanken, wenn Sie für richtige Erledigung inliegenden Auftrags an das Hans Peters sorgen wollen...», etc. (Je vous serais fort reconnaissant si vous vouliez vous occuper de contrôler l'envoi de la commande ci-incluse, etc.).

Il s'agissait sans doute d'une nouvelle commande de partitions de musique pour orgue, l'une des grandes passions du célèbre Alsacien.

 

247.         SIBELIUS Jean (1865-1957)Compositeur finlandais - L.A.S., 1 p. in-4 ; J-rvenp--, 9.XII.1918. Enveloppe autographe jointe. En finlandais.                                                                                           (900.-)     600.-

Au lendemain de son 53ème anniversaire, le musicien adresse ses remerciements à un couple d'amis pour le magnifique bouquet de fleurs «... qui remplissent la maison de leur parfum...» à une époque de l'année où cela est plutôt rare, etc.

Cette lettre à Alfhild LINDBERG, femme de l'architecte Hugo L. (1863-1932), de Helsinki, se place un mois à peine après la première exécution (24.X.1918) de son op. 92 Oma maa (Mon Pays), musique pour chœur et orchestre composée en deux semaines seulement.

A la même époque, Sibelius composait péniblement la version définitive de sa Cinquième Symphonie, op. 82, qui allait se révéler être un triomphe. Très belle page, entièrement autographe.

 

248.         SIGNATURES AUTOGRAPHES XIXe siècle - Intéressante collection d'environ 200 grands fragments de lettres ou documents, signés par des personnalités politiques et militaires, ministres, artistes, écrivains et savants, etc., pour la plupart du Second Empire.                                                                   (900.-) 500.-

 

Abbatucci, Argout, Bacciochi, Baroche, Marcelin Berthelot, l'archéologue Beulé, le prince Albert de Broglie, Sadi-Carnot, Casimir-Périer, Castelnau, Cretet, Decazes, Duclerc, Duperré, Falloux, Faucher, Ferry, Fould, Freycinet, le duc de Gramont (1870), J. Grévy, le statuaire E. Guillaume, Guizot, l'amiral Hamelin, Hyde de Neuville, Lockroy, E. Loubet, le chancelier de Maupeou (1773), J. Méline, le général Mercier (anti-Dreyfusard), Montalivet, le duc de Morny, le maréchal Niel, Persigny, Peyronnet, Poubelle, Rémusat, l'amiral de Rigny, Rouher, le maréchal de St-Arnaud, Thiers, le comte Walewski, etc., etc. Signatures conservées dans des chemises portant des renseignements biographiques annotés par le collectionneur les ayant réunies (fin XIXe).

 

249.         SIVORI Camillo (1815-1894) Violoniste italien, élève de Paganini - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Paris, 16.V.1876. Enveloppe jointe.                                                                                                (300.-)     200.-

A Jules Bordier, «banquier» et compositeur à Angers, auteur d'une pièce de musique que Sivori souhaiterait jouer «... en petit comité d'artistes afin de juger de l'effet qu'il peut produire en public...», etc. Jules BORDIER (1846-1896) venait de fonder à Angers l'Ass. artistique des concerts populaires dont l'orchestre fut entre autres dirigé par Gounod, Saint-Saëns et Massenet.

250.         [Ramuz] SPIESS Henry (1876-1940) Legrand poètegenevois - Deux L.A.S., 3 pp. in-4 ; Mouilleronde et Genève, août/sept. 1937.                                                                                                              (400.-)     250.-

Pour fêter les 60 ans de l'écrivain vaudois C. F. RAMUZ, ses amis ont projeté de faire paraître un volume en 1938. L'un des organisateurs est Adrien BOVY un proche de Ramuz depuis le début du siècle, comme l'étaient également les frères CINGRIA, SPIESS et Gonzague de REYNOLD, tous réunis autour de la revue La voile latine.

Spiess dit adhérer avec élan à l'initiative de Bovy mais, n'ayant aucun poème inédit à offrir, suggère de «... reproduire dans ce recueil un passage d'Attendre (dans Printemps, 1907) qui s'adressait à Ramuz et où ton nom figure aussi...». Il regrette «... de ne pouvoir participer [autrement]... au volume : c'est si dur pour moi de ne plus rien produire...». D'autre part, M. Heyd ayant déclaré être enchanté de ce choix, Spiess se dit surpris «... au plus haut degré... [et présume] que ce M. Heyd doit être un tout jeune homme...». Enfin, il avoue être plutôt «... heureux de penser que mon nom ne sera pas tout à fait absent de la publication qui se prépare en Hommage à C. F. ...», etc. Belle correspondance, témoignage d'une ancienne amitié.

 

251.         SPONTINI Gasparo (1774-1851) Compositeur italien, à Paris dès 1803 puis à Berlin de 1820 à 1838 - L.A.S., 1 p. in-8 ; [Berlin], 29.V.1837.                                                                                            (350.-)     250.-

A un conseiller du roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, afin de «... sollicitier de votre complaisance, autrefois expérimentée, quelques momens d'entretien à un jour prochain... dans un après-midi chez vous...». Un an plus tard, Spontini, désormais détesté à cause de son caractère difficile, était contraint de regagner Paris... Jolie page autographe avec très belle signature.

 

252.         STAËL-HOLSTEIN, Germaine Necker, Baronne de (1766-1817) Femme de lettres à tendance libérale, elle s'opposa à Napoléon dont on dit qu'elle fut amoureuse - L.A.S. «Necker Staël de Holstein», 1 p. in-4 ; (Londres, oct. 1813 ?).                                                                                                      (1200.-)   800.-

«Madame, Votre Altesse Royale me permet-elle de m'appuyer auprès d'elle de mon admiration et de mon attachement pour sa famille  lorsque j'ose lui demander d'être admise chez elle...». Tant de personnes, dont le Prince de LIGNE, «... m'ont parlé de votre altesse royale avec ravissement que je croirais manquer au sort si je ne profitais pas de l'occasion...», etc.

Cette missive semblerait avoir pour destinataire Marie-Thérèse de Bourbon, duchesse d'ANGOULÊME (1778-1851) ; celle-ci se trouvait en effet en exil à Hartwell, non loin de Londres, auprès de Louis XVIII, lors du voyage de Madame de Staël en Angleterre, en automne 1813. D'autre part, dans une lettre à la reine de Suède datant de la fin du mois d'octobre 1813, la Baronne écrivait entre autres : «... J'ai vu le roi de France et la duchesse d'Angoulême. Ils m'ont reçue avec une grande bonté et j'espère m'en rendre digne par mon attachement pour eux...», etc.

 

253.         STAGNO Roberto (1840-1897) Célèbre ténor italien, grand interprète des opéras de Rossini, Meyerbeer et Verdi. Premier Turiddu de la Cavalleria rusticana de Mascagni - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Madrid, 26.III.1873. Joli petit en-tête gravé et coloré (tête de lévrier).                                                                                (300.-)     200.-

A l'impresario milanais Giuseppe LAMPERTI (1834-1898), à propos d'un nouvel engagement proposé par «Bomba». Il n'a pu se servir de la voie télégraphique pour transmettre son message «... perchè in questa Inquisitoriale Spagna, altro non esiste oggi, che il suolo, ed il cielo ambidue cose invidiabili, però la infamia e la barbaria degli Uomini han fatto sì che ne telegrafo, ne Ferrovie esistono...». Dans une note autographe au crayon, Lamperti résume le contenu de la réponse qu'il fit au ténor : «Scriva quando potrebbe venire. Dal Verme (le théâtre) sempre pronto scritturarlo per un certo numero di recite...». Belle lettre.

 

254.         STANISLAS Ier Leszczynski (1677-1766) Roi de Pologne de 1704 à 1709 et de 1733 à 1735 - L.S. «Stanislas Roy», 2/3 p. in-4 ; Lunéville, 4.I.1742.                                                                             (800.-)     500.-

«... Il faudrait n'avoir point ouï parler de Votre Eminence, pour n'être pas persuadé de toute la sincérité des souhaits qu'elle me fait... Votre mérite me répond de tous les sentimens que vous me témoignés, et me fait désirer sur toutes choses de trouver des occasions à vous faire connoître que je m'intéresse extrêmement à tout ce qui vous regarde...». Au cardinal-archevêque de Milan, Carlo Gaetano STAMPA (1677-1742).

La diplomatie française l'ayant contraint à abdiquer en 1738, Stanislas Ier consacrait la fin de sa longue vie à embellir ses capitales de Lunéville et Nancy et à y constituer une cour de nobles et de lettrés.

 

255.         STEGER Ferenc (1824-1914) Ténor hongrois, grand interprète des opéras de Rossini, Donizetti et Verdi - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Barcelone, 20.II.1872. Note de réception en haut de la page.                     (250.-) 150.-

 

Steger communique à l'impresario milanais Giuseppe LAMPERTI (1834-1898) ses conditions pour aller chanter à Odessa : «... cinquemila franchi in oro mensili, ed una mezza serata netta di spese. Se potrai arrivare al viaggio [remboursement du voyage] mi farai cosa grata...». Cette somme lui paraît justifiée, un impresario de Bucarest lui ayant offert «... 20.000 franchi per 5 mesi, con serata e viaggio da Pest 2 persone ; io ne volevo 25.000....».

La saison musicale de Barcelone se présente plutôt bien, malgré une organisation exécrable, «... un caos da perdere la testa...». Il évoque le succès obtenu à Valencia par la troupe lyrique dirigée par Costantino Dall'Argine, etc.

 

 

256.         STRAVINSKY Igor (1882-1971) L'illustre compositeur russe - MUSIQUE A.S. «J. Str.», 1 p. in-12 obl. Vers 1965.                                                                                                                                    (1800.-)   1200.-

Extrait de son célèbre ballet Petrouchka. Sur une portée musicale, semble-t-il préparée à l'avance, Stravinsky a placé une dizaine de notes dont il a curieusement détaché les hampes, tracées bien au-dessous.

 

257.         STRAUSS Richard  (1864-1949) Compositeur et chef d'orchestre all. - L.A.S., 1 1/2 pp. sur carte in-12 ; «Montag den 14. Nov.» [Berlin, 1898]. Trous de classement dont l'un touche un mot.    (900.-)     600.-

Le jeune chef d'orchestre de l'Opéra Royal de Berlin (depuis le 1er nov.) s'adresse à un docteur qui s'était rendu chez lui la veille alors qu'il se trouvait au théâtre. Strauss invoque un malentendu, se confond en excuses et l'invite à une soirée «... Tout à fait dans le cercle familial. Bien entendu, en tenue de ville...» (traduction du texte rédigé en allemand).

En mars 1898 avait eu lieu à Cologne la première de son Don Quichotte et, tout au long de l'année, Strauss avait travaillé à son Op. 40, Ein Heldenleben, poème symphonique qui sera présenté en 1899 à Francfort.

Signature de jeunesse, non encore précédée de l'immanquable «Dr», rajouté fièrement par le compositeur dès 1903 après avoir reçu le titre de docteur honoris causa de l'Université de Heidelberg.

 

258.         SUCHET, Louis-Gabriel (1772-1826) Maréchal d'Empire, commandant l'armée d'Aragon – Deux L.S., 2 pp. in-4 ; Italie, 1798/99. En-têtes imprimés.                                                                    (250.-)     150.-

Au général de division Grenier, commandant l'aile gauche de l'armée d'Italie, pour le renseigner sur un mouvement de troupes et lui signaler un «... magazin de sel appartenant à S. M. Le Roi de Sardaigne...» dont les troupes françaises peuvent profiter.

 

259.         SUÈDE, Charles XIV Jean de (1763-1844) Roi dès 1818, plusconnu comme J. B. Bernadotte, Maréchal d'Empire - L.S. «Carl Johan», avec large paraphe, 1 p. in-folio ; Château de Stockholm, 10.X.1828. Adresse et sceau de cire rouge (brisé) sur la IVe page.                                                                                                  (450.-)     300.-

Missive en suédois concernant la promotion du président d'une Commission militaire. Le document est contresigné par J. NORDENFALK (1769-1846), ministre, secrétaire d'Etat à la Guerre. Grande et belle signature «royale» de Bernadotte.

 

260.         TALAAT Pacha et les JEUNES TURCS en 1909 - P.S. par Mehmed TALAAT Pacha (1874-1921, assassiné) et 15 autres Jeunes Turcs, 4 pp. 12° montées ; (Londres), 18.IX.1909. Lettre jointe. (2500.-)   1500.-

Document historique exceptionnel se plaçant peu après la révolutiondes Jeunes Turcs en 1908 et réunissant les signatures, en caractères latins et arabes, de seize députés issus du nouveau Parti qui allait, avec Talaat et surtout Mustafa Kemal, bouleverser la Turquie, la propulsant du moyen âge au XXe siècle ! La signature de TALAAT est suivie de celles des représentants de Tripoli de Syrie, Bagdad, Beyrouth, Kirk-Kilissé, Jeddah, Smyrne, Serres, Damas, Jérusalem, Monastir et quelques autres.

On joint une L.S. (1 p. in-4) du journaliste anglais James A. LITTLE (du «St Stephen's Intelligence Bureau» ; Londres, 20.X.1913) qui accompagnait l'envoi des autographes ci-dessus, expliquant qu' «... After the Young Turks moved on Constantinople at the beginning of 1909, and removed Abdul, they sent a deputation of the first real Turkish Parliament to this country, headed by Talaat Bey I had a great deal to do with this movement prior to the Revolution, and when I met them on their arrival, they insisted on giving me their autographs, which they wrote in my notebook... It is really unique as it is the only copy extant of this first Oriental parliamentary deputation to an Occidental country...». Suivent d'intéressants détails sur certains des ces signataires.

 

 

261.         TAMBERLIK Enrico (1820-1889)Ténor italien acclaméde l'Amérique à la Russie. Il interpréta des opéras de Berlioz, Rossini, Verdi, et créa notamment le rôle d'Alvaro dansLa ForzadelDestino – Très rare PHOTO signée, 6 x 10 cm ; (Paris, vers 1862/63).                                                                             (1000.-)   750.-

Superbe portrait en pied, format carte de visite, œuvre du photographe parisien Disderi. Le 10 novembre 1862, Tamburini créait au Théâtre italien de Saint-Pétersbourg le rôle d'Alvaro dans La Forza del Destino de Verdi.

Les photographies de cette époque signées par ce chanteur sont très peu communes. [Voir l'illustration en couverture]

 

262.         TAMBERLIK Enrico - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Madrid, 4.II.1879.                                     (250.-)     150.-

«... Je quitte Madrid pour me rendre à Paris. Il m'est impossible de m'arrêter, car je dois me trouver absolument à Paris vendredi...», où on l'attend probablement au Théâtre Italien ; c'est là en effet qu'en 1858 déjà son «ut dièse» avait créé l'étonnement et l'admiration...

 

263.         TCHAIKOVSKI Petr Ilitch (1840-1893) Compositeur russe dont l'œuvre a exercé une influence importante sur plusieurs générations de musiciens - L.A.S., 2 pp. sur une jolie carte in-12 obl. ; Klin, 9/12.X. 1892. En-tête à son chiffre et bords dorés.                                                                                     (6000.-)   4000.-

De Klin où, désormais illustre et financièrement à l'aise, il s'est installé depuis peu dans l'espoir d'y trouver une certaine tranquillité d'esprit, Tchaikovski écrit à un intime (Edouard COLONNE, l'organisateur de concerts ?) pour le prier de bien vouloir accorder son soutien et sa bienveillante protection à la «... sympathique compatriote...» qui lui remettra cette lettre, Madame Stoss-Petroff, une «... très bonne pianiste...». Il l'en remercie vivement par avance.

C'est précisément à Klin que Tchaïkovski va composer cette année-là son opéra Iolante et la musique du ballet Casse-Noisette. La première représentation de ces deux œuvres allait avoir lieu le 29.XII.1892, moins d'une année avant la mort du compositeur.

 

264.         TEWFIK Pacha (1852-1892) Khédive d'Egypte dès 1879, il avait succédé à son père Ismaïl déposé par la Porte et contraint à l'exil en Italie - L.A.S., 1 p. in-8 ; Palais de Ras-el-Tin, 10.VII.1884. En-tête royal au chiffre couronné.                                                                                                          (1200.-)   800.-

Très belle lettre à Sir Evelyn WOOD (1838-1919), devenu premier «Sirdar» (chef) de l'armée égyptienne en déc. 1882, peu après la rebellion d'Arabi Pacha. Le Khédive le complimente pour ses succès remportés à la campagne du Soudan où l'on s'efforçait de réprimer la révolte de El-Mahdi et où l'on tentait de sauver Gordon Pacha, enfermé dans Khartoum.

«... J'ai reçu votre lettre ainsi que la dépêche du Colonel Duncan... J'ai été heureux et content soit de ma troupe à Assouan ou à Suakin. Je vois dans tout cela votre zèle intelligent et vos soins...». Le souverain affirme apprécier à leur juste valeur les actions de son correspondant puis lui demande de transmettre ses félicitations «... au Colonel Chernisede Bey et Duncan Bey pour en faire part à mes officiers et soldats...».

Avec l'aide de son second (F. W. Grenfell), le général Wood n'avait pas seulement remis sur pied l'armée égyptienne à la débandade depuis la défaite de 1882, mais avait aussi su organiser la lutte contre les rebelles mahadiste du Soudan en créant des bases militaires à Assouan et dans le port de Souakim (ou Suakin) sur la Mer Rouge. Ainsi, le Soudan échappait peu à peu à l'autorité du Khédive pour ne devenir qu'un condominium anglo-égyptien...

Autographe important et rare. Rappelons que Tewfik mourut dans sa quarantième année.

 

265.         THOMAS Ambroise (1811-1896) Compositeur français, auteur d'opéras, de messes, de cantates et de pièces pour piano - L.A.S., 3 pp. in-8 ; (Paris), 4.IV.1868.                                                                              (250.-)     150.-

Concernant son départ de Paris pour raisons de santé et certains concours du Conservatoire dont il craint de ne pouvoir s'occuper cette année. Il n'a pas oublié l'aimable désir de son confrère d'assister à une représentation d'Hamlet (opéra qui venait d'être créé le 9 mars) et lui promet une stalle pour bientôt, car «... tout est pris d'avance...».

 

266.         THOMAS Ambroise - Carnet de MUSIQUE autographe, 46 pp. in-12 obl., crayon gras ; (Paris, années 1880/91).                                                                                                                                     (2800.-)   1800.-

Cet important carnet personnel semble avoir été le confident du musicien jusqu'au printemps 1891 lors de ses déplacements à l'Opéra et au Conservatoire dont il était le directeur depuis 1871. Il contient non seulement 24 pages d'esquisses musicales («Moderato», «Solfège 1891», «fugue», «Leçon d'harmonie», «Suite de chant», «Allegretto», «Rentrée», etc.) mais de très nombreuses notes relatives aux répétitions de son opéra  Françoise de Rimini  dont la première fut donnée à Paris le 14 avril 1882. En voici quelques extraits : «Vendredi 7 X.bre - au piano ; Samedi - orch. ; Francesca, la tête sur l'épaule ; Duo - regarde moi - à genoux ; Trio : J'ai vu ces guerres sanglantes - en mesure ; Guido chante trop fort ; chœur - descend trop tôt - hommes en avant... 3e acte : air Malatesta, nuances ; le 1er récitatif, trop fort...». Et plus loin : «... Lundi - 1er acte... regarde-moi en Duo, trop tard - M.lle Poissenot... 2e acte... cortège - on entre un peu trop vite dans la Chapelle... 3e acte - Récit de Malatesta, trop haut - il force la voix... Mardi : recommandations... 2e acte final, que le chœur s'aperçoive un peu de Paolo... Les pages masquent trop tôt Paolo... Duo du 1er acte et du 4me, pas plus heureux que toi, avant le baiser... Ascanio tombe trop loin - Malatesta entre mal - Double de Gailhard...», etc., etc. Superbe pièce !

 

267.         TIETJENS Therese (1831-1877) Soprano all., interprète célèbre des opéras de Meyerbeer, Verdi, Gounod, Rossini, Bellini, etc. - Photo avec dédicace A.S. au verso, 6 x 10 cm ; Naples, 31.III.1863.         (600.-)     400.-

Magnifique portrait en buste dédicacé au dos «Alla graziosa Sarolta - Terese Tietjens - Napoli 31 Marzo 1863». Sarolta était le personnage féminin principal de l'opéra du même nom composé par Ferenc ERKEL, représenté à Pest en 1862.

Les photographies de cette époque, signées par de grands interprètes de l'art lyrique, sont très rares !

 

268.         TOLSTOÏ Léon (1828-1910) Romancier russe dont l'œuvre est une critique profonde de la société corrompue par le luxe, le plaisir et le mensonge - P.A.S., deux lignes en russe au bas d'une L.A.S. (également rédigée en russe) de Marie MAKLAKOV, 1 p. in-8 ; [Moscou, 27.II.1899].                                            (2500.-)   1600.-

Depuis le 10 janv., Tolstoï est à Moscou où il s'attardera jusqu'au 19 mai. A la lecture de son Journal, on apprend qu'il travaillait alors à son roman Résurrection, bien que souvent dérangé par des étudiants en grève qui voulaient le voir plus activement mêlé à leurs manifestations. Il a donc peu de temps à consacrer à sa correspondance, et c'est Marie MAKLAKOV (sa petite-nièce née Obolenski, épouse de N. A. Maklakov, futur ministre de l'Intérieur russe ?) qui est ici chargée par l'écrivain de répondre en son nom à Petr Pétrovitch NICOLAEV (1873-1928), ce philosophe idéaliste et chrétien qui partageait les opinions de Tolstoï.

L'auteur de Guerre et Paix fait savoir à son ami qu'il a bien reçu ses 500 roubles et qu'il compte lui écrire bientôt personnellement. Au bas de la page,  il ajoute de sa main un post-scriptum en russe de deux lignes le remerciant et approuvant le texte rédigé plus haut par sa petite-nièce ; il signe de son nom complet «Léon Tolstoï», en cyrillique.

Belle pièce écrite dans un moment crucial de la vie littéraire de l'écrivain qui, dans ses Carnets personnels, notait à la date du 26 juin 1899 : «... Quatre mois... J'ai travaillé et je travaille intensément à Résurrection. Il y a beaucoup de choses, il y a des choses pas mauvaises, il y a ce au nom de quoi on a envie d'écrire...».

 

 

269.         TRILLER Daniel Guillaume (1695-1782) Médecin et poète allemand, adversaire de Klopstock dont il essaya de ridiculiser la Messiade - L.A.S., 3 pp. in-4 ; Wittenberg, 22.IX.1751.                                              (600.-)     400.-

A son confrère et ami, le médecin Jean-Philippe BURGGRAVE (1700-1775), de Francfort, «Illustri et Experientissimo Viro, Jo. Philipp. Burggravio, Doctori Medico longe Celeberrimo, S.d.p. ...».

Belle lettre en latin relative à un poème que lui a inspiré la mort de sa femme : «... Accipe nunc lessum in acerbissimum incomparabilis plane uxoris mea funus, in itinere maximam partem, subito potius effusum ; quam cum anxia cura solicitoque studio elaboratum... Nihil igitur aliud... ostendere et exprimere studui quam animum moestissimum Mariti afflictissimi et patri ob septem Liberorum maximam partem nondum adultorum miserandum fatum, infelicissimi...», etc. Ex-collection W. Künzel.

 

 

270.         UNGER Karoline (1803-1877) Célèbre alto d'origine hongroise, elle rencontra à Vienne Beethoven qui la fit chanter dans la première de sa 9ème Symphonie. Plusieurs compositeurs, dont Bellini, Donizetti et Mercadante, écrivirent pour elle certains de leurs opéras - L.A.S. «C. Sabatier», 3 pp. in-8 ; Pise, 15.III.1856. Papier uniformément bruni. Adresse et marques postales sur la IVe page. En italien.              (600.-)                400.-

Karoline Unger - aujourd'hui encore considérée l'une des plus grandes cantatrices de tous les temps - s'est désormais retirée de la scène, après avoir épousé en 1841 l'écrivain français François SABATIER (1818-1891), de 15 ans son cadet.

Elle explique ici longuement pourquoi elle n'a pu, ou su, placer chez une de ses connaissances s'intéressant à l'art, un dessin original du peintre RENNA, élève de Velasquez. Aucune des solutions suggérées ne semblent convenir au client potentiel, et notamment le prix demandé : «... Sono stata veramente Donna Desideria questa volta [et] non l'attribuisca a mal volere o negligenza per carità !...», etc.

 

 

271.         VALLISNIERI Antonio (1661-1730) Célèbre naturaliste italien, il combattit la génération spontanée, fit une foule d'expériences sur la vie des insectes, notamment sur leur génération - L.A.S., 1 p. in-8 gr. ; Padoue, 8.V.1710.                                                                                                                               (800.-)     500.-

Bologne le laissant sans nouvelles à propos de la distribution de ses livres, il demande qu'on renvoie les ouvrages à Padoue où d'autres intéressés se sont manifestés. Vallisnieri, qui était titulaire d'une chaire de médecine à l'Université de cette ville, évoque encore les sérieux problèmes de santé de son confrère le physiologiste Domenico GUGLIELMINI (1655-1710) : «... è mortalmente infermo...» ; celui-ci allait décéder le 12 juillet suivant.

 

272.         VAUDREUIL, Louis Philippe Rigaud, Comte de (1691-1763) Marin fr. né au Québec où il prêta service jusqu'en 1725. Se distingua au combat naval de Cap Finistère en 1747. Son père fut gouverneur g.al du Canada de 1704 à 1725- L.S., 1 p. folio ; Rochefort, 6.VIII.1755. Cachet de cire aux armes.   (300.-)     200.-

Le vieux commandant de la Marine, basé au port de Rochefort, donne copie de la «Liste des officiers de la Marine nommés par le Roy pour servir sur les flutes que Sa Majesté fait armer... Savoir Le Parham : les Srs Ch.er de Vaudreuil, Ens.e de V.au Commandant ; de Flaville... et Dunezat...». Futur chef d'escadre, L. Ph. de Vaudreuil (1724-1802) était le fils du marin québéquois ; avec l'amiral Grasse, il participera à la guerre d'Indépendance américaine et notamment à la bataille de Yorktown (1781).

 

273.         VERDI Giuseppe (1813-1901) Compositeur italien - Signature sur une L.A.S. d'Andrea MAFFEI (1798-1885), 1 p. in-8 ; (Bergame, vers 1841/42 ?). Adresse sur la IVe page.                      (2000.-)   1500.-

Le poète et librettiste Andrea MAFFEI, est en voyage vers Clusone, petite localité située dans les Alpes italiennes. Il est accompagné de VERDI, malade. Passant par Bergame, les deux hommes auraient aimé rencontrer leur ami Alberto ALBERTI (1785-1844), homme de vaste culture, alors conseiller auprès du Tribunal de cette ville. «Caro Alberti, Verdi e Maffei stanno alla Locanda dell'Italia e desiderano vederti ; ma la stanchezza del viaggio non concede loro il salire (dans la vieille ville). Sii dunque cortese di scendere tu stesso a vederli...». Ils auraient aussi souhaité avoir Alberti pour compagnon de voyage, ou tout au moins pouvoir profiter «... d'una tua visita nei brevi giorni che si tratterranno in valle...».

Jolie missive écrite par le poète au nom des deux, avec à la fin les signatures autographes de «Verdi» et de «Maffei».

Resté veuf en 1841 après avoir perdu ses deux enfants quelques mois plus tôt, Verdi traversait une période de forte dépression et son ami Maffei, dont l'épouse tenait l'un des Salons les plus fréquentés de Milan, essayait à sa manière de distraire le compositeur.

 

 

274.         VERLAINE Paul (1844-1896) Poète français - P.S., 1 p. in-12 obl. ; (Paris), 24.I.1893.                           (500.-)     350.-

Reçu délivré à son éditeur Léon Vanier, lequel lui a remis 5 francs, acompte sur les 75 francs dus sur son «... dernier volume Dans les Limbes...», à paraître l'année suivante. En-tête, l'éditeur a précisé qu'il s'agissait-là du septième reçu.

 

 

275.         VERNET Carle (1758-1836) Peintre français - L.A.S., 1 p. in-4 ; Paris, 22.XI.1809.                                (450.-)     300.-

Carle Vernet, qui signe en tant que «Membre de la Légion d'honneur et peintre du dépôt de la Guerre», sollicite pour lui et pour son fils (Horace, également peintre) «... des Billets d'entrée pour le Bal qui doit avoir lieu à l'Hôtel de Ville le 2 du mois prochain... M. Lagrenée (J. J. LAGRENÉE, 1739-1821, peintre d'histoire attaché à la manufacture de Sèvres) ... me charge de vous demander pour lui la même faveur...». Portrait original joint.

Ce bal, qui fut organisé pour fêter l'anniversaire du couronnement de l'empereur et la célébration de la paix avec l'Autriche, eut en fait lieu le 4 décembre 1809 au grand salon de la Paix de l'Hôtel de ville de Paris, en présence de Madame Mère, des reines d'Espagne, de Hollande, de Westphalie, de Naples, de la Princesse Borghèse, etc.

 

276.         Saint VINCENT DE PAUL (1581-1660) Prêtre français, l'une des plus belles figures de l'Eglise catholique. Il multiplia en France comme à l'étranger les institutions charitables. Canonisé par Clément XII en 1737 - L.S. «Vincent de Paul I.[ndigne] P.[rêtre] de la M.[ission]», 1 p. in-4 ; Paris, 19.IV.1658. Adresse au dos. Papier bruni et marge sup. effrangée. Le texte est de la main de Bertrand DUCOURNAU, secrétaire du Saint.                                                                                                                                                          (7500.-)   5000.-

«... La grace de N.S. soit avec vous... Je loue Dieu du voyage que vous avez fait à Toulon et du succès...», écrit-il dans cette belle missive à Firmin GET, supérieur des prêtres de la Mission, à Marseille. Il réitère son intention de faire parvenir à  Jean LE VACHER, à Tunis, mille livres supplémentaires, «... scavoir les 900 L.t. pour luy et les cent livres pour Mr. le Ch.er de Romilly...», esclave chrétien des Turcs. Saint Vincent espère disposer bientôt d'autres fonds, «... comme aussi [de] ce qui a esté receu icy et fourni des dela pour les forçats... et... nous penserons à vous pour les secours que vous demandez...», etc.

Le Saint avait entrepris une action en faveur des chrétiens blancs retenus comme esclaves par les Barbaresques. A cet effet, il avait en 1648 envoyé à Tunis le missionnaire lazariste Jean LE VACHER  (1619-1683), devenu consul de France, en lui fournissant les moyens financiers nécessaires à sa survie et à son œuvre bienfaitrice que Le Vacher allait poursuivre après la mort de son Maître. Résidant dès 1668 à Alger, il périt attaché à la bouche d'un canon où le dey local, alors en guerre avec la France, l'avait fait attacher sur son refus d'apostasier. Son procès de béatification est en cours.

Précieuse relique et émouvant témoignage des événements et personnages qui ont marqué les années héroïques du catholicisme en mission dans les pays arabes. [Voir l'illustration en couverture]

 

277.         VIOLONISTES XIXe/XXe - Collection de 27 documents (lettres, photos, feuilles d'album, signatures), formats divers.                                                                                                                                        (600.-)     350.-

Bel ensemble réunissant divers autographes de violonistes provenant d'une ancienne collection : Jelly d'ARANY, Jules ARMINGAUD, Ed. COLONNE (7 L.A.S.), Ph. CUVILLON, Jules DANBE, Félicien DAVID (belle L.A.S. de 1845), Mischa ELMAN, Alfred GIBSON, Alex. GUÉRIN (rare L.A.S. relative à un concert), Magd. GODARD, Jos. JOACHIM, Jan KUBELIK (photo signée), MENUHIN (belle photo avec déd. A.S., 1947), ODNOPOSOFF (musique A.S.), SARASATE (feuille d'album signée, photo jointe), etc.

 

278.         VIOTTI Jean-Baptiste (1753-1824) Violoniste et compositeur ital., considéré le fondateur de l'école française de violon de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle - L.A.S. «J. B. V.», 1 p. pet. in-8 ; «ce jeudi 26» (Paris, vers 1822). En IVe page, adresse autogr. et sceau sous papier à son chiffre.  (900.-)     600.-

A son élève André ROBBERECHTS (1797-1860), jeune violoniste belge.

«... Comment est-il possible... que je vous aye écrit pour vos propres intérêts ; que je vous aye prié de passer chez moi, et que vous ne soyez pas venu depuis trois jours... ? J'ai bien envie de me facher contre vous !...». Viotti lui rappelle sa prochaine séance de musique : «... il y aura quelque chose à Chatillon... j'espère que vous vous êtes tenu libre...», etc. Autographe peu commun.

 

279.         VOLTAIRE, François Marie Arouet, dit (1694-1778) Ecrivain et philosophe français - L.A.S., 1 p. in-4 ; «Fernex», 4.IX.1765.                                                                                                                (2500.-)   1600.-

Lettre INÉDITE à François-Louis JEANMAIRE, trésorier de Charles II Eugène de WURTEMBERG (1728-1793). Ce dernier avait fait de la Cour de Stuttgart l'une des plus brillantes d'Europe, mais les finances de ce duc très libertin étaient aussi désordonnées que sa conduite. Voltaire, qui avait accepté de lui prêter de fortes sommes d'argent contre des viagers, en tira de graves soucis.

Le document que nous offrons ici - voir également le lot suivant - a un rapport direct avec ladite affaire (qui ne se terminera qu'avec la mort de l'écrivain) payée toujours avec retard, et grâce à un petit stratagème que l'astucieux Voltaire avait mis au point du temps du père Adam !

Confiant dans une issue rapide et positive de ses crédits, Voltaire s'empresse d'envoyer à MM. Jeanmaire et Sahler - un négociant de Montbéliard, en affaires avec l'écrivain - un reçu se rapportant au dernier quartier de sa rente et leur fait remarquer «... que toutte l'aisance de ma vieillesse est fondée sur la régularité avec laquelle vous voudrez bien me faire toucher...» l'argent, etc. Voltaire évoquera cet arrangement quelques semaines plus tard dans une lettre à Jacob Bouthillier, intermédiaire plus fiable que les deux autres... Belle page entièrement autographe, portant une signaturecomplète avec paraphe.

 

280.         VOLTAIRE - P.A.S., 1 p. in-4 carré ; Ferney, 20.V.1765.                                            (1600.-)   1200.-

Antidaté de plus de trois mois (!?), ce reçu pourrait être celui dont parle Voltaire dans sa lettre du 4 septembre 1765 ci-dessus décrite ; il pourrait aussi se rapporter à un paiement antérieur non mentionné dans les ouvrages spécialisés.

Le philosophe déclare dans ces onze lignes avoir reçu du négociant de Montbéliard, Sahler, «... pour le compte de Monsieur Jeanmarie, conseiller receveur de S. A. S.e Monseigneur le duc de Virtemberg la somme...» de 15.530 livres et cinq sous pour le quartier de ses rentes échu en avril. Ecrite du «chatau de Ferney», cette belle pièce est signée en entier par Voltaire qui ajoute à son nom ses titres de «gentilho. ord. de la chambre du roy, comte de Tournex».

 

281.         VOLTAIRE, Lettre à - L.A.S., 1 p. 8°, du ministre J. J. AMELOT de Chaillou (1689-1749), datée «A Paris, ce mardi matin» (7.I.1744 ?).                                                                                              (800.-)     500.-

En ce début d'année, Voltaire est à Paris où, en «espion amateur», il doit rencontrer le ministre des Affaires étrangères de Louis XV pour lequel il «travaille». Amelot adresse ce message à «Mr de Voltaire» pour l'inviter à se rendre le jour même dans ses bureaux afin de s'entretenir avec lui «... sur ce que contiennent vos dernières lettres auxquelles il m'eut été trop long de répondre par écrit...», etc.

Curieux document se plaçant à une époque où notre philosophe rêvait d'être agréable au gouvernement français en envoyant de Hollande et de Prusse des renseignements sur les armées et les finances de ces pays. De retour à Bruxelles, à la fin du mois de janvier, Voltaire suivra dans sa chute le ministre Amelot, disgrâcié en avril 1744 pour... incompétence !

 

282.         VOLTAIRE, La nièce de - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 pet., de Marie-Louise Mignot, femme DENIS (1712-1790), datée «ce 22 janvier de Fernex» (Ferney, 1760/1770 ?). Adresse autographe sur la IVe page. Ex-collection Wilhelm KÜNZEL (1819-1896).                                                                                    (500.-)     300.-

A Monsieur Du Val, lieutenant général du baillage de Gex. «Quoi que je sache... que les recomendations sont inutilles auprès d'un juge aussi éclairé et aussi integre que vous, je prends la liberté de vous prier de bien examiner laffaire de Landri : il a affaire a un nommé Rafo qui avait... acheté une maison dans notre vilage et... ruiné en proces tous ses voisins...», etc.

 

283.         WAGNER Richard (1813-1883) Compositeur allemand - L.A.S., 1 2/3 pp. face à face in-8 ; (Paris),  29.XII.1860.                                                                                                                         (5500.-)   3800.-

En décembre 1860, Wagner termine à Paris la mise au net de la partition relative à la scène nouvellement composée du Venusberg de Tannh-user (acte I). Il doit aussi faire face aux polémiques provoquées par la protestation contre sa musique, signée par Joachim et divers autres.

Dans cette longue lettre écrite en français, Wagner tente d'expliquer à un «Cher ami» le problème qu'il a rencontré à propos des billets offerts lors de ses représentations parisiennes. «... Je ne comprends pas grand chose de la lettre du vieux Normand. Je vous renvoie le billet pour... que vous fassiez au mieux possible. Je n'ai pas vendu les billets extraordinaires, de mes premières 6 représentations... Je n'ai signé qu'un simple ordre à M. Porcher...» concernant des tickets dus à l'auteur, qui «... me paraissent être une faveur spéciale de la part de l'Opéra...». Le compositeur ne veut en aucun cas renoncer à ce droit, si celui-ci lui est dû, et invite son correspondant à se rendre chez M. Normand ; il attend de savoir ce qui sortira de leur discussion.

Après 164 répétitions, la création de la nouvelle version parisienne de Tannh-user au Grand Opéra eut lieu le 13 mars 1861 sous les sifflements stridents et l'énorme chahut provoqué par les adversaires de Wagner... Lors de la seconde représentation, le vacarme fut encore plus grand, et après la troisième représentation, le compositeur fit retirer son opéra du programme !

 

284.         WALLIN Johan Olof (1779-1839) Poète suédois, archevêque d'Uppsala - L.A.S. «W», 2/3 p. in-8, datée «15/5» (vers 1833/1835). Adresse et cachet de cire rouge sur la IVe page. En suédois. Rare !        (400.-)     250.-

Missive adressée àBerhard von BESKOW (1796-1868), «Hof-Marschalken», auteur dramatique, poète, historien suédois, directeur du Théâtre royal depuis 1831 et Maréchal à la cour dès 1833, à propos d'un «Conversations-Lexicon», d'une «Wesleyenana aurora» (?), ainsi que du Saint-Simonisme, récemment condamné par la France (1833). Sur la IVe page, brève attestation («Wallins handshrift») signée par Lotten DAHLGREN, fille du célèbre poète dialectal suédois, Fredrik August Dahlgren.

 

285.         WEBB George J. (1803-1887) Compositeur américain - MUSIQUE A.S., six mesures sur double portée, esquisse en ré majeur  pour piano  ; (Boston), 22.IX.1852.                                           (300.-)     200.-

 

286.         WELLES Orson (1915-1985) Acteur et réalisateur américain - PHOTO in-12 (format carte postale), sépia ; [février 1947].                                                                                                                        (600.-)     400.-

Très belle photo de face, mi-buste. Portrait de jeunesse signé à l'époque. [Voir l'illustration en couverture]

 

287.         WELLS Herbert George (1866-1946) Romancier anglais dont l'œuvre évoque tous les problèmes de la civilisation moderne :  La machine à explorer le temps, L'homme invisible, La Guerre des mondes, etc. - L.A.S., 1 p. in-4 ; «Friday» [Londes, 28.X.1916]. Enveloppe autographe.                                                         (900.-)     600.-

«Dear Miss Poulain, I am very sorry to have missed you today. I expect you to ring me up... I go... to Easter tomorroy and I shall be back in London after Thursday next...».

Marqué par la Première Guerre mondiale, Wells publia en 1916 Mr Brittling commence à y voir clair. Ses autographes sont peu communs.

 

288.         ZOLA Emile (1840-1902) Ecrivain français, chef de file des romanciers naturalistes - L.A.S., 15 lignes au recto/verso de sa carte de visite à l'adresse de Médan ; (Novembre 1885).                           (900.-)     600.-

Beau texte inédit à son ami Henry CÉARD, l'un des membres du groupe des Soirées de Médan. Zola s'apprête à partir pour Paris où il va rendre visite au député Turquet, responsable des Beaux-Arts au ministère de l'Instruction publique. «... Le pauvre Germinal  commence à m'inquiéter sérieusement...», écrit-il à son confrère, ajoutant que cela l'obligera sans doute à retourner à plusieurs reprises dans la capitale. La visite de Céard et de l'actrice Thénard, l'amie de Zola, doit donc être reportée : «... Nous pourrions causer efficacement, car si l'on m'ennuie tout à l'heure au ministère, je suis décidé à mettre les pieds dans le plat...» ; il compte sur la discrétion de son ami à ce sujet.

La parution de Germinal en 1885 eut un retentissement énorme ; l'œuvre consacrait Zola comme l'un des plus grands écrivains de son temps. Quant à l'actrice Jenny THÉNARD (1847-1920), de la Comédie Française, elle avait fait la connaissance de Zola en 1879 lorsqu'elle lui avait proposé de monter à ses propres frais Thérèse Raquin et de jouer la pièce d'abord en province puis, par la suite, à Paris.

 

 

 

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AUTOMNE 2004

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