Catalog 53 - Internet WEB access


 

1.                ABRANTÈS, Laura Permon, Duchesse d' (1784-1838) Epouse du général Junot, ses Mémoires eurent un succès retentissant - L.A., signée de son paraphe, 4 pp. in-8 ; (Paris, vers 1832/35).                       (400.-)                250.-

Longue et intéressante missive à Astolphe de CUSTINE qui l'avait invitée à venir voir le portrait de sa mère, Delphine de Sabran († 1826). «... Vous m'avez dit quelques fois que nos caractères avaient des points de ressemblance. Je le crois. Je vous aime comme elle vous aimait... comme elle vous appartenait. Comme elle j'ai vu et connu toutes vos qualités, vos avantages...», etc.

Il est aussi question de Madame Caroline COUTURIER (1794-1847), d'un voyage en Orient que préparait le marquis de Custine avec l'aide de la duchesse d'Abrantès, de la répétition du Diable prédicateur que la duchesse allait donner au Théâtre Européen, et aussi de ses souffrances : «... Vous seul pouvez me faire supporter la vie... Un jour vous saurez tout ce que j'ai souffert, quelles heures d'angoisse...», etc. [Voir aussi le lot n° 70, Astolphe de CUSTINE]

 

2.             AHMED FETHI Pacha (1801-18589 Grand maître de l'artillerie de l'Emp. ottoman. Ancien ambassadeur, min. du Commerce, il épousa la fille de Mahmut II - L.A.S., 1 p. 4° pet. ; Paris, 3.II.1835.                (450.-)                300.-

L'ambassadeur turc à Vienne s'adresse personnellement au comte de BELLEVAL, diplomate français, pour le prier de lui faire l'honneur «... de venir passer la matinée, mercredi... à neuf heures du matin. Vous m'obligerez de recevoir mes respects et mes compliments...», etc. Ahmed Fethi Pacha quittera Vienne pour Londres, puis pour l'ambassade de Paris en 1838 ; il sera de retour à Constantinople vers la fin de l'année 1839, peu avant son mariage avec la Sultane Athiè, âgée de 14 ans.

 

3.             AMADO Jorge (1912-2001) L'illustre écrivain brésilien dont l'œuvre s'inspire de scènes de la vie populaire de son pays - L.A.S. (initiales) au recto d'une carte in-12 obl à ses noms et adr. imprimés. (350.-)     200.-

Il renseigne Monika Kowalewski (la championne canadienne de tennis des années '80 ?) qui désire se procurer l'édition française de son livre Os Velhos Marinheiros (Le vieux marin), ouvrage publié 1961.

 

4.             AMIEL Frédéric Henri (1821-1881) Ecrivain suisse de Genève, auteur d'un monumental Journal intime - Trois L.A.S., 8 1/2 pp. in-8 et in-12 ; Berlin et Genève, 1846/1868.                                                            (1200.-)                800.-

Belle correspondance (inédite ?) adressée à un ami genevois, l'historien Henri BORDIER (1817-1888).

De Berlin, le 21 mars 1846, le jeune Amiel annonce l'arrivée de David-Arnold VOGEL (1824-1891), fils de Ludwig Vogel, «... un des meilleurs peintres d'histoire de la Suisse ; droit et peinture, voilà deux sujets de conversation tout trouvés...». Il parle de la colonie suisse de Berlin dont sept membres sont Genevois, de l'exposition qui vient d'ouvrir ses portes avec «... 1200 peintres exposants qu'a mentionnés l'article... du Constitutionnel du 16 mars (article Phoré, superficiel). Mais je plains ceux qui aiment la belle peinture d'avoir à subir votre détestable système de couvrir les chefs d'œuvre reconnus du Musée avec les toiles douteuses d'artistes débutants...». L'écrivain renseigne Bordier sur la situation politique en Allemagne où l'émeute de Cracovie, étouffée en deux jours, a été présentée par les gazettes françaises comme une deuxième révolution de juillet 1831 «... tandis qu'ici à Berlin on ne s'apercevait pas de la moindre inquiétude. Quelques régiments ont changé de place... On s'est presque aussi préoccupé de la guerre des Sikes dans l'Inde et des dangers connus par le prince Waldemar dans cette bataille... Mais rien n'est curieux comme d'être de 10 jours en avance sur l'histoire, et c'était notre avance sur Paris, position de demi-Dieux riant, dans la sécurité de leur Olympe, des égarements burlesques des humains...».

Le Genevois commente encore longuement la situation dans laquelle est plongée la noblesse polonaise : «... Elle veut la liberté pour elle et l'esclavage pour ses paysans. Ses paysans, qui ont goûté d'un régime moins dur, en sont aujourd'hui à l'assommer...». L'Université étant fermée, Amiel envisage d'étudier le suédois et de visiter Berlin qu'il ne connaît pas encore, etc.

Le 22 octobre 1852, l'écrivain annonce sa visite «... tout en courant vers Dijon...», chargé d'apporter des cadeaux aux «... deux mignonnes figliuolettes... grâce aux soins de Madame votre mère...». Bien plus tard, le 22 novembre 1868, il demande qu'on lui fasse avoir au plus tôt «... un portefeuille oblong, nécessaire au professeur et contenant quelques notes...» tombé de son manteau «peu fidèle». Il profite de l'occasion pour envoyer «... quelques anagrammes pour vos deux fines espiègles... Les déchiffreront-elles ? That is the question...», et aussi dire à Bordier qu'après réflexion, il aurait «... dû insister pour le Registre de la Pr. protest... j'ai... dérangé une soirée de travail utile...», etc.

 

5.             AMIET Cuno (1868-1961) Peintre expressionniste suisse du groupe Die Brücke - L.A.S., 3 pp. in-4 ; Oschwand, 14.I.1932. En-tête à ses nom et adresse. Pièce jointe.                                                    (400.-)                250.-

«... Ce roman m'intéresse énormément. Je viens de lire le livre de Lhakowsky et je suis tout à fait sous l'impression de ces recherches nouvelles...», écrit Cuno Amiet à une femme de lettres, lui annonçant par la même occasion une importante exposition de ses œuvres «... à Paris chez Georges Petit. Elle s'ouvre le 1er mars '32 et elle est organisée par Mr M. Kaganovitch. Il y aura à peu près 100 numéros... Je vous envoie le catalogue de l'exposition de quelques artistes suisses de l'année passée...», etc. Joint : message de vœux pour l'année 1932, sous forme de poème, avec en tête le dessin de deux profils, le tout imprimé en fac-similé.

 

6.                APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918) Poète français, fils d'un officier italien et d'une Noble polonaise - Manuscrit autographe, 2 pp. in-8 non datées (vers 1908 ?).                                                       (2500.-)                1500.-

Rédigé au dos de deux feuillets de demande de volumes à une bibliothèque parisienne (la Bibl. Mazarine où l'écrivain avait l'habitude de se rendre ?), ce manuscrit raturé, corrigé, titré «Avertissement» et paraissant complet, concerne un «roman célèbre de Bernard de Trévies» dont l'édition est une des plus anciennes, sinon la plus ancienne. Apollinaire y décrit l'ouvrage, ses caractères d'imprimerie, ses figures gravées, et place cette publication à une date antérieure à 1490. Il ne doute pas «... que le lecteur instruit ne trouve un délicat plaisir à lire l'histoire des amours de Pierre, fils du Comte de Provence, et de la belle Maguelonne, fille du roi de Naples...», ces deux parfaits amants dont les aventures traduites en de nombreuses langues rappellent celles de Roméo et Juliette !

L'histoire de la belle Maguelonne et du comte Pierre de Provence prend sa source littéraire dans un poème écrit à la fin du XIIème siècle par Bernard de Trèves, chanoine de Maguelonne, une des plus belles cathédrales de l'école romane provençale dans le Bas-Languedoc, non loin de Montpellier. Tieck adapta le poème en allemand et Brahms en fit une romance.

 

 

7.                ARAÚJO DE AZEVEDO Antonio, Conde da Barca (1754-1817) Diplomate portugais. Homme de grande culture, il était ministre des Aff. étr. en 1808 lors de l'occupation de son pays par les Français, et organisa le départ de la cour pour le Brésil - L.S., 1 p. in-folio ; Palacio de Queluz, 25.VII.1805. Adresse et cachet brisé sur la IVe page. Papier rongé près du sceau, avec perte de qq. fragments de mots. (750.-)                500.-

L'illustre homme d'Etat contresigne une lettre du futur roi JEAN VI (1767-1826) signée «O Principe» qui, en tant que «... Principe Regente de Portugal e dos Algarves, d'aquém e d'além Mar, em África... Arábia, Pérsia e da Índia, etc...» annonce la naissance de la princesse Marie-Anne-Joséphine : «... hoje, pelas onze horas e meia da noite, tive o gosto de ver crescida em numero a Minha Real Familia, com huma Infanta que... deu a luz a Serenissima Princeza do Brazil...», etc.

On doit entre autres au comte de Barca le développement culturel du Brésil au début du XIXe siècle. Il eut en effet la bonne idée de transférer à Rio de Janeiro en 1808 non seulement la bibliothèque et les collections royales, mais aussi les caisses de matériel nécessaire à créer la première typographie officielle du pays, la Impressão Regia. Il fit en outre venir d'Europe des artistes et voyageurs qui contribuèrent à faire connaître le Brésil dans le monde entier.

 

8.                ARAÚJO LIMA, Pedro de (1793-1870) Homme d'Etat brésilien, régent de l'Empire de 1837 à juillet 1840 - L.S., 1/2 p. in-folio ; Rio de Janeiro, 14.III.1840. Papier légèrement défraîchi, traces de désinfection et fente restaurée. Adresse et sceau plaqué sous papier sur la IVe page.                                      (450.-)                300.-

Peu avant la déclaration anticipée de la majorité (14 ans) de dom PEDRO II, le président du Conseil Araújo Lima, «Regente em Nome do Imperador Constitucional e Defensor Perpetuo do Brasil», répond à une lettre du diplomate Filippo DE ANGELIS (1792-1877), ancien nonce en Suisse puis au Portugal de 1832 à 1838, qui vient d'être créé cardinal par le pape Grégoire XVI.

 

9.             ARBÓS Enrique Fernández (1863-1939) Chef d'orchestre, violoniste et compositeur espagnol - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 15.X.1932.                                                            (500.-)                350.-

Extrait musical, env. 15 notes de son Bolero pour piano, violon et violoncelle, avec dédicace et date autogr. Jolie page provenant de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS, créé par ce dernier à Barcelone avec des musiciens locaux.

 

10.                AVIATION - Trois photos in-4 avec légendes A.S. du pilote belge Willy COPPENS de HOUTHULST (1892-1986). Tirages et autographes des années '70.                                                           (200.-)                120.-

La première photo nous montre NUNGESSER aux commandes de son avion auprès duquel se tient CLÉMENCEAU, debout. Note de Willy Coppens, au bas de l'image : «Nungesser, l'as aux 45 victoires et Clémenceau, artisan de la victoire qui torpilla la paix» !

Les deux autres photos sont celles du pilote militaire belge (aux 37 victoires !) posant debout près de son «Bébé» NIEUPORT, et en vol sur son FARMAN surnommé «La Cage à poule» ; ces deux pièces portent chacune un curieux commentaire autographe signé de Coppens.

[Voir aussi les lots nunéros 90, Fokker, et 236, Santos-Dumont]

 

11.                BALZAC, Monument à - Trois feuilles in-folio avec 44 signatures ; Paris, 18.XI.1885.                (2500.-)                1500.-

«La Statue de Balzac - Réunion de la Commission d'initiative - Séance du Mercredi 18 Novembre 1885» de la Société des Gens de lettres.

Intéressants documents réunissant les signatures des écrivains, journalistes, littérateurs, politiciens, artistes et éditeurs qui, les premiers, donnèrent vie au Comité chargé d'agir de manière à obtenir que Balzac - l'un des fondateurs de cette Société - ait à Paris un monument digne de son nom et de son œuvre.

Parmi les signatures autographes d'écrivains, citons celles de Guy de MAUPASSANT, Georges OHNET, Emmanuel GONZALES, Hector MALOT, Jules CHAMPFLEURY, Ludovic HALÉVY, Auguste VACQUERIE, Ernest DAUDET, Emile AUGIER, Théodore de BANVILLE, etc.; parmi les éditeurs,Calmann LÉVY, Paul OLLENDORFF, Eugène PLON, Armand TEMPLIER (pour Hachette), Edmond HIPPEAU (pour Dentu), etc. Relevons encore les signatures de l'ancien ministre Jules SIMON, des sculpteurs Jules DALOU et Alexandre FALGUIÈRE, du dessinateur Georges ROUX (illustrateur des livres de Jules Verne), des journalistes et critiques de l'Illustration, du Temps, du Charivari, du Constitutionnel, du National, etc., etc.

L'histoire tourmentée du monument à Balzac, dont l'exécution avait été confiée en 1891 à RODIN, ne verra son issue qu'en 1929 avec l'érection à Paris de la célèbre statue de bronze à l'intersection des boulevards Raspail et Montparnasse. Entre temps, en 1902, le centenaire de Balzac passé, la Société des Gens de lettres avait inauguré la statue anecdotique de l'écrivain sculptée par FALGUIÈRE, l'un des signataires de ces feuilles et grand ami de Rodin.

 

12.                BARBUSSE Henri (1873-1935) Ecrivain français,il milita après 1920en faveur du communisme - L.S. avec corrections autographes, 2 pp. in-4 ; Miramar, 11.III.1928.                                                           (800.-)                500.-

Magnifique missive, entièrement consacrée à son appartenance au Parti communiste. Oui, dit-il, il est communiste et ses «... convictions n'ont jamais été ébranlées... Je considère en effet que la doctrine communiste est une pure et intégrale doctrine socialiste et que d'autre part cette doctrine tend à se réaliser dans l'U.R.S.S. (alors Stalinienne !), autant que cela est humainement possible au sein d'un univers capitaliste et impérialiste...».

Barbusse dit travailler à «... une œuvre de diffusion objective... Elle consiste à tenter de montrer à l'opinion publique internationale, au moyen d'un journal hebdomadaire Monde... la réalité des choses... sur le plan des idées et sur le plan des faits... A cette œuvre peuvent collaborer tous les gens de bon sens et de bonne foi : communistes, socialistes et même anarchistes et sans parti... Peut-être la volonté que j'ai exprimé de m'adonner à cette tâche de grande information impartiale... a-t-elle pu faire croire, à tort et sans raison, que j'abandonnais les principes très nets et très logiques de la souveraineté des masses...», etc.

 

 

13.                BARTLETT Levi (1763-1828) Médecin et h. pol. am., fils de Josiah Bartlett, l'un des signataires de la Déclaration d'Indépendance - Deux manuscrits autographes, 3 1/2 pp. in-folio. Vers 1783/1785.                (750.-)                500.-

Deux longues feuilles couvertes de notes tracées de sa petite écriture par le jeune Bartlett, l'une d'argument scientifique (sur les narcotiques), l'autre d'intérêt politico-administratif. Dans cette dernière, il examine les fonctions d'un «... Collège of civil policy and Morals... composed of Men in the several States fame for their acute knowledge, good principles and Moral virtues elected by the State Boards of Policy...» dont les décisions iront jusqu'à influencer la politique du Congress et du Président des Etats-Unis !

Documents provenant des Archives Bartlett, dispersées en 1989 à Kingston (U.S.A.).

 

14.                BARTÓK Béla (1881-1945)Compositeur-Signature autogr. sur p. 8° ; (Barcelone, 1927). (750.-)     500.-

Très belle signature tracée au milieu d'une feuille à laquelle est joint un portrait in-12 du compositeur. Page provenant de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS créé par ce dernier à Barcelone avec des musiciens catalans.

15.                BEAUHARNAIS, Eugène de (1781-1824) Fils de l'impératrice Joséphine, adopté par Napoléon Ier qui le nomma vice-roi d'Italie - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Milan, 20.XII.[1808].                                                       (1500.-)                1000.-

Importante missive destinée à son secrétaire MÉJAN qui vient d'arriver à Paris, chargé entre autres de «... la remise de mes lettres à ma mère et à ma sœur...», données à Lavallette un peu trop tardivement : «... J'ai vu avec plaisir que vous avez trouvé l'Impératrice en bonne santé et ma sœur avançant dans son rétablissement...» (le 20 avril 1808, Hortense avait accouché du futur NAPOLÉON III).

Le Prince rappelle à son correspondant sa «... commission de mes deux tableaux [de Joséphine et de Napoléon Ier]. Je désire qu'ils soient tous deux faits par Gérard et surtout de la même grandeur que celui de ma sœur. Si cependant Gérard n'avoit jamais peint l'Empereur, il faudrait bien s'adresser à un autre... dans ce cas je préfèrerais LeJeune. Je ne veux pas du tout de celui de David...» dont il possède une copie «... détestable en ressemblance...» !

Il est ensuite question d'une affaire qu'Eugène espère résoudre sans l'intervention du ministre MOLLIEN ; elle concerne un payeur général qui s'en tirera avec une moindre perte, mais «... Cela lui servira d'une bonne leçon et lui fera tenir plus en bride ses petits fripons d'employés...». Plus loin, il réclame «... beaucoup de notes sur la manière dont sont organisés les bureaux du Sénat ainsi que du Conseil des titres...», renseignements qui lui permettront «... de ne faire ici rien de plus qu'en France...».

L'intéressant passage relatif aux tableaux de Napoléon et de Joséphine nous rappelle l'exécution des deux magnifiques portraits peints par François GÉRARD dont l'un, celui de l'impératrice, sera plus tard copié (1853) par Kaulbach sur ordre de Napoléon III et conservé à Arenenberg à côté de celui de la reine Hortense, également œuvre de Gérard. On remarquera d'autre part la réflexion d'Eugène concernant la «détestable ressemblance» des portraits peints par David qui avait vraisemblablement tendance à flatter le sujet représenté... [Voir aussi les numéros 34 Brésil, 105 Grégoire XVI et 179 Napoléon Ier]

16.                BEAUHARNAIS (Lettre au prince Eugène de) - L.S., 2/3 p. in-folio, du roi Frédéric-Auguste de SAXE (1750-1827) ; Varsovie, 12.I.1809.                                                                                                                            (450.-)                300.-

Le 23 décembre 1808, la femme du prince Eugène mettait au monde une fille, Eugénie-Napoléon, future épouse du prince allemand Frédéric-Guillaume de HOHENZOLLERN-HECHINGEN. Le roi de Saxe adresse ici ses félicitations et ses vœux «... pour la conservation de la Princesse...» et fait savoir combien il lui est agréable de «... professer en même temps les sentiments de dévouement et de reconnoissance, dont je suis pénétré pour Sa Majesté l'Empereur et Roi d'Italie...» Napoléon Ier, auquel Frédéric-Auguste de Saxe devait d'ailleurs son titre royal (1806 ) !

17.                BEAUHARNAIS, Hortense de (1783-1837) Reine de Hollande, fille de l'impératrice Joséphine et mère de Napoléon III - L.S., 1 p. in-8 ; Arenenberg, 10.I.1833. Adresse au verso.                                    (900.-)                600.-

Belle lettre (inédite ?) relative à un portrait en lithographie de JOSÉPHINE tiré de l'admirable tableau peint par Ferdinando QUAGLIA (1780-1853) et conservé dans la Wallace Collection de Londres. Depuis son exil suisse, la reine prie son correspondant parisien, M. de Vaux, «... de faire remettre à Mme de Salvage la pierre lithographique du portrait de ma mère, qui a été fait par une jeune personne d'après le portrait de Quaglia et que je me rappelle être resté entre vos mains...», etc.

Texte probablement de la main de Madame Salvage de Faverolles, l'une des dernières intimes d'Arenenberg. En post-scriptum, celle-ci donne l'adresse de son hôtel parisien, Hortense ne pouvant se rendre en France. C'est à elle que la reine confia ses Mémoires, la chargeant de les conserver jusqu'à ce qu'elle soit en mesure de les remettre à son fils, le futur Napoléon III.

 

18.                BEAUHARNAIS, Hortense de (Au sujet de) - L.A.S., 2 pp. in-8, de la Duchesse de RAGUSE (Hortense PERREGAUX, 1779-1855, femme du maréchal Marmont) ; Paris, 25.V.1837. Adresse et très beau cachet de cire rouge aux armes.                                                                                                  (600.-)                400.-

Emouvants témoignages d'une amie intime d'Hortense, laquelle vit ses derniers mois.

Monsieur Cochelet, oncle de Claire Pasquin, lui ayant demandé des nouvelles de la reine, la duchesse de Raguse, qui a quitté Arenenberg depuis six mois, lui répond qu'elle n'a hélas «... ni le bonheur, ni la douleur de soigner la Reine...». A sa dernière visite au bord du lac de Constance, elle l'avait trouvée pleine de vie, de force et de santé malgré ses horribles anxiétés (suite à l'affaire de Strasbourg, 30.X.1836). Maintenant, «... Son état est des plus allarmants, les médecins ne le dissimulent pas et ils ont prononcé un arrêt que j'ai peine à croire possible... Elle est pourtant mieux depuis quelques jours, on est parvenu à calmer ses nerfs et à lui rendre un peu de sommeil...», mais lorsqu'elle quitte le lit, c'est pour s'étendre sur une chaise-longue car elle est fort affaiblie, etc. La Maréchale suggère à son correspondant, s'il désire obtenir d'autres nouvelles, de s'adresser directement à sa nièce, Claire Parquin, fille de l'ancienne lectrice Louise COCHELET († 1835), «... établie chez la Reine...».

Suite à l'affaire de Strasbourg, la duchesse de Raguse avait accueilli (début novembre 1836) dans son château de Viry la reine Hortense, partie précipitamment d'Arenenberg croyant la vie de son fils en danger. L'aventure du futur Napoléon III se résoudra en un bref exil en Amérique, mais la souffrance de sa mère malade fut énorme, à peine soulagée par l'affection et le confort que de rares amis lui apportèrent durant ses derniers mois.

 

19.                BEAUHARNAIS, Stéphanie de (1789-1860) Grande-duchesse de Bade, nièce de l'impératrice Joséphine et fille adoptive de Napoléon qui avait chargé Mme Campan de son éducation - L.A.S., 2 pp. in-8 ;

Mannheim, 23.XII.[1834].                                                                                                      (500.-)                350.-

Affectueuse lettre à son neveu Auguste de BEAUHARNAIS (1810-1835), fils d'Eugène, qui partait pour le Portugal afin d'épouser la reine Maria II da Gloria. «... Eugènie [de B.] m'a appris que votre destinée est enfin décidée, Cher Auguste ; le sort qui vous éloigne de votre famille, du pays que vous avez habité... vous donnera sans doute des compensations, vous allez entrer dans une carrière active, faite pour votre caractère...», etc. Stéphanie se réjouit de cette belle perspective mais cet éloignement est «... une peine très vive pour moi qui vous aime comme une mère...», etc.

Deuxième duc de Leuchtenberg, le prince Auguste de Beauharnais devait mourir subitement, le 28 mars 1835, à l'âge de 24 ans, deux mois seulement après son mariage avec la reine du Portugal. En 1829, l'empereur dom Pedro Ier du Brésil, père de la future épouse, lui avait conféré le titre de «Duque de la Cruz». [Voir aussi le numéro 105, Grégoire XVI]

20.                BEERNAERT Auguste (1829-1912) Pacifiste belge, Premier ministre de 1884 à 1894. Prix Nobel en 1909 - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Bruxelles), 6.X.1899.                                                                              (400.-)                250.-

«Mon cher Ministre, J'ai écrit à M. Rombert qu'au Ministère, on avait été au regret de n'avoir pas été avisé assez à temps pour que le Gouvernement fut représenté...» lors d'une cérémonie. Beernaert, qui présidait alors la Chambre des Représentants, a par ailleurs «... demandé les détails nécessaires pour donner... une notice biographique...».

 

21.                BENEDETTI-MICHELANGELI Arturo (1920-1995) Célèbre pianiste italien - P.S., 1/2 p. in-4 ; Bologne, 8.V.1964. En italien. Autographe rare.                                                                (600.-)                400.-

Déclaration sur papier timbré certifiant qu'un musicien de l'orchestre du Théâtre Communal de Bologne a participé à de nombreux concerts donnés par Benedetti-Michelangeli et s'est révélé être un excellent artiste.

 

22.                BERLIOZ Hector (1803-1869) Compositeur français dont l'œuvre romantique a marqué l'orchestration moderne - L.A.S., 2 pp. in-8 ; «Vendredi 18 Décembre» [1835]. Adresse et cachets postaux sur la IVe page (petit manque de papier vierge à ce feuillet, dû au décachetage).                                                      (3600.-)                2500.-

«... les embarras de toute espèce que me donnent toujours mes concerts, les courses qu'ils nécessitent, les travaux qu'ils exigent...» l'ont empêché de répondre plus tôt à son correspondant (M. de Larnage, d'une famille originaire du Dauphiné) au sujet de l'article qui aurait dû paraître dans le Journal des Débats, et que Monsieur Bertin, directeur du journal en question, était fort disposé à accueillir. Le compositeur fait part à son correspondant des efforts qu'il lui a fallu déployer dans cette affaire, avant de reprocher au principal intéressé d'avoir quitté Paris au moment où sa présence était des plus nécessaires : «... Faites, je vous prie, agréer tous mes regrets à Albert et assurez le bien que si l'occasion se présente de lui faire rendre justice je saurai la saisir...».

En 1835, Berlioz avait obtenu du Journal des Débats un feuilleton qui lui assurait un revenu fixe mais l'obligeait à un travail régulier angoissant. D'autre part, il était très pris par l'imminente publication de l'arrangement pour quatre mains de ses Francs Juges dont l'ouverture allait être donnée quelques mois plus tard à Leipzig, sous la direction de Robert Schumann. Ce sera-là son premier succès à l'étranger.

 

23.           BERNE, 1779 - Lettre officielle, 1 1/2 pp. in-folio ; Berne, 27.II.1779. Adresse, marques postales et deux beaux sceaux plaqués sous papier.                                                                                  (150.-)                100.-

L'Avoyer de Berne (Albrecht-Friedrich von ERLACH, 1696-1788) répond à l'envoi d'un Conseiller de la ville de Strasbourg auquel il est demandé d'apporter certaines rectifications à un acte officiel où l'on avait entre autres omis de s'adresser à lui par le très formel «Hochwohlgebohren» !

On doit à l'ancien officier bernois au serviceu de l'Autrichie Erlach la construction de son célèbre palais bernois, le Erlacherhof, qui fut le siège de l'ambassade de France jusqu'en 1831 et de nos jours celui du Maire de Berne.

 

24.                BODMER Martin (1899-1971) Chercheur et industriel suisse, fondateur de la Bibliotheca Bodmeriana en 1919 - L.S., 1 p. in-4 ; Genève, 21.II.1941. En-tête du Comité Int. de la Croix-Rouge.                (400.-)                250.-

Le bibliophile, alors Membre du C.I.C.R., informe un écrivain romand que «... tout bien pesé, nous croyons devoir renoncer... à l'idée d'un grand film tel que nous l'avions discuté...». Le scénario ne sera pas développé et les «... scènes tournées à l'Agence par Mr Porchet fourniront un matériel documentaire précieux...» dont le Comité entend se servir lors du montage d'un court métrage «... réalisé par les soins d'un autre cinéaste expérimenté qui prendra lui-même la responsabilité de toute l'organisation...», etc.

 

25.                BOISSIER Léopold (1893-1968) Juriste et diplomate suisse, président de la Croix-Rouge Internationale pour laquelle il alla retirer le prix Nobel de la paix en 1963 - L.A.S., 3 pp. in-8 ; «Villa Diodati - Cologny - Genève... 22 septembre» [1920]. Trous de classement dans la marge gauche.                  (450.-)                300.-

Il accepte volontiers de faire partie du comité de la Revue de Genève. «... Auteur de tristes rapports administratifs qui vont mourir dans la poussière des chancelleries, je serai heureux de participer à une œuvre vivante dans l'avenir de laquelle j'ai toujours eu foi. Aider à rendre à l'écrivain sa place dans la cité, c'est accomplir une tâche séduisante. C'est aussi pour le lecteur l'occasion de témoigner sa gratitude aux auteurs qui lui ont procuré les joies de l'esprit et du cœur. Disposez donc de moi...». Et comme don de joyeuse entrée, Boissier se propose d'offrir la liste de ses «... vingt abonnés, barbares éblouis que nous attacherons au char des triomphes de la Revue...» !

La Revue de Genève fut fondée par Robert de TRAZ (1884-1951) - destinataire de cette lettre - en mai 1920, au lendemain de l'adhésion de la Suisse à la Sociéte des Nations.

 

 

26.           BOITO Arrigo (1842-1918) Compositeur italien - MUSIQUE A.S. sur feuille in-8 obl. ; (Londres ?), 22.III.1914. Trace d'un collage à la marge supérieure. Rare.                                                      (750.-)                500.-

Jolie double portée musicale, probablement extraite de Mefistofele, œuvre tirée du Faust de Goethe dont Boito avait écrit la musique et le livret et qui avait été donnée pour la première fois à Milan le 5 mars 1868.

Méphistophélès fut représenté en 1914 au Covent Garden de Londres, avec Claudia Muzio dans le rôle de Margherita.

 

27.           BOJER Johan (1872-1959) Ecrivain autodidacte norvégien, auteur de romans de mœurs rurales, austères et émouvants où les personnages sont honnêtes jusque dans le crime ! - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Hvalstad, 3.IX.1922. En français. Autographe rare.                                                                                               (450.-)                300.-

L'écrivain se refuse de donner pour l'heure des conférences, «... d'abord parce que je ne sais pas assez bien la langue française... et puis parce que je prépare pour l'année prochaine un voyage en Amérique...». Il n'a cependant pas oublié Genève et le «... lac Léman, où Madame Bojer et moi avons passé quelques mois il y a 20 ans. Et j'espère bien de pouvoir y revenir, pas pour des conférences, mais pour visiter des amis...».

Bojer est entre autres l'auteur de «La puissance du mensonge», «La grande faim» et «Le dernier des Vikings».

 

 

28.                BONAPARTE Lucien (1775-1840)Frère de Napoléon,prince de Canino, il épousa enpremières noces Christine Boyer qui lui donna deux filles - Deux L.A.S., 2 pp. in-8 (la première avec adresse et cachet de cire sur la IVe page) ; Bologne, 7.II. et 5.II.1823.                                                                                  (800.-)                500.-

En février, Lucien s'adresse à son gendre Thomas WYSE (1791-1862), rentré à Rome : «... Letizia sera bien contente... Ma femme et la petite Constance vont à merveille ; tous les enfants aussi...» ; il espère que Don Charles se montrera plus honnête avec son correspondant que lors de son dernier voyage, et embrasse «... votre petit Napoléon...».

Deux lignes, sur la IVe page, sont de la main du beau-frère de Lucien : «Boyer embrasse de cœur Wyse et Letizia et fait ses amitiés à Chatillon».

En mars, le prince de Canino donne des nouvelles du reste de la famille à sa fille Letizia (deuxième des neufs enfants du second mariage de Lucien avec Alexandrine de Bleschamp), puis envoie ses compliments à Thomas Wyse avant d'ajouter : «... tout le monde vous embrasse avec le petit Napoléon...», etc.

 

29.                BONAPARTE-WYSE Letizia (1804-1871) Nièce de Napoléon Ier, fille du prince Lucien et épouse, dès 1821, du diplomate anglais, Sir Thomas WYSE - L.A.S., 2 1/2 pp. in-4 ; Rome, [mai 1829]. Sur la IVe page, adresse, marques postales et cachet de cire rouge aux armes.                                                                   (1200.-)                800.-

Très affectueuse lettre régidée en anglais, adressée à l'aîné de ses enfants, le tout jeune Napoléon BONAPARTE-WYSE (1822-1895). «... My sweet little Love, You are very right in thinking that your letter would offered me much pleasure... my only comfort is in hearing constantly of you and William, and learning that your conduct is satisfactory to Miss Guan (la gouvernante) and your Papa...». Bien qu'elle se trouve au sein de sa chère famille, elle est impatiente de pouvoir embrasser ses «... dearest children...», ravie que «... my beloved Nappo has not forgotten me...».

Elle va bientôt partir pour l'Irlande et espère être dès septembre auprès de ses enfants : «... You are now, I imagine, too old to be amused with playthings, but I shall give you any miniature to hang up in your bed, and a gold watch... your dear mother... is constantly thinking of you and loves you more than ever. Adieu my dearest little child... I send to you in this letter ten thousand kiss...». Elle lui rappelle combien il est aimé de ses grands-parents, Lucien et Alexandrine, qui ont hâte de le revoir.

Sur la IVe page, note de classement de la main de Sir Thomas WYSE : «1829 - May - L. Wyse - Rome - to A. W. - Waterford».

 

30.                BRANLY Edouard (1844-1940) Physicien français, inventeur d'un radioconducteur ou «cohéreur» à limaille, organe principal des appareils de réception de la T.S.F. (télégraphie sans fil) - Pensée A.S., 1/2 p. in-8 ; vers 1920. Fente horizontale restaurée.                                                                                            (300.-)                200.-

«Au lieu de critiquer les autres, cherchons à nous améliorer ; par cela même nous rendrons de meilleurs services».

 

31.                BREGUET, Lettre à - CHAPTAL Jean Antoine Claude (1756-1832) Chimiste et ministre français - L.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Paris, 18.VIII.1825. Belle vignette gravée de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale.                                                                                                                                           (450.-)                300.-

Intéressante missive adressée à l'horloger BREGUET, concernant un concours «... relatif à la Machine à polir les verres d'optique...» lancé par le Comité des arts mécaniques. Ce comité ayant choisi Breguet «... pour son organe...», Chaptal le prie de bien vouloir s'occuper de l'affaire avec tout le zèle dont il est capable.

 

32.                BREGUET, Lettre à - L.A.S. du comte Anatole DEMIDOFF (1813-1870), 1 p. in-8 ; «Ce lundi» (3.I.1831). Adresse autographe.                                                                                        (450.-)                300.-

A «Monsieur Breguet, à Paris», pour le prier de lui apporter «... demain matin le compte de tout ce que je vous dois...», etc.

Le futur époux de la princesse Mathilde Bonaparte semble avoir été très tôt un bon client du célèbre horloger ; Anatole Demidoff n'avait alors en effet que 18 ans...

Une note sur la IVe page nous apprend que la Maison Breguet répondit le jour même.

 

 

33.                BREMER Frederika (1801-1861) Ecrivain suédois - L.A.S., 1 p. in-8 ; Genève, 6.V.1857.                (500.-)                350.-

Elle est fâchée de ne pouvoir se rendre chez Madame G. MOYNIER : «... Mme Bouvier, en acceptant pour moi... ne savait pas que j'avais déjà promis de passer la soirée chez Mme de Gasparin...», etc.

Pionnière à part entière, comme Florence Nightingale, la comtesse Valérie de GASPARIN allait fonder l'année suivante, à Lausanne, avec son époux Agénor, un asile servant aux personnes pauvres et convalescentes, puis, en 1859, une école normale de gardes-malades, La Source, encore en activité de nos jours.

Bien moins connu qu'Henri Dunant, Gustave MOYNIER (1826-1910) allait prendre une immense part à la fondation de la Croix-Rouge (1863) dont il assurera la présidence du Comité International. Quant à Mme BOUVIER, elle est sans doute l'épouse du pasteur Barthélémy BOUVIER, l'un des fondateur (1842) avec Moynier de l'Union protestante genevoise.

34.           BRÉSIL, Amalia du (1812-1873) Impératrice, 2ème épouse de dom Pedro Ier. Fille du prince Eugène de Beauharnais - L.A.S. («A») et billet autographe, 5 pp. in-8 et in-12 ; (Brésil, vers 1831/50).                (600.-)                400.-

Par son billet rédigé en portugais, l'impératrice prie M. Billing de lui procurer deux ouvrages : Vida politica do Barão de Readufe et Hum projeto d'Anselmo Braamcamp. - La longue lettre est adressée à son amie Elise Loeve de Vumars, future épouse de José Joaquin BASTO, éditeur du journal National de Oporto. Amalia lui dit combien elle souffre de son absence et l'invite à «... ne pas imiter l'enfant prodigue...» ; quant aux «... affaires domestiques... Annette et Harry vivent comme les Anglais et les Français sous Napoléon. La nation anglaise se plaint beaucoup de la nation française qui la nourrit mal, dit-elle, et parle de s'en aller. Pour moi, je joue le rôle de nation neutre en tout ceci...». Curieux texte.

 

BRÉSIL : Voir aussi les numéros 3, 7, 8, 66, 201 et 236

 

35.                BRETON André (1896-1966)Ecrivain surréaliste français - L.A.S., 3/4 p. in-8 obl. ; datée «Mardi 16 décembre 1919».                                                                                                                               (750.-)                500.-

Breton s'excuse auprès du cinéaste fr. Marc ALLÉGRET (1900-1973) de leur rendez-vous manqué, la veille : «... Je craindrais tantôt de vous faire repasser en vain. Mieux vaut... que j'apporte l'album (un carnet de poche très léger) demain chez Certa...», le célèbre café parisien situé non loin de l'Opéra, haut lieu de rencontre des sympathisants du mouvement Dada et des Surréalistes.

L'année 1919 fut une année charnière pour Breton : il publia ses premiers poèmes et fonda avec Aragon et Soupault la revue Littérature où apparut son premier texte surréaliste. [Voir aussi le numéro 99, Gide]

 

36.                BRETON André - Carte autographe signée par lui et par 11 autres personnes ; (Prague, 3.IV.1935). Adresse et marques postales.                                                                                                             (900.-)                600.-

Intéressante et rare carte illustrée (photo du pont Charles et de la cathédrale de Prague) écrite par André BRETON («De Prague les surréalistes... adressent l'hommage de leurs sentiments fraternels...»), qui l'a signée avec Paul ELUARD (1895-1952), les écrivains tchèques Vitezslav NEZVAL (1900-1958) et Konstantin BIEBL (1898-1951), les artistes peintres Joseph SIMA (1891-1971), M. G. TOYEN (1902-1980), Karel TEIGE (1900-1951), Jinrich STYRSKY (1899-1942), Bols BROUK, etc.

Précieuse réunion d'autographes de Surréalistes, adressée au collectionneur Marco Ristitch, grand sypathisant de ce mouvement littéraire.

 

37.           BRUN Rudolf (1885-1969) Psychanaliste suisse, élève d'Auguste Forel. Neurologue à Zürich, dès 1916 il s'intéressa à la psychanalyse freudienne, développant toutefois son propre procédé d'analyse - L.S., 1 p. in-12 ; Zürich, 22.IV.1960. En-tête à son nom.                                                                                  (450.-)                300.-

Message ayant accompagné l'envoi d'un document autographe de son vieux Maître, le naturaliste Auguste FOREL, document datant «... schon aus der Zeit, wo er bereitz infolge einer Hirnthrombose erkrankt und an der rechten Hand leicht gel-hmt war...».

 

38.                BRUNEL Marc Isambard (1769-1849) Ingénieur britannique, il réalisa le tunnel sous la Tamise - L.A.S., 2 pp. in-12 ; (Londres), 15.X.1842.                                                                                           (250.-)                150.-

Lettre datant de l'époque où Brunel dirigeait les derniers travaux de son tunnel. Adressée à Lady Bentham, elle concerne un rendez-vous manqué avec Mme De Chesnil : «... I hope, when we return to have an answer from my son (Isambard K. B., constructeur des premiers grands bateaux transatlantiques), which I will immediately communicate to your Ladyship...».

Mary Sophia BENTHAM (1760-1858) était la veuve de Samuel Bentham, un célèbre architecte et constructeur de navires anglais.

 

39.                BRYANT William Cullen (1794-1878) Poète, le premier en date des américains, qualifié par Walt Whitman de «chantre des rivières et des bois» - L.A.S., 1 p. in-8 ; New York, 8.VIII.1847. Adresse autographe sur la IVe page.                                                                                                                                                           (500.-)                350.-

Missive politique datant de l'époque où Bryant s'apprêtait à rompre avec les Démocrates pour soutenir les idées d'un nouveau parti, celui des Free-Soilers (1848), première étape vers la fondation (1856) du Parti républicain. Sa lettre - marquée «Private» - s'adresse à B. F. Butler Esq. (le futur général et homme politique démocrate, 1818-1893, ou l'ancien Secrétaire à la guerre du Président Jackson, 1795-1858, ex-Procureur général de l'Etat de New York ?) pour l'inviter à parler à une réunion politique : «... Can you do the Queens County people the favor to speak to a Free-Soil meeting to be held... at Hampstead... ? They are very anxious to get you...».

La caractéristique principale des Free-Soilers  était leur opposition à l'esclavage, non pour émanciper les noirs mais plutôt pour réduire le pouvoir de leurs maîtres et celui des politiciens qui les soutenaient.

 

 

40.                BUISSON Ferdinand (1841-1932) Pédagogue et homme politique français. Président de la Ligue des droits de l'homme, il obtint en 1927 le prix Nobel de la paix - Manuscrit autographe, signé en tête, 12 1/2 pp. in-8 ; (Paris, vers 1907).                                                                                                                   (1200.-)                800.-

Long et important article (premier jet avec nombreuses corrections et rajouts) sur la Peine de mort.

 «... Je ne crois pas à l'existence de raisons sérieuses motivant le mouvement actuel de l'opinion en faveur de la peine de mort...», s'exclame Buisson qui s'applique à démontrer sur plusieurs pages, en se basant sur les études d'un statisticien reconnu et les comparaisons avec les pays voisins, que la criminalité en France n'est nullement en hausse : «... Le seul article qui ait augmenté... est celui des coups et blessures volontaires, augmentation que criminalistes et statisticiens rattachent à un autre phénomène : le progrès extraordinaire de l'indulgence pour l'alcoolisme... Tandis que cette catégorie [de délits] a grandi chez nous avec le pullulement des cabarets, la vente immense de l'absinthe... en Angleterre on a suivi la marche inverse...», etc.

D'après lui, l'une des causes qui pousse le peuple à demander «... éperdu, ahuri, hanté de toutes ces visions de délire sanglant, qu'on le délivre à tout prix...», c'est la Presse ! «... à force de vouloir tout peindre, tout photographier... elle les force à cohabiter par la pensée, heure par heure, minute par minute avec le criminel depuis le moment où il a conçu son crime jusqu'à l'heure où il est exécuté...». Et soumis à un pareil régime d'intimité et de familiarité effroyable avec les brutes, ce peuple ne peut manquer de voir rouge... Etc., etc.

En 1907, l'affaire Soleilland avait relancé le débat sur la peine de mort après que le Président Fallières eut systématiquement gracié tous les condamnés. Un referendum allait bientôt être organisé par le «Petit Parisien» (journal qui s'était acharné quelques années auparavant contre Dreyfus) et une grande majorité des réponses choisirent le maintien de la peine de mort, laquelle restera en vigueur en France jusqu'en 1981.

 

41.                BURNAND Eugène (1850-1921) Illustre peintre et graveur suisse - 2 L.A.S., 2 pp. in-8 et 1 p. in-12 (sur carte avec adresse et cachet postal au dos) datées de Hauterive (près St Blaise), «jeudi» et «samedi» (24.VI.1905). Joint : photo-portrait, mi-buste de profil.                                                               (300.-)                200.-

Madame Burnand étant souffrante, il la supplée de son mieux pour dire «... en simple prose notre chaud merci pour votre affectueuse pensée... Le volume est déjà en lecture sous la lampe familiale...». Dans le second message, daté «samedi», le peintre décline une invitation à cause d'une autre reçue des Régnier, qu'il avait oubliée : «... je crains que notre joli projet ne soit de nouveau remis...», etc.

Les deux pièces sont adressées au Dr. Chatelain à St Blaise, Canton de Neuchâtel (Auguste CHATELAIN, n. 1838, médecin aliéniste et professeur à l'Université de Neuchâtel).

 

42.                BURNAT-PROVINS Marguerite (1872-1952) Ecrivain et peintre franco-suisse, célèbre féministe - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Neuilly, 21.V.1917.                                                                                            (250.-)                150.-

Au directeur d'une revue suisse : «... J'ai conservé... le plus vif attachement pour un pays dont j'ai passionnément défendu les beautés. Quant à certaines catégories de ses habitants... que voulez-vous, nous n'étions pas faits sans doute pour nous entendre et je leur pardonne bien volontiers, en raison de leur mentalité et de leurs moyens...». L'écrivain autorise donc la publication de certains de ses poèmes et y ajoutera «... une page sur le beffroi d'Arras, que la Gazette de Lausanne a refusé sous un vague prétexte...», etc. Le beffroi d'Arras, l'un des plus beaux du Nord de la France, venait d'être démoli par l'armée allemande...

43.                CAGLIOSTRO... démasqué ! - L.A.S. (paraphe) de  REY de Morande, 2 pp. in-4 ; Londres, 30.III.1787.                                                                                                                         (3000.-)                2000.-

Superbe missive écrite de Londres par un alchimiste (?), un Noble français résidant en Angleterre, adressée à Louis RAMOND de Carbonnières (1755-1827), homme politique français, secrétaire du cardinal de ROHAN à l'époque de l'affaire du collier, escroquerie montée par CAGLIOSTRO et par la comtesse de la Motte.

Cagliostro vient de quitter l'Angleterre, devenue dangereuse pour lui, et s'est réfugié en Suisse. Voici, en partie, ce qu'écrit ici Rey de Morande : «... J'ai vaincu, et suis enfin parvenu à reconnoître... que notre très cher, et très respectable Me M. le C.te de Cag[liostro] n'est qu'un imposteur et un escroq. Se trouvant à la campagne depuis trois semaines pour se soustraire à la poursuite... il me demanda, il y a huit jours, un grain ou deux de la miraculeuse matière que j'achevois de perfectionner...». Soupçonnant Cagliostro de vouloir lui voler son secret, «... et faire quelqu'autre dupe, je pris en conséquence une prisée de tabac que je mêlai parfaitement bien avec de la cendre, et je la lui envoyai... Le résultat fut que mon tabac merveilleux produisit en présence d'une vieille imbécille d'Anglaise, une transmutation d'une livre de mercure et trois sols de cuivre, en treize onces d'argent de coupelle...», etc. C'est alors que le Français pria Cagliostro de refaire l'opération sous ses yeux, et celui-ci se voyant démasqué quitta précipitamment l'Angleterre dès le surlendemain.

M. Rey de Morande se rendit ensuite chez Mme Séraphine, l'épouse de Cagliostro, et cette visite lui procura «... des détails, des aveux, et des confidences qui font frémir. Il est vraiment Balsamo, Perregrini, il est enfin cent fois pire que tout ce que l'on en a dit de pire. C'est un monstre d'hypocrisie, de fourberie, et de bassesse...», etc., etc.

Venant d'Angleterre, le célèbre charlatan trouva asile chez Jacob Sarasin à Bâle dès avril 1787, puis à Bienne. Rentré en Italie, il fut arrêté à Rome en 1789 et condamné à mort puis à la détention perpétuelle ; il décéda au fort Saint-Léon en 1795.

 

44.                CARUSO Enrico (1873-1921) Ténor italien - PHOTO 12° (de la collection C. Coquelin) avec très belle signature et date autogr. «Enrico Caruso - 1907». Buste de face. Tirage argentique d'époque.                (800.-)                500.-

 

45.                CASALS Pablo (1876-1973) Violoncelliste esp. - P.A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, 14.VI.1925.                (300.-)                200.-

Quelques lignes autographes d'amitiés en langue catalane, offertes à l'un des violonistes de son Orchestra : «... A... colaboractor adicte de la nostra obre cultural a Barcelona...», etc.

En 1919, Casals s'était fixé à Barcelone où il avait créé un orchestre composé essentiellement de musiciens locaux.

 

46.                CASSADÓ Gaspar (1897-1966) Violoncelliste espagnol - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 12.V.1926.                                                                                                                                           (500.-)                350.-

Belle ligne de musique à jouer «Allegro non troppo», cinq mesures extraites du Concerto per o cello i orquestra tracées «Com a recort de la estrena d'aquet concert» sur une page de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS.

 

47.                CAUVET Gilles Paul (1731-1788) Architecte, sculpteur et dessinateur ornemaniste français, il travailla pour la reine Marie-Antoinette et pour le futur Louis XVIII - Deux P.S., 6 pp. in-folio ; Paris, 1768 et 1773. Deux pièces jointes.                                                                                                                (300.-)                200.-

Le «... Sieur Gilles Paul Cauvet, sculpteur, directeur de l'Académie de St Luc et Demoiselle Marie Marguerite De Ligny, son épouse...» signent ces deux obligations solidaires pour 3000 et 4000 livres «... en espèces sonnantes...», sommes qui leur sont prêtées par M. Alexis Amillac, dit LEGEVIN, «... garde de la capitainerie de Corbeil, dem.t aux Camaldules...» (en 1768) et «... bourgeois demeurant au Château de Chilly près Longjumeau...» en 1773.

Les deux pièces jointes concernent les remboursements de ces créances qui ne furent en fait effectués qu'après la mort des principaux signataires, en 1790...

 

48.                CHALIAPINE Feodor (1873-1938) Basse-baryton russe - Feuille d'album A.S., 8° obl. ; Barcelone, 1927. Pièce jointe.                                                                                                                                            (350.-)                200.-

Jolie dédicace à un musicien de l'orchestre Pau Casals, de Barcelone. - Joint : feuille A.S. du ténor espagnol Miguel FLETA (1897-1938) : «Como el sol colora los flores, el arte colora vida». Belle pièce destinée au même, datant de décembre 1923.

 

49.                CHALLEMEL-LACOUR Paul (1827-1896) Philosophe et homme pol. fr. Exilé lors du coup d'Etat de 1852, il fut professeur à l'ETH de Zürich - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; Paris, 6.V.1877. Pièce jointe.     (150.-)                100.-

A la veuve de Jules MICHELET (1798-1874), qui aurait souhaité voir Challemel-Lacour faire partie d'un Comité en l'honneur de l'historien disparu. Le philosophe exprime son regret de ne pouvoir se charger «... de la glorieuse tâche...» qui lui est offerte et ne doute pas du succès de la conférence, etc.

Joint : long message A.S. de Victor CHERBULIEZ (1829-1899) à la même, au recto et verso de sa carte de visite.

 

50.                CHAMPIONNET, Jean-Etienne Vachier, dit (1762-1800) Général d'Empire - L.A.S., 2/3 p. in-folio ; (Quartier Général de l'Armée de Sambre-et-Meuse, 24.VII.1794). Sur la IVe page, adresse, cachet de cire et marque postale («Armée de la Moselle»).                                                                                 (1800.-)                1200.-

Magnifique et rare lettre adressée à sa mère peu après la bataille de Fleurus où Championnet se distingua. «... Vous ne sauriez croire, combien le silence que vous tenez... m'inquiète. Il faut être cruel de rester si longtemps sans me donner de vos nouvelles... Je veux que vous m'écriviez toutes les semaines. J'ai des droits à vous le demander, et la nature doit vous en faire une obligation. Nos succès sont rapides, les Esclaves fuyent devant nous, autant ils s'en présentent, autant mordent la poussière...» ! Le général Championnet mourut à Antibes à l'âge de 37 ans.

 

51.                CHARCOT Jean (1887-1936) Explorateur français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 ; «A bord du Pourquoi Pas ?», Brest, 20.V.1913. Trou réparé dans le texte, avec perte de deux mots.                       (750.-)                500.-

Le président de la Société géographique de Marseille s'étant semble-t-il plaint auprès de Charcot à propos d'un article où celui-ci avait passé Marseille sous silence, l'explorateur s'en explique par le fait que ce texte ne fut par lui que signé, et dans des conditions bien particulières : «... un rédacteur d'Excelsior m'a arrêté en me demandant si je voulais lui permettre de signer de mon nom un article qu'il venait d'écrire. Il me l'a lu rapidement sous un parapluie...». Plus loin, il est question de l'explorateur Robert-August PEARY (1856-1920) auquel on vient de rendre justice, «... surtout grâce à l'intervention et à la persistance de Rabot...», le voyageur et géographe français, secrétaire du Bulletin de la Sté Géographique de Paris, et au «... grand coup d'épaule...» des Marseillais.

En déclarant avoir atteint le Pôle Nord une année avant Peary, Frederick A. COOK avait provoqué une vive controverse sur laquelle s'étaient penchés plusieurs grands experts et certains, dont Charcot,avaient fini par donner raison à Peary. Intéressante !

 

52.                CHARPENTIER Gustave (1860-1956) Compositeur français - MUSIQUE A.S. sur feuille d'album in-8 ; (Barcelone, 5.XI.1930).                                                                                                                          (450.-)                300.-

C'est en souvenir de son séjour «... dans la ville où la musique est tant honorée...» que Gustave Charpentier offrit cette belle portée musicale à un membre de l'Orchestra Pau CASALS créé par le violoncelliste avec des artistes catalans.

 

53.                CHATEAUBRIAND, François-René, Vicomte de (1768-1848) Ecrivain français - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 19.IV.1840.                                                                                                                         (900.-)                600.-

Rare lettre se plaçant à une époque où l'auteur des Mémoires d'Outre-Tombe avait pour habitude de dicter ses missives à son secrétaire Pilorge. Cette pièce, entièrement de la main  du vieil écrivain, a pour but de remercier un Baron dont il a lu «... avec le plus vif intérêt l'éloge que vous avez bien voulu m'envoyer...». Elle se termine par une longue et obséquieuse formule de politesse laissant supposer que le destinataire était un homme influant.

 

 

54.                CHATEAUBRIAND (Autour de) - Cinq pièces autographes de Ballanche, Forbin, Lenormant et Marcellus, 8 pp. in-8 ; vers 1840/1853.                                                                                           (250.-)                150.-

Intéressant dossier de lettres provenant des archives du comte de MARCELLUS :

1) L.A.S. de Pierre BALLANCHE (1776-1847) écrivant au nom de Madame de RÉCAMIER - 2) L.A.S. du comte Auguste de FORBIN (1777-1841) qui n'est «... pas tout à fait de l'avis de l'auteur des Souvenirs de l'Orient...» - 3)L.A.S. de Charles LENORMANT (1802-1859) qui, en 1852, remercie Marcellus «... au nom de toutes les personnes qui ont conservé pour la mémoire de M. de Chateaubriand un culte véritable...» - 4) L.A.S. d'Amélie CYVOCT-LENORMANT (c. 1810-1893), nièce de Mme Récamier, faisant allusion à un «... volume de correspondance avec M. de Chateaubriand...» - 5) L.A. (minute) de Louis de MARCELLUS (1795-1865) au couple Lenormant pour accompagner l'envoi de deux volumes de chants grecs et remercier «... de tout ce que vous venez de dire d'aimable pour la corresp. de M. de Chat[eaubriand]...», etc.

 

55.                CHATEAUNEUF, Renée de Rieux, dite la belle de (1550-1592) D'une beauté remarquable et d'une sensualité impétueuse, elle fut durant trois ans la maîtresse du duc d'Anjou, devenu Henri III de France, qui allait la remplacer par Marie de Clèves. En 1577, dans un accès de jalousie, elle poignarda son mari adultère puis, remariée au baron de Castellane, elle le perdit en 1586 dans une rixe avec le grand prieur Henri d'Angoulême, fils naturel d'Henri II ! - P.S. «Renée de Rieux», 1 p. in-8 obl. ; Marseille, 23.VII.1591. Autographe très rare !                                                                                                                                   (750.-)                500.-

«... Je soubsignée confesse avoir receu de mr. Philippes Rapelin la somme de dixhuit escus... pour rezon de trente carteyrades... de ma terre de Beaumont...», etc.

 

56.           CHEFS D'ORCHESTRE : A à H - Collection de 9 feuilles d'album autographes, 8° ; Barcelone,

1925/1936.                                                                                                                                          (600.-)                350.-

Belles dédicaces autographes et signatures, pour la plupart datées, sur neuf feuilles provenant de l'album personnel d'un des musiciens de l'Orchestra Pau CASALS : Volkmar ANDREAE (1879-1962), Ernest ANSERMET (1883-1969), Fritz BUSCH (1890-1951), Albert COATES (1882-1953), Georg DARMSTADT (1886-?), Karl ELMENDORFF (1891-1962), Philippe GAUBERT (1879-1941), Georges GEORGESCO (1887-1964) et Louis HASSELMANS (1878-1957). Tous ont dirigé l'Orchestre de Barcelone créé par Pablo Casals.

 

57.           CHEFS D'ORCHESTRE : K à S - Collection de 10 autogr., 8° ; Barcelone, 1925/1936.                (800.-)                450.-

Très bel ensemble de dédicaces autographes et signatures datées sur dix feuilles extraites de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS de Barcelone : Erich KLEIBER (1890-1956), Otto KLEMPERER (1885-1973), Clemens KRAUSS (1893-1954), Eduard MÖRIKE, Pierre MONTEUX (1875-1964), Egon POLLAK (1879-1933), Julius PRÜWER (1875-1943), Hermann SCHERCHEN (1891-1966), Max von SCHILLINGS (1868-1933) et Georges SEBASTIAN (1903-1989).

 

58.                CHERUBINI Luigi (1760-1842) et François Adrien BOIELDIEU (1775-1834) Compositeurs - P.S. par les 2 et par 3 autres, 2 pp. 4° ;Paris, 27.III.1802.Petite tache brune au coin inf. g. Cachet.  (600.-)                400.-

Contrat par lequel CHERUBINI, «... inspecteur du Conservatoire de musique...», BOIELDIEU, «... membre dudit Conservatoire...» et Louis Emmanuel JADIN (1768-1853), «... auteur et professeur de musique...», s'engagent auprès de Madame DUHAN, «... tenant le magasin de musique et d'instruments boulevard Montmartre N° 1050 aux deux lyres...» à composer et rédiger pendant une année un journal de chant italien et français «... contenant romances, cavatines, canons et petits duos...» ; quant à la poésie, elle sera l'affaire de l'auteur dramatique Charles de LONCHAMPS  (1768-1832). Nombreux détails relatifs au journal en question, aux manuscrits à fournir, aux rémunérations et à leur répartition, etc.

Outre Cherubini, Boieldieu et Jadin, ont également signé - chacun faisant précéder son nom de quelques mots autographes : «approuvé l'écriture...» pour acceptation des clauses du contrat - Charles Lonchamps et Jeanne-Elizabeth Duhan.

 

59.           CHINE au XVIIIe siècle - L.S., 3 pp. in-4 + P.A.S. du marquis Romualdo de STERLICH (1712-1788) ; Chieti, 22.XII.1755.                                                                                                                        (600.-)                400.-

Intéressante missive émanant d'un littérateur et philosophe italien informant, entre autres,son correspondant Francesco VETTORI (1693-1770) qu'il vient d'acquérir un important ensemble de pièces manuscrites relatives à la Chine, papiers d'un missionnaire, le Père Castorano (Carlo HORATII da C.), ayant longtemps résidé dans ce lointain pays (de 1700 à 1733).

«... Ieri mi riuscì di acquistare tutte le carte del Celebre P. Castorano, che consistono in 500 e più fogli tutti scritti in carta chinese di varie specie, e continenti relazioni, decreti, accuse, apologie, etc., sopra i riti cinesi, essendovi molte lettere di altri Missionanti Gesuiti, i quali cercavano d'impedire la pubblicazione della Costituzione ex illa die appoggiata da Monsig.re della Chiesa, vescovo di Pekino... oltre due libri stampati in lingua Chinese...», dont il donne les titres. «... Vi sono di più moltissimi memoriali e suppliche dati all'Imperatore, e scritti in lingua cinese sopra carta sottilissima a color d'oro, e molte lettere...», etc.

Nombreux sont les Catholiques de Chine qui, à cette époque, subirent le martyre.

 

60.                CHOUANNERIE, 1793/1794 - P.S. «Janchouans - Commandant generalle», 1 1/2 pp. in-4. Adresse au dos.                                                                                                                                               (4000.-)                2500.-

Lettre manuscrite, destinée aux «Citoyens du district à Chateaubriant», signée par plusieurs rebelles chouans semblant avoir utilisé des noms d'emprunt («Mentondouble», «Capitaine», «Sanbarbe, capitaine», «Labé, lieutenant» et «Tranquil, lieutenant»). Au dos, entourée d'un large paraphe, signature (?) de Jean COTTEREAU (1757-1794), dont le sobriquet («Jean Chouan») est à l'origine du mot «Chouans».

[Suite lot 60, Chouannerie] Curieux texte dont voici un extrait : «... Républicain, tu publie la paix et tu veux soustraire des scelerats à des chatiment trop justement merités. Un Renier, un Monjondrière, un Vanier, un Lyon, monstres cruels teints du sang de leur concitoyens : lunivers entier crie vengence, et tu demande grace...», etc.

 

Cette pièce, provenant d'anciennes collections d'autographes françaises puis étrangères, pourrait ne pas avoir été signée de la main du célèbre chef chouan, certaines sources affirmant que Jean Cottereau ne savait ni lire, ni écrire, bien qu'il ait été «gérant d'affaires» et garde chasse avant d'entrer dans la clandestinité ! Peut-être un de ses lieutenants a-t-il signé pour lui ? Les rarissimes signatures que l'on attribue à ce chef rebelle sont en effet toutes différentes les unes des autres...

Document en bon état de conservation (légères piqûres) ; au dos, restes d'un cachet de cire rouge.

 

61.                CLAUZEL Bertrand (1772-1842) Maréchal de France, il participa à l'expédition de Saint-Domingue puis fut en Espagne et enfin, de 1835 à 1836, en Algérie comme Gouverneur général - L.S., 1 p. in-4 ; Perpignan, 6.VIII.1835.                                                                                                                                         (350.-)                250.-

S'apprêtant à partir pour l'Algérie (où il arrivera le 8 août), le maréchal Clauzel signe cette lettre au général Boniface de CASTELLANE (1788-1862) - qu'il dicta semble-t-il, d'après l'écriture, à son jeune fils Bertrand C. (1815-1884) - où il est question d'un officier d'infanterie légère témoignant «... un vif désir de venir en Afrique. S'il est possible de le comprendre dans un des bataillons expéditionnaires... je vous prie de vouloir bien le faire...».

Le futur maréchal de Castellane commandait alors la division des Pyrénées Orientales.

62.                COCTEAU Jean (1889-1963) Ecrivain français aux dons multiples - Poème A.S. «J. C.», 1 p. in-4 gr. (27 x 35 cm). Papier légèrement défraîchi. (Vers 1910/12).                                                               (1500.-)                1000.-

Sonnet ayant pour titre «Métempsycoses», à placer, selon les instructions données par Cocteau au bas de la feuille, «... sous la caricature au masque...». D'une élégante et large écriture, le poète a tracé 14 vers de ce sonnet dont voici le premier quatrain : «D'un extrême à l'autre elle flotte / Pour un maître en toute chose «ès» / Le carquois remplace la Motte ! / Jouvence succède à l'Hadès !...», etc. Superbe et rare texte de jeunesse.

 

63.                COLLADON Daniel (1802-1893) Ingénieur et physicien suisse de Genève. Avec son ami Charles Sturm, il procéda en 1827, sur le lac Léman, à la mesure directe de la vitesse du son dans l'eau - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; (Genève), 16.II.1872.                                                                                                            (450.-)                300.-

Daniel Colladon répond ici aux questions scientifiques que lui a posées l'ingénieur BLANCHOT «... sur les Barrages et notamment celui du Moulin Rochat...» ; il pense que l'intérêt de la ville et de ses habitants est de pourvoir «... dans le présent et un avenir prochain à une fourniture d'eau abondante, d'éviter tout ce qui peut nuire et dominer la puissance...» ; il y a d'autre part «... impossibilité de surélever les eaux du lac au-delà de ce qui se fait...». Quant aux sommes considérables investies, il est d'avis que «... si la force motrice en chute d'eau manque, ces grandes dépenses perdent beaucoup de leur utilité...». Il ne nie pas l'utilité, pour l'industrie genevoise, des moteurs David et Rochat, mais il est convaincu que le Service municipal hydraulique «... est d'une utilité publique générale incomparablement plus grande...», etc.

L'illustre savant demandant ici qu'il soit fait un usage «discret» de sa consultation, il serait intéressant de voir si les autorités genevoises de l'époque prirent en compte ces remarques pertinentes...

 

64.                COMBONI Daniele (1831-1881) Saint. Prêtre missionnaire italien, il consacra sa vie à «sauver l'Afrique par l'Afrique». Canonisé par Jean-Paul II à Rome, le 5 octobre 2003 - L.A.S. «D[on] Daniele», 6 pp. in-8 ; (Verone, 1864). Autographe rarissime.                                                                                             (5000.-)                3000.-

Très longue et très intéressante missive du jeune prêtre qui, de retour d'une première expédition missionnaire au Soudan en 1857 décida de mettre au point une nouvelle stratégie missionnaire, son fameux «Plan pour la régénération de l'Afrique».

Demeurant auprès de son maître, don Nicola MAZZA (1790-1865, dont le procès de béatification est actuellement en cours), Comboni a offert, avec le consentement de don Mazza, son modeste logis au fils de sa correspondant, un jeune noble romain contraint de s'exiler à cause de ses idées libérales. Son protégé se porte bien, mieux encore qu'à Rome, à Trieste ou en Egypte : «... L'ho presentato al mio superiore D. Mazza, uomo santo, dotto e di una facoltà intuitiva ammirabile...» ; celui-ci a remarqué dans ce jeune homme «... un fondo di religione cattolica il più puro... D. Mazza non si è mai ingannato ne' suoi giudizj... E D. Mazza è un santo dei più straordinarj per carità e penitenza...», etc.

Comboni a été très attristé par le fait que la communauté religieuse au sein de laquelle il vit ait imposé au jeune noble romain d'aller loger dans un hôtel digne de son rang ; il a encore en mémoire l'accueil chaleureux que des Frères d'Orient, extrêmement riches, il est vrai, contrairement à la communauté de Vérone, avaient réservé à son protégé. Celui-ci, d'ailleurs, vient de quitter le collège et Comboni avoue souffrir énormément de ce départ, «... più che quando la prima volta abbandonai i patrii lari e mi recai nel centro dell'Africa...», etc. Il promet, par ses prières, d'aider sa correspondante qui traverse un moment difficile et l'assure que «... benché io sia grand peccatore, pregherò per Lei ; e le dirò un buon numero di messe...», etc., etc.

Document exceptionnellement long (135 lignes d'une petite écriture) témoignant de la profonde bonté et de la sainteté de ce grand personnage de l'Eglise catholique.

Nous n'avons pas connaissance d'une autre lettre de ce nouveau Saint offerte à la vente en ces dernières décennies.

 

65.                COQUELIN Constant (1841-1909) et Ernest (1848-1909) Frères, acteurs célèbres - Ensemble de 16 L.A.S. + 1 L.S., environ 27 pp. de formats et dates diverses. Lettre jointe.                                    (500.-)                300.-

Réunion de lettres à divers correspondants, directeurs de théâtre, écrivains, etc. (Jules Clarétie, Labat, Péricaud, H. Hertz, Verroust, Koechlin, Aimé Giron, etc.) se rapportant pour la plupart à des représentations de théâtre, des manuscrits à lire, des rendez-vous, certains textes évoquant Molière, Julie Bartet, Victor Boucher, Planchet, Bonacieux, etc.

La lettre jointe est de F. FALCONNIER, membre de la Comédie Française. Quant à la lettre signée par COQUELIN Cadet, elle porte les autographes de quatre autres artistes dont L. Brémont et H.-P. Maubant.

 

66.           [Brésil] COUDREAU Henri-Anatole (1859-1899) Voyageur français. Entré au service du gouvernement du Pará, il explora successivement les importants affluents de droite de l'Amazone - L.A.S., 2 pp.in-4 ; Paris, 16.XII.1885.                                                                                                             (400.-)                250.-

A l'amiral Ernest MOUCHEZ (1821-1892), astronome et photographe, directeur de l'Observatoire de Paris. «... J'ai fait hier soir... une conférence sur les intérêts français dans le bassin de l'Amazone... J'ai conclu, vu l'importance de nos relations commerciales sur l'importance de la colonie française à l'Amazonie, vu l'intensité de l'influence française dans le pays...» la nécessité de créer un consulat à Pará. Ayant appris que le consul de Pernambuco désire s'en aller, Coudreau, qui estime que cette ville brésilienne «... est encore à peu près l'Amazonie...», s'en accommoderait volontiers «... faute d'un consulat à Pará même...», point de départ de ses prochaines expéditions.

Sa situation économique personnelle empirant («... Quand la Marine me paiera-t-elle, et me paiera-t-elle ?...», se lamente-t-il), l'explorateur souffre de rester «inutilisé» alors que lui parviennent des offres de l'étranger «... si je veux entreprendre une série de voyages chez les nations de l'Amérique Latine. Je préfèrerais certes un service de mon pays, quoiqu'il m'en ait coûté déjà...».

En 1886, Coudreau publiera son Voyage au rio Branco et l'année suivante ses Etudes sur les Guyanes et l'Amazonie ; puis en 1895 il s'établira à Pará, fera de nouvelles explorations et disparaîtra en 1899 à l'âge de 40 ans.

 

67.           COUÉ Emile (1857-1926) Pharmacien et psychothérapeute français, inventeur d'une méthode d'auto-suggestion appliquée à l'eurythmie de l'organisme humain, dite Méthode Coué - Belle signature sur un billet monté sur feuille d'album in-12 obl. Autographe peu commun.                                                              (250.-)                150.-

 

68.                CRAMER Philibert (1727-1779) Homme politique genevois, éditeur avec son frère des œuvres de Voltaire chez lequel il jouait la comédie ! - L.A.S., 1 2/3 pp. in-4 ; Genève, 4.XI.(1764?).                (500.-)                350.-

Il charge son correspondant parisien (un ami de Voltaire) de lui «... retenir un appartement dans la rue Tavanne où l'on dit qu'il y a des hôtels garnis... Je pars Jeudi... Je vous écrirai de Lion samedi pour vous dire plus précisément le jour de mon arrivée... Si vous vouliez manger un poulet ce jour là dans mon hôtel, ce serait une galanterie charmante...». L'éditeur, qui sera accompagné de Monsieur Lullin, veut rencontrer son ami dès son arrivée à Paris («... vous ne sauriez me refuser sans barbarie...»). Il demande qu'on vienne le prendre aux portes de la ville. Dans sa correspondance, Voltaire donne à Philibert Cramer le surnom de «Prince»

 

69.                CRICKBOOM Mathieu (1871-1947) Violonistebelge, principal disciple d'Eugène Ysaÿe ; celui-ci lui dédia sa Sonate pour violon seul n° 6 et Chausson son Quatuor à Cordes - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 1.XII.1925.                                                                                                                          (350.-)                250.-

Belle ligne de musique (4 mesures) offerte à un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS en souvenir du concert du 1er décembre 1925 «à l'Association de Musica di Camera». Casals, qui avait quelques années plus tôt fondé avec Crickboom un quatuor auquel s'associait souvent le pianiste Enrique Granados, avait créé vers 1920 cet orchestre à Barcelone avec des musiciens catalans.

 

70.                CUSTINE, Astolphe de (1790-1857) Ecrivain français dont l'homosexualité, rendue publique en 1824, fit scandale - L.A.S., 1 p. in-4 ; Marienbad, «Ce mardi 1 er juin» [1830].                                    (900.-)                600.-

«... J'apprécie doublement depuis hier les avantages de la vie des eaux... Nous avons lu, Monsieur Ste Barbe et moi, ... la notice sur le grand Bohême. Il manquoit à son noble destin et à son beau génie un homme digne de les comprendre... La notice sur la vie est pleine de traits d'une érudition piquante et l'on arrive à la fin tout étonné de s'être tant amusé en s'instruisant... Mr St Barbe a calculé que nos projets peuvent s'accorder avec un séjour... à Baden... ces eaux lui étant plus particulièrement recommandées...», etc. Custine demande à son correspondant de faire afficher à Carlsbad une annonce concernant «... une superbe voiture de voyage que le Marquis avoit à vendre...» (note écrite de la main du destinataire). Au dos de la lettre, ce dernier, qui signe «J. de Carro, M.D.» ajoute une douzaine de lignes renfermant des renseignements personnels sur le marquis et ses œuvres, dont celle du Voyage en Suisse publiée, précise-t-il, «... avant sa catastrophe...» (le scandale de 1824 !).

Document fort intéressant témoignant de l'amitié que se vouaient Custine et Edouard SAINTE-BARBE (1794-1858) ; commencée en 1822, elle dura jusqu'à la mort du premier et l'écrivain fit de son ami son héritier universel. (Sur cette célèbre liaison, voir : A. de CUSTINE, par le marquis de Luppé) [Voir aussi le numéro 1, Abrantès]

 

71.                CZIFFRA Georges (1921-1994) Pianiste hongrois naturalisé français, il donna son premier concert à l'âge de cinq ans - L.S. et carte S., 8° et 12° ; Paris, 3.VI.1975. Pièces jointes.                                      (250.-)                150.-

Par sa lettre signée «Amicalement - G. Cziffra», le musicien envoie à une amie pianiste une carte d'adhésion (signée par lui en tant que Président) en remerciement «... de l'aide que vous avez apportée à l'Auditorium Franz LISZT...» dans l'ancienne Chapelle Royale Saint-Frambourg, à Senlis. - Joint : deux lettres imprimées, l'une au nom de Cziffra, l'autre à celui de J. M. Desbordes, chargé des fouilles archéologiques à la Chapelle Royale.

 

72.           DENIS Ferdinand (1798-1890) Voyageur et littérateur français, auteur d'importantes études sur le Brésil - Deux L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 1838. En-tête du Ministère de l'Instruction publique.                (400.-)                250.-

En septembre, il réitère au baron TAYLOR son désir de le rencontrer, bien que «... le C.l de Jancigny se voit contraint d'aller pour affaires à la campagne...».

Deux mois plus tard, le 22 nov. 1838, sur un papier à lettre dont l'en-tête a été légèrement modifié (on a ajouté sur la gauche «Cabinet du Ministre»), Ferdinand Denis annonce l'envoi d'un livre et parle de celui de Bellangé : «... il y a erreur de la part du Bib. de Chatillon. On a souscrit pour 6 exemp. au Voyage dans les Indes Orientales mais ce livre n'a pas été accordé à la Bibliothèque qui le réclame...», etc. En tête, quelques lignes précisent que cette missive était destinée à Désirée NISARD, suite «... à la demande que je lui avais adressée de la continuation du Voyage de Bellangé...» (Hippolyte B., 1800-1866, peintre et lithographe).

 

 

73.           DE RESZKE Jean (1850-1925) Ténor polonais - Photo signée, 12° ; (Paris, vers 1905).                                (300.-)                200.-

Beau portrait en buste (Collection C. Coquelin) du chanteur alors au sommet de sa carrière. Jolie signature tracée sur fond clair.

 

74.                DESCARTES Catherine (1635-1706) Femme de lettres française - P.A.S., 1/2 p. in-4 ; Rennes, 13.XII.1702.                                                                                                                                        (800.-)                500.-

La nièce de l'illustre philosophe reconnaît avoir reçu de Madame de Penvern la somme de 100 livres «... pour une année du lesd.[ict leg] que feu Madame de Penverne ma sœur m'a donné en son testament dont le terme est eschu du mois davril dernier...».

Liée à Mlle de Scudéri, Catherine D. a laissé des ouvrages en vers et en prose qui ne manquent pas de délicatesse, mais surtout les deux écrits suivants évoquant son oncle, l'Ombre de Descartes et la Relation sur la mort de Descartes. Quant à la sœur défunte de Catherine, il s'agit de Marie-Madeleine D. qui avait épousé François Du Pereno, Sieur de PENVERN et de Persequen, gentilhomme breton très distingué. Le père des deux femmes était Pierre Descartes de la Brétaillière, frère aîné du philosophe.

75.                DIAGHILEV Serge (1872-1929) Impresario, organisateur des célèbres Ballets russes – Message autographe signé «Chat», deux lignes en russe sur une page in-8 obl. ; (Paris, vers 1925).     (500.-)                350.-

A Boris KOCHNO, son collaborateur et ami intime, pour lui faire savoir qu'il «... a été en visite...» et a demandé des nouvelles sur la santé d'un ami commun.

Il n'est pas rare de trouver le sobriquet «Chat» dans la correspondance qu'échangèrent Diaghilev et son secrétaire.

 

76.           DIDAY François (1802-1877) Peintre suisse. Il laissa à Genève, sa ville natale, une forte somme d'argent avec laquelle fut créée une Fondation dont le but était d'encourager le culte des Beaux-Arts - Deux L.A.S., 3 pp. in-8 ; Genève, 10.VIII.1870 et 15.VII.1872.                                                          (600.-)                400.-

Dans la première lettre, se terminant par une jolie signature suivie d'un paraphe en forme de palette de peintre, Diday signale à l'ingénieur BLANCHOT certains inconvénients genevois qui l'importunent beaucoup, notamment «... Par les temps de pluie...» et suggère une solution pour mettre fin à ces problèmes.

Deux années plus tard, il exprime sa satisfaction «... de voir commencer les Passerelles pavées du Jardin des Alpes, désormais on pourra rentrer chez soi sans être boué jusqu'à la cheville du pied...». Il lui reste cependant une remarque à faire «... dans l'intérêt du coup d'œil général... l'alignement des passerelles du côté du Quai devrait être pris sur le prolongement des bordures en roches des trottoirs du Quai du Mont Blanc... La ligne tracée à la pioche sur le terrain indique que la passerelle sera plus étroite que le trottoir...», etc. Curieuse correspondance d'un peintre paysagiste qui aimait sa ville !

 

77.                DULONG Pierre-Louis (1785-1838) Physicien et chimiste français, il énonça la loi des chaleurs spécifiques des corps simples solides - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 13.XI.1834. En-tête de l'Ecole polytechnique.

Adresse autographe. Rare.                                                                                                                             (800.-)                500.-

A Félix SAVARY (1797-1841), son collègue à l'Ecole polytechnique où il enseignait la géodésie. «... On fesoit ordinairement les leçons de topographie à l'heure consacrée au travail des cartes. Cela ne sera pas possible cette année... Je vous propose de faire la 1ère des 2 leçons de topographie... mardi 15 à midi... Vous vous rappellez que c'est le jeudi 17 que vous commencez le cours de géodésie...». Depuis 1830, Dulong occupait la charge de directeur des études à l'Ecole polytechnique. En 1818, il avait écrit avec Petit son fameux Mémoire sur les lois du refroidissement qui lui apporta une renommée impérissable.

 

78.                DURAND-RUEL Georges (1866-1931) Marchand d'art parisien, longtemps responsable de la succursale américaine de la Maison qui sut imposer au monde les Impressionnistes - L.A.S. + 2 L.S., 4 pp. in-8 et in-4 ; Paris, 1910/1911. En-têtes.                                                                                              (600.-)                400.-

Intéressante correspondance adressée à un savant suisse qui aimait à faire des fouilles dans la vallée des Rabières (Périgord). De retour d'Amérique, Durand-Ruel a trouvé l'ouvrage de son correspondant et le lira dès que possible. «... J'ai passé un excellent hiver à New York et j'ai eu une très belle traversée pour en revenir...».

Au printemps 1911, le marchand d'art encourage le savant à venir chez lui terminer ses fouilles et lui délivre toutes les autorisations nécessaires. Puis en septembre, il est question du «... triage et... classement des divers objets que vous avez trouvés... J'aurai la place dans ma nouvelle maison d'installer les vitrines nécessaires pour les y exposer...», etc.

En cette année 1911, le vieux Paul Durand-Ruel, l'ami de Millet, Renoir, Monet, Pissarro, Mary Cassat et tant d'autres artistes, céda entièrement à ses fils Joseph et Georges la direction de sa célèbre galerie d'art.

 

79.           DURAS Marguerite (1914-1996) Ecrivain et cinéaste français. Née en Indochine, elle trouva dans ses souvenirs d'Asie la source de certains de ses romans - Tapuscrit signé avec nombreuses corrections et rajouts autographes, 4 pp. in-4 ; (Paris), 5.I.1973.                                                                                (1000.-)                600.-

Texte original d'un article paru dans un numéro de «Ciné-Club - Spécial 1973 - Saint Raphaël» où il fut imprimé, dans sa version définitive, sous le titre «Le Cinéaste, c'est un spectateur», alors que Marguerite Duras aurait préféré «L'endroit du film ? ou : Un soir au Havre». Les nombreuses ratures et corrections font de ce manuscrit un document en partie inédit.

En se basant sur le récit d'un témoin d'avant guerre sorti d'une soirée au cinéma, l'écrivain constate combien les spectateurs ont changé : «... On leur a appris la syntaxe cinématographique, sa grammaire. Ils ont subi une éducation du VOIR en image... N'empêche, le spectateur participe encore parfois à ce voir primitif, sauvage... Le cinéma, c'est le spectateur qui le fait. Beaucoup plus encore qu'un livre le lecteur... Le travail d'un cinéaste à un film... se situe à un endroit différent de l'endroit où se tient un écrivain qui fait un livre...», etc., etc.

 

 

80.                EGYPTE, 1799 : SAINT-JEAN D'ACRE - P.S. par le général Ch. F. Joseph DUGUA (1744-1802 à St-Domingue), 1 1/2 pp. in-folio ; (Le Caire, mai 1799).                                                  (1000.-)                600.-

Importante pièce faisant état de la situation au Siège d'Acre. Dans cette «copie conforme», le général Dugua nous livre le texte de la lettre que BERTHIER (et, pour lui, Andreossy) vient de lui écrire du «Quartier général devant Acre, le 16 floréal» [5.V.1799] où tout se passe apparemment fort bien pour les Français : «... Je vous annonce... l'heureux succès d'une vigoureuse tentative faite hier sur l'ennemi...» posté derrière les places d'armes palissadées. Le général Rampon, à la tête des troupes, a exécuté ce que Bonaparte lui avait ordonné, soit «... d'emporter et de détruire ces ouvrages... Au signal d'un coup de canon nos troupes sautèrent dans les boyaux, massacrèrent ou chassèrent devant elles la bajonette aux reins tout ce qui se présenta... L'assiégé a perdu près de 300 hommes... nous avons eu peu de morts... Nous attendons dix milliers de poudre arrivés à Jaffa pour faire jouer la mine, les pièces de 24 et opérer la reddition de la place...», etc.

Six jours plus tard, vu son impuissance à faire tomber Acre, le général en chef décidait de lever le siège, parvenu à son 51ème jour...

Notons que les historiens placent à la date du 7 mai l'assaut conduit par le général Rampon, alors que notre document parle de la nuit du 3 au 4 mai...

 

81.                EINSTEIN Albert (1879-1955) Physicien allemand naturalisé suisse puis américain, père de la théorie de la relativité, prix Nobel en 1921 - Signature et date au crayon sur page in-8. Vignette.                (1200.-)                800.-

Belle signature complète et date («Albert Einstein, 1924») sur carte portant en tête une charmante vignette publicitaire en couleurs («Abdulla Superb Cigarettes») ; au dos, liste imprimée des boissons (eaux et vins) servies lors d'un repas auquel Einstein était probablement présent.

D'après la date et les vins («... Yverne... Chablis... Dôle de Sion... Neuchâtel...»), il ne fait aucun doute qu'Einstein se trouvait alors en Suisse, vraisemblablement pour l'une des séances genevoises de la Commission de Coopération intellectuelle instituée par la Société des Nations, commission dont le savant était membre depuis juillet 1924. Photo jointe.

 

82.                ELUARD Paul (1895-1952) Poète français - L.A.S., 1 p. in-12 ; [Paris, 28.V.1937]. Adresse autographe et cachets postaux au dos.                                                                                                                (500.-)                350.-

A propos d'une exposition qu'il doit monter avec son correspondant, l'éditeur José CORTI qui fut également un acteur du Surréalisme : «... Pour cela, le mieux serait que vous veniez me voir...».

Il s'agit vraisemblablement de l'Exposition Internationale du Surréalisme qui allait se tenir en janvier et février 1938 à la Galerie Beaux-Arts du Faubourg Saint-Honoré à Paris. [Voir n° 36]

 

83.                ESCLAVAGE, 1792 - L.A.S. d'un indigène d'Haïti se prénommant «Lotherie», 2 pp. in-4 ; Gros Morne, 14.X.1792. Adresse du destinataire sur la IVe page.                                                                                             (500.-)                350.-

A «Monsieur Decrenal - aux Gonaïves», pour accompagner l'envoi «... par votre cabrouet... [de] six régimes de Bananes, un mouton, six poules, deux douzaines et 1/2 d'œufs et un pot de Beurre...». Lotherie va s'occuper du café, a déjà fourni du sel au commandant, ainsi qu'une bête à M. Imbault, etc. La vie dans l'île se déroule assez paisiblement, mais il est impossible de se procurer «... pour or ni pour argent, une paire de souliers... J'en ai grand besoin, car je suis obligé de coudre ceux que j'ai aux pieds pour pouvoir m'en servir...». Quant au maire, il «... me charge de vous dire s'il est vrai que vous avez dit aux nègres à Mr Cap-Grand... qu'il n'y avait pas de farine...», etc. Curieux texte.

 

84.           ESSAD BEY, Leo Noussimbaum, dit (1905-1942) Ecrivain azéri. Né d'un père juif, il se convertit à l'Islam, vécut en Turquie puis à Berlin et à Vienne où il écrivit sous le pseudonyme de Kurban Said son livre le plus célèbre, Ali et Nino - L.A.S., 3 pp. in-8 ; (Positano, février 1942 ?). En italien.                (1800.-)                1200.-

Souffrant et désargenté, l'écrivain, qui vit ses derniers mois d'existence en terre étrangère, s'adresse ici à un coreligionnaire («Caro Fratellino Giamil») dans l'espoir d'obtenir une aide morale et surtout matérielle, comme la loi islamique lui permet de le faire.

Ses précédents messages sont restés sans réponse et le professeur Busir Kerim lui-même ne lui a plus donné signe de vie. Physiquement diminué, ne se déplaçant plus qu'à l'aide d'une canne, Essad Bey avoue ne travailler que bien peu à ses ouvrages, et notamment à sa biographie de Mahomet et à Allah ; il rédige en outre des articles américains et allemands, etc.

La vie d'Essad Bey est à elle seule un roman ! Né à Bakou, en Azerbaidjan, région alors sous domination russe, il arriva très jeune à Constantinople, ville qui lui inspira plus tard son roman «The Girl from the Golden Horn». Exilé avec son père à Berlin, il y écrivit des ouvrages relatifs aux problèmes créés par les richesses pétrolières de l'Orient. Réfugié momentanément à Vienne après la prise du pouvoir par Hitler, il gagna l'Italie lors de l'occupation de l'Autriche et, afin de masquer ses origines juives, publia ses deux principaux ouvrages sous le nom d'une amie, la baronne Ehrenfels. S'étant retiré à Positano, près de Naples, il y vécut très modestement du peu de revenus qui lui arrivaient secrètement de Vienne ; il y mourut à 36 ans à peine des suites d'une blessure à un pied qu'il s'était faite dans le but d'échapper à la déportation.

Autographe important et fort rare, portant une double signature en caractères européens («Essad») et arabes.

 

85.           ESSLER Fanny (1810-1884) Danseuse autrichienne, rivale de Maria Taglioni. Artiste de caractère, elle se rendit célèbre dans le monde entier - L.A.S., 2/3 p. in-8 ; Bruxelles, 21.X.1844.                             (450.-)                300.-

A un critique musical, pour lui exprimer sa satisfaction et le remercier «... pour les jolis articles que vous avez publiés dans votre journal...».

En 1840/42, Fanny Essler avait dansé aux Etats-Unis où elle avait reçu partout un accueil enthousiaste ; le Président van Buren lui-même eut l'occasion de la recevoir.

 

86.           FALLA, Manuel de (1876-1946) Compositeur - Musique A.S. ; Barcelone, (17).III.1927. (2500.-)   1600.-

 

Magnifique extrait de son «Retablo» (de maître Pierre, commande de la P.cesse de Polignac, 1923) tracé sur une page in-8 provenant de l'album d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS, avec dédicace amicale et belle signature autographe.

 

87.                FANTIN-LATOUR Henri (1836-1904) Peintre etlithographe français - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Paris), 24.III.1899. Papier de deuil.                                                                                              (400.-)                250.-

Fantin-Latour, qui serait heureux d'être reproduit dans le Studio, prie l'artiste Gabriel MOUREY de lui envoyer son «... photographe... le matin jusqu'à 11 h...», etc. Pris d'un goût très vif pour l'art contemporain anglais, le préraphaélisme et l'esthétique de Ruskin, l'écrivain d'art Gabriel MOUREY (1865-1943) s'attacha à les faire connaître en France à travers ses ouvrages et dans Le Studio, revue dont il venait de prendre la direction de l'édition française.

 

88.                FLAUBERT Gustave (1821-1880) L'illustre romancier français - L.A.S. «Gve Flaubert», 1 p. in-8 sur papier bleu ; «Mardi soir - 10 heures» (Croisset, vers juillet 1855 ?).                                       (1500.-)                1000.-

Missive inédite, faisant probablement suite à celle que Flaubert adressa en juin 1855 au «Cher Monsieur Cloquet», l'éminent médecin Jules CLOQUET (1790-1882), ancien élève du docteur Achille Flaubert, père de l'écrivain. «... J'accepte avec grand plaisir votre bonne invitation. Vous savez comme je vous aime...», lui écrit-il. Il exprime sa joie de rendre visite à ce couple qu'il affectionne tout particulièrement, etc. «... Dites à Mme Cloquet... tout ce que vous pouvez trouver... de meilleur.» !

Dans un message du 17 (ou du 24) juin précédent, Gustave Flaubert s'était empressé de féliciter le Docteur Cloquet pour sa nomination à l'Institut et lui promettait de se rendre à Paris «... d'ici à trois semaines...», peut-être pour y visiter l'Exposition.

On ne connaît qu'une douzaine de lettres de G. F. au Dr Cloquet. La nôtre, restée inédite jusqu'à ce jour, pourrait bien aussi dater de la fin du mois de septembre 1862, après que l'écrivain, étant à Paris pour assister aux répétitions d'un drame de son ami Louis Bouilhet, eût renvoyé au Docteur Cloquet une thèse concernant probablement l'avant dernier chapitre de Salammbô. A noter enfin que c'est accompagné du Dr Cloquet que le jeune Flaubert âgé de dix-huit ans avait visité, en été 1840, le sud de la France et la Corse, voyage ayant donné matière à son premier ouvrage intitulé «Par les champs et par les grèves».

Intéressant témoignage d'une longue amitié ! [Voir aussi le numéro 238, Sartre]

 

89.                FLORIAN, Jean-Pierre Claris de (1755-1794) Ecrivainfrançais,petit-neveu de Voltaire - L.A., 3 pp. pleines in-8 ; Paris, 2.II.1793. Adresse, cachet et marques postales sur la IVe page.                               (800.-)                500.-

Rare missive de ce célèbre fabuliste mort à 39 ans (arrêté comme suspect, il fut relâché le 9 Thermidor mais mourut peu après). Après avoir évoqué l'imminente parution d'un nouvel ouvrage, Florian raconte son été passé à la campagne, puis son retour à Paris où il est aussi heureux que possible : «... on m'aime et on m'estime un peu, c'est tout le bien que je désire...». Il a arrangé sa petite fortune qui lui rapporte assez pour ses besoins : «... Si avec cela je vois ma patrie heureuse et en paix, il ne me manque rien...». Il s'inquiète d'être sans nouvelles du citoyen Verdier, qui s'occupe de ses affaires avec M. Bousquet et craint de ne s'être acquitté envers sa correspondante de sa pension pour 1792. Il est encore question des citoyens Olivier, Brun, Durfort et des domestiques de son défunt père dont Marion : «... je regrette du fond du cœur cette excellente Marion,... elle était bonne, jeune et belle... Aimons-nous, nous qui restons...», etc.

 

90.                FOKKER Anthony H. G. (1890-1939) Célèbre constructeur d'avions. Hollandais, il fonda son usine en Allemagne puis, après la Première Guerre mondiale, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis - L.S., 2/3 p.

in-4 ; Amsterdam, 28.II.1920. Trous de classement loin du texte. En-tête à ses nom et adresse. (600.-)                400.-

Le constructeur du célèbre Fokker D7, petit chasseur considéré le meilleur du monde dès 1917 au jour de l'armistice, aurait dû, à la signature du Traité de Versailles, détruire ses trois usines en Allemagne. Comme par miracle, il réussit à faire passer clandestinement en Hollande plus de 350 wagons chargés de presque tout son matériel, dont 220 appareils qu'il vendit aux gouvernements hollandais et américains...

Notre lettre, rédigée en hollandais, se place à cette époque. Fokker, plus riche que jamais, y discute avec son correspondant de la prise en charge d'une personne qui a toute son estime.

Autographe peu commun du constructeur du fameux trimoteur utilisé par l'amiral Byrd en 1926 pour survoler le Pôle Nord, appareil sorti précisément de l'usine que Fokker s'apprêtait à fonder aux Etats-Unis en 1921.

 

91.           FOREL François Alphonse (1841-1912) Médecin et naturaliste suisse. Il est considéré, par ses études de la faune du lac Léman, comme le fondateur de la limnologie, terme créé par lui en 1892 - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Morges, 11.V.1896.                                                                                                                           (600.-)                400.-

Intéressante réponse destinée à l'auteur d'un article que Forel juge trop élogieux à son égard : «... Je ne me sens pas digne de tant de compliments... Ma carrière de professeur a été une joie pour moi... car je n'ai pas de plus grand plaisir que celui de faire une leçon ou une conférence. Ma carrière de naturaliste... quel plus grand plaisir peut-il y avoir pour celui qui aime... chercher à comprendre et à expliquer les grands scénarios, les grands jeux et phénomènes des glaciers ou des lacs...».

 

92.                FOUCHÉ Joseph (1759-1820) Conventionnel français, ministre de la Police impériale, duc d'Otrante - L.S. «Fouché», 1 p. in-4 ; Paris, 3.IV.1807.                                                                                            (350.-)                250.-

L'homme à la redoutable efficacité qu'était Fouché dit ici attendre la réponse du maréchal Berthier, ministre de la Guerre, avant de «... faire délivrer un passeport pour la Hollande demandé par M. Gillet, né en Angleterre et fabricant à Bruxelles qui prétend n'être pas considéré comme  prisonnier anglais...». L'origine de cet individu pourrait en effet le «... mettre dans le cas de l'application du décret Impérial...», signé à Berlin le 21 novembre 1806 et instaurant le Blocus Continental dont le but était de ruiner l'Angleterre en détruisant son commerce...

 

 

93.                FRANÇOIS Ier de Lorraine (1708-1765) Empereur germanique en 1745, il avait épousé l'archiduchesse Marie-Thérèse en 1736 - L.S., avec souscription autogr. («Euer Hoch. gutwilliger Bruder - Frantz»), 1 1/2 pp. folio ; Vienne, 28.XI.1763. Adresse et cachet de cire noire sur la IVe page.                           (750.-)                500.-

L'empereur tient personnellement à annoncer à son frère, le duc Karl Alexander de LORRAINE (1712-1780), depuis peu gouverneur des Flandres autrichiennes, à Bruxelles, la naissance, suivie d'un décès prématuré, de sa petite-fille, née de l'union entre leprince héritier, l'archiduc Joseph d'Autriche, et Isabelle de Bourbon-Parme, elle-même morte lors des couches.

Ce document est le seul témoignage de la naissance d'un héritier du futur empereur JOSEPH II, dont la deuxième épouse, Marie Josepha de Bavière allait disparaître en 1767 sans laisser d'enfant.

 

94.                FRANÇOIS-JOSEPH Ier d'Autriche (1830-1916) Empereur dès 1848, il épousa en 1854 Elisabeth de Bavière - P.A.S. à son chiffre, 9 lignes sur une page in-4 ; Wien, 15.XI.1863. En allemand.                (600.-)                400.-

Longue et intéressante réponse autographe en marge d'une L.A.S. que vient de lui adresser son ministre des Affaires étrangères, Johann Bernhard RECHBERG (1806-1899). Cet ancien Premier ministre, issu de l'école de Metternich, voudrait soumettre à l'empereur un projet d'instructions destinées à l'ambassadeur d'Autriche à Rome, relatif au prélat hongrois Ludwig HAYNALD (1816-1891), futur cardinal. Il est également question d'un courrier spécial pour Paris dont la rédaction a pris du retard.

L'empereur d'Autriche approuve le texte préparé pour son ambassadeur auprès du pape, le baron Alex. von Bach, et exige que le courrier spécial pour Paris, qui n'est autre qu'une missive destinée à NAPOLÉON III, lui soit remis pour signature dans la journée, son intention étant de quitter Vienne dès le lendemain matin («... Da ich Morgen abwesend bin, so könnte das Antwortschreiben an Kaiser Napoleon mir vielleicht noch heute zur Unterschrift unterlegt werden...»).

Dans son discours d'ouverture des Chambres, le 5 novembre précédent, Napoléon III s'était prononcé pour la convocation d'un Congrès européen afin de régler les questions politiques en suspens. En date du 4 novembre 1863, l'empereur des Français avait donc lancé des invitations écrites à tous les souverains européens et c'est probablement sa réponse favorable que François-Joseph Ier a ici hâte de renvoyer.

 

95.                FRÉDÉRIC II de Prusse (1712-1786) Roi dès 1740. Bon administrateur, il fut homme de guerre et de culture - L.S. «Frederic», 1/2 p. in-4 ; Potsdam, 16.VIII.1752. Très belle signature complète.                (1200.-)                800.-

Il sait gré à un diplomate de lui avoir adressé son essai d'histoire politique récemment publié : «... Comme je suis bien aise de voir par là, que vous vous appliqués à votre métié, et que Je ne doute point, que vous ne continuiez toujours de même, vous pouvés être persuadé, que Je ne laisserai pas de vous en marquer dans les occasions Ma satisfaction...», etc.

Pièce d'une grande fraîcheur se terminant par un belle signature.

 

96.           FURTW-NGLER Wilhelm (1886-1954) Chef d'orchestre et compositeur allemand - Feuille d'album in-8 avec belle signature et date autographe ; (Bucarest), 4.I.1933.                                 (450.-)                300.-

 

97.                GARRETA Julio (1875-1925) Compositeur catalan - MUSIQUE A.S. sur feuille in-8 ; (Barcelone), 23.X.1925. Autographe rare ! Pièce jointe.                                                                                        (350.-)                500.-

Longue ligne de musique (environ 20 notes) extraite de son  Concerto en Sol mineur pour violon et orchestre (dont c'était la première, avec, au violon, Francesc COSTA), écrite sur une feuille provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS créé par celui-ci vers 1920, à Barcelone. Joint : feuille extraite du même album avec trois lignes de dédicace A.S. et date («23-10-1925») du violoniste catalan Francesc COSTA († 1959).

 

98.                GAUTIER Théophile (1811-1872) Ecrivain français, maître et précurseur de la poésie parnassienne - Manuscrit autographe, 12 lignes au crayon sur feuille in-4 ; (Paris, vers 1871/72).                                (450.-)                300.-

Gautier, qui dans sa jeunesse avait été tenté par la peinture avant de choisir la littérature, fait ici un bel éloge de l'œuvre de Paul BAUDRY (1828-1886) chargé de décorer le foyer du nouveau Théâtre de l'Opéra. «... Les peintures... pour le foyer de l'Opéra sont d'un très beau style. Il a dégagé et développé le côté grâcieux de Michelange... Les figures de ces tableaux... ont au premier plan jusque deux mètres de dimension. Des Muses de proportion colosalles (sic !) séparent chaque compartiment...», etc.

Le gigantesque travail de l'Opéra ne coûta pas moins de douze ans de labeur au peintre dont c'est resté le chef-d'œuvre.

 

99.                [BRETON, Lettre à André] GIDE André (1869-1951) Ecrivain fr., prix Nobel en 1947 - L.A.S., 2 pp. in-8 ; «Mardi» (Paris, 1920 ?). En-tête des Editions de la Nouvelle Revue Française.                             (800.-)                500.-

Né en 1916 à Zurich et à New York, le mouvement Dada avait pris pied à Paris en 1920/21 par l'intermédiaire de Tzara, Picabia et divers autres futurs Surréalistes tels que le jeune André BRETON auquel s'adresse ici Gide, alors déjà célèbre, afin d'obtenir deux places supplémentaires pour assister à un spectacle Dada : «Mon cher Breton, Est-il hors d'espoir d'obtenir et indiscret de solliciter de vous deux places pour la séance Dada de demain... je compte bien m'y amener en double... mon neveu et un ami à lui qui sont parmi vos plus attentifs écouteurs...», etc.

 

100.                GLAZOUNOV Alexander (1865-1936) Compositeur russe - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, mars 1929.                                                                                                                                   (1000.-)                700.-

Deux superbes lignes de musique pour violon, avec en tête indication de mouvement musical «Allegro moderato», extraites de sa «Suite Moyen Age» pour violons et orchestre. Au bas de cette feuille provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS, Glazounov a ajouté trois lignes de dédicace «... en souvenir de la semaine 11-17 Mars 1929 à Barcelone».

 

 

101.         GÓMEZ DE LA SERNA Rámon (1888-1963) Ecrivain, il fut l'un des premiers Espagnols à adhérer au Mouvement Futuriste - P.A.S., 1 p. in-8 obl. à l'encre rouge ; Rosario, 13.XI.1931.                (450.-)                300.-

Très belle pensée ayant pour titre «Greguera» (Confusion) : «Me gusta el barometro porque es un reloj silencioso ¡ Hastà señala los tormentos mudamente ¡...». (J'aime le baromètre car il est une horloge silencieuse. Il signale les tourmentes en silence !...).

Depuis juin, Gómez de la Serna était en Amérique Latine, invité par les Amis de l'Art à donner une série de conférences à Buenos-Aires ; il s'y attarda environ six mois et visita aussi Montevideo, Asunción du Paraguay et Santiago du Chili.

 

102.                GONCOURT Jules (1830-1870) et Edmond de (1822-1896) Ecrivains français - Deux L.A.S. 2 pp. in-8 ; (Paris), 19.VI.1861 et «30 août».                                                                                                  (400.-)                250.-

Jules rappelle à son éditeur leurs accords stipulant que le roman Sœur Philomène devait être prêt au plus tard le 15 juin et exprime son inquiétude de le voir paraître à l'époque la plus défavorable, les feuilles d'épreuves à corriger lui ayant été envoyées fort tard. Quant à Edmond, il envoie un Mémoire qui lui paraît «... salé, vu le travail...» mais qu'il faudra cependant régler.

 

103.         GORKI Maxime (1868-1936)Poète et romancier russe. Après la Révolution, il tenta de jouer le rôle de défenseur de la culture, mais en 1921 il dut quitter l'URSS pour n'y revenir qu'en 1929 - L.A.S., 1 p. in-8 pleine ; (Moscou, vers 1933 ?). Adresse autographe sur la IVe page. En russe.                     (3800.-)                2800.-

Gorki s'inquiète de l'état de santé de son fils, comme lui prénommé Maxime. Il sollicite l'aide du docteur Ivan Ivanovitch MENCHEKOV sachant «... d'après ce qu'il me raconte combien vous êtes merveilleux avec lui...», etc.

On trouve très rarement, dans la correspondance de Maxime Gorki, des allusions à sa vie familiale. Nous savons que vers le début des années 1890, il avait retrouvé son premier amour, Madame Kaminskaïa, femme d'un déporté qui allait le suivre de Tiflis à Nijni, sa ville natale. Marie Feodorovna Andréeva (sœur de l'écrivain Leonid Andreev, l'ami de Gorki ?) deviendra dès lors sa fidèle compagne ; cette ancienne actrice du Théâtre d'Art avait jadis quitté son mari, un général, pour s'adonner à des activités révolutionnaires ; elle avait suivi Gorki (nous les retrouverons ensembles aux Etats-Unis en 1906, puis à Capri, etc.) en connaissance de cause, non seulement comme compagne, mais aussi comme camarade de combat.

Qui donc était la mère de ce fils dont parle ici Gorki ? Etait-il un fils adoptif ? Cela reste à éclaircir. Ajoutons que d'après certaines recherches faites dans les archives de l'ancien KGB, le fils de Gorki aurait été emprisonné, puis assassiné dans les années 1930, parce que son épouse Nadejda PECHKOV avait eu le malheur de plaire à Guenrikh IAGODA, chef du Guépeau entre 1930 et 1936. Même Gorki ne put rien faire pour sauver la vie de son fils.

Notre lettre pourrait bien se rapporter à ce triste épisode ; il serait alors l'un des rarissimes témoignages concernant ce fils mystérieux, en dehors des documents détenus par le KGB (et quasiment impossibles à consulter encore de nos jours).

 

104.         GREENE Graham (1904-1991) Ecrivain anglais - L.A.S. «Graham», 1 1/2 pp. in-4 pet. ; «Yonda - Belgian Congo - Feb. 26» (1960 ?). Papier à son adresse londonienne.                                        (1200.-)                800.-

«... Forgive a very short note - it's too hot to write - écrit Greene à son correspondant (Alberto CAVALCANTI, 1897-1982, cinéaste brésilien ami de Brecht) - I am staying in a Leproserie here, & am a rather weary of Lepros, heat, sweat & bites...».

Il compte rentrer à Londres le 19 mars, sera à Paris deux jours avant et souhaiterait y rencontrer son correspondant. Il est aussi question d'Anacapri où il espère se rendre avec Catherine, et de «Papogrun» qui se porte bien et prospère...

Greene publia en 1960 «La Saison des pluies» dont l'action se passe au Congo.

 

105.                GRÉGOIRE XVI - Bartolomeo Alberto Cappellari (1765-1846) Pape dès 1831, il condamna les doctrines défendues par Lamennais - L.S. «Gregorio P.P. XVI», 1 p. in-4 ; Rome, 31.I.1835. Enveloppe avec adresse et beau cachet de cire rouge à ses armes.                                                                   (1800.-)                1200.-

Le pape complimente Auguste de Leuchtenberg (fils d'Eugène de Beauharnais) devenu prince de Portugal par son mariage avec la reine Maria II da Gloria, le 26 janvier 1835 : «... Dalla conosciuta religione della Reale Altezza Vostra, dai principj cattolici che Ella ha succhiato col latte, e che la piissima Principessa di Lei Madre non ha mai lasciato d'istillarle e con le parole, e con l'esempio, Noi non potevamo attenderci una dichiarazione diversa da quella ch'Ella Ci ha fatta, vale a dire, che in qualunque posizione Ella trovisi, questa non potrà mai cangiare, nè attenuare i sentimenti della invariabile e rispettosa sua devozione verso la Santa Sede...», etc. Auguste de Leuchtenberg allait décéder le 28 mars suivant avant d'avoir atteint l'âge de 25 ans !

 

106.         GRISI Giulia (1811-1869) Soprano italien, remarquable interprète des œuvres de Bellini et Rossini - L.A.S. «Julie Grisi Gérard de Melcy», 3 pp. in-8 ; «Samedi 7 janvier» (1837).                                    (600.-)                400.-

Très belle lettre à une Comtesse avec laquelle elle ne pourra répéter le duo le jour convenu, devant chanter dans l'Otello (de Rossini) : «... Je crois que l'opéra nouveau n'ira que jeudi ou samedi... nous aurons des répétitions toute la semaine...» ; une répétition d'orchestre est de plus prévue pour le lundi suivant : «... si vous vouliez avoir la bonté de passer chez moi vers les 5 heures, nous pourrions répéter ensemble le duo de l'Andronico...» (de Mercadante), etc.

En 1836, Giulia Grisi avait épousé le comte Gérard de Melcy dont elle se sépara en 1843, ayant trouvé dès 1839 en Mario un nouveau compagnon et futur époux. Cette lettre est adressée à la comtesse MERLIN (1789-1852), femme de cœur et d'esprit douée d'une voix charmante. Elle organisa de nombreuses fêtes de charité en France, en Suisse et en Italie, et fut une amie et correspondante de George SAND et de CHOPIN.

 

107.         GUISAN Henri (1874-1960) Général suisse, commandant des forces armées de la Conf. helvét. pendant la IIe Guerre mondiale - L.A.S., 1 1/2 pp. 8° face à f. ; Pully, 23.V. 1949. En-tête à son nom.                (450.-)                300.-

Jolie lettre en réponse à un écrivain qui lui avait offert son dernier ouvrage. «... très sensible à cette si aimable attention, j'ai hâte de lire ces pages consacrées à la Croix-Rouge internationale, œuvre à laquelle je porte un grand intérêt...», etc.

 

 

108.         GUYE, Charles Eugène (1866-1942) Physicien suisse. De l'aveu même d'Einstein, il a fourni la meilleure vérification expérimentale de la variation de la masse en fonction de la vitesse, une variation qui était postulée par la théorie de la relativité - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Ouchy, 15.VII.1940. Rare.                (450.-)                300.-

Le physicien rédigera très volontiers le petit résumé demandé par son «Cher Collègue et Ami» et se propose, à son premier passage à Genève, d'aller lui rendre visite afin de mieux saisir ce qu'il attend de lui. Il avait espéré pouvoir assister à une réunion de savants à l'occasion du «Jubilé Fehr», où il aurait pu donner sa réponse de vive voix, etc.

Ch. E. Guye est l'un des savants apparaissant sur la célèbre photo du 5e Congrès Solvay d'oct. 1927 où il pose au premier rang, aux côtés de Max Plank, Marie Curie, Lorentz, Einstein et Langevin, juste devant Compton, de Broglie, Born et Niels Bohr...

 

 

109.         HASKIL Clara (1895-1960) L'illustre pianiste roumaine - L.A.S. «Clara», 2 pp. in-8 ; (Paris, vers 1950). Enveloppe autographe.                                                                                                        (500.-)                350.-

A son compatriote et ami, le compositeur Marcel MIHALOVICI (1898-1985), dont l'épouse, Monique HAAS (1909-1987) fut aussi une excellente pianiste.

Clara Haskil, qui de son hôtel parisien a d'inombrables fois, mais en vain, tenté de joindre son correspondant au téléphone, en conclut que, pour avoir la paix, celui-ci a sans doute décroché son appareil.Elle souhaitait lui annoncer un changement au programme convenu : «... nous tâcherons de nous retrouver à un autre moment. Par contre, si vous le voulez bien, nous allons toujours ensemble chez Enesco et je serai au coin de la rue du Cirque...», etc.

Compatriote de Clara Haskil, George ENESCO (1881-1955), fut un musicien complet : compositeur, violoniste, pianiste, chef d'orchestre et éminent professeur, de Monique Haas entre autres... Il mourut dans la capitale française où il avait fait partie de l'«Ecole de Paris» réunissant les musiciens d'origine étrangère, résidant en France, mais aux esthétiques très différentes.

 

110.         HEDIN Sven (1865-1952) Voyageur et savant suédois, il explora le Turkestan chinois et le Tibet, les sources de l'Indus, le Transhimalaya, etc. - Signature autographe au dos de la carte du «Déjeuner du 27 Janvier 1910» organisé en son honneur au Grand Hôtel des Bergues à Genève.                                 (250.-)                150.-

 

111.                HENDERSON Arthur (1863-1935) Homme d'Etat anglais, prix Nobel de la paix en 1934 - PHOTO signée par lui et par deux autres, 4° obl. ; Leicester, 23.XI.1932.                                                           (300.-)                200.-

Très belle photo nous montrant Henderson, souriant, marchant aux côtés du chef du Labour Party, George LANSBURY (1859-1940) et d'Arthur WOODBURY, Secrétaire du même parti en Ecosse. Pièce signée par les trois hommes lors d'une réunion des Labouristes anglais à Leicester.

 

112.                [Portugal] HENRI II de Castille (1333-1379) Roi dès 1369, dit Le Magnifique - P.S. «Yo El Rey», 1 p. in-folio (cm 56 x 56), parchemin ; Léon, 12.I.1378 («1416» de l'ère espagnole). Transcription dactylographiée jointe (6 pp. !). Excellent état de conservation. Pièce rarissime.                    (18 000.-)                12 000.-

«Pleito o menaze que Arias Gomez y de Silva hizo al Rey don Henrrique de tener en guarda Ziertos Castillos en Portugal...». Précieux document se rapportant au mariage, à Burgos en 1373, du prince Alfonso (1355-1395) avec la princesse Ysabel, «bâtarde du Portugal», (1364-1395), lesquels, après «... fecho sus bodas en uno y consumado matrimonio por copula carnal et que despues que ellos fuesen casados en uno...», avaient, sous certaines conditions, reçu pour dot du roi de Portugal Don FERNANDO I (1345-1383) plusieurs châteaux et forteresses gouvernés par le Portugais Arias Gomez de Silva.

Pièce historique de tout premier ordre.

 

113.                HIMMEL Friedrich (1765-1814) Pianiste et compositeur allemand, «Kapellmeister» du roi de Prusse - Deux L.A.S., 2 pp. in-4 ; Königsberg, 11.XI.1808 et Berlin, 5.II.1814. Adresse autographe et sceau de cire brisé. Quelques défauts à la lettre de 1808. En allemand.                                                                              (750.-)                400.-

A son beau-frère, Friedrich LEHMANN (le diplomate et compositeur, 1768-1841 ?), pour le prévenir qu'il a maintenu sa promesse et lui a fait avoir 500 thalers par l'intermédiaire de la Maison Banecke de Treuenbritzen. Il explique les raisons qui ont retardé son envoi et annonce son retour à Berlin pour Noël.

Puis, six années plus tard, à propos de la guerre contre Napoléon Ier : la ville de Wittemberg est libérée et les armées sont aux portes de Paris. Bientôt viendra une paix éternelle, la Prusse sera grande et puissante et l'on peut d'ores et déjà être fier d'être prussien, etc.

«... Sie sind wohl recht froh, dass nun Wittenberg auch befreiet ist ; mit Gottes Hülfe sind wir jetzt in Paris... Und folglich haben wir einen baldigen und ewigen Frieden ; Preussen wird sehr gross : an Kraft, an Ruhm, an L-ndern. Es ist ein Stolz jetzt zu sagen, dass wir Preussen sind...», etc.

 

114.                HONEGGER Arthur (1892-1955) Compositeur suisse - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Barcelone, (avril) 1929.                                                                                                                                                   (1000.-)                700.-

Jolie ligne de musique tracée au beau milieu de la feuille, suivie de la signature du compositeur et de la date autographe «Barcelone, 1929». Pièce provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS, ensemble créé par l'illustre violoncelliste avec des musiciens catalans.

 

115.                HORLOGERIE au XIXe siècle – 20 documents,en partie autogr. de Jean-Baptiste MALO, inventeur fr., horloger à Autun età Paris,42 pagesdeformats différents ; Autun et Paris, 1825/1843.                (800.-)                500.-

Intéressant dossier renfermant plusieurs feuilles de notes et de croquis antérieurs à l'obtention du «Brevet d'Invention» (1841) du «Polignonôme» imaginé par Malo en 1825, «... un nouveau système d'horloges pouvant donner l'heure sur plusieurs centaines de cadrans à la fois et à des distances considérables...». Ce brevet est ici conservé avec des lettres (signées par des ministres, députés, etc.) le concernant, ainsi que des pièces relatives aux différentes tentatives de commercialisation de l'invention.

 

116.         HUGO Victor (1802-1885) Poète et romancier fr. - L.A.S., 1 p. 8° ; (Paris), 27.X.(1845).(600.-)                400.-

«... Je suis, Madame, bien vivement touché de votre généreuse sympathie. Tout ce qui vient d'un cœur tel que le vôtre est noble et grand. C'est un bonheur pour moi de penser que mes paroles ont éveillé en vous cet écho...», etc.                 INÉDITE.

 

117.                HUNTINGTON Samuel (1731-1796) Révolutionnaire am., président du Continental Congress en 1781 et signataire de la Déclaration d'Indépendance - L.A.S., 1 p. 4° ; N. Haven, 12.I.1789. En anglais.                (4500.-)                3000.-

Il annonce à Charles THOMSON (1729-1824, patriote américain alors secrétaire du Continental Congress) l'envoi de treize volumes des «Statutes» qui ont été établis par les législateurs du Connecticut entre 1784 et 1788. Certaines lois, précise-t-il, ont été abolies ou modifiées par des lois ultérieures, etc.

Intéressante minute autographe avec corrections (Huntington a de sa main noté au dos : «Copy of a letter to Secretary Thomson...», etc.) du message que l'illustre révolutionnaire joignit aux volumes que Thomson avait demandé qu'on veuille bien lui procurer par sa lettre du 22 octobre précédent.

Les treize volumes renferment les Acts votés «... between the commencement of this Session in May 1784 and the close... in Octo.r 1788... It will be found on perusing the present volumes, that some of the Acts are repeated or altered by later Acts, and that some of them are merely local, notwithstanding I have thot proper to send them all as they are bound together...».

Samuel Huntington était alors Gouverneur du Connecticut et Charles Thomson se préparait à quitter son poste de Secrétaire du Continental Congress le 2 mars 1789 après 15 ans de services. Il sera choisi pour être le messager officiel du nouveau First Congress lors de la notification au g.al WASHINGTON de son élection à la présidence des Etats-Unis d'Amérique, le 6.IV.1789.

 

118.                HUYSMANS Joris-Karl (1848-1907) Ecrivain symboliste français - L.A.S., 2 pp. in-12 ; Paris, 16.XI.1906.                                                                                                                                         (500.-)                350.-

Après avoir lu Au bord des Terrasses, Huysmans complimente son auteur, Madame Alphonse DAUDET. Il lui trouve en art une note personnelle, quelque chose de discret, de noblement alangui, de délicieusement dolent, «... dans ces paysages qui sentent bon l'automne et qui sont vus mieux que par les yeux...». Les vieilles églises qu'elle y décrit, les messes lointaines, les Au loin sont des pièces «... qui laissent un arrière-goût d'âme si doux...» qu'il lui en est reconnaissant plus qu'elle ne peut le croire, car grâce à elle il s'est «... nettoyé l'entendement sali par la lecture obligée d'un tas de romans plus ou moins malpropres, qui visent au prix Goncourt !...», etc. INÉDITE.

 

119.         INDY, Vincent d'  (1851-1931) Compositeur français - PHOTO in-8 avec dédicace A.S. ; vers 1875. Support cartonné défraîchi.                                                                                                             (500.-)                300.-

Superbe et rare portrait de jeunesse où le compositeur pose en buste, de profil. La dédicace sur le support dit : «A mon ami Chabrier - Souvenir bien affectueux - V. d'Indy». Tirage albuminé au format cabinet sorti de l'atelier du photographe parisien WALERY.

Emmanuel CHABRIER et Vincent d'INDY étaient liés d'une grande amitié et, peu avant sa mort, le premier demanda l'aide du second pour terminer son opéra Briséis ou Les Amants de Corinthe.

 

120.         INDY, Vincent d' - Trois L.A.S., 5 pp. in-8 pleines ; Bruxelles, 18.I., 22.I. et 18.II.1897.                (300.-)                200.-

Il intercède auprès du directeur du Théâtre des Beaux-Arts en faveur d'Octave MAUS (1856-1919), défenseur de la musique moderne en Belgique et créateur du Cercle des XX, et de Léon Van HOUT, alto dans le Quatuor Ysaÿe et professeur au Conservatoire de Bruxelles qui, selon d'Indy, méritent la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et le ruban d'officier d'Académie : «... ces deux pétitions ont été acceptées par M. le Ministre de l'Instruction Publique, sous la condition... de l'avis favorable de M. le Ministre des Affaires Etrangères. Je viens donc vous supplier... de vouloir bien m'aider ainsi que les artistes signataires... en usant de votre influence...», etc.

 

121.         INDY, Vincent d' - Deux L.A.S., 6 pp. in-8 pleines ; Paris, 13.IV. et 3.V.1897.                                (450.-)                300.-

Deux lettres au violoniste Maurice KUFFERATH (1852-1919), alors collaborateur du Guide musical, où Vincent d'Indy s'en prend violemment au «vieux chantre» qui a publié dans le dernier numéro du Guide des attaquesd'unedésopilante fantaisie contre le «... beau mouvement d'art créé par la Schola Cantorum...»,écolefondéepa lui etoùilenseignela composition musicale : «... Avoir cinquante ans durant écorché sa voix sous le harnais... roulé sa bosse à travers les plain-chants... fait perdre un temps précieux à plusieurs membres de l'épiscopat... et n'avoir retiré de cette longue vie de labeur qu'une complète incompréhension..., une totale ignorance de l'art musical... Pauvre vieux chantre !...». Quatre pages cruelles contre ce «... sénile choriste...» dont les propos fourmillent d'assertions fausses et de balourdises esthétiques, etc.

Dans sa seconde lettre, sur le même sujet, le compositeur se refuse à répondre à ce «... vieux chantre masqué que chagrinent tant de progrès de notre Schola Cantorum [lequel n'a pas]... le courage de signer de son véritable nom ses assertions volontairement erronées...».

D'après une ancienne note, le «vieux chantre» en question serait Trotot-DERIOT, journaliste, maître de Chapelle (quoique sourd), notamment à Saint Léon - qu'il quitta, car il refusa de faire chanter le minuit chrétien - et que d'Indy réduisit au silence en l'engageant dans sa Schola Cantorum.

 

 

122.         INDY, Vincent d' - Deux L.A.S. datées [Paris] «ce 28 avril 1888» (1 p. in-12, adresse au dos) et «Paris, 9 Xbre 1902» (3 pp. in-12).                                                                                                  (300.-)                200.-

En 1888, d'Indy demande au pianiste Isidore PHILIPP de lui permettre d'inscrire son nom en tête «... d'une  Petite sonate (d'un style très-classique, peut-être trop) qui va paraître d'ici peu chez Hamelle... Le final seul est digne de vous être offert...», etc.

En 1902, peu avant son départ pour Bruxelles où son «... nouvel opéra va passer très prochainement...», il répond à M. Hartog (sans doute le compositeur Edouard de HARTOG, 1829-1909) qui l'avait questionné à propos d'un ancien ténor «... élevé au rang de familier, extrêmement familier, de la princesse de Monaco qui lui assurait à Montecarlo une position de grand maître et lui faisait un très fort traitement sur sa cassette particulière...». D'Indy ne ménage pas cet arriviste dépourvu de talent dont les directeurs de théâtre jouent les compositions contre forte rémunération ; puis il conclut : «... je ne le connais pas personnellement, je ne connais que sa musique... ça me suffit !...».

L'«ancien ténor» dont se moque ici d'Indy n'est autre que le compositeur d'origine anglaise Isidore DE LARA (1858-1935) !

 

123.         INDY, Vincent d' - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; (Barcelone), 9.X.1930.                (800.-)                500.-

Quatre belles mesures offertes à un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS de Barcelone (créé par ce dernier avec des musiciens locaux) «... en très amical souvenir des répétitions et de l'artistique exécution du magnifique Concert du 9 Octobre 1930...».

 

124.         INONU, Ismet Pacha, dit Ismet (1884-1973) Général et h. d'Etat turc, successeur de Mustafa Kemal à la présidence de la République en 1938 - L.S. «Ismet», 1 p. 8° ; Lausanne, 18.V.1923. Rare.                (600.-)                400.-

Venu en Suisse à la tête de la délégation de son pays pour participer à la Conférence de Lausanne, l'illustre homme d'Etat turc se dit pour l'heure dans l'impossibilité de rencontrer une vieille connaissance, ses «... occupations écrasantes...» ne lui laissant aucun répit : «... je ne pourrai malheureusement pas profiter ces jours-ci de votre hospitalité. Mais à la première occasion je ne manquerai pas de venir...».

En décembre 1922 déjà, Ismet Pacha s'était rendu à Genève pour participer à une soirée organisée par les Sephardi turcs locaux (les Israélites expulsés d'Espagne et du Portugal au XVIe siècle). Lors de cette grande manifestation, il y avait fait d'importantes déclarations, mais aussi et surtout avait expliqué comment Turcs et Juifs pouvaient fraterniser.

 

125.                IONESCO Eugène (1909-1994)Ecrivain français d'origine roumaine - L.A.S., 3/4 p. in-8 ; [Paris, 6.XI.1953]. Adresse et cachets postaux au dos.                                                                 (600.-)                400.-

Il invite le romancier Jacques BRENNER (1922-2001) à venir se joindre à quelques amis pour assister chez lui à la lecture de sa dernière pièce «Amédée ou Comment s'en débarrasser» (sortie l'année suivante chez Gallimard dans Théâtre I) : «... Seulement, je vous préviens qu'il est possible que (n'ayant pas une conversation assez brillante) je lise Amédée... Si vous ne craignez pas trop l'ennui venez avec un ami courageux...». Et Ionesco de conseiller trois écrivains, dont Marcel BISIAUX et Pierre PEUCH-MAURD (deux amoureux des mots attirés par l'insolite et le paradoxe, le second étant affilié à l'héritage surréaliste), mais d'exclure Dhomme qui «... connaît la pièce... Merci de votre lettre. Merci de m'accepter parmi vous...».

 

126.                IONESCO Eugène - L.A.S., 1 p. in-4 ; (Paris), 8.IX.1954.                                 (800.-)                500.-

Sur une feuille de papier réglé, l'auteur dramatique reconnaît traverser une mauvaise période : «... Je suis d'une stérilité qui m'inquiète. J'ai essayé d'écrire... rien de satisfaisant, rien de fini...». Le seul texte qu'il se hasarde à remettre à son correspondant est «... le Conte qui a été écrit avant et d'où ont été tirées les Victimes du devoir. Bien que sachant que ce petit récit ne mérite pas d'être publié... Je vous jure que je tâcherai de faire mieux...», etc.

Le conte en question a en fait pour titre Une victime du devoir ; il fut à l'origine de sa troisième pièce au titre très proche, publiée en 1953 peu après Les Chaises, pièce où le comique naît de l'absurde et engendre le désespoir...

 

127.         IRAQ, Abd Al-Ilah d' (1913-1958) Régent de 1939 à 1953 pour son neveu le jeune roi Faysal II, ils furent tous deux assassinés par les révolutionnaires du général Kassen - Rare signature autographe sur feuille d'album in-12 obl. ; (Bagdad, 11.VIII.1945).                                                                       (300.-)                200.-

 

128.         ISMAÏL Pacha (1830-1895) Khédive d'Egypte de 1863 à 1879. Sous son règne fut inauguré le canal de Suez - L.S., 2 1/2 pp. in-8 ; Naples, 24.XII.1887.                                                                          (600.-)                400.-

Au sujet de son imminent retour à Constantinople. Le sultan Abdul-Hamid II ayant adhéré «... à ma supplique cela fait qu'ayant besoin de l'argent, je fais un nouvel emprunt pour la même somme que je vous dois en vous payant l'intérêt d'avance...». Il traite cela avec son banquier qui selon lui ne peut lui refuser «... cette avance et arriver à me faciliter mon voyage dans un moment où je me délivre de l'exil... Je pars dans deux heures pour Constantinople avec toute ma famille...».

Ismaïl Pacha mourut à Constantinople après y avoirvécutun fastueux exil.

 

 

129.                ISOUARD Niccolò (1775-1818) Compositeur maltais, il vint à Paris en 1799 où il resta jusqu’à sa mort. Auteur d'une cinquantaine d'opéras, de messes, de psaumes - MUSIQUE A.S. «Nicolas», 2 pp. in-4 obl. ; (1789). Petit découpage restauré à un coin.                                                                                                     (900.-)                500.-

Dix-sept longues lignes de musique composées (en partie) «... à l'âge de 14 ans par N. I.» (note autographe en tête de la seconde page) sur les paroles «Ah non più mia speranza - ah non farmi morrir» ou «Le mie perdona follie gelose», ou encore «Io merito il tuo sdegno per eccesso d'amor».

Intéressante et rare feuille de ce compositeur mort à l'âge de 43 ans.

 

 

130.                ISOUARD Niccolò - Deux L.A.S., 2 pp. in-4 ; Paris, 10.X. et 24.I.1812.                (500.-)                300.-

Dans la première lettre, Isouard informe M. Lottin (adresse au dos, marque postale et trace de cachet) que son petit commerce de musique se borne à ne faire graver «... que celle de ma composition et ses arrangements...» ; ne possédant aucune patente de marchand, il ne pourrait souscrire à l'arrangement que lui propose son correspondant.

La seconde missive a pour but de charger son «cher Louis» de deux commissions essentielles, dont l'une, fort pénible, n'a que trop traîné : «... Je n'aime pas les mauvais procédés... mêle-toi de cette affaire et je suis sûr que tu l'arrangeras...», etc.

 

131.         JAMES Henry (1843-1916) Ecrivain américain - L.A.S., 1 p. in-4 ; Florence, 16.V.1880. (1500.-)                1000.-

Missive datée de la «Villa Castellani-Bellosguardo», se plaçant à l'époque où Henry James rencontra pour la première fois la célèbre femme de lettres Constance Fenimore WOOLSON. Née en 1840, celle-ci allait finir tragiquement ses joursà Venise en 1894 en tombant, ou en se jetant d'une fenêtre.

L'écrivain s'adresse ici à une autre jeune américaine, la fille du général nordiste Hiram BERDAN, de New York : «... the favour you asked is so very to grant that... I am tempted to wish I had not merged (?) from that state of culture in which I should find it hard to form the letters of the name of Henry James...»

A noter que Constance F. Woolson connaissait très probablement Miss Berdan, car dans les années 1861/65 elle avait travaillé avec les Nordistes lors de ses séjours à Cleveland puis à New York.

Précieux document évoquant indirectement la célèbre et tumultueuse amitié d'Henry James et de Constance née dans cette villa Castellani, à Bellosguardo, près de Florence, où ils logeaient tous deux dans des chambres d'hôtes.

 

132.                JAQUES-DALCROZE Emile (1865-1950) Pédagogue et compositeur suisse, élève de Delibes, Fauré et Anton Bruckner - Lot de 11 pièces autogr. (manuscrit A.S. de MUSIQUE, 1 poème signé, 9 L.A.S. ou C.A.S.) environ 14 pp. in-12, in-4 et in-folio ; Genève, Londres, Paris, 1913/1949. Pièce jointe.     (2500.-)                1500.-

Important dossier renfermant de petites archives musicales du créateur de la gymnastique rythmique, provenant de l'un de ses proches qui contribua, par ses écrits, à diffuser les idées du compositeur :

a) un manuscrit musical A.S. complet (1 p. in-folio), musique et paroles de «Sous la casquette - Chanson Bellètrienne», composition de jeunesse ;

b) un poème de circonstance dactylographié et signé, 1 p. in-4 ; Genève, 2.I.1945. «Souvenir d'une réception intime» en l'honneur de son ami Paul LACHENAL ;

c) Neuf L.A.S. ou C.A.S., certaines fort intéressantes, au sujet de la diffusion de sa «gymnastique rythmique». De Londres, en 1920, il annonce le succès grandissant de sa «School of Dalcroze Eurhythmics» («... J'ai été obligé de donner une 10 enne de démonstrations supplémentaires devant des salles archi-combles. Voilà l'Angleterre conquise !...»). Peu après, il demande que l'on rédige des articles destinés à la France, suite aux «... répétitions de la Fête de la jeunesse... La Rythmique  y joue un rôle prépondérant, et je puis vous affirmer qu'il s'agit d'un spectacle sans précédent, et qui peut influer heureusement sur le développement de l'art dramatique. Or, si l'Amérique, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, la Suède, s'intéressent déjà à ce spectacle... la France ne bouge pas...», etc. Plus tard, J.-D. annonce un long séjour à Paris «... pour tâcher de former des professeurs de ma méthode et faire connaître un peu mieux celle-ci dans un pays qui en a certainement besoin, puisqu'il adopte avec empressement un tas de contre-façons de mon système !...», etc.

Le dernier message, au contenu nostalgique et tracé d'une main très tremblante, semble dater des années 1948/1950 : «... Mon cher ami, Je pense à toi, à tes beaux travaux, à tes succès, à Belles-Lettres, à notre jeunesse et je t'embrasse de tout mon cœur. Ton vieil ami...».

On joint une L.A.S. de 2 pp. in-12 de Madame Jaques-Dalcroze concernant le séjour à Paris de 1925.

 

133.         JAPON, Akihito du (n. 1933) Empereur dès 1989, fils et successeur de Hiro-Hito - Rare signature autographe sur carte in-8 ; (vers 1990).                                                                                    (1600.-)                1200.-

Carte de vœux à deux volets signé par l'empereur sous les mots imprimés «Season's Greetings» précédés d'un petit cercle prenant la forme d'une fleur stylisée. Très bel état de conservation.

 

134.                [Malmaison] JOSÉPHINE de Beauharnais (1763-1814) Impératrice des Français, première épouse de Napoléon Ier - P.A.S., trois belles lignes sur un document A.S. de son intendant général, le comte Casimir Guyon de MONTLIVAULT (1770-1846), 1 p. in-4 ; Malmaison, 1.XI.1813.                              (3800.-)                2600.-

«Etat des travaux d'entretien présentés et approuvés par S. M. en conseil de maison le 1er Nov. 1813», travaux de restauration des écuries, des cheminées de la lingerie, du plancher du Corps de garde, etc., pour un total de 924 francs et 95 centimes que l'impératrice autorise à payer «... sur la grande réserve...». Joséphine signe pour accord au bas du document, après avoir écrit la somme en toutes lettres et daté «à Malmaison ce 1er novembre 1813».

Charmant garçon très bien vu dans les salons et dont l'acte de mariage (1812) avait été exceptionnellement signé par Joséphine et Napoléon, M. de MONTLIVAULT n'avait aucune notion de comptabilité ; à la mort de l'impératrice, on constata une dette de presque 2,5 millions de fr. ! L'intendant avait quitté Joséphine deux mois avant sa mort pour devenir Préfet sous les Bourbons...

 

135.                KANDINSKY Wassily (Au sujet de) - Manuscrit autographe, 6 pp. in-4, du critique et historien d'art Will GROHMANN (1887-1968) ; Berlin, novembre/décembre 1966.                                                (500.-)                350.-

Texte original intitulé «Kand[insky] und seine Freunde», premier jet revu et corrigé du discours tenu par Grohmann à l'occasion de la cérémonie organisée le 4.XII.1966 par le Kunstverein de Berlin pour célébrer le premier centenaire de la naissance de Kandinsky.

Ces quelques pages, extrêmement remaniées, présentent l'essentiel de la vie et de l'œuvre du grand peintre russe vues à travers l'œil attentif d'un des meilleurs critiques d'art allemands, auteur d'importantes monographies sur Klee, Kandinsky et bien d'autres artistes de son époque.

 

 

136.         KEMAL ATATÜRK, Mustafa Kemal Pacha, dit (1881-1938) Le célèbre homme d'Etat turc qui, par sa politique de réformes, fit entrer son pays dans l'ère moderne - P.S., 1/2 p. in-4 ; (Ankara), août 1926. Papier à en-tête.                                                                                                                                     (2800.-)                1800.-

Rare et bel autographe du fondateur de la Turquie moderne sur une feuille portant un en-tête aux caractères arabes. Plus bas, note manuscrite de la Légation de Turquie se disant heureuse de «... transmettre ci-dessus la signature autographe de son Excellence Monsieur le Ghazi Moustapha Kémal, Président de la République...» dès 1923, après avoir aboli le sultanat en 1922.

 

137.                KLOPSTOCK Friedrich Gottlob (1724-1803) Le grand écrivain allemand - P.A.S., fragment de 5 lignes sur feuillet in-obl., cm 5 x 19.                                                                                                   (1500.-)                1000.-

Fin de lettre où Klopstock dit avoir une multitude de choses à raconter à son correspondant, ce qu'il ne peut hélas faire dans l'immédiat, etc. «... Aber ich muss mich darauf einschr-nken, dass ich Sie von ganzen Herzen umarme und Sie eben so herzlich von meiner Frau grüsse...». Rare petite relique autographe se terminant par une jolie signature.

 

138.                KNAPPERTSBUSCH Hans (1888-1965) Chef d'orchestre allemand - P.A.S., 1 p. in-8 obl. ; Barcelone, janvier/février 1934.                                                                                                                    (450.-)                300.-

Feuille extraite de l'album d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS (ensemble créé à Barcelone par le violoncelliste espagnol et composé essentiellement de musiciens locaux) portant la dédicace suivante : «... dem "Maître des coupures" mit Dank für seine Hilfe...». Charmante pièce avec belle signature et date autographe.

 

139.                KORNGOLD Erich Wolfgang (1897-1957) Compositeur et chef d'orchestre autrichien, «père» de la musique moderne de films - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 15.IV.1934.                            (800.-)                500.-

Ligne de musique extraite de sa «Sinfonia gaia» op. 5, dite «Sinfonietta». Autographe offert à l'un des violonistes de l'Orchestra Pau CASALS créé par ce dernier, à Barcelone, avec des musiciens catalans.

 

140.                KROPOTKINE Petr (1842-1921) Prince russe, révolutionnaire et anarchiste - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8. Londres, 15.XII.1908.                                                                                                                        (450.-)                300.-

«... Before leaving I am clearing the arrears accumulated during Sacha's illness - young authors MSS, letters about all sorts of impossible things - and some important ones...». Un projet de voyage le préoccupe : «... a big business, as I resume any work on Ethics... to memory books, notes, etc...»

Les écrits anarchistes de Kropotkine abordant les questions éthiques firent l'objet d'un ouvrage resté inachevé intitulé L'Ethique.

 

141.                LAFAYETTE, Marie-Joseph, Marquis de (1757-1834) Général et homme politique français, ami de Benjamin Franklin, il participa à la guerre d'Indépendance américaine en 1777/1781 - L.A.S., 1/3 p. in-4 ; Paris, 28.I.1831.                                                                                                                               (900.-)                600.-

Il accepte de signer le contrat de mariage dont Mademoiselle d'AUMONT lui avait parlé : «Votre vieux et fidèle ami sera bien heureux... de mettre son nom à côté de celui de la famille... Vous ne doutez pas de l'empressement avec lequel je seconderai les vues de votre gendre... Oui sans doute je vous plains de tout mon cœur, et c'est ainsi que je vous aime...».

Cette missive semble avoir été adressée à Eugénie Louise de Fontelaye († 1844), troisième épouse du duc d'AUMONT, dont elle était depuis longtemps la maîtresse. Née aux Antilles, elle était veuve du baron de MARGUERITTES ; leur fille Noémie de Marguerittes devait épouser un Irlandais (le «gendre» dont il est question dans cette lettre du marquis de Lafayette ?).

 

142.                LAMARTINE, Alphonse de (1790-1869) Poète français - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; «Samedi matin, février 1836».                                                                                                                                                    (600.-)                400.-

Missive se plaçant peu après la publication de «Jocelyn» dont Lamartine a réservé un exemplaire pour Madame Cléophas DARESTE, vraisemblablement l'épouse de son cousin Dareste de la Chavanne, ancien directeur de la Manufacture royale des Tabacs de Naples, chez lequel le jeune poète s'était rendu en 1811. L'écrivain lui conseille de ne lire ce livre «... qu'au printemps à l'ombre d'un arbrecomme il a été composé. C'est un solitaire comme elle, la sympathie des cœurs la prédispose à l'indulgence. Il le recommande à toute la sienne et l'auteur à son amitié...».

Rappelons que lors de son séjour à Naples chez les Dareste, Lamartine y avait eu une célèbre aventure amoureuse avec «Antonella», appelée «Elvira» dans une élégie, puis «Graziella» dans le récit composé à Ischia en 1844.

 

143.                LAVERAN Alphonse (1845-1922) Bactériologiste français. Attaché à l'Institut Pasteur, il découvrit l'hématozoaire du paludisme et obtint en 1907 le prix Nobel - L.A.S., 1 p. 12° ; Paris, 23.X.[1905].(400.-)                250.-

A un confrère. «... J'ai l'honneur de vous informer que j'ai présenté aujourd'hui votre intéressante note à l'Acad. des Sc.[iences]. Si vous désirez un tirage à part je vous prie d'écrire directement à l'imprimerie Gautier Villar...». Autographe peu commun.

 

144.         LE CORBUSIER, Charles-Edouard Jeanneret, dit (1887-1965) Architecte, urbaniste et peintre suisse - L.A.S., 3 pp. in-4 ; Chandigarh (Inde), 25.III.1958. Enveloppe autographe.                          (3000.-)                2000.-

Belle missive à une amie qui s'offrait d'aller l'attendre à l'aéroport d'Orly, proposition que l'architecte décline avec une étonnante fermeté, à la limite de l'impolitesse : «... ma réponse à la question d'Orly est non...» ! Puis, plus loin : «... Vous me connais[ [Suite lot 144, Le Corbusier] sez mal : je suis un dur ; obligé de l'être et ne me refusant pas à l'être. Dur signifie une masse d'éléments constituants, une permanence dans la ligne de conduite - engagé de long temps dans le passé, de fort temps vers l'avenir. J'ai 70 ans, - incapable de me modifier...». Le Corbusier annonce qu'il fera suivre sa lettre, cachetée, par l'intermédiaire de Jeanine (l'enveloppe fut effectivement envoyée depuis son Atelier parisien) puis termine sur un ton fort aimable : «... Croyez que je vous estime infiniment, que je vous respecte et que je vous suis infiniment reconnaissant de votre amitié...».

Ces pages témoignent des rapports amicaux et passionnels qui unissaient Le Corbusier à sa correspondante, Helena Strassova, traductrice vivant à Paris qui, après la mort de Madame Le Corbusier, avait peut-être un instant pensé la remplacer auprès de l'architecte, ce qui expliquerait l'apparente fermeté de cette réponse.

Ville du Nord-Est de l'Inde, Chandigarh fut construite sur les plans de Le Corbusier pour servir de capitale à l'Etat du Panjab.

 

145.         LÉON XIII - Gioacchino Pecci (1810-1903) Pape en 1878, il œuvra dans le domaine intellectuel et social - L.S., 2 pp. in-4, avec souscription autographe ;Pérouse, 22.VIII.1859.                          (500.-)                300.-

Il communique la réponse du pape, qui a tranché en faveur de la population du village de Colombella, resté sans curé. Ainsi, les sommes allouées jusqu'à présent à la subsistance du prêtre seront-elles désormais destinées «... a profitto della fabbrica della Chiesa...», etc. Signée : «Servitor vero Aff.mo - G. Card: Vesc:° di Perugia».

 

 

146.         LE ROYER Elie (1816-1897) Natif de Genève, il fut ministre et sénateur français - L.A.S., 1 p.in-8 ; Genève, 19.X.(1833). Quelques piqûres. Adresse et marques postales sur la IVe page.                (300.-)                200.-

Le jeune responsable du journal L'Etudiant genevois sollicite auprès du peintre et poète suisse Elie BOVET (1801-1875) la permission de publier «... votre pièce de vers intitulée Le bal des feuilles... croyant que ce serait une bonne fortune pour ce journal... [dont le] bureau est chez Mme veuve Henrich, place du Molard...».

Elie Le Royer, ici âgé de 17 ans, deviendra en 1879 le Garde des Sceaux du gouvernement de la République française.

 

147.                LESUEUR Jean-François (1760-1837) Compositeur français - Deux L.A.S., 2 pp. pleines in 4 ; Paris, 18.III.1812 (en-tête gravé de la Direction de la musique de l'Empereur avec jolie petite vignette), et (Paris), 9.V.1815.                                                                                                                               (600.-)                400.-

En 1812, Lesueur rappelle à M. Grégoire, secrétaire de la Direction de la musique de l'Empereur, «... que pour la messe... il faut la chapelle entière ; voix et orchestre. Il y a 4 clarinettes et 4 bassons...» ; les récitants seront au nombre de deux et Melle Armand-aînée, MM. Derivis, Bertin, Chenard, Albert-Bonnet, Nourrit, Bouffet et Lebrun chanteront «... les Solis, c'est-à-dire les trios et quatuors. Faites la convocation en conséquence... Il faut absolument que tous se trouvent à la répétition...». Le compositeur confie à son correspondant plusieurs «... lettres à cachet volant...» à faire suivre selon les instructions, puis annonce l'envoi d'un nouvel arrêté relatif à l'ordre et à la discipline à maintenir dans la chapelle ; en effet, le chef d'orchestre se plaint que certains artistes contreviennent volontairement ou involontairement à leurs obligations, s'absentent, négligent leur tenue et, à ce propos, il faut exiger qu'ils ne se montrent «... ni en frac ni en bottes...».

En 1815, durant les Cent-jours, Lesueur solicite une audience auprès du ministre de la Police générale (FOUCHÉ), auquel il a à demander «... une chose qui est du plus grand intérêt... L'objet de tous mes désirs est de faire partie de l'Institut où l'Empereur vient de créer... trois places de plus dans la section de la composition musicale... j'ai le plus grand besoin de la protection de votre excellence...», etc.

 

 

148.                LESUEUR Jean-François - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 gr. ; (Paris), 31.XII.1819.                (350.-)                200.-

Lesueur supplie le «... baron de la Ferté, intendant général des menus plaisirs et affaires de la chambre du Roi...» de servir de protecteur à trois ou quatre basses-tailles de sa chapelle «... exposées à des reproches pour avoir cru de leur premier devoir de se trouver, vendredi dernier, à la chapelle du Roi... à l'effet de chanter en plain-chant l'office des matines, le Souverain étant présent...», alors que ces chanteurs étaient indispensables au chœur du Grand Opéra, etc.

A la Restauration, Lesueur fut nommé chef d'orchestre de l'Opéra Royal, compositeur de la Chapelle de la cour et, lors de la réouverture du Conservatoire, professeur d'une classe de composition.

 

149.                LESUEUR Jean-François - Deux L.A.S. non datées, 1 2/3 pp. in-4 petit et 1 p. in-4. Deux pièces jointes.                                                                                                                                               (750.-)                500.-

La première missive (vers 1812) a pour but de solliciter une aide provisoire et urgente du comte de MONTESQUIOU, Grand Chambellan de France, en faveur d'un musicien se trouvant dans la plus vive détresse.

Dans la deuxième lettre (écrite vers 1820), Lesueur rédige une longue attestation faisant l'éloge de son excellent élève, le flûtiste Hyacinthe-Christophe GÉRONO (1797-1868), doué de capacités rares, d'un caractère grandiose, d'un génie musical, littéraire et poétique lui permettant de «... reculer les bornes de la science d'ici-bas. Il ira loin...», etc. Rappelons que c'est Gérono qui présenta à Lesueur Hector BERLIOZ (fin 1821) ; celui-ci allait bientôt suivre les cours du maître dont il critiquera dans ses Mémoires les «théories antédiluviennes» ! C'est aussi Gérono qui est l'auteur du livret de l'opéra Estelle et Némorin, composé par Berlioz en 1823.

On joint : 1) L.A.S. (1 p. in-12 signée de son paraphe et datée du 31.I.1839) de Madame LESUEUR «à Monsieur Scheslinger» (adresse sur la IVe page), en fait Maurice SCHLESINGER, l'éditeur et marchand de musique, lui rappelant le billet promis «... pour sa seconde matinée musicale...» ;

2) L.S. du roi Frédéric-Guillaume III de PRUSSE (1770-1840), 1/2 p. in-4 datée de Berlin le 26.VIII.1828, écrivant à Lesueur : «... votre Oratorio de Debbora ajoute aux preuves que vous avez données à votre talent reconnu, je veux bien accepter la dédicace que vous m'offrez...», etc.

 

150.         LIEBIG, Justus von (1803-1873) Savant allemand, spécialiste de chimie organique, il mit au point le chloroforme - L.A.S., 1 p. 8° ; Munich, 2.I.1866.                                                                               (1000.-)                750.-

«Herzlichen Dank liebe Josephine», écrit le chimiste à une proche dont il a beaucoup apprécié la lettre. «... Wir wollten Herrn Müller vorigen Sonntag bei uns haben...», mais cela ne fut hélas pas possible. Liebig se montre très soucieux de l'état de santé de son frère Auguste : «... Gott scheiden ihm die Gesundheit werden...» ; quant à sa fille Marie, elle compte se rendre bientôt à Francfort où elle espère rencontrer sa correspondante.

Belle et longue missive témoignant de l'amour que le célèbre savant allemand vouait à sa famille.

 

151.                LITTÉRATEURS FRANÇAIS du XXe siècle - Dix lettres (7 L.A.S. + 3 L.S.) de Jules ROMAINS, DANIEL-ROPS et Pierre-Jean JOUVE, 14 pp. in-4 et in-8 ; 1929/1939. Pièce jointe.     (300.-)                200.-

Intéressante correspondance adressée à Madeleine ISRAËL, auteur d'une biographie de Jules ROMAINS (1885-1972) dont nous trouvons ici quatre belles longues L.A.S. (+ 1 de son épouse) relatives à cet ouvrage.

Les deux L.A.S. de DANIEL-ROPS (1901-1965) concernent son roman L'Epée de feu et une pièce de théâtre de Madame Israël. Quant aux trois L.S. de 1932 de Pierre-Jean JOUVE (1887-1976), elles concernent la publication d'une Etude qui doit fixer «... aussi exactement que possible un point essentiel de mon histoire...», la correction des épreuves de son dernier livre («Sueur de sang» ?), etc.

Joint : carte d'invitation au théâtre Pigalle «... pour fêter le centième de DONOGOO...» de Jules Romains.

 

152.                LOMBROSO Cesare (1835-1909) Criminologiste it. Psychologue partisan du positivisme, ses études

des problèmes juridiques en la matière font de lui un des fondateurs de la criminologie moderne - L.A.S., 1/2 pp. 8° ; Turin, 6.XII.1906. Envel. aut. à en-tête : V° Congresso Int. di Psicologia - Roma 1905.       (450.-)                300.-

Il prie un confrère de remercier de sa part «... ceux qui veulent m'inviter pour une conférence ; mais je suis très éreinté par l'âge et les travaux. Il me reste, à peine, la force suffisante pour mes leçons de Psychiatrie et d'Anthropologie Criminelle...», etc.

 

153.                LONGHIN Andrea Giacinto (1863-1936) Bienheureux. Religieux capucin d'une spiritualité profonde, dit Andrea da Fiumicello ; béatifié par Jean-Paul II le 20.X.2002 - L.A.S. «+ F. Andrea Vescovo» sur carte in-12 obl. à son nom imprimé au dos en tant qu'évêque de Trévise ; Trévise, 9.XII.1905. Cachet de collection au verso. Autographe rare.                                                                                                                              (1500.-)                1000.-

Longhin complimente un «Ill.mo Monsignore» pour le succès grandiose de son prêche : «... Dio ne sia ringraziato... non dubitavo della riuscita, sapendo ch'egli predica alla buona e con fervore di fede. Il popolo si lascia guidare da chi si mostra convinto di quel che dice. Certi formalismi sono giù di moda, e oggi non servono più neanche ad ottenere l'applauso che ottenevano pure una volta. Iddia La conservi e La conforti, Le faccia fare del gran bene...».

Le lien exceptionnel qui unissait Andrea Giacinto Longhin et le pape Pie X a été le fondement spirituel de la sainteté du premier ; il engendra et créa la sainteté du second, car tous deux ont vécu pour l'Eglise et avec l'Eglise.

 

154.                LORRAIN Jean (1855-1906) Ecrivain français, l'un des plus étincelants interprètes du Paris mondain, élégant, spirituel et grivois de la fin du XIXe siècle - L.A.S., 2 pp. in-12 obl. ; (Paris, 1895 ?). Cachet d'arrivée et trous de classement.                                                                                                                  (400.-)                250.-

A son éditeur (Ollendorff), pour le pousser à diffuser son recueil de Chroniques, La Petite Classe, préfacé par Maurice BARRÈS. «... Et cette petite Classe ? Ce serait le moment ou jamais... Voulez-vous prendre jour pour le 1er Mars, car je voudrais bien m'en aller le 15. L'Italie m'attire...». L'écrivain, qui dit attendre une réponse de son correspondant, ne fera cependant son premier voyage à Venise qu'en 1898 ; nous n'avons pu trouver confirmation qu'il se soit rendu en Italie avant cette date.

 

155.                LORRAINE, Charles de (1684-1751) Grand Ecuyer de France dès 1718 - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 9.VI.1751.                                                                                                                                           (300.-)                200.-

En tant que général des armées de Louis XV, le Prince autorise le paiement d'une «... lettre de change de trois mil livres... [tirée] de Marseille le 24 may dernier pour frais d'achapt de chevaux barbes pour la remonte de la grande Ecurie du Roy...», cette dernière comprenant les chevaux de guerre, de chasse et de manège.

Il est intéressant de noter combien les chevaux en provenance d'Afrique du Nord étaient à l'époque appréciés à la Cour de France, et notamment ceux de race «barbe», chevaux de selle rustiques et sobres issus d'un croisement entre arabe et numide, dont les Arabes eux-mêmes faisaient le plus grand cas.

La charge de «Grand Ecuyer» était des plus considérables de la Cour par ses fonctions et ses prérogatives et Charles de Lorraine en avait hérité de son père Louis, comte d'Armagnac.

 

156.         LOTI Pierre (1850-1923) Officier de marine et écrivain français, son œuvre romanesque connut un immense succès - L.A.S., 3 pp. in-8 gr. ; Chiraz, 1.V.1900. Belle !                                    (350.-)                200.-

Fasciné par l'Orient, l'écrivain vit d'agréables moments en terre persane d'où il écrit à un ami pour solliciter «... un petit service encore... Voudriez-vous être assez gentil pour envoyer le plut tôt qu'il vous sera possible, ici... à une charmante jeune femme, chez qui j'ai reçu une très, très aimable hospitalité,...obligée de rester étendue... cinq ou six romans, édités chez vous ou ailleurs et choisispar vous-même parmi les plus intéressants qui aient paru depuis deux mois...». Il faudra les envoyer à M. van Lennep de l'Imperial Bank of Persia à Chiraz, car Loti s'apprête à rentrer en France dans la première quinzaine de juillet, etc.

 

157.         LOUIS II de Bavière (1845-1886) Roi dès 1864, ami et protecteur de Wagner - P.S., 1 p. in-4 ; Munich, 23.VII.1870. En-tête gravé à ses nom et titres. Sceau sous papier aux armes royales.  (1500.-)                1000.-

Le jour-même où Napoléon III confiait la régence à l'impératrice Eugénie, la guerre avec la Prusse étant déclarée depuis le 19 juillet, le roi de Bavière, allié de Berlin, signe ces lettres-patentes en faveur d'un colonel de son armée.

Pièce contresignée par le ministre de la Guerre, le baron Siegmund PRANCKH (1821-1888).

 

158.                MAILLART Ella (1903-1997) Femme de lettres suisse, elle parcourut le monde entier et notamment la Chine et l'Inde - C.A.S., crayon, 12° obl. ; Sierre, 26.IV.1949. Rare.                                                 (300.-)                200.-

Au dos d'une jolie vue aérienne du village de Chandolin entouré des Alpes bernoises semi-enneigées, elle envoie à des amis genevois ses «... compliments et remerciements pour une charmante soirée...». Belle signature complète et adresse autographe.

 

159.                MARCELLUS, Louis de (1795-1865) Ecrivain et diplomate français dont le nom reste lié à la découverte de la célèbre «Vénus» de Milo - 20 pièces provenant de ses archives littéraires, environ 25 pp. in-8 et in-4 des années 1840/1860. Joint : manuscrit autographe.                                                                         (500.-)                350.-

Intéressant ensemble de lettres reçues (9) par le comte de Marcellus et de brouillons et notes autographes des réponses qu'il fit à ses correspondants dont nous trouvons ici des L.A.S. : Victor COUSIN, Jules JANIN, Stanislas JULIEN, Alexandre de RIBEAUPIERRE, Paul de SAINT-VICTOR, Narcisse-Achille de SALVANDY (2) et Abel de VILLEMAIN (1 + 1 de sa femme). Ces pièces concernent principalement la publication par Marcellus de ses Souvenirs de l'Orient ; il y est aussi question de politique, de voyages, de religion (notamment dans une lettre de Marcellus au pape Grégoire XVI), etc.

On joint le manuscrit autographe original (24 pp. in-4) d'un long poème intitulé Philippique que le comte de Marcellus devrait avoir écrit dans sa jeunesse. [Voir aussi le numéro 54, Chateaubriand]

 

160.                MARTIN Frank (1890-1974) Compositeur suisse - L.A.S., 1 p. in-4 ; Maloja (Engadine), 16.VII.1944. En-tête de l'Association des Musiciens Suisses.                                                                (600.-)                400.-

Le musicien accepte de faire partie d'un Comité pacifiste, bien qu'il soit «... un peu sceptique sur les résultats que nous pourrons obtenir auprès des belligérants. Mais il peut se faire que cela ne les gêne pas dans la lutte d'épargner tel ou tel chef d'œuvre... Je parlerai de cette action au comité des musiciens suisses... Et malgré le scepticisme... je souhaite de tout mon cœur que nous puissions arriver à sauver quelques trésors de notre vieille Europe...». Belle !

 

161.                MARTINI Giambattista, Lettre à - L.A.S. du compositeur belge André GRÉTRY (1741-1813), 2 pp. in-8 ; Paris, 3.IV.1767. Adresse sur la IVe page.                                                                              (1200.-)                800.-

Après avoir quitté la Belgique, Grétry vécut cinq années à Rome et à Bologne, où il fut l'élève du père Martini. Il se rendit ensuite durant quelques semaines à Genève, auprès de Voltaire, puis de là gagna Paris d'où, à son arrivée, il écrit cette lettre «Al molto... Riverendiss.mo Padre MARTINI de' minori conventuali di St Francesco - Bologna». Il n'a pas oublié la commission dont ce dernier l'a chargé, mais n'a rien pu trouver en province. Monsieur Vergani expliquera au Père les raisons qui ont poussé le compositeur à venir à Paris où il va immédiatement reprendre ses recherches : «... di quì a otto giorni Lei riceverà una lettera mia dove gli saprò dire quel ch'avrò fatto, non risparmierò fatiga alcuna per darmi la consolatione di servirLa, troppo felice se mi riesce...», etc. Rare lettre adressée à l'un des plus importants théoriciens de la musique.

 

162.                MASSENET Jules (1842-1912) Compositeur français - L.A.S., 4 pp. 8° ; Paris, 31.III.1885. (450.-) 300.-

Il sort enfin d'une maladie l'ayant cloué au lit durant dix jours : «... Maintenant il s'agit d'appeler la Muse et de l'inviter à me souffler à l'oreille la plus douce mélodie digne de votre poésie et... de la Dulcine qui en a été cause !...». Il s'excuse de ne pas pouvoir encore quitter son «... Cid  qui se termine ; donc, encore... patience !!!...», etc.

En 1886, Massenet mettait effectivement en musique la sérénade «Quand on aime», d'après un poème de Manuel. Entre temps, la première du Cid  avait eu lieu à l'Opéra de Paris (30 novembre 1885).

 

163.                MASSENET Jules - L.A.S., 3 pp. in-8 ; (Egreville), 26.VIII.1898. Pièces jointes : 2 L.A.S. de Reynaldo HAHN.                                                                                                                                                            (300.-)                200.-

Massenet s'empresse d'exprimer à son correspondant sa «... reconnaissante joie pour votre attention que je trouve unique... J'espère des nouvelles de votre succès...».

Joint : deux L.A.S. de Reynaldo HAHN (1875-1947). Dans l'une, datant des années '20 (3 pp. in-8, encre pâle mais parfaitement lisible sur les deux derniers feuillets), il se dit aux prises avec «... tous les ennuis de la terre, domestiques, physiques, moraux, et une besogne formidable à accomplir...», sans compter qu'il lui faut se rendre deux fois à Deauville, etc. L'autre, d'1 p. in-8 datée de Paris en février 1939, est adressée à Mme Lydia FOURNIER, l'épouse du violoncelliste.

 

164.                MASSENET Jules - Musique A.S. sur carte in-12 obl. ; Egreville, 18.VI.1907.                            (600.-)                400.-

Sur une carte illustrée représentant la demeure de Massenet à Egreville en partie recouverte de lierre, le compositeur a rédigé quelques lignes informant son correspondant (ou sa correspondante) qu'il se trouve «... dans cette solitude depuis des semaines... en travaux. J'y pense à vous et à mes regrets désolés !...». Le message est suivi d'une ligne de musique dont les quelques notes inspirent la mélancolie.

En juin 1907, Lina Cavalieri avait triomphé dans Thaïs à l'Opéra de Paris et Massenet travaillait à son ballet «Espada» pour Monte Carlo. En juillet, il remaniera le livret de «Bacchus» non sans d'âpres discussions avec C. Mendès, l'auteur des paroles...

 

 

165.                MASSIA' Yoan (1890-1969)Violoniste espagnol, et Blanche SELVA (1884-1942) Pianiste française - Deux feuilles d'album in-8 signées par les célèbres interprètes lors d'un concert donnéàBarcelone le 22 mai 1926. Blanche Selva fut la créatrice de l'Iberia d'Albeniz.                                                                (200.-)                120.-

 

166.                MAUPASSANT, Guy de (1850-1893) Ecrivain français, auteur de quelque trois cents nouvelles, six romans, etc., qui lui assurèrent le succès et une célébrité durable - L.A.S., 1 p. in-8 sur petit bleu avec adresse au dos ; (Paris, 12.XII.1886 ?). Petit manque (restauré) dans la marge gauche.                      (1800.-)                1200.-

Très souffrant, contraint de garder le lit, l'écrivain ne pourra se rendre chez Madame Meredith HOWLAND. Il lui «... baise les mains... avec désespoir...» et justifie sa réponse tardive par le fait qu'il avait espéré jusqu'au dernier moment pouvoir se lever.

Amie adorée de Robert de Montesquiou qui fréquentait assidûment son Salon, Meredith Howland fut aussi l'une des personnalités les plus recherchées de la haute société parisienne de l'époque.

Ce «Télégramme» semble avoir été posté au bureau de la rue Jouffroy, non loin de la plaine Monceau, où Maupassant avait trouvé une demeure plus conforme à sa situation après avoir quitté celle des Batignolles. Quant à son activité littéraire, elle fut ralentie par la vie mondaine qu'il menait - nous en avons ici un témoignage - à laquelle venaient s'ajouter les effets des longs et sournois progrès de sa maladie. Rappelons enfin qu'à cette époque l'écrivain fréquentait une jeune roturière, Joséphine Litzelmann, qui allait accoucher le 29 juillet 1887 d'une fille prénommée Marguerite, troisième enfant de Maupassant ; comme les deux premiers, celle-ci ne fut pas reconnue par l'écrivain.

 

 

167.                MERCOEUR Elisa (1809-1835) Femme poète française, l'enfant prodige de la littérature en 1830 - L.A.S., 1/2 p. in-4 ; (Paris, 1830). Rare.                                                                                         (750.-)                500.-

A l'ancien Premier ministre J. B. de MARTIGNAC (1778-1832) qu'une note, au bas de la lettre, présente comme le «protecteur» de la jeune femme, laquelle rédige cette missive en son nom et pour sa mère : «... Les dames Mercoeur, désespérées de ne pouvoir voir Monseigneur... et surtout de la cause qui les empêche, osent...» demander encore une fois d'être reçues par lui, et le prie d'agréer «... cette copie (non jointe) de mon second acte...» de la tragédie de Boabdil, roi de Grenade, ouvrage qui sera imprimé l'année suivante.

Martignac avait dirigé le gouvernement en 1828 et 1829 quand, abandonné par le roi et les Chambres, il dut démissionner en faveur de Polignac. Cette rare lettre d'Elisa Mercoeur se situe sans doute peu après cet événement car la femme de lettres y dit vouloir l' «... appeler toujours de ce nom...» (Monseigneur).

Rappelons que peu après la parution (1827) du premier recueil de Poèsies d'E. M., Martignac avait fait don de 1200 francs à celle qui avait mérité de bonne heure le surnom de «Muse nantaise» et allait disparaître à l'âge de 26 ans.

 

168.                MICHELET Jules (1798-1874) Historien et écrivain français - Trois L.A.S., 12 pp. in-12 ; Glion (Vaud), 14 août/10 septembre 1871. Pièce jointe.                                                                         (1200.-)                800.-

Michelet sollicite l'aide de l'historien genevois Henri BORDIER (1817-1888) pour porter avant un nouvel ouvrage consacré à la jeunesse de BONAPARTE en Corse, mais aussi, comme il le souligne dans l'une de ses lettres, «... rendre leur part à tous ces déshérités de la gloire (Jomini, Masséna, etc.) abimés dans la gloire d'un seul. Le pis, c'est qu'on ne les a pas omis tout à fait, mais pâlis adroitement, ou même calomniés, déshonorés...», etc.

Dès août 1871, il présente l'objet de ses recherches : «... j'ai commencé, il y a trente ans, et cette année repris en Italie une esquisse de Bonaparte... tout italien, comme il l'a été dans ses premières années...» ; il lui a trouvé des ressemblances avec «... les grands chefs italiens des compagnies d'aventure... Mais c'est la Corse qui m'importerait... Je voudrais surtout une bonne description du pays... Tout ce qui touche la jeunesse et les commencements de Bonaparte m'importe fort... Bonaparte enfant était alors un Corse très ardent. Et il a supporté dix ans avec une parfaite dissimulation les bienfaits de Marbeuf qui avait tué les amis de son père et de Paoli. Quel trait terrible de caractère !...».

Il évoque Pasquale PAOLI («... Je suis pour Paoli contre Napoléon... Je compte revenir sur cette Corse libre, enterrée par Napoléon...»), les POZZO DI BORGO, Letizia RAMOLINO, «... issue des tribus arabes ?...», etc. «... Tout mon projet est d'exhumer la vraie Corse, enterrée sous Bonaparte... Napoléon n'était guère italien, je le montrerai : personne n'a parlé plus outrageusement de l'Italie. Il n'avait nullement les côtés artistiques des grands italiens... Ils sont fils de la lumière, lui de la nuit...», etc., etc.

Joint : L.A.S. d'Henri BORDIER à Michelet (3 pp. in-8, datée du 15.VIII.1871) où il est question des ouvrages qu'il espère se procurer à la Bibliothèque publique de Genève, ainsi que de certaines affinités qu'il a en commun avec le grand historien auquel il tient à présenter sa cousine Louise CHARTON, «... personne pleine d'intelligence et de connaissances, mais qui apporte tous ses soins à le cacher... nièce de MM. Bartholoni et... parente éloignée de Massimo d'AZEGLIO...».

Belle correspondance témoignant des opinions politiques anti-bonapartistes de Michelet et de la rigueur avec laquelle l'historien se documentait sur les événements et les lieux géographiques, car selon lui «Telle est la patrie, tel est l'homme».

[Voir aussi le n° 49, Paul Challemel-Lacour]

 

169.                MISTRAL Gabriela (1882-1957) Femme de lettres chilienne, poète, prix Nobel en 1945 - L.A.S., 4 pp. in-4 ; Paris, 4.II.1946. Rare.                                                                                                    (800.-)                500.-

Important texte sur le développement de la culture et de la littérature française en Amérique Latine. «... La cultura francesa es de las mas poliédricas del mundo. Y a causa de ello, el latino-americano se da el gusto de abrazar tal o cual linea francesa. Hay, pues los hijos de Corneille y los de Racine...», etc. Si les rapports avec les Etats-Unis nécessitent la connaissance de l'anglais, «... el Francés realiza en nuestros pueblos por su perfecion formal y su sobriedad magistral una especie de substitucion del latin, tan desgraciadamente perdido...».

Gabriela Mistral en vient ensuite aux contrastes qui opposent les partisans du classicisme à ceux du futurisme, et évoque les récents événements politiques : «... Me parece que los diversos cuadros totalitarios - hitlerismo, musolinismo, caudillaje español y criollo - regresan al galope...», etc.

 

 

170.                MONNIER Marc (1829-1885) Ecrivain, poète et professeur genevois - SIX L.A.S., 6 pp. in-8 et in-12 ; Genève, années 1870. Pièce jointe.                                                                                                        (500.-)                350.-

Intéressante réunion de lettres INÉDITES, vraisemblablement toutes adressées au peintre et poète suisse Elie BOVET (1801-1875) ou à un «Cher Maître» et à un «Cher Monsieur» vivant au Petit-Lancy. Qu'elles soient d'argument poétique ou qu'elles donnent ou sollicitent des renseignements, ces missives révèlent la sensibilité et la délicatesse de cet écrivain genevois : «... Votre pièce est pleine de généreux sentiments simplement rendus... Volume de bon goût / Contenant des poésies / Bien allègres, bien choisies... / Longue vie au gai poète / H[onn]eur et gloire on lui souhaite... - Je voudrais bien reprendre avec vous la conversation de l'an dernier sur Verre et des autres poètes de votre temps... Soignez-vous, mon cher Maître, craignez Dieu, buvez frais, et attendez, au premier jour de liberté, la visite de votre frère en religion, en poésie et en ophtalmie...», etc.

Joint : L.A.S., 2 pp. in-8, de son fils Philippe MONNIER (1864-1911) à des «chères cousines» qu'il ira voir à la Corraterie après une triste cérémonie : «... Cet après-midi, de ce joli traînant sous la neige, j'ai emporté une impulsion grave...», etc.

 

171.                MONTENEGRO, Nicolas Ier de (1841-1921) Prince souverain dès 1860, puis roi dès 1910. Renversé en 1918, il se retira en France sans renoncer à ses droits sur son pays, qui fut annexé au royaume de Serbie - L.A.S., 1 p. in-4 ; Cettigne, 20.V.1902. En-tête à son chiffre «N. 1» couronné. Envel. autogr.                (600.-)                400.-

Au grand-duc héritier de Meklenbourg-Strélitz, Adolph-Frederic, père de la jeune Militza qui venait d'épouser le Prince Danilo, pour lui annoncer le «... futur mariage de mon fils Mirko  avec Mademoiselle Natalie de Constantinovich. La cérémonie nuptiale aura lieu le 12 juillet prochain...». Nicolas Ier serait très «... heureux que V. A. R. daignât nous envoyer pour la représenter au mariage Son fils le Prince Fritz qui a laissé chez nous un si excellent souvenir il y a trois ans... Sa venue comblerait aussi de joie sa sœur, notre folle chérie...» Militza, etc.

A noter que c'est du mariage du Prince Mirko (mort en 1918) que descend l'actuelle Maison royale de Monténégro.

 

172.         MOORE Thomas (1779-1852) Poète irlandais surnommé le barde d'Erin - L.A.S., 2 pp. in-4, datée «Wednesday» [11.V.1814]. Adresse, marques postales et restes du cachet de cire rouge sur la IVe page. Plis légèrement fatigués par endroits. En anglais.                                                                 (750.-)                500.-

De son Mayfield Cottage, non loin d'Ashbourne, où il s'était retiré après la parution, en 1813, de son «Twopenny Post Bag» qui avait rencontré un succès extraordinaire, le poète écrit à son jeune ami William H. CARPENTER (1792-1866), fils et collaborateur de l'éditeur et libraire James C. exerçant dans la «Old Bond Street». Il lui est reconnaissant de lui avoir renvoyé une précieuse lettre provenant des Bermudes «... which was of importance, as it annouces to me the speedy arrival of between five and six hundred pounds, my share of last years profit ! - What do you say to this ? - Pray, keep it faithfully to yourself this, for various reasons...».

Il est ensuite question d'une commande d'excellents vins et d'un léger malentendu : «... the difficulty I have found myself... of procuring anything that is drinkable, led me to venture upon asking you to be my wine-merchant...», etc. Enfin, «... with respect to the additions for the Bag  (son Twopenny Post Bag !), they are not all in the Chronicle, nor are they there as I would wish to have them printed...» ; il les lui fera avoir bientôt, etc.

Belle lettre du jeune poète qui allait se distinguer dans la satire politique.

 

173.         MURAT Joachim (1767-1815) Maréchal d'Empire, roi de Naples - L.S., 1 p. in-f° ; Quartier général de Paris, 16.XI.1803. En-tête impr., «ITALIE - Le Général en Chef», et vignette emblématique.                (600.-)                400.-

Murat joint ses prières à celles du colonel BONTÉ (qui deviendra bientôt général) pour engager le général BERTHIER «... à accueillir favorablement son vœu...», soit l'avancement d'un brave officier de son régiment. Deux mois plus tard, Joachim Murat était nommé «Gouverneur de Paris» par son tout-puissant beau-frère Bonaparte. Rare en-tête.

 

174.                MUSIQUE - Lot de six L.A.S. de F. A. GEVAERT, Jules PASDELOUP, RHENE-BATON et Cl. Paul TAFFANEL, 7 pp. in-12, in-8 et in-4 ; 1835/1932. Deux pièces jointes.                                      (250.-)                150.-

En 1835, Pasdeloup évoque ses concerts ; le chef d'orchestre Rhené-Baton espère que son ami et correspondant continuera «... à faire pour la musique ce que, hélas, nous autres... ne pouvons et ne pourrons jamais tenter...» ; Paul Taffanel présente le jeune musicien russe Gourwitch, etc.

On joint : 1) brochure éditée en 1887 «... au bénéfice des victimes de l'incendie de l'Opéra-Comique...» signée par l'actrice Julie BARTET - 2) L.S. de Werner REINHART qui, en 1927, recommande au chef d'orchestre Walther STRARAM le pianiste Walter FREY, disposé à jouer dans un concert d'Ernest TOCH.

 

175.                MUSSOLINI Benito (1883-1945) Dictateur italien exécuté par les partisans communistes - Manuscrit autographe, 1 p. in-4 ; (vers 1920/1925). En français.                                                               (1500.-)                1000.-

«... Depuis l'apparition de l'homme, il y a eu une cause libre qui a usé des forces de la nature pour des fins voulues... Ce qui ne s'est jamais vu, c'est l'intervention d'un agent supérieur pour corriger ou diriger les forces aveugles, éclaircir ou améliorer l'homme ; empêcher un affreux malheur... préparer les voies à l'exécution d'un plan donné...», etc.

Suivent quelques lignes où Mussolini se demande si Dieu joue un rôle dans notre univers, selon lui gouverné «... par aucune raison réfléchie...», ce Dieu vivant, agissant, ce Dieu providence qui ne s'y montre pas... Et de se demander si cet univers est la totalité de l'existence et si ce Dieu, «... actif et absent de l'Univers... [où] l'athéïsme y est logique et fatal...» existe vraiment dans au-delà, etc.

Manuscrit de 17 lignes tracées de sa typique petite écriture datant de l'époque où le futur Duce, bien que politicien connu, cherchait encore à donner un contenu à l'idéologie de son Parti en s'inspirant, comme ici, de Renan !

 

176.         NADAR, Félix Tournachon, dit (1820-1910) Photographe et aéronaute français - L.A.S., 2 pp.in-8 ; (Paris, vers 1880).                                                                                                                         (300.-) 200.-

 

Cloué au lit depuis quelques jours par son «lumbago automnal périodique», Nadar éprouve quelques difficultés à répondre à son correspondant à propos de deux débiteurs ; s'il est plutôt pessimiste quant au premier, il est convaincu que le second paiera. Et pour ce qui le concerne : «... j'ai... des choses à vous dire ! Des bonnes, enfin !!!... Mais c'est à la condition que je ne bouge point de ma boutique - et quoique sur le flanc, j'y reste. Ah ! que vous seriez bon si sans dire gare, vous veniez la journée finie à l'heure seule où il nous est permis de nous asseoir manger le bœuf avec nous...».

 

177.         NAINS célèbres - Feuille in-12 signée en 1863 à Spencer Wood (Québec) par les qutre célèbres nains.                                                                                                                                                 (600.-)                400.-

Compliments A.S. («Charles S. Stratton») du plus célèbre nain de tous les temps, surnommé le général Tom THUMB (ou Tom POUCE, 1838-1883), signature de sa femme Mrs Lavinia Warren STRATTON (1841-1919), de sa sœur Minnie WARREN, et du «Commodore» G. W. NUTT. Très rare réunion de signatures de ces lilliputiens qui rendirent populaire le nom de Barnum  bien au-delà des frontières américaines !

 

178.                NANSEN Fridtjof (1861-1930) Savant, explorateur polaire et pacifiste norvégien, prix Nobel de la paix en 1922 - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Genève, 21.XI.1920. En-tête : La Délégation de Norvège.                (800.-)                500.-

Lors de la première assemblée de la Société des Nations, Nansen fut envoyé à Genève comme chef de la délégation représentant son pays. Il accepte ici de se rendre à l'invitation d'un savant local «... to the soirée of the Geographical Society... I will esteeme it a great honour...».

Quant à la conférence qu'on lui avait demandé de donner, «... unfortunately... it was difficult for me to do so as I was very busy the last days before I left my home. I forget to take my slides with me, and thought that there would be no more question of any lecture during the session of the Assembly...», etc.

 

 

179.                NAPOLEON Ier Bonaparte (1769-1821) Empereur des Français - L.S. «Np», 1 1/2 pp. in-4 ; Fontainebleau, 22.I.1813. Texte de la main de son secrétaire Claude MÉNEVAL (1778-1850).     (1500.-)                1200.-

Importante lettre militaire adressée au prince Eugène qui s'était vu confier par Napoléon, revenu de Russie, le commandement de la Grande Armée. «... J'ai ordonné la formation de cinq bataillons d'équipages militaires en France. On manque d'officiers et de sous officiers... Tout ce qui appartient au neuvième bataillon... vous le renverrez sur Vérone... Par ce moyen, vous serez débarrassé d'un tas d'hommes inutiles, et nous aurons ici des cadres. Après six semaines de séjour en France, tout cela reprendra son énergie ordinaire...».

L'empereur préparait-il déjà sa Campagne de Saxe ?

 

180.                NAPOLÉON III Bonaparte (1808-1873) Empereur des Français de 1852 à 1870 - L.S. «Louis Napoléon B.», 1 p. 8° ; St Cloud, 26.IX.1851. Trace d'un collage le long de la marge g., loin du texte. (750.-)                500.-

Quelques semaines avant le coup d'Etat du 2 décembre 1851, le «Prince-président» s'adresse au député Augustin-Hilarion de KERATRY (1769-1859), «... représentant du peuple...», le définissant homme de mérite reconnu et d'une expérience approuvée, auquel il appartient «... dans les circonstances difficiles...» d'apporter au pays le tribut de ses lumières. Il lira donc avec grand intérêt son opuscule «... inspiré par la gravité de la situation...» et lui est d'ores et déjà reconnaissant des sentiments qu'il lui voue.

N'ayant pu obtenir la révision de la Constitution qui lui aurait permis de se faire réélire en 1852, Louis Bonaparte perpétra le coup d'Etat du 2 décembre 1851, et la Constitution de janvier 1852, qui restreignait considérablement le pouvoir législatif au profit de l'exécutif, allait permettre la restauration de l'Empire (2.XII.1852). Notons ici le type de signature, plutôt révélateur, utilisé par le futur Napoléon III : ses deux seuls prénoms suivis de son nom de famille réduit à un simple «B» paraphé...

 

181.                NERUDA Pablo (1904-1973) Poète chilien, il fit entendre son cri de révolte dans le monde entier. Prix Nobel en 1971 - P.A.S., 4° ; (Paris), 1954.                                                                                       (600.-)                400.-

Belle feuille de dédicace destinée à Jean-Paul SARTRE !

Le poète, qui se trouve en exil depuis 1943, accompagne l'envoi de l'un de ses ouvrages («Odas Elementales» ?) par ces quelques mots occupant toute la page : «A Sartre - homenaje - Pablo Neruda - 1954».

Depuis les années cinquante, Neruda, Sartre et Picasso, entre autres, faisaient partie d'un Conseil mondial de la Paix inspiré par les idéaux communistes.

 

182.                NILSSON Christine (1843-1921) L'illustre soprano suédois - Photo in-8 signée et datée au recto, avec dédicace A.S. au verso ; Landerneau (Finistère), 1894.                                                 (400.-)                250.-

Beau portrait mi-buste, de trois-quarts, signé au bas «Christine Nilsson - C.sse de Casa-Miranda» (l'encre a hélas un peu bavé, mais l'écriture reste très lisible).

Tirée dans un atelier suédois de Wexio, cette photo porte aussi au verso une jolie dédicace autographe, signée du seul prénom du soprano, ce qui laisserait supposer que la destinataire était une amie intime, et peut-être même Adelina PATTI, l'autre célèbre chanteuse du moment : «A ma chère amie Adeline, souvenir affectueux de Christine».

NOBEL : Voir nos 20, 25, 40, 81, 111, 143, 169, 178, 181, 220, 223, 238, 243, 244, 258, 261, 262 et 282.

 

183.         NODIER Charles (1780-1844) Ecrivain français. Longtemps bibliothécaire de l'Arsenal, il y réunissait chaque semaine dans son Salon les jeunes champions du Romantisme - L.A.S., 1 p. in-4 ; (Paris), 23.V.1832. Fente restaurée. INÉDITE.                                                                                                            (650.-)                350.-

 

A Alexis EYMERY (1774-1854), auteur en 1832 du roman «Le Vendéen, épisode de 1793», qu'il remercie entre autres «... de me fournir un moyen de vous être agréable en unissant mon nom au vôtre sur le titre d'un livre. Cela me convient à merveille...». Quant à lui, il est «... sous le poids de trois entreprises d'éditions flagrantes, vivantes, agissantes... je travaille les nuits pour gagner le lendemain... condition essentielle de la vie d'un littérateur prolétaire et dépensionné...».

Il évoque la Vendée, des libraires, ses créanciers, des projets d'ouvrages sur l'orient et des «Contes de petits enfants» qu'il écrira en collaboration avec son correspondant : «... si je m'y mets, j'y réussirai, parce qu'on ne fait pas mal ce qu'on aime...». Au dos, brouillon de réponse autographe d'EYMERY.

 

184.                OFFENBACH Jacques (1819-1880) Compositeur d'opérettes célèbres - MUSIQUE autographe, 2 pp. in-4 obl. Pièce jointe.                                                                                                  (1200.-)                800.-

Au recto de la feuille, belle esquisse musicale (une cinquantaine de notes) sur les paroles «... nous allons, marchons, allons, marchons, allons, marchons...» semblant faire partie de l'opérette Barbe-Bleue (Paris, 1866). Au verso, une autre ébauche musicale (environ 40 notes) sur les paroles suivantes : «... Sauvé, sauvé, sauvé, toute crainte est bannie... sauvé, sauvé grâce à toi, généreuse amie...». Joint : C.A.S. (9 lignes) de Zulma BOUFFAR (1843-1909), cantatrice et interprète préférée d'Offenbach.

 

185.         OGDEN, Charles Kay (1889-1957) Linguiste anglais, créateur du «Basic English», anglais réduit à son essentiel, comme langue internationale - L.A.S., 3 1/2 pp. in-8 ; London, 3.III.(vers 1919). En-tête du «Royal Societies Club».                                                                                                                                (500.-)                350.-

Ogden sollicite auprès d'un collaborateur étranger «... the corrections for incorporation in the English text. It is, of course, essential that such notes should not appear as an Appendix... As regard time, the English typescript has been waiting now quite ready for the printers excepts for these corrections... and the publishers are most anxious to go to press !... If meanwhile I get any more English suggestions I will post them... Any suitable additions for up-to-date English purposes will of course be welcome, to avoid the criticism of our experts...», etc.

L'œuvre de Ogden, personnage «outsider and eccentric» disait-on à l'époque, n'était alors pas vraiment prise au sérieux ; pourtant on reconnaît de nos jours que son travail a grandement contribué à améliorer les conceptions d'enseignement des langues étrangères.

 

186.                OLIVIER Juste (1807-1876) Poète suisse natif du canton de Vaud, il vécut à Paris puis se fixa à Genève dès 1870 où il mourut - Sept L.A.S., 24 pp. in-8 ; Paris, Gryon et Lausanne, 1866/1875.                (2500.-)                1500.-

Importante correspondance historico-littéraire échangée durant une décennie avec son confrère genevois Henri BORDIER (1817-1888).

La première missive évoque le probable achat d'une maison par la ville de Genève «... dans un intérêt historique et de circulation...», puis, dès 1869, les lettres se font très longues et intéressantes ; les descriptions de ballades alpestres, parfois aventureuses, s'alternent avec de savantes recherches historiques et des commentaires sur des ouvrages lus, tel le livre de Jacques ADER que jamais «... un Allemand, même Goethe, n'aurait pu écrire..., ni, pour d'autres raisons, un Anglais...».

De Lausanne, en 1871, Juste Olivier analyse le dernier ouvrage de son correspondant, «... un recueil très curieux, politique parfois, et toujours historique. Vous... avez... rendu par là un vrai service à notre littérature protestante, comblé une lacune...», etc. Il ajoute la transcription d'une note que M. Armand de Mestral lui a remise au sujet du mariage de Philippe d'Estavayer et Charlotte de Luxembourg en... 1484.

Les livres sont toujours sa passion : le Dictionnaire Littré, les «... récentes et belles publications du 16ème et 17ème siècle : Ronsard, d'Aubigné, Sévigné, Montnergué, etc...» ; ses amis lui manquent et il souhaiterait en recevoir davantage dans son «... coin de montagne. Nous avons eu beaucoup de visites, même de Parisiens. Nous avons fort regretté la vôtre et celle de M. Lalanne... Nous aurions parlé France, je m'y sens toujours plus attaché, et j'espère encore pour elle...». Pour ce qui est de sa santé, écrit-il en 1875, «... il y a plutôt du moins bien. Les médecins ne savent que dire et n'y comprennent rien. En attendant, ma jambe ne désenfle pas. La graisse de marmotte dont j'ai trouvé un reste chez une vieille femme du village, n'a non plus produit aucun effet. Cet état... m'empêche de travailler, quoique je doive, plus que jamais, vivre de mon travail...».

Si la situation française n'est pas des meilleures en cet hiver 1874/75, souligne-t-il, «... nous avons aussi nos misères en Suisse. Voilà qu'à Genève on est obligé de mettre la milice sur pied pour faire baptiser un enfant... Il y avait là la matière d'un poème burlesque...», etc., etc.

 

187.                OPORTO, 1847 - L.A.S. de don Manuel de La CONCHA (1808-1874 , marquis del Duero, général et homme politique espagnol qui,en 1847, envahit le Portugal), 2 pp. in-4 ; Salamanca, 27.V.1847. En espagnol, traduction jointe.                                                                                                                              (400.-)                250.-

Lettre relative à la campagne contre le Portugal qui se terminera par l'occupation espagnole d'Oporto.

Le futur marquis de Duero demande à don Luis Lopez de la Torre Ayllon, ambassadeur à Lisbonne, de lui communiquer toutes les nouvelles importantes et réservées par des messages chiffrés selon la clé qu'il a reçue du ministère de la Guerre. Ayant peut-être «... des opérations à entreprendre dans ce pays...» [le Portugal], il attend avec impatience quelques exemplaires de la carte militaire de la région faite par Laurent Home, «... car celle que j'ai n'est pas aussi avantageuse au but que je me propose...» ; cette carte devra lui être envoyée à Estremadura.

Le 30 juin, la Junte révol. d'Oporto se rendra aux troupes espagnoles qui restitueront plus tard la ville à la reine Maria II da Gloria.

 

188.         OSTY Eugène (1874-1938) Médecin français, il étudia les phénomènes métapsychiques. En 1923, il publia un ouvrage qui fit beaucoup de bruit : La conscience supranormale - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 31.XII.1929. En-tête de l'Institut Métapsychique International.                                                                                      (350.-)                250.-

 

A propos d'une visite de Monsieur Mandement, «... l'explorateur de la grotte de Bedeilhac (grotte préhistorique située dans l'Ariège, en France)... 76 mètres de galerie ont été percés. Il a appris par ce qu'il appelle ses guides qu'il y avait eu fausse direction et a fait reprendre le travail vers le 30e mètre. Son espoir reste aussi vif qu'au début des fouilles. La foi creuse les montagnes...», etc.

 

189.                PARETO Vilfredo (1848-1923) Economiste et sociologue italien - Manuscrit A.S., 11 pp. in-4 ; (Céligny, 1909). En italien.                                                                                                            (1200.-)                800.-

«Un bel tacer non fu mai scritto» (Un beau silence ne fut jamais écrit), tel est le titre de cet important manuscrit (destiné à être publié dans une revue ?) où l'illustre économiste examine l'ouvrage de ses confrères Gide et Rist, «Histoire des doctrines économiques» (1909) contre lequel il émet de sévères critiques.

Pareto reproche aux deux auteurs de parler d'une méthode mathématique qu'il ne maîtrisent pas : «... non esiste un metodo matematico ; ci sono solo autori che adoperano... le matematiche per risolvere certi problemi... I nostri autori non sanno distinguere i vari usi fatti dalle matematiche,... prendono a casaccio una cosa da questo, un'altra da quello...». Il se répand en critiques contre Gide et Rist, qui d'après lui n'ont absolument rien compris à ses propres théories : «... Non accetto di essere un fautore del metodo matematico. Ho spiegato lungamente che desideravo essere fautore di un metodo scientifico...» ; et d'ajouter qu'il n'a pu tout de même oublier à ce point ses études de mathématiques pour faire des erreurs à chaque mot ! Puis il est question de la loi du débit de Cournont, des théories de l'équilibre économique, également faussement interprétées par les co-auteurs de l'ouvrage.

Pareto en conclut que le lecteur finira par ne plus s'y retrouver : «... Prima gli si dice che la curva di offerta è inversa di quella della domanda ; e poi gli si dice che non è. Insomma è, o non è ?... Ma che proprio i nostri autori non siano riusciti a capire che nell'equilibrio economico tutti i prezzi e tutte le quantità, almeno entro certi limiti, sono determinanti insieme... E poi, prima di sentenziare in merito ad una teoria, non sarebbe prudenza conoscerla e intenderla ?...». Texte magnifique !

 

190.                PASTEUR Louis (1822-1895) L'illustre chimiste et biologiste français - L.A.S., 1 p. in-8, datée «Dimanche soir» (vers 1890).                                                                                                         (2000.-)                1400.-

Il accepte avec grand plaisir de se rendre à l'invitation de son correspondant («Cher maître») prévue pour le lendemain et joint à ses remerciements «... l'hommage de [son] profond respect et de [son] affectueux dévouement...». Pièce d'une grande fraîcheur.

 

191.         PEARY Robert Edwin (1856-1920) Navigateur et explorateur polaire américain, il atteignit le Pôle Nord le 6 avril 1909 - Signature autographe sur un «Menu» in-8 daté du 31.V.1913.                                (350.-)                250.-

Belle signature tracée au dos de la carte d'un dîner offert «... en l'honneur de l'amiral Robert E. Peary» par la Société de Géographie de Genève. L'après-midi même, Peary avait été décoré de la médaille d'or «Arthur de Claparède» pour son voyage au Pôle Nord ; en réponse, l'amiral avait fait une «communication» scientifique aux membres de la Société de Géographie. [Voir n° 51]

 

192.                PEINTRES - Trois autographes dont une L.A.S. d' Edmond DUPAIN (1847-1933) et deux photos signées du paysagiste alsacien Robert KAMMERER.                                                     (150.-)                100.-

La lettre d'E. Dupain, datée du 16.II.1891, concerne le portrait de l'amiral Mouchez, directeur de l'Observatoire de Paris, auquel le peintre doit apporter quelques modifications - Les photos de Robert Kammerer sont un portrait signé de ses initiales, daté «1910», et la reproduction d'un tableau portant au dos le titre de l'œuvre et la signature autographe de K. - Joint : diverses coupures de journaux sur l'activité du peintre alsacien.

 

193.         «PÈRE DUCHESNE» (Le), 1790 - Exemplaire original, 8 pp. in-8, imprimé chez «Tremblay, rue Basse, porte Saint-Denis, N° 11».                                                                                                      (400.-)                250.-

L'un des tout premiers exemplaires de ce célèbre petit journal révolutionnaire ; créé en été 1790 par HÉBERT, il disparut en même temps que son auteur au printemps 1794. Ce numéro accable de reproches l'ancien archevêque de Paris, A.-E.-L. LECLERC de JUIGNÉ (1728-1811), émigré depuis la fin de l'année 1789. Sous la jolie vignette xylographique suivie de sa légende («Je suis le véritable père Duchesne, foutre»), apparaît le titre : «Grande joie du Père Duchesne, sur le décret qui oblige l'archevêque de Paris, à rentrer en son diocèse, et tous les calotins à préter le serment civique».

Le 14 avril 1790, le prélat, qui s'était retiré à Chambéry, avait reçu l'ordre de rentrer en France ; sachant qu'il risquait la guillotine, il ne revint à Paris qu'en 1802...

 

194.         PIAF Edith (1915-1963) Chanteuse française, idole des années 1950 - P.S., 1 p. in-folio ; New York, 30.VIII.1956. Petit manque dans la marge sup., loin du texte. Pièce jointe. Rare.                          (1200.-)                800.-

En tournée aux Etats-Unis où elle vient d'arriver, la «Môme» Piaf accepte de chanter durant une semaine à l'Adolphus Hôtel de Dallas (Texas) contre un cachet de 5000 dollars. Cecontrat se rapporte à ce tour de chant que lui propose la «General Artists Corporation» de New York, ; il est signé par la chanteuse qui a tenu à faire ajouter au texte standard six clauses témoignant de ses exigeances, et notamment «... A curtain in front of orchestra must be provided for artist - There will be no service during the artist's performances...». Il est aussi convenu qu'on ne lésinera pas sur les dépenses publicitaires et que l'artiste disposera d'une «complimentary suite» dans l'hôtel même où le spectacle aura lieu, etc.

Document datant de l'époque où Edith Piaf, qui sortait d'une nouvelle cure de désintoxication, avait créé «L'Homme à la moto» et «Les Amants d'un jour», deux immenses succès populaires.

195.                PIANISTES - Collection de 9 autographes sur feuilles d'album in-8 ; Barcelone, 1925/1935.                (500.-)                250.-

Joli ensemble de signatures datées et de dédicaces autographes signées sur feuilles provenant de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS de Barcelone : Harold BAUER (1873-1951), Giocasta et Carlos CORMA, Alfred CORTOT (1877-1962), Arthur DE GREEF (1862-1940), Mieczyslaw HORSZOWSKI (1892-1993), Frédéric LAMOND (1868-1948), Emil SAUER (1862-1942) et Donald F. TOVEY (1875-1940).

Tous ces artistes ont joué dans les concerts que Pablo Casals organisa à Barcelone entre les deux guerres.

 

196.                PICHEGRU Charles (1761-1804) Général français. Il fit la guerre d'Amérique, puis pris part à la Révolution. Arrêté avec Cadoudal, il fut trouvé étranglé dans sa cellule - L.A.S., 1 p. in-4 ; Quartier général de Bois-le-Duc, 31.XII.1794. Très bel en-tête gravé, avec vignette (B. & B. n° 66).                (500.-)                350.-

Au sujet du Vaudois Ebénézer REYNIER (1771-1814) qui, nommé provisoirement général de brigade le 13 juin 1794, avait refusé ce grade en alléguant sa jeunesse (23 ans !). Pichegru écrit ici au général MACDONALD : «... Ce que tu viens de m'annoncer au sujet de Reynier, me peine autant qu'il me surprend, mais je pense qu'il sera facile d'y remédier. Je vais faire des démarches... Tâche d'activer la partie secrète de ton côté, de manière à être prévenu de tous les mouvements que l'Ennemi pourrait faire sur sa droite...», etc.

A la tête de la brigade commandée jusque là par Macdonald, le jeune Reynier marchait alors à la conquête de la Hollande ; le 13 janvier 1795, il allait être promu général de brigade. Texte intéressant.

 

197.         PITT William (1759-1806) Premierministre anglais (1783/1801 et 1804/1806), sa politique fut inspirée par les théories libérales d'Adam Smith - L.A.S., 1 p. in-4 ; Walmer Castle, 9.IX.1802.                (500.-)                300.-

«... I have received your obliging invitation, which I should accept with great pleasure, but as our Friend, Sir Walter Farquhar, will probably return soon to Ramsgate, you will perhaps allow me to defer doing so till we can fix a day for the purpose after that period...».

Sir Walter FARQUHAR (1738-1819) était depuis 1796 le médecin ordinaire du Prince de Galles, futur roi George IV.

 

198.                PIZZETTI Ildebrando (1880-1968) Compositeur italien - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; (Barcelone), 20.IV.1931.                                                                                                                                                        (500.-)                350.-

Magnifique feuille provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS (créé par celui-ci à Barcelone avec des musiciens locaux), portant cinq vigoureusesmesures extraites de la musique de scène accompagnant la pièce de d'Annunzio «La Pisanella» dont la première avait eu lieu au Théâtre du Châtelet à Paris, le 11 juin 1913.

 

199.         PÔLE ARCTIQUE, etc. - Deux pièces autographes de 1902 et 1976. Pièce jointe.                (150.-)                100.-

- L.A.S. d'Emile MASSARD, directeur du journal La Patrie, qui, le 27 août 1902, refuse l'offre du linguiste et ethnologue Alphonse PINART (1852-1911) «... de partir en mission dans l'Amérique du Nord et spécialement l'Alaska...», région déjà explorée par lui en 1871/72.

- En 1976, les quatre membres d'équipage du «J. E. Bernier II», qui seront les premiers à franchir le passage du Nord-ouest à bord d'un voilier de plaisance, signent une carte in-12 obl. affranchie d'un timbre canadien oblitéré aux «Sept-Iles», première étape de l'expédition «74° Nord». Celle-ci était conduite par l'explorateur arctique Real BOUVIER (1946-2000) qui, par ses écrits, son enseignement et ses exploits est considéré comme l'un des grands navigateurs du Québec. Il a signé la carte avec ses trois compagnons d'aventure (Thiebault, Lavallée et Legrand).

- Joint : carte semblable, affranchie mais non signée.

[Voir aussi les numéros 51 Charcot, 178 Nansen, 191 Peary et 214 Rasmussen]

 

200.                PORTUGAL, Ferdinand Ier de Saxe, roi de (1816-1885) Deuxième époux de Maria II da Gloria - L.A.S., 3 pp. in-8 ; Lisbonne, 18.IV.1854.                                                                                          (450.-)                300.-

Veuf depuis cinq mois, l'ex-souverain s'adresse à un diplomate russe ayant quitté le Portugal depuis quelques années. Ferdinand exprime le désir de le revoir : «... Vous avez laissé ici un si bon souvenir et il s'est passé depuis Votre absence tant de choses et hélas ! aussi de bien tristes (la mort de la reine, entre autres)... Le but de ce peu de lignes n'est pas de discuter avec Vous ce qui occupe maintenant toute l'Europe (c.-à-d. la guerre de Crimée) et par conséquent aussi le Portugal, mais... de Vous exprimer le désir de vouloir bien garder quelque sympathie pour un pays auquel... Vous montriez tant d'intérêt et avec lequel Votre Auguste Souverain (le tsar Nicolas Ier) maintient de si bienveillantes relations...», etc.

A noter que, dans la guerre de Crimée, les Alliés européens combattaient contre les Russes ! Document politique intéressant, adressé à Sergius LOMONOSSOV, de la famille du célèbre savant et écrivain du XVIIIe siècle.

 

201.                PORTUGAL, Jean VI de (1767-1826) Régent dès 1792, roi en 1816 à la mort de sa mère Maria Ière avec laquelle il avait dû se réfugier au Brésil en 1808 - L.S. «O Principe», 1 1/2 pp. in-folio ; Rio de Janeiro, 5.X.1810. Adresse et sceau aux armes sur la IVe page.                                                      (900.-)                500.-

Réponse officielle du Régent du Portugal, exilé au Brésil, à la lettre du roi FerdinanD Ier de Bourbon-Naples lui annonçant la naissance du futur roi Ferdinand II des Deux-Siciles.

Lettre contresignée («Conde de Linhares») par dom Rodrigo de SOUSA COUTINHO (1745-1812), ministre des Affaires étrangères et de la Guerre dans le gouvernement en exil au Brésil.

Homme de grande culture, passionné de sciences naturelles, le comte de Linhares mourut à Rio de Janeiro.

[Voir aussi le numéro 7, Antonio Araújo de Azevedo]

 

202.                PORTUGAL, Maria II da Gloria de (1819-1953)Reine dès 1826, fille de dom Pedro Ier du Brésil - L.S. «Rainha», 1 p. in-fol. ; Lisbonne, 30.III.1853. Adr. et beau sceau aux armes sur la IVe page.      (500.-)                350.-

 

Informée de l'aide que son correspondant - un diplomate français en poste en CHINE - a apporté à plusieurs «... subditos portuguezes e Auctoridades consulares dese Paiz com reconhecido proveito e conveniencia publica...», elle le nomme Chevalier de l'Ordre militaire portugais de Nossa Senhora da Conceiçao de Villa Viçosa. A noter que la lettre fut signée par la reine Maria II quelques mois avant sa mort, survenue le 15.XI.1853, dans sa 34ème année.

Pièce contresignée par Rodrigo da Fonseca MAGALHAES (1787-1858), l'illustre homme politique et révolutionnaire qui, de 1819 à 1822, avait dû s'exiler à Pernambuco (Brésil).

[Voir aussi le numéro 19, Stéphanie de Beauharnais, et le numéro 105, Grégoire XVI]

 

203.                PORTUGAL, Sébastien de (1554-1578) Successeur en 1557 de son grand-père Jean III, il trouva la mort lors de la sanglante bataille d'Alcacer-Kébir, au Maroc - P.S. «Rey», 4 pp. in-folio ; Almeirim (Santarem), 14.II.1572. Rarissime !                                                                                          (15 000.-)                10 000.-

Précieux document historique relatif aux conséquences de la bataille de Lépante (7.X.1571), événement à l'origine de la décadence de la puissance turque sur les mers.

Le jeune et belliqueux souverain, alors âgé de 18 ans à peine, qui témoigne d'une extême soumission au Saint-Siège, confie ici à son diplomate dom João Tello de Menezes les directives qu'il lui faudra suivre lors de son ambassade à Rome où il doit rencontrer le pape PIE V. «... Dom Joham Tello, amiguo : eu el Rey Vos envio muy tos andar tamto que tive a nova da Victoria que nossosnoi deu a armada Xpam comtra a lo turco. A sentey de mandar por ella logo visitar o Santo padre...», etc. Suivent quatre pages couvertes d'un texte très serré, rédigé en portugais, où Sébastien donne entre autres copie des messages (sur le même sujet) qu'il adresse au célèbre général don Juan d'AUTRICHE, aux princes de Savoie et de Parme, et au doge de Venise, Alvise Ier Mocenigo. Le roi de Portugal remercie notamment ce dernier qui «... me emviou a nova da Vitoria per Sua carta que me foy dada em quoatio de nov.ro... Me pareceo devirlhe tambem emviar os parabes da Victoria em qa que la Senhoria tem tao grande parte...», etc.

Dom Sébastien entreprit deux croisades contre le Maroc. La première eut lieu en 1574 et la seconde, en 1578, lui fut fatale : il disparut à l'âge de 24 ans à de la bataille d'Alcacer-Kébir où les deux prétendants au Sultanat trouvèrent aussi la mort. Le corps du roi ne fut jamais retrouvé, et les Portugais, ne voulant pas croire à sa mort, décidèrent d'attendre son retour, ce qui permit à Philippe II d'Espagne de s'emparer du petit royaume qui eut à subir le joug du pays voisin durant soixante années !

 

204.                PORTUGAL, Le Grand Inquisiteur du - L.S. «Ser.e V.° - N. Cardeal da Cunha» par le cardinal Nuño da CUNHA e ATAIDE (1664-1750), l'un des proches du roi Jean V dont il était l'aumônier major, 1 p. in-4 ; Lisbonne, 19.I.1740. Petite corrosion de l'encre. En italien.                                                (350.-)                200.-

A Camille II BORGHESE (1693-1763), grand-père du mari de Pauline Bonaparte : «... Il solo oggetto delle gentilissime maniere, colle quali m'onora V. E. ... m'induce a rendergliene quelle dovute grazie, che mi somministra la mia devota servitù...», etc.

 

PORTUGAL : Voir aussi les numéros 7, 19, 105, 112 et 187

 

205.                POULENC Francis (1899-1963) Compositeur français, membre du Groupe des Six - L.A.S. «Poupoule», 2 pp. sur carte in-12 obl., datée «25 nov.» (vers 1955/60).                                                (750.-)                500.-

Il fixe rendez-vous dans quatre jours à son «minet joli» et lui indique l'endroit où il ira le retrouver à Paris : «... Viens, je t'en prie. Si je suis en retard, j'arriverai de Tours, dis à l'adorable patronne... que tu es avec moi. Je t'embrasse...»

 

206.                QUENEAU Raymond (1903-1976) Ecrivain français, créateur de l'inénarrable Zazie - L.A.S., 1 p.in-8 ; Paris, 7.VIII.(1947).                                                                                                                      (300.-)                200.-

Sur un papier portant l'en-tête de la N.R.F. - Librairie Gallimard, l'écrivain surréaliste prie son correspondant «... de passer demain matin vendredi vers 11 1/4, 11 1/2...» et s'excuse de sa réponse aussi tardive.

En 1947, paraissaient ses Exercices de Style où Queneau narre de 99 manières différentes et drôles... une seule brève histoire.

 

207.                QUÉTELET Adolphe (1796-1874) Mathématicien, statisticien et astronome belge - L.A.S., 1 3/4 pp. in-4, datée 24.VIII.1827. Adresse sur la IVe page.                                                                                             (450.-)                300.-

Longue et intéressante lettre d'argument scientifique, adressée à Marc-Antoine JULLIEN, fondateur et directeur de la Revue encyclopédique à Paris.

Après lui avoir annoncé l'arrivée des ouvrages du général Blein (A.-F.-A. BLEIN, 1767-1845, général du génie) et de M. Jomard (Edme Fr. JOMARD, 1777-1862, l'ingénieur géographe et archéologue), deux hommes ayant servi Napoléon Ier, Quételet s'engage à communiquer à son correspondant «... tout ce qui se fera sur la statistique... On vient de créer une commission nouvelle pour le Brabant dont on m'a nommé secrétaire ; on m'a aussi chargé de la part du ministère d'un grand travail dont on réunit les éléments...». Le savant souhaiterait rencontrer son correspondant lors de son voyage à Londres où le gouvernement l'a chargé d'une mission «... indépendamment des affaires de l'observatoire ; j'aurai à songer à l'acquisition de différents instruments pour une expédition que notre Roi va faire faire dans la Méditerranée afin de déterminer soigneusement toute la côte où fut autrefois Carthage...». Il annonce la mort de Nieuport, «... le doyen des géomètres actuels...», etc.

208.                RACHEL, Elisabeth Rachel Félix, dite Mlle (1821-1858) La grande tragédienne française - L.A.S. «Rachel Félix», 2 1/4 pp. in-4 petit ; 1838. Pièce jointe.                                                               (2000.-)                1400.-

Incroyable lettre d'amour de la jeune adolescente de 17 ans au marquis de SALVAS.

 

Rachel commence par s'excuser, sa réponse ayant été retardée par le chagrin qui l'a affligée ces derniers jours, puis promet une longue lettre, pleine de détails, dès qu'elle ira mieux et sera de retour à Paris. Elle le remercie ensuite chaleureusement pour le portrait fort ressemblant qu'il lui a offert : «... vous n'aviez pas besoin de me l'envoyer pour que je pensasse à vous...». Quant aux délicieux biscotti, ils ont fait la joie de ses parents et de ses sœurs qui en raffolent.

Selon son souhait, elle lui fera avoir des nouvelles de sa maman mais, ajoute-t-elle aussitôt : «... prenez garde à vous car moi je suis très jalouse...». Son unique désir est qu'il lui soit envoyé «... à Paris Monsieur le Marquis de Salvas... le plus beau cadeau...» !

Le jeune fille termine sa lettre en se disant avec profond respect la dévouée servante de son correspondant. Mais quelques mots timidement intercalés, à la dernière minute semble-t-il, trahissent une certaine émotion et la froide formule de politesse devient alors : «Je suis avec le plus profond respect et v[érita]ble Amour votre dévoué Servante et... et... je dois me taire...».

Dans un post-scriptum - qui semble avoir été tracé avant le rajout ci-dessus, elle décline la proposition que lui fait le marquis d'aller le rejoindre à Bruxelles : «... cela est impossible parce que le théâtre ne veut pas. Pour moi j'aurais eu beaucoup de plaisir...».

La pièce jointe, commencée en allemand et se terminant en français, est relative à une anecdote concernant la tragédienne.

 

209.                RACHEL, Mademoiselle - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8, datée «vendredi» (Londres, 27.VI.1851). (1000.-)   750.-

Sa santé retapée grâce aux traitements prescrits par son médecin, Rachel avait rejoint une fois de plus son fidèle public d'Outre-Manche, soulagée de quitter le Théâtre Français où elle avait subi en avril un cinglant échec dans Messaline et Valeria.

Des amis étant «... tombés à Londres...» chez elle, elle s'excuse auprès de M. Baldwin de ne pouvoir se rendre chez lui «... dimanche prochain comme il était à peu près convenu dernièrement chez Mme Lumley... Vous êtes... de mes amis et c'est... une preuve de cette amitié que je viens aujourd'hui mettre tant soit peu à l'épreuve...». Elle espère que Mme LUMLEY (épouse de Benjamin L., 1811-1875, le manager du Royal Italian Opera, Covent Garden) ne lui gardera pas rancœur et qu'elle lui fournira bientôt une occasion de la dédommager.

Le 7 juin, Rachel avait été Adrienne Lecouvreur dans la pièce de Scribe, et le 21 elle avait interprété le rôle de Camille dans Les Trois Horaces.

 

210.         RAMUZ Charles Ferdinand (1878-1947) Ecrivain suisse. Son Histoire du Soldat fut mise en musique par Igor Stravinsky - L.A.S., 1 1/2 pp. 8° face à face ; «L'Acacia-Cour p. Lausanne», 2.II.1923.                (300.-)                200.-

Occupé à toutes sortes de «... besognes urgentes et de petites complications de la vie quotidienne...» l'obligeant à reprendre le train, Ramuz est fort triste de ne pouvoir répondre affirmativement à la proposition de son correspondant, un confrère qu'il se voit obligé de renoncer à rencontrer «... pour cette fois-ci...».

Jolie lettre, dans un parfait état de conservation.

 

211.         RANKE, Leopold von (1795-1886) Historien all., l'un des premiers de son pays à faire de l'Histoire une discipline objective - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; Berlin, 3.II.1840. Adresse autographe au dos.        (450.-)                300.-

A Sarah AUSTIN (1793-1867), traductrice anglaise, femme du juriste John Austin. «... Leider ist Ihre letzte Sendung, für die ich Ihnen herzlich danke, sehr langsam gegangen...». Ceci est une des raisons ayant retardé l'envoi de l'exemplaire du «Dr. Benedes», que Ranke aurait préféré apporter lui-même à Mme Austin plutôt que de le confier à la poste, etc.

 

212.         RAPP Jean (1771-1821) Général d'Empire - L.A.S., 1 p. in-4 ; «A Ivrea en Piémont le 20 Prairial» (9.VI.1800). Découpage dans la marge gauche dû à l'ouverture, sans manque de texte (papier conservé au verso sous le cachet de cire). Adresse du destinataire au dos.                                                        (600.-)                400.-

Intéressante missive écrite à son retour d'Egypte, alors qu'il se dirigeait vers Marengo, adressée à «Wolffe, Négociant, faubourg de Basle, à Colmar». Il n'a aucune nouvelles de cette dernière ville : «... Les Autrichiens sont entourés partout. Nous arriverons encore à tems pour leur donner un coup mortel. Il me tarde de les revoir...», etc.

 

213.                RASCHER Sigurd M. (1907-2001) Saxophoniste américain, et Jacques IBERT (1890-1962) Compositeur français - Jolie feuille d'album in-8 signée par les deux musiciens à Barcelone le 20.IV.1936, où l'orchestre  Pau Casals  donna le Concertino da Camera pour saxo alto qu'Ibert dédia à Rascher.                (200.-)                120.-

 

214.                RASMUSSEN Knud (1879-1933) Explorateur danois. De 1912 à 1933, il dirigea sept expéditions durant lesquelles il étudia la vie des Esquimaux - L.A.S., 2 pp. 4° face à face ; Hundested, 27.IV.1930.                (500.-)                350.-

Longue missive en danois sur papier à son nom, écrite peu avant son départ pour l'une de ses expéditions scientifiques.

Rasmussen regrette que la mission qu'il s'apprête à entreprendre l'empêche d'accepter l'invitation de l'ambassadeur d'Allemagne Ulrich von HASSELL (1881-1944, exécuté comme anti-nazi) et lui ôte le plaisir de rencontrer le représentant d'une grande nation.

 

215.         RAVEL Maurice (1875-1937) Compositeur français - L.A.S., 2 pp. in-8 obl., datée «Mercredi soir» (Paris, vers 1910 ?). Papier de deuil.                                                                                     (2800.-)                2000.-

Au pianiste catalan Ricardo VIÑES  (1875-1943) qui, par ses concerts, contribua grandement à faire connaître les compositeurs contemporains tels que Debussy, Falla, Albeniz et bien sûr Maurice Ravel.

 

Ce dernier l'informe que «... le 1 er concert de la S.M.I., où doit figurer le Harem, est fixé au 21 avril. Peut-on compter sur toi ?... Les programmes doivent être envoyés à la gravure ce soir...». Il espère voir son ami le dimanche suivant.

La création, fin 1909, de la S.M.I. (Sté Musicale Indépendante),la mention du «1 er concert de la S.M.I.» qui eut lieu le 20.IV.1910 (et non le 21 comme l'indique le compositeur) et le fait que Ravel écrive sur papier de deuil (mort de son père en 1908), laisseraient supposer que cette lettre date bien de 1909/1910. Quant à «Harem», il reste à déterminer de quelle composition il s'agit et qui en est l'auteur...

 

216.         RECLUS Onésime (1837-1916) Géographe français, frère d'Elisée, d'Elie et d'Armand-Ebenezer, illustres savants et révolutionnaires anarchistes - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Ste Foy-la-Grande, 14.II.1892.                (400.-)                250.-

Belle lettre sur le Sud de la France et les Pyrénées. «... Puisque vous partez de Montpellier, je vous conseille la route suivante : Cette (la ville de Sète) et l'ascension du Pilier de Saint-Clair ; Béziers... A la station de Montpaon, allez visiter... la source de la Sorgue et le gouffre de Mas-Raynal (mais la course est compliquée, et en un point fatigante : ascension du Larzac pour aller au gouffre). Arrêt à la station de Roquefort ; visite des fromageries et des caves...» ; Reclus promène ainsi son correspondant à travers la Causse de Sauveterre, les gorges du Tarn, le pont à Garabit (à contempler d'en haut et d'en bas), etc., etc. Voici cinq ou six ans qu'on ne l'a pas vu «... dans ce pays superbe...» où les choses peuvent désormais avoir changé ; c'est pourquoi il est préférable que son ami prenne ces conseils «... pour une vague indication, et faites ce que vous voudrez, suivant votre pente naturelle, selon le courage ou l'inertie du moment... L'essentiel, en toute cette course, c'est évidemment la promenade en bateau de Ste Enimie au Rozier, en un jour ou deux...», etc.

 

217.                REMIZOF Alexej (1877-1957) Ecrivain russe, il chercha à créer une forme de langue écrite plus proche de la langue parlée - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; Paris, 15.V.1930. Trous de classement.                           (450.-)                300.-

Le romancier rappelle à son correspondant son manuscrit «Stratilotov», envoyé deux mois plus tôt : «... est-ce que vous pouvez placer cette nouvelle dans votre Revue ?...».

A l'écrivain genevois Robert de TRAZ (1884-1951) qui avait fondé en 1920 la Revue de Genève ; celle-ci cessera de paraître fin déc. 1930, laissant un riche héritage littéraire où des auteurs de renom se sont exprimés sur les sujets les plus variés, parmi lesquels H. Hesse, Joyce, W. Woolf, Stefan Zweig, Proust, Mauriac et bien d'autres...

 

218.         RENÉ Jean-Gaspard-Pascal (1768-1808) Général en Egypte, Allemagne et Espagne où il sera exécuté par les guérilleros qui le brûlèrent vif en le plongeant dans de l'huile bouillante ! - P.S., 1 1/2 pp. in-folio ; Le Caire, 25.V.1800. Texte imprimé. Vignette. Rare.                                                                     (500.-)                350.-

Ordre du jour du 5 prairial an 8, émis par KLÉBER ordonnant l'annulation de tous «... les passeports pour France délivrés à des Français, militaires ou autres...», etc., signé à la fin par le général René «Pour copie conforme au registre d'ordre».

Feuille sortie des presses de l'Imprimerie Nationale, créée au Caire par Bonaparte dès son arrivée en Egypte.

 

219.                RÉVOLUTION / EMPIRE - Ensemble de 14 pièces (L.A.S., L.S., P.S., Manuscrits + 1 imprimé), environ 30 pp. in-4 ou in-folio ; 1794/1833.                                                                                (500.-)                300.-

Documents divers, certains au contenu fort intéressant :

- «Rapport sur le... Décret contre les ennemis de la Révolution» par SAINT-JUST (imprimé de 4 pp.)

- Lettre du ministre D. V. RAMEL (1769-1829) concernant la restitution difficile d'objets saisis à un «présumé émigré»

- Lettre de la «Commission des Revenus Nationaux» sur le même sujet

- Lettres autographes ou signées d'Hugues MARET et des maréchaux d'Empire MORTIER, SOULT et VICTOR

- Dossier relatif au prince Frédéric de SALM-KYRBOURG (1789-1859), officier d'ordonnance de Napoléon Ier, contenant 1 P.S. et un manuscrit autogr. de lui, ainsi que cinq autres pièces manuscrites d'argument administratif, certaines endommagées.

 

220.         RICHET Charles (1850-1935)Physiologistefrançais. Avec Portier, il découvrit l'anaphylaxie, phénomène proche de l'allergie, découverte d'une importance capitale. Prix Nobel en 1913 – Manuscrit autographe, 3 pp. in-4 ; (Padoue, 1922).                                                                                    (600.-)                400.-

Important texte original de la conférence qu'il donna à l'université de Padoue lors du VIIe centenaire de sa fondation.

Richet exhorte ici ses confrères à ne pas priviliégier les applications pratiques de la Science, mais à s'intéresser à l'aspect abstrait de celle-ci, afin que l'homme de science ne s'expose pas «... à ne rien trouver du tout... L'histoire des sciences montre avec éclat que les grandes découvertes ont été faites par des hommes qui ne savaient pas quelles immenses conséquences auraient leurs découvertes. Quand Galvani faisait ses expériences sur des grenouilles suspendues au fer de son ballon... Quand Pasteur filtrait de l'air à travers un tampon d'ouates... Quand Röntgen étudiait le rayonnement des rayons cathodiques...», etc.

 

221.         ROBBE-GRILLET Alain (n. 1922) Ecrivain et cinéaste français - P.A.S., 1 page sur carte in-12 obl. datée «Paris 12/8/60». Deux lignes de «... vive sympathie...» à une admiratrice. Autographe peu commun.                                                                                                                                                                           (200.-)                120.-

222.         RÖHM Ernst (1887-1934) Homme politique allemand, il contribua à la montée du Nazisme - P.S. au crayon mauve, 1 p. in-4 obl. ; Munich, 4.III.1931.                                                                             (1400.-)                900.-

 

Au bas d'une lettre à l'en-tête imprimée du N.S.D.A.P., signée par Walter BUCH (1883-1949, criminel nazi, il se suicida), le «Chef des Stabes» Ernst Röhm communique le texte d'une missive du baron Alexander von WENGENHEIM (n. 1872), membre du Reichstag dès 1930.

Rappelons que Röhm fut assassiné sur ordre d'Hitler lors de la «nuit des longs couteaux». Autographe rare !

 

223.                ROLLAND Romain (1866-1944) Ecrivain français, prix Nobel de littérature en 1915 - L.A.S., 1 p.in-8 ; (Paris), 26.VI.1909.                                                                                                                         (250.-)                150.-

«Merci de... votre volume... merci de votre mot de sympathie. Je connaissais déjà ce pauvre petit Elie pour l'avoir lu dans une revue, et j'en avais été très touché. Vous faites œuvre bonne et saine, et Christophe vous serre cordialement la main...».

 

224.         ROPS Félicien (1833-1898) Le célèbre peintre et graveur belge - L.A.S. «F», 1/2 p. in-8 ; (Paris, vers 1880 ?).                                                                                                                                                        (500.-)                350.-

Charmant message à sa «Chère petite amie» dont il vient seulement de recevoir la lettre, à laquelle il ne pourra répondre avant le premier février. Rops prie sa correspondante de se rendre, le moment venu, au bureau de poste de l'Hôtel de Ville où «... Vous aurez une lettre qui vous attendra [de] votre ami qui vous aime...». Il précise qu'elle sera «... à l'adresse de M.elle Alice...», vraisemblablement l'actrice Alice RÉGNAULT, épouse d'Octave MIRBEAU.

 

225.         ROSA Salvator (1615-1673) Peintre, dessinateur, graveur, poète et musicien it., considéré en peinture comme un précurseur du paysage romantique - L.A.S. «Amico Vero - S. R.», 1 p. in-4 pleine ; Rome, 2.IV.1667. Légères traces de mouillure le long de deux plis. Adresse autographe et traces de son cachet sur la IVe page. Autographe très rare !                                                                                                                    (3000.-)                1800.-

Salvator Rosa commence par s'excuser auprès de son ami florentin, l'écrivain satyrique (et obscène !) Gio. Battista RICCIARDI (1623-1677), - «... Compatitemi se ho lasciato passare due settimane senza scrivervi...» - avant de lui révéler les raisons de son retard : «... Di presente sto benissimo e sempre più invogliato di rivedervi. Credevo in questo tempo di ricevere qualche vostra... ma per molte deligenze usate non si n'è veduta ne pure una riga... Di grazia siate meco in questo genere un po' più liberale, assicurandovi che mi contento anche del poco... Vi prego a non mancarmi de soliti brindisi col Sig.r Minucci...», et de le rappeler aussi au bon souvenir d'autres amis toscans, etc. Notons que seules deux ou trois lettres de cet illustre artiste (dont la présente) ont été proposées à la vente en ces trois dernières décennies.

 

226.                ROUGEMONT, Denis de (1906-1985) Ecrivain suisse d'expression française - Pensée A.S. sur carte in-12.                                                                                                                                                       (300.-)                200.-

«... Il faut faire l'Europe parce qu'il faut faire le Monde, et parce que l'Europe seule, en faisant le Monde, accomplirait sa propre vocation...».

Croyant en l'union dans le fédéralisme, Denis de Rougemont publia en 1962 «Les Chances de l'Europe». La pièce que nous proposons ici date sans doute de cette époque.

 

227.                ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778) Ecrivain et philosophe genevois - Manuscrit autographe, 9 lignes sur une page in-4 ; vers 1745/1748.                                                                            (1200.-)                800.-

Rousseau, qui travaille pour Madame DUPIN à un ouvrage sur les femmes, a relevé dans un texte de Jean Chardin de 1711, intitulé «Voyage en Perse», qu'à la page 155 du tome IV on peut lire : «... Le voile des f. [emmes] est une des plus anciennes coutumes dont les histoires parlent, mais il est difficile de savoir si c'est par pudeur, par vaine gloire... ou par effet de la jalousie des maris» qu'elles le prirent. Trois siècles plus tard, le port du  voile  est toujours strictement en vigueur dans de nombreux pays islamiques, dont l'Iran (ancienne Perse)...

 

229.         SADE, Donatien, marquis de (1740-1814) Ecrivain français dont l'œuvre fut longtemps officiellement condamnée et interdite de publication - L.A., 1 1/2 pp. in-4 ; (La Coste, décembre 1771).     (4000.-)                2500.-

A l'avocat et notaire d'Apt, François-Barthélémy FAGE, régisseur des biens du Marquis jusqu'en 1774, date à laquelle celui-ci lui retira sa confiance, le soupçonnant, non sans raison, de collusion avec sa belle-mère, Madame de Montreuil.

De manière assez cocasse, le Marquis commence sa lettre par un... inventaire de déconvenues : «... Eh bien ! point de maçon, point de veste, point de catalogues, point de lampe, point de Narcois,... point d'enseigne, etc...». Sade recommande ensuite à Fage de vouloir bien «... rapporter au château le paquet que la couturière a dû remettre chez vous...» à l'attention de Melle de Launay (la Chanoinesse, belle-sœur et maîtresse de Sade !) ; il voudrait en outre qu'un artisan local «... ou quelqu'un intelligent de chez lui pût se donner la peine de venir chez moi... Je voudrois lui expliquer et lui faire faire une espèce de luminaire oeconomique pour mon théâtre. Faites votre possible pour l'amener...».

Lettre doublement intéressante pour l'allusion à sa jeune belle-sœur et maîtresse, la Chanoinesse, venue se refaire une santé auprès de sa sœur à La Coste, et au petit théâtre que le Marquis créa dans son château où il jouait lui-même et faisait jouer son entourage - dont la Chanoinesse - dans des pièces écrites pour son propre amusement...

D'après l'excellent biographe Gilbert Lely, «... Du propre aveu de Mme de Sade, une entente sentimentale - sinon des rapports sexuels entièrement accomplis - existaient déjà entre le marquis de Sade et Mademoiselle de Launay avant l'arrivée de cette dernière au château de La Coste, vers fin octobre 1771... sous prétexte de... faire compagnie [à sa sœur] et d'y respirer un air plus serein...». Il est sans doute inutile de rappeler ici combien cet événement pesa sur la vie future du divin Marquis !

 

230.         SAINT-JUST Louis-Antoine (1767-1794) Conventionnel, ami de Robespierre qu'il suivit sur l'échafaud - P.S. par lui et par 11 autres Conventionnels, 1 p. in-folio ; Paris, 17.III.1794. En-tête imprimé avec vignette.                                                                                                                                                  (2500.-)                1800.-

ORDRE DE MISE EN ARRESTATION de l'ancien procureur de la Commune de Paris, Pierre Gaspard CHAUMETTE (1763-1794), «... et les scellés seront apposés sur ses papiers...».

Cette «Minute d'Arrêté - A expédier» est signée par onze autresConventionnels, sans doute à cause de l'importance du personnage qui fut effectivement emprisonné dès le lendemain et guillotiné le 13 avril suivant : AMAR, BARÈRE, BAYLE, BILLAUD-VARENNE, CARNOT, COLLOT-D'HERBOIS, DU BARRAN, LE BAS, C. A. PRIEUR, VADIER et VOULLAND.

Document historique de premier ordre !

 

231.         SAINT-SAËNS Camille (1835-1921) Compositeur français - L.A.S., 1 p. in-8 pleine ; Dieppe, 29.VIII.1881.                                                                                                                                       (1200.-)                800.-

Ne Sachant encore la date de son retour à Paris, Saint-Saëns a prié son éditeur d'envoyer la partition de Samson et Dalila au mezzo-soprano Célestine GALLI-MARIÉ : «... Je sais quelle musicienne vous êtes et je suis sûr que vous n'avez besoin d'aucun auxiliaire pour vous rendre compte du rôle et du parti que vous pourriez en tirer. Je crois qu'il y aurait là une nouvelle et puissante incarnation de votre merveilleux talent...», etc.

Ses succès dans Mignon et Carmen avaient propulsé la cantatrice à un niveau de célébrité mondial et, de toute évidence, Saint-Saëns aurait voulu lui confier le rôle de Dalila dans la première française de son opéra qui avait été créé à Weimar le 2 décembre 1877. Mais le chef-d'œuvre de Saint-Saëns eut des destinées singulières et ce n'est qu'après avoir parcouru l'Europe, après avoir été applaudi dans la plupart des villes françaises, après avoir paru même à Paris sur une scène secondaire, qu'il prit enfin au répertoire de l'Opéra la place que lui assignait sa haute valeur.

 

232.         SAINT-SAËNS Camille - L.A.S., 7 pp. in-8 carré ; Paris, 25.XI.1893.                            (2000.-)                1400.-

 

Etonnante missive où Saint-Saëns se plaint auprès du directeur d'un Théâtre bruxellois (Théâtre de la Monnaie ?) du fait qu'il s'apprête à faire chez lui du MASSENET plutôt que ses œuvres. «... Je lis dans les feuilles que la divine Sybil va chanter Thaïs chez vous. J'espère bien qu'elle y chantera aussi Phryné.  J'adore  Thaïs,  je l'ai dit à tout l'univers, mais enfin il n'y a pas à se dissimuler que Phryné a eu, à Paris, un succès beaucoup plus franc que Thaïs...».

De l'avis de tous, poursuit Saint-Saëns, Sybil SANDERSON est meilleure dans Phryné que dans Thaïs, mais «... après tout, si vous préférez jouer Proserpine  avec Mme Leblanc, j'aimerais aussi pour toutes sortes de raisons...» ; cependant, le destinataire de la missive a aussi remplacé Proserpine par une œuvre plus amusante, et le compositeur, bien que fair-play, laisse entrevoir un réel d'agacement : «... Je sais que mes œuvres ont la vie dure ; ce que vous ne jouerez pas demain, vous le jouerez après-demain, ou l'autre après-demain ; et la patience est un luxe qui me plaît, parce qu'il n'est pas à la portée de tout le monde...» !

Saint-Saëns serait volontiers allé à Bruxelles s'il n'était fort pris et s'il ne devait bientôt partir pour Milan surveiller la création de son Henry VIII «... en tâchant de m'emparer, si faire se peut, de la queue de la poêle ; j'ignore absolument comment les choses se passent dans ce pays-là...».

Superbe texte.

SAINTS et BIENHEUREUX : Voir les nos 64 (Comboni), 153 (Longhin) et 262 (Mère Teresa).

 

233.         SAINT-SIMON, Louis de Rouvroy, duc de (1675-1755) Ecrivain et mémorialiste français - Manuscrit original le concernant, 2 pp. in-folio ; (Paris, printemps 1829).                                  (1200.-)                800.-

Les deux dernières pages de la préface (ou «Lettre aux souscripteurs» ?) aux célèbres Mémoires rédigées en 1828/29 par le général Henri-Jean Victor de Rouvroy, marquis de Saint-Simon, petit cousin du duc, à l'occasion de la première publication du texte intégral et «authentique» imprimé par l'éditeur parisien A. Sautelet.

Non sans difficulté, le marquis de SAINT-SIMON (1782-1865) avait obtenu en 1828 la restitution des derniers volumes manuscrits, autographes de son ancêtre. Immédiatement, il avait travaillé sur ces textes et en mai 1829 paraissaient les deux premiers volumes. Nous avons ici, en original, la conclusion d'une introduction écrite par le Marquis apportant certaines précisions quant à la personnalité du duc de Saint-Simon et à l'importance de ses Mémoires.

Il est intéressant de noter que la dernière partie de cette «préface» manuscrite n'est pas de la main du Marquis, mais de l'éditeur A. SAUTELET qui, de Paris le 1er mai 1829, écrit entre autres : «... Nous terminons en protestant nous-mêmes de notre fidélité à rapporter le texte de l'auteur que nous reproduisons sans aucune altération. Le manuscrit original, déposé entre nos mains, peut être consulté par tous les Souscripteurs...», ce qui laisserait entendre que le présent manuscrit devait précéder de peu la mise en vente des deux premiers volumes sur les vingt et un imprimés entre 1829 et 1831.

 

234.         SAND, Lettre à George  - Billet autographe de Louis VIARDOT (1800-1883), directeur du Théâtre-Italien à Paris et époux de la cantatrice Pauline Viardot, 1 p. in-12 ; (vers 1860 ?).  (300.-)                200.-

Post-scriptum de quatorze lignes - vraisemblablement joint à l'époque à une lettre de Pauline Viardot à George Sand ; les deux femmes entretinrentune correspondance longue et suivie, restée en partie inédite - dans lequel Louis Viardot cite un ami (Tourgueniev ?) revenu de Saint Pétersbourg où «... tous vos ouvrages sont traduits à mesure qu'ils paraissent...». Tout le monde les lit, du haut en bas de l''échelle : «... les hommes vous adorent... les femmes vous idolâtrent... vous régnez sur la Russie plus souverainement que le tzar...». Ayant vu la chose des ses yeux, il n'y a là aucune flatterie de sa part.

 

235.                SANDBERG Johan Gustaf  (1786-1854) Peintre suédois dont les tableaux représentent des scènes de la vie populaire de son pays - L.S., 1 p. in-4 ; Stockholm, 24.II.1850. Adresse autographe.                (300.-)                200.-

Missive en suèdois, adressée à son confrère et élève Mauritz SAMUELSON (1806-1872). Texte lithographié avec rajouts autographes écrits en tant que directeur de l'Académie Royale de Stockholm.

 

236.                SANTOS-DUMONT Alberto (1873-1932) Pilote brésilien. Pionnier de l'aviation, constructeur de ballons, de dirigeables et d'avions, il réussit le 23 octobre 1906 à parcourir une distance de 60 mètres et, quelques jours plus tard, il couvrait 220 mètres à l'altitude moyenne de six mètres - L.A.S., 2 pp. face à face in-8 ; São Paulo, 4.XI.1916. Papier à son chiffre («ASD»).                                                                             (1600.-)                1200.-

Magnifique et rare lettre de l'auteur du premier vol officiellement contrôlé, s'adressant à Ernest ARCHDEACON (1863-1950), mécène de l'aviation française dès son origine : «... Non, mon cher, je ne suis pas à New-York, je suis toujours dans mon pays qui, c'est vrai, n'a pas les grandes industries norte américaines (sic !), mais a aussi de belles choses. Rio est la plus belle ville du Nouveau monde et à São Paulo nous avons les plus grandes cultures de caffé que c'est jamais vu...». Et l'aviateur - rentré au Brésil après avoir assisté à la conférence Pan-Américaine d'aéronautique au Chili - d'inviter son correspondant à venir visiter son pays («... Vous ne perdrez pas avec un voyage par ici...») avant de le complimenter pour l'idée qu'il a exprimée «... de publier un ouvrage sur l'Amérique...», etc.

Atteint d'une maladie des nerfs, Santos-Dumont mourut à São Paulo do Brazil à l'âge de 59 ans.

 

237.                SARACOGLU, Sükrü Saradjoglou, dit  (1887-1953) Homme d'Etat turc, collaborateur de Mustapha Kemal, ministre puis Premier ministre de 1942 à 1946 - L.S., 1 p. in-4 ; Ankara, février 1939.       (350.-)                250.-

Sur papier à l'en-tête du «Turkiye Cumhuriyeti», Saracoglu s'adresse à une dame qui lui a envoyé une «... très intéressante brochure... Je vous remercie de tout cœur de cette aimable pensée et de cette courtoisie à laquelle vous nous avez accoutumés...».

La destinataire, une femme de lettres suisse, avait dans sa jeunesse personnellement connu le célèbre ATATÜRK qu'elle avait même aidé dans ses premières tentatives d'européaniser la langue turque.

 

238.                SARTRE Jean-Paul (1905-1980) Ecrivain et philosophe français, il reçut le prix Nobel en 1964 mais il le refusa - L.A.S., 3/4 p. in-4 ; Paris, 31.III.1971. Enveloppe avec adresse autographe.                (1200.-)                800.-

Joli texte où Sartre peste (déjà !) contre les ordinateurs : «... Je croyais que mon bouquin sur F.[laubert] allait sortir ce mois-ci et je comptais vous l'envoyer avec un petit mot, mais Gallimard a rompu avec Hachette et s'est acheté un ordinateur...». Il en résulte que «... les livres ne sortent plus... et les libraires sont sur les dents (pas une Série Noire en Mars !). Alors...», etc.

 

239.                SCHÖNBERG Arnold (1874-1951) Illustre compositeur autrichien - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 31.III.1932.                                                                                                                         (4500.-)                3000.-

Superbe ligne de musique extraite de son poème symphonique Pelléas et Mélisande op. 5 composé à Berlin vers 1901/1903. Autographe tracé au milieu d'une feuille provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS.

 

240.                SCHUMANN Clara (1819-1896) Pianiste et compositeur allemand,épouse de Robert.Restée veuve, une profonde amitié la lia à Brahms - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; St Gallen, 5.III.1858.                              (500.-)                300.-

Au compositeur polonais, J. F. KITTL (1809-1868) dont le premier opéra avait eu pour librettiste Richard WAGNER !

Clara Schumann informe Kittl, alors directeur du Conservatoire de Prague, qu'un engagement précédemment pris l'empêchera de se rendre dans la capitale tchèque, l'obligeant à renoncer à l'invitation d'y donner un concert. «... Ich bin diesen Winter leider nicht im Stande nach Prag zu kommen, da bis Ostern meine Zeit noch durch Engagements in Anspruch genommen ist... Im n-chsten Winter aber hoffe ich sehr Sie zu sehen, und freue mich darauf...», etc.

Restée veuve une année et demie plus tôt, Clara se multiplia en concerts jusqu'à sa mort pour subvenir aux besoins de ses sept enfants et imposer définitivement l'œuvre de son illustre mari.

 

241.                SCHUMANN Clara - L.A.S., 4 pp. pleines in-8 ;Francfort, 19.XII.1883. Enveloppe. En allemand, traduction jointe.                                                                                                                              (500.-)                300.-

«... si loin que je réfléchisse, cela ne s'arrange pas... je suis encore très irrésolue : ne vais-je pas retourner encore à Londres ? auquel cas je ne pourrais pas jouer auparavant à Bruxelles...», écrit-elle au directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, Maurice KUFFERATH, en lui expliquant les raisons de son hésitation et lui révélant le lourd programme qui l'attend dans les prochains mois.

En post-scriptum, elle parle d'une édition des œuvres de Robert SCHUMANN dont elle s'occupe mais qui n'avance que lentement : «... J'ai trop à faire !...». Belle lettre provenant de la collection du Président Robert Schuman l'homme d'Etat français.

 

242.                SCHUMANN Robert (1810-1856) Compositeur allemand - L.A.S., 1 p. in-8 gr. ; Düsseldorf, 25.X.1850. Traduction jointe.                                                                                              (10 000.-)                7500.-

Magnifique lettre d'argument musical, écrite peu après l'installation de Schumann à Düsseldorf comme directeur des concerts de cette ville. Il annonce à des frères («Gebrüder») très distingués le renvoi d'épreuves corrigées, et pour ce qui est du poème «Frühlingslust» («Nun stehen die Rosen in Blute...», etc, texte de Paul Heyse, que R. Sch. mettra en musique l'année suivante), il le demande en retour, l'ayant confondu avec celui de... Goethe !

Le compositeur suggère en outre de ne pas oublier de mentionner (dans un ouvrage ?) le portrait fait par Ernst RIETSCHEL (le médaillon de Robert et Clara, exécuté en 1846 à Dresde ?), ni le tableau reproduit d'après une œuvre du peintre révolutionnaire autrichien Josef M. AIGNER et qui fut gravée par Auguste HÜSSER.

La musique des «... Motette u. Balladen...» suivra au plus tôt et Schumann s'en justifie ainsi : «... Es hab viel zu thun in den vorigen Tagen. Wir hatten gestern das Istes Concert ; es war sehr brillant, der ganze grosste Saal, der sonst nur zu Musikfesten gebraucht wird, voll...». Quant à l'exécution de la harpiste allemande, Therese E. H. aus dem WINKEL (dite Theorosa COMALA, 1784-1867), elle a été fort appréciée, etc.

Schumann ajoute un post-scriptum dans lequel il annonce l'arrivée à Düsseldorf du jeune violoniste et chef d'orchestre Josef Wilhelm von WASIELEWSKI (1822-1896) ; celui-ci semble apprécier le nouveau poste (d'assistant) que lui a offert le compositeur («... ist glücklich anschauen ; es scheint ihn hier sehr zu besagen...»).

Irascible et sujet aux oublis alors qu'il est sur le podium, Schumann devra régulièrement être remplacé dès 1853 par un assistant. Dès lors, la maladie le transformera irrémédiablement et il se réfugiera dans sa folie.

 

243.                SCHWEITZER Albert (1875-1965) Médecin, théologien, organiste et musicologue alsacien. Missionnaire en Afrique, il fonda le célèbre hôpital de Lambaréné. Prix Nobel de la paix en 1952 - L.A.S., 2 pp.in-8 obl. ; Günsbach, 22.II.1931.                                                                                            (1200.-)                800.-

Cette belle lettre est entièrement consacrée à J. S. BACH, véritable «dieu» de la musique pour Schweitzer ; il y remercie sa correspondante pour l'envoi d'un portrait du compositeur et de volumes le concernant, ouvrages «... die ich brauche. Den thematische Katalog habe ich in Königsfeld. Nun besitze ich ihn auch in Günsbach, was mir sehr wichtig ist...». Il évoque une anecdote remontant au début du siècle : «... Als ich um 1903-6 meinen Bach  schrieb bat ich das Haus Peters mir seine Bachausgabe zu Verfügung zu stellen (also die Werkes Bachs wie sie bei Peters erschienen), damit ich die Werke in meinem Buche... nach den Nummern, die diese Werke bei Peters führen citiren können, was sicher für den Verlag nicht ohne interesse sei. Leider ging man nicht darauf ein...», etc.

En 1905 paraissait en français son «J. S. Bach, le musicien poète», suivi en 1908 par «J. S. Bach» en allemand ; entre temps, Schweitzer faisait imprimer (1906) un important ouvrage sur l'art de construire les orgues, etc.

 

244.                SEIFERT Jaroslav (1901-1986) Poète tchèque, prix Nobel en 1984 - L.A.S., 1 p. in-8 obl. ; (Prague, 14.II.1941). En-tête. Enveloppe autographe. Rare.                                                                              (400.-)                250.-

 

Sur un papier à lettre à l'en-tête de la rédaction du journal Národni Práce, Seifert répond en tchèque au message reçu d'un correspondant de Hradec Kralové, l'ancienne Königgr-tz bohème.

 

245.                SIBELIUS Jean (1865-1957) Compositeur finlandais, auteur entre autres de la célèbre Valse triste et du poème symphonique Finlandia - L.A.S., 1 p. in-8 ; J-rvenp--, 8.XII.1926. En finlandais.                (900.-)                500.-

Le jour-même de son 61ème anniversaire, l'illustre compositeur adresse cette jolie lettre à un proche («K-re van och Broder») pour le remercier très chaleureusement de l'envoi d'un présent qui l'a profondément touché, etc. Il ajoute à la fin quelques lignes de compliments destinées à l'épouse de son correspondant puis termine sa lettre par une très belle signature.

 

246.         SIGNAC Paul (1863-1935) Peintre et aquarelliste français, ardent défenseur du néo-impressionnisme - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Groix, 26.VI.(vers 1922).                                                                    (1600.-)                1200.-

A un ami, qui partage sa passion pour la mer, auquel le peintre décrit certaines scènes qui l'on marqué : «... Les thoniers sont en partance. C'est un magnifique spectacle... Je suis fou d'aquarelles et claqué !...». Sportif, il salue «... le Tour de France sur le pont de Kerenthrech. C'est un hommage que tous les ans je rends aux géants de la route que je préfère à nos jeunes requins des lettres et des arts...».

Il envisage de se rendre à Landerneau et Tréguier qu'il veut revoir avant de rejoindre Lézardrieux, probablement par Paimpol (Côtes du Nord) où il se refuse d'aller loger au Palace à cause de la hausse des prix et parce qu'il a été fort mal traité l'année d'avant. Il exprime le désir de traverser le Trieux à bord du bateau de son ami puis parle de son art : «... Samedi, je travaillais au bout du mole. Je vis surgir du Nord, un petit canot de 5 mètres, genre Belle-Isle, orné d'arabesques bleues sur fond blanc. De ma jumelle, je distinguais son nom : La Ville d'Honolulu. J'en conclus que c'était notre bon peintre PUY (Jean P., 1876-1960) ! En effet... Il s'en allait seul à Belle-Isle... Il n'est pas gourmand, il n'avait à bord que du pain et de l'eau ; ni difficile sur son sommeil, il dort sur son foc ! Enfin, c'est un bon bougre et un bon peintre...» ; il n'en peut dire autant du jeune Yves ALIX (1890-1979), peintre paysagiste post-cubiste et suiveur d'André Lhote...

Intéressante lettre écrite de Bretagne, haut lieu d'inspiration pour Signac et pour de nombreux peintres, notamment Van Gogh.

 

247.         SORET Frédéric (1795-1865) Conseiller du Grand-Duc de Saxe-Weimar et ami de Goethe - Manuscrit autogr., 2 pp. in-4 ; (Genève, août 1864).                                                                                    (450.-)                300.-

Long poème satyrique, intitulé «Un malheur», inspiré au vieux Soret par les événements - dont le moment culminant fut l'échauffourée du 22 août 1864 -qui agitèrent Genève à la suite de l'élection (plus tard annulée) de Chenevière au Conseil d'Etat et de la défaite de James FAZY. «... Au son du tocsin précurseur / De la guerre civile, / Les indépendants en fureur / Cernent l'hôtel de ville / Le Conseil d'Etat / Pincé comme un rat, / Chante une triste note / D'orlanges saisi / d'un besoin subit / Tremble pour sa culotte...», etc. Quatre-vingts vers, ayant peut-être été mis en musique, dont les derniers sont raturés et corrigés, ce qui signifierait qu'il s'agit-là d'un premier jet.

 

248.                SOUBISE, Charles de Rohan- (1715-1787) Prince, maréchal de France et ministre de la Guerre - L.S. «Le M. P. de Soubise», 1 p. in-4 ; Paris, 7.III.1780.                                                             (450.-)                300.-

Intéressant texte au philologue breton Jacques LE BRIGANT, concernant la baronnie d'Avaugour, héritée en 1746 par les Rohan-Soubise. Le prince lui demande s'il a des «... preuves solides pour établir que mes ancêtres et moy avons possédé sans interruption et sans doute de mâles en mâles Avaugour et Goëllo depuis environ quatorze siècles...». Il est aussi question d'un «beau titre» dont Le Brigant serait le dépositaire, etc.

Natif de Pontrieux, Jacques LE BRIGANT (1720-1805) est célèbre pour avoir publié en 1779 les «Eléments succints de la langue des Celtes-gomérites ou Bretons» où il imagine que le breton est la langue mère de tous les idiomes.

 

249.                SPECTACLE XXe : le théâtre à Paris - Ensemble de 15 documents (L.A.S., L.S., P.S., Photos signées, etc.), environ 25 pp., formats divers ; Paris, 1910/1983. Deux pièces jointes.                      (400.-)                250.-

Bel ensemble sur la vie théâtrale parisienne au XXe siècle comprenant des contrats avec la Comédie Française signés par Berthe BOVY, Annie DUCAUX, Renée FAURE et Robert HIRSCH (en 1948 !), des lettres autographes signées ou lettres signées de CARCOPINO (Vichy, 1941), Melle DUCAUX, R. HIRSCH et André ROUSSIN (6 de ce dernier, à M. Escande et à Pierre Dux), deux portraits avec dédicace A.S. d'ARLETTY et de Jeau-Louis BARRAULT.

On joint deux programmes, l'un «Souvenirs - The Cossacks» signé par différents membres du groupe, l'autre d'un spectacle du Russian Arts Group en 1951 signé par Vera GRETCH et P. PAVLOV.

 

250.                SPONTINI Gaspare (1774-1851) Compositeur italien - Deux L.A.S., 2 pp. pleines in-4 (Paris, 30.XII.1825) et 1 p. in-8 (datée «ce dimanche 7 juillet»).                                                 (500.-)                350.-

Dans sa lettre de 1825, Spontini rappelle à DUPLANTYS, administrateur de l'Académie royale, qu'on avait promis de mettre à sa disposition tous les articles et moyens nécessaires à la mise en scène de son Olympie. Or, on s'est empressé, aussitôt Armide mis en scène, d'occuper tous les artistes par un nouvel opéra, Macbeth. De plus, le répertoire de Madame Cinti et de Nourrit fils est surchargé à cause d'un accident survenu à Madame Fodor et à l'absence de Nourrit père, pendant que les choristes, eux, sont envoyés étudier ailleurs un nouvel opéra, Zelmire, etc. «... Je ne souffrirai jamais que mon opéra soit représenté d'une manière imparfaite... ni soit sacrifié - s'exclame Spontini en terminant sa lettre - Moi, j'ai rempli mes promesses et mes devoirs... J'ai le droit de compter sur vos promesses...», etc. Rappelons que c'est précisément à cause de son mauvais caractère que le compositeur fut contraint de mettre un terme à sa brillante carrière...

[Suite du lot 250, Spontini] Rentré depuis peu de Berlin, il allait faire jouer Olympie le 28 février 1826 avant de s'en retourner très vite en Allemagne.

 

La missive in-8 - destinée à son éditeur et rédigée sur un papier fragile, restauré et taché par endroits, mais dont l'encre noire reste parfaitement contrastée - semble dater de 1805 ou de 1811 ; elle concerne deux nouveaux couplets à ajouter à son manuscrit sur le point d'être gravé. Ayant à faire «... une observation importante...», Spontini convoque chez lui son correspondant pour le lendemain matin, etc.

 

251.                SPONTINI Gaspare - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Berlin, 26.VI.1828. Découpage au coin supérieur droit, restauré. Portrait joint.                                                                                                      (500.-)                300.-

Le compositeur renouvelle ses instances à une «Altesse» (sans doute le prince de Sayn-Wittgenstein, ministre de la Maison du roi Frédéric-Guillaume III de PRUSSE) à propos de la réorganisation de l'Opéra-Royal, et notamment l'engagement indispensable du précieux ténor Hermann BREITING (1804-1860 ; celui-ci quittera Berlin pour Vienne dès l'année suivante), le renouvellement et l'augmentation du nombre de certains choristes, etc., «... car les choses dépérissent à un tel point tous les jours que sous peu tout grand opéra sera perdu... Le Ciel veuille qu'une fois, j'obtienne cette confiance...» ; si l'on daignait l'écouter, Spontini garantirait le succès et le retour à cette éminente splendeur où il avait placé l'Opéra-Royal pendant cinq années, le rendrait à la plus grande prospérité et à une sage économie.

Etabli à Berlin en 1820, Spontini se fit détester à la cour à cause de son caractère difficile et dut regagner Paris dès 1838.

Joint : Silhouette in-8 (charmant portrait de profil, vers 1835) exécuté à l'époque où le compositeur séjournait à Berlin.

 

252.                SPRANGER Eduard (1882-1963) Philosophe all. - L.A.S., 1 p. in-8 ; Berlin, 26.III.1943. (300.-)     200.-

Missive adressée au diplomate anti-hitlérien Ulrich von HASSELL (1881-1944, exécuté) dont Spranger vient de recevoir le dernier ouvrage consacré à la politique européenne. «... Es besch-ftigt mich sehr ob Sie inzwischen mit Ihrem verwundeten Herrn Sohn Verbindung gewinnen konnten. Ich hoffe lebhaft, dass Sie über sein Befinden beruhigende, gute Rechrichten erhalten geben...», etc.

 

253.         STAËL, Germaine Necker de (1766-1817) Célèbre femme de lettres suisse - L.A.S., 1/2 p. in-8 ; «ce vendredi» (Londres, 1813 ?).                                                                                                             (600.-)                400.-

Quelques lignes suivies d'une jolie signature («N. de Staël»), adressées à la princesse de LIEVEN pour la prier de lui réserver sa soirée de jeudi, ayant décidé de rester chez elle ce jour-là : «... Je voudrais bien que vous ne m'oubliassiez pas...».

Issue d'une des plus anciennes familles de la Livonie, Dorothée de LIEVEN, née Benkendorff (1784-1857), tint à Paris comme à Londres un Salon qui devint le rendez-vous des diplomates et des chefs du parti doctrinaire, dont elle passait pour être l'oracle trop docilement écouté...

 

254.                STEINACH Eugen (1861-1944) Physiologiste et biologiste autrichien, ses expériences sur le rajeunissement humain par greffe de glandes sexuelles de jeunes animaux eurent un grand retentissement - L.A.S., 4 pp. in-8 gr. ; (Vienne), 2.XII.1938. En allemand.                                                              (450.-)                300.-

Dans la première partie de la lettre, le savant décrit la situation incertaine de plusieurs de ses collègues désireux de trouver refuge qui aux U.S.A., qui en Angleterre, après l'Anschluss hitlérien (réunion de l'Autriche à l'Allemagne le 15 mars 1938). Il évoque ensuite ses recherches, l'intérêt que certains étrangers portent à son «Hormon-methode», prodigue certains conseils, précise les dosages des différents produits à utiliser dans l'application de sa cure, dosages déjà vérifiés par d'autres médecins. Il est encore question d'injections de Testosterone (25 mg par semaine et durant cinq semaines), d'absorption de comprimés, etc, etc.

Dans ses recherches, le professeur Steinach fut imité - et concurrencé - par le Docteur Voronoff.

 

255.                STRAUSS Richard (1864-1949) Compositeur allemand - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; (Barcelone), 13.III.1925.                                                                                                                                         (2200.-)                1600.-

Très belle ligne de musique extraite du 1er thème de son Don Juan op. 20 pour orchestre, tracée sur une feuille provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS. S'étant fixé à Barcelone dès 1919, Casals y avait créé un orchestre dont l'excellent niveau attira en Catalogne plusieurs grands noms du monde musical.

 

256.                STRAVINSKY Igor (1882-1971) Compositeur russe - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; Barcelone, 27.III.1925.                                                                                                                         (3500.-)                2500.-

Magnifique feuille provenant de l'album d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS, portant en tête une vigoureuse ligne de musique extraite de son œuvre «Petrouchka», créée en 1911, suivie de la signature du compositeur et de quelques mots destinés à son admirateur.

Rappelons que Casals avait monté à Barcelone un orchestre composé essentiellement de musiciens locaux.

 

257.                SIMENON Georges (1903-1989) Ecrivain belge - Cinq lignes autographes signées de ses initiales sur carte in-12 obl. à ses nom et adresse (suisse) imprimés ; (fin 1967 ou début 1968).                          (250.-)                150.-

Sympathique message du père de Maigret qui, en son nom et pour sa femme Denise, adresse ses vœux pour l'année 1968 «... aux amis qu'on voudrait revoir souvent... et qu'on ne revoit jamais, malgré l'autoroute...». Les amis en question sont le célèbre violoncelliste Pierre FOURNIER et son épouse Lydia, demeurant à Genève.

On est étonné que Simenon joigne ici au sien le nom de son épouse Denise car le couple vivait séparément depuis plus d'un an...

 

258.                STRESEMANN Gustav (1878-1929) Homme d'Etat allemand, en 1926 il partagea avec Briand le prix Nobel de la paix - L.A.S. sur cp, crayon-encre mauve ; [Goslar, 31.V.1919]. Adresse autographe et marques postales. En allemand.                                                                                                                      (300.-)                200.-

Huit lignes empreintes de nostalgie, tracées au dos d'une carte illustrée (gravure du Kaiserworth, à Goslar) destinée à une collaboratrice berlinoise : «En pensant à l'ancienne splendeur allemande, je vous envoie... mes cordiales salutations. Mais quand chez nous la perte d'un Empereur et les mauvais moments se seront-ils enfin dissipés ?» («Alter deutscher Kaiser herrlichkeit gedenkend sende ich Ihnen... herzliche Grüsse. Wann wird bei uns die Kaiserlose, die schreckliche Zeit wieder verschwanden ?»).

Guillaume II avait abdiqué le 9 novembre 1918 et la Grande Guerre s'était terminée par la défaite de l'Allemagne et la signature d'un armistice (11.XI.1918). Six mois plus tard, les Allemands étaient encore fort éprouvés...

 

259.         SUÈDE, Charles XII de (1682-1718) Roi dès 1697 et grand capitaine, tué au siège de Fredrikshald - P.A.S., 1 p. 8° obl. (20 x 7 cm) ; Stockholm, 12.IV.1700. Pli central renforcé, légère tache brune.    (750.-)                500.-

Très rare billet autographe paraissant avoir été écrit à la hâte par Charles XII peu avant son départ pour la guerre qui venait d'éclater entre son beau-frère, le duc d'Holstein, et le roi du Danemark. Rédigé en suédois, il semble s'agir d'un ordre relatif à un mouvement d'officiers de sa garde.

 

260.         SUÈDE, Charles XIV Jean de (1763-1844) Le maréchal d'Empire Bernadotte, roi dès 1818 - Pensée autographe, 1 p. in-8 obl. ; vers 1835/40.                                                                                (600.-)                450.-

«Ne portons plus Notre pensée vers les époques qui ont failli perdre la Suède. Jouissons de la tranquilité présente et prions Dieu d'inspirer à chacun assez de vertu et de courage pour bien servir son roi et sa patrie».

Beau texte comportant des ratures et des rajouts (ébauche d'un discours aux Chambres ?), se terminant par un long trait de plume rappelant le caractéristique paraphe qu'ajoutait habituellement le souverain sous sa signature.

 

261.                SUTTNER, Bertha von (1843-1914) Romancière autrichienne, prix Nobel de la paix en 1905 - L.A.S., 1 p. in-8 ; Hermannsdorf, 7.V.1896.                                                                                                                             (350.-)                250.-

La baronne von Suttner tient à informer la rédaction d'une revue culturelle de la sortie prochaine de son ouvrage «Einsam und arm» : «... Vielleicht interessiert Sie die Mitteilung, dass ich die letzte Hand an eine neue belletristische Arbeit lege... Doch ist es nicht bestimmt, in welchem Blatte die Erz-hlung zuerst erscheinen wird...».

 

262.         Mère TERESA DE CALCUTTA (1910-1997) Bienheureuse. Née à Skopje, dès 1929, elle dédia sa vie aux pauvres et aux malades de l'Inde. Prix Nobel de la paix en 1979 - L.S., 12° obl. ; (Calcutta), 23.VIII.1991.                                                                                                                                                      (750.-)                500.-

Au dos d'un feuillet avec sa photo et un texte de prière imprimés, la sainte femme a apposé sa signature («M[other] Teresa M. C.») au bas d'un message d'encouragement et d'amour tapé à la machine : «Dear M..., Jesus loves you very tenderly. You are precious to Him...» ; elle l'exhorte à aimer son prochain comme Dieu l'aime lui-même : «... become the sunshine of God's love in the world, especially in your own home...», etc.

Message-symbole de la dévotion totale à Dieu de Mère Teresa qui fut béatifiée par le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre à Rome le 20 octobre 2003, six ans seulement après sa disparition.

 

263.         THIERS Adolphe (1797-1877) Président de la République française de 1871 à 1873 - L.A.S., 2 1/2 pp. in-4 ; Couterets, 21.IX.1837.                                                                                                          (400.-)                250.-

Un an après avoir quitté le ministère des Affaires étrangères - partisan d'une intervention en Espagne contre les Carlistes, il n'avait pu faire agréer cette idée au roi Louis-Philippe -, Thiers entretient la princesse de LIEVEN de ses occupations et projets. S'ennuyant dans ces montagnes pyrénéennes fort peu à son goût, il se dédommage avec ses livres, «... une instuction... et mille comparaisons attachantes entre le présent et le passé...». Il attend avec impatience la fin de la saison pour aller rendre visite à Decazes et à Talleyrand, avant de partir pour la Hollande, «... dans un but purement scientifique et historique. L'histoire sans la vue des lieux manque d'une bonne partie de signification. Je veux donc avoir vu la Hollande avant l'hiver. Tout cela... est bien peu politique ; c'est qu'en effet je le suis peu, du moins jusqu'à l'hiver. Peut-être alors le mal de tout le monde redeviendra le mien. En attendant, je vis de la politique d'autrefois...». Puis, plus loin, méfiant : «... Je vous ferai dire où vos lettres pourront me trouver. Maintenant, je ne le sais plus au juste... Quand vous me donnerez de vos nouvelles, écrivez-moi ce que tout le monde pourrait lire car j'ai découvert de bonnes raisons pour cela...». Thiers préparait-il déjà son retour au pouvoir ?

 

264.                THOMAS Ambroise (1811-1896) Compositeur français - Deux L.A.S. datée d'Argenteuil le 28.VIII.1869 (4 pp. pleines in-8) et «2 mai 1873» (2 pp. in-12). Pièce jointe de Pauline VIARDOT. (300.-)              200.-

Fin 1869, Thomas annonce son départ pour Bade avec Heugel : «... Nous avons besoin du lundi afin de tout préparer pour la 1ère grande répétition... La 1ère de MIGNON est fixée au 4 7bre. Je n'attendrai certes pas la 2de qui est le 7...». Au retour, il s'arrêtera quelques heures à Strasbourg. Il déplore la perte de temps que lui occasionne ce voyage ayant à préparer suffisamment de travail avant la rentrée pour lui permettre de reprendre ensuite avec moins d'inquiétude et de difficulté. Il est aussi question d'un voyage à Uriage ou à Etretat.

Quatre années plus tard, au nom du Comité de la Société de Chant classique institué par M. Beaulieu, Thomas s'adresse à un confrère dont le talent et les soins dévoués ont grandement contribué au succès d'un concert où «... grâce à vous nous avons pu mettre en lumière des pages oubliées ou peu connues...», etc.

Joint : Deux lignes A.S. en allemand (fin de lettre amicale) de la cantatrice Pauline VIARDOT (1821-1910) obtenues par un collectionneur par l'intermédiaire du physicien et météorologue russe Adolf Theodor KUPFFER (1799-1865).

 

 

265.         TIEDGE Christoph August (1752-1841) Poète allemand, auteur entre autres de Urania - L.A.S.,  3 pp. in-8 ; Dresde, 22.IV.1827.                                                                                                                         (900.-)                600.-

Longue et importante missive (67 lignes d'une minuscule écriture) témoignant de la grande amitié qu'il voue à un confrère dont on vient de publier une biographie ainsi que le premier volume des œuvres : «... Sie haben... mir durch die Zusendung des Lebens und des ersten Theils der Werke meines unvergesslichen klamer Schmidts (?) eine grosse, obgleich wehmütige Freude gemacht...».

Le poète fait allusion aux manuscrits des poèmes qu'il a conservés et ajoute : «... Die würdigen Herausgeber seiner Werke haben sehr wohl darangethan, den so gemüthvollen durch seine Briefe sich selbst schildern zu lassen : so tritt gleichsam unmittelbar in der unverkümmertesten Individualitat des geliebte Daseyn des geschiedenes Freundes vor unsere Seele. In den Gedichten ist mir manche alte liebe Bekantschaft wieder begegnet. Besonders...», etc.

 

266.                TOLSTOÏ Léon (1828-1910) L'illustre romancier russe - P.A.S., deux lignes et signature en russe. Joint : photo cp et coupure de journal relative à la mort de Paul Birioukov.                                             (750.-)                500.-

Charmante relique montée sur feuille in-8 obl. (dernières lignes et signature découpées d'une lettre) offerte par son destinataire à un ami, lequel a noté qu'il s'agissait d'un «Autographe de Tolstoï offert par Mr Birukoff».

Paul BIRIOUKOV, dit «Pacha» (1860-1931) fut le disciple, l'ami et le grand biographe de Tolstoï ; ils avaient tous deux, entre autres, défendu les «Doukhobors», secte religieuse russe qui partageait les idées du Maître sans même le connaître. Persécutés dans les années 1890, Tolstoï finit par obtenir du tsar que les Doukhobors soit autorisés à quitter la Russie ; il vendit même à leur profit le manuscrit de son roman «Résurrection» et Birioukov procéda au transport de six mille Doukhobors au Canada. Birioukov fut lui-même persécuté pour cela et il dut s'exiler à Genève, où il mourut ; une amnistie lui avait entre temps rendu la liberté de retourner temporairement dans son pays.

 

267.                TÖPFFER Rodolphe (Lettre à) - Extraordinaire L.A.S. de 2 pp. in-4 du savant genevois Auguste DE LA RIVE (1801-1873) ; Présinge, 11.IX.[1842]. Adresse autographe au dos.                        (800.-)                500.-

«... Je veux que vous voyez mon écriture avant d'arriver...» dit de la Rive à son «Très cher ami» Rodolphe TÖPFFER, parti pour un de ses célèbres Voyages en Zig-zag avec William, le jeune fils du savant. Puis, surpris et dégoûté par ce qui s'est passé à Genève à l'occasion du Jeûne Genevois : «... Bouvier empêché d'entrer [à Saint-Gervais] par... 300 bandits... ; le Temple plein de 2000 qui attendent indignés... et point de gendarmes pour mettre le holà ! Le Comte [directeur du Journal de Genève] chassé... Chenevière ayant la grande censure prononcée à l'unanimité par la Compagnie, c'est trop peu : on aurait dû l'envoyer avec son Elysée [Le Comte]...». Il s'en est suivi «... Une superbe proclamation de la Compagnie, lue dans toutes les chaires... le scandale est énorme... Demain le Comité... Trembley, je pense, y sera..., il est déserteur après avoir été mis aux arrêts par Rilliet... Joël n'a pas mal opéré en votre absence...», etc. La présence de Töpffer est des plus nécessaires, d'autant qu'avec Cherbuliez, le Journal de Genève a un sombre avenir ; et puis il y a l'affaire de la brochure de Dufour contre les écoles, etc.

En 1842, Auguste de la Rive exerçait une influence considérable au sein de son parti et dans son monde ; ainsi il fut l'un des grands responsables de la nouvelle tendance des chefs conservateurs, orientés vers une politique de «résistence».

 

268.         [Judaïca] TOURGUENIEV et DAUDET, Au sujet de - L.A.S. «P. Grigorieff», 5 pp. in-8 gr. ; Paris, 21.I.1887.                                                                                                                                            (600.-)                400.-

Virulente missive - adressée au rédacteur d'un journal parisien en vue d'une publication sous le titre «Incident Daudet-Tourguenieff» - où l'écrivain et poète P. GRIGORIEFF (ou gregorieff, traducteur de Korolenko, membre de l'Ecole slavophile et ami de Louise Michel) polémise avec «... Isaac Pawlowsky, israélite, correspondant de Novoé Vrjemia sous le pseudonyme de Jakowlew...» à propos d'un jugement fort sévère que Tourgueniev aurait porté sur l'Ecole française moderne (Goncourt, Zola, Daudet, Maupassant...). Pawlowsky aurait ajouté que ce n'est pas «... Drumont qui a fait la France Juive ; c'est le résultat d'un travail collectif de l'école moderne française... ouvrage... né dans les salons de Daudet...», etc.

Anarchiste russe installé à Paris dès 1879, Isaac PAWLOWSKY (1852-après 1917) s'occupa de littérature, collabora à de nombreux journaux russes et fut en correspondance avec Tourgueniev et Zola.

 

269.         TURINA Joaquin (1887-1949) Compositeur, pianiste et pédagogue espagnol - MUSIQUE A.S. sur page in-8 ; (Barcelone), 23.X.1928.                                                                                                           (800.-)                500.-

Jolie ligne de musique extraite de «Ritmos», sa fantaisie chorégraphique - écrite pour La Argentina, danseuse originaire de Buenos Aires - dont il dirigea lui-même la première représentation en 1928. Pièce provenant de l'album personnel d'un violoniste de l'Orchestra Pau CASALS.

 

270.                TURQUIE, 1757 (Commerce avec la) - P.S. par l'ambassadeur et ministre français Charles de VERGENNES (1717-1787), 2 1/2 pp. in-folio ; Péra, 16.VI.1757. Joli sceau de cire rouge aux armes.                (600.-)                350.-

De Vergennes, «ambassadeur du Roy à la Porte ottomanne», certifie la validité des attestations signées plus haut par son Chancelier André Charles Peyrote, relatives aux métrages et vérifications faites «... dans le magasin de Mess.rs Magallon frères et Comp.e sur deux Ballots Draps L. L. de la fabrique de F.ois Bennazet de Saissac...». Suit une description sommaire de la marchandise reçue à Constantinople et des dommages constatés sur certains lots par les deux experts nommés d'office par le Chevalier de Vergennes.

Sur la troisième page, note des frais d'expertise et de chancellerie déduites du montant dû par M. Magallon, frais payés par le transporteur marseillais, Pierre Honoré ROUX, dont les bateaux desservaient assez régulièrement la Turquie au XVIIIe siècle.

 

271.                TURQUIE, 1913/1918 - Deux L.A.S., 3 pp. in-8, de SAID Bey, homme politique turc (le Sous-Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères en 1913 ou le secrétaire du Sultan Mehmed VI ?). (500.-)                350.-

Textes fort intéressants.

De Constantinople, il écrit le 21 juillet 1913 : «... Les vœux que vous formulez pour le bien-être des Turcs m'ont fait une vive joie... Aujourd'hui l'armée a reçu l'ordre formel d'occuper Andrinople (ville prise en effet le jour suivant !). Une grande activité règne dans tous les milieux, tout le monde travaille pour l'armée, tous les Ministères s'en occupent presque exclusivement...», etc.

Quelques années plus tard, le 31 juillet (1915/18 ?), s'adressant à ses mêmes amis européens : «... Depuis deux jours une légère panique s'est emparée de la foule qui s'est rouée aux établissements de crédit pour retirer ses fonds, ainsi qu'aux magasins d'approvisionnement. Cet après-midi cette panique devient plus intense... chacun a le pressentiment qu'on est à la veille d'une catastrophe sur le point d'éclater...», etc.

 

TURQUIE : Voir aussi les numéros 2, 84, 124, 128, 136, 203 et 237.

 

272.         URIU Sotokicki (1854-1937) Amiral japonais engagé dans les batailles de Chemulpho et Tsushima contre les Russes, en 1904-1905 - P.A.S., 1/2 p. in-8 ; (Rome, 1895). Enveloppe jointe. Rare.       (500.-)                350.-

Long message en japonais à James H. Cochrane alors qu'Uriu était capitaine de vaisseau et attaché naval à l'ambassade de Paris.

 

273.                VERLAINE Paul (1844-1896) Poète français, génie étonnamment personnel dont l'œuvre a inspiré de nombreux musiciens - Manuscrit autographe, sept lignes sur page in-12 ; (vers 1870 ?).           (900.-)                600.-

Deux pensées ayant sans doute marqué Verlaine qui les a notées sur ce feuillet. La première est extraite du chapitre XXIII de Don Quichotte et concerne la poésie ; Cervantès y fait dire à Sancho s'adressant à Don Quichotte : «Quoi, Monsieur, vous vous entendez aussi à faire des Sonnets !». La seconde, «L'ayse nous masche», est tirée du Livre II des «Essais» de Montaigne où, dans le chapitre XX, le philosophe constate que «Nous ne goustons rien de pur...».

Notons qu'en 1870, Rimbaud écrivait à un ami qu'il s'était lui aussi intéressé à Don Quichotte...

 

274.                VIEUXTEMPS Henri (1820-1881) Violoniste et compositeur belge - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 22.IV.1857.                                                                                                                                         (450.-)                300.-

A son retour à Paris, il a appris par les journaux le grand succès remporté par le dernier concert philharmonique donné par son correspondant : «... Si le public était aussi enchanté... tout a dû se passer à merveille, et je regrette... de ne pas avoir pu y assister. Mais ma présence en ce moment à Paris est indispensable...» ; Vieuxtemps lui rappelle une promesse : «... le petit mot pour M. Haussmann (le Sénateur et préfet de la Seine qui allait attacher son nom à la transformation de Paris ?) que j'espérais trouver, et qui est en ce moment pour moi d'une grande importance...». Il le remercie pour l'accueil qu'il lui a réservé, etc.

 

275.         VIGÉE-LEBRUN Elisabeth (1755-1842) Peintre portraitiste fr., l'une des plus célèbres femmes artistes de son temps - L.A.S. à la 3ème personne, 1 p. in-16 ; «Ce mardi 11 Xbre» (Paris, vers 1827). Adresse sur la IVe page.                                                                                                                                                           (450.-)                300.-

«Mme Le Brun a l'hon.r de prévenir Monsieur de Champagni qu'elle le recevrat (sic !) dimanche avec sa Compagnie...». Elle précise l'heure à laquelle elle l'attendra. Ecrite sur un papier vert, cette missive fut probablement adressée à l'un des fils du duc de Cadore, l'ancien ministre de l'Intérieur de Napoléon, J.-B. de Nompère de CHAMPAGNY.

 

276.                VIOLONCELLISTES, 1925/1935 - Collection de7 feuillesd'albumautographes in-8° ; Barcelone, 1925/1935.                                                                                                                                          (600.-)                350.-

Longues dédicaces autographes signées et datées par d'illustres interprètes invités en tant que solistes lors de concerts organisés à Barcelone par leur confrère Pablo CASALS : Diran ALEXANIAN (1881-1954), Horace BRITT (1881-1971), Maurice EISENBERG (1900-1972), Pierre FOURNIER (1906-1986), Raya GARBOUSOVA (1909-1997), Edoardo GUARNIERI (1899-1968) et Gregor PIATIGORSKY (1903-1976).

 

277.                VIOLONISTES, 1925/1936 - Intéressante collection de 11 autographes sur feuilles d'album in-8 ; Barcelone, 1925/1936.                                                                                                                          (1200.-)                750.-

Extraites de l'album personnel d'un musicien de l'Orchestra Pau CASALS de Barcelone, ces pages portent chacune une dédicace autographe signée ou une signature des personnages suivants : Jelly d'ARANY (1893-1966), Samuel DUSHKIN (1891-1976), Zino FRANCESCATTI (1905-1991), Quatuor GALIMIR (Félix, 1910-1999, et ses trois sœurs), Jascha HEIFETZ (1899-1987), Bronislaw HUBERMANN (1882-1947), Louis KRASNER (1903-1995), Fritz KREISLER (1875-1962), Ruth POSSELT, Jacques THIBAUD (1880-1953) et Eugène YSAŸE (1858-1931).

 

278.                VOLTAIRE, François Marie Arouet, dit (1694-1778) L'illustre écrivain français, polémiste de génie - Lettre non signée, 2 1/4 pp. in-4 ; datée d'une autre main «Jan. 18» (1760). Adresse sur la IVe page. Sceau manquant.                                                                                                                                          (2000.-)                1400.-

Extraordinaire missive, non citée dans la Correspondance (Ed. La Pléiade), adressée au Comte Francesco ALGAROTTI (1712-1764), savant italien et vieil ami de Voltaire. L'écrivain dit avoir «... parcouru quelques journals helvétiques pour chercher l'article, [Suite lot 278, Voltaire]  mais sans l'avoir trouvé...» ; il se souvient parfaitement y avoir lu qu'on parlait de son correspondant «... comme du fu Algarotti, ce que je disois que vous étiez déjà mis parmi les anciens...».

Vient ensuite la partie la plus intéressante de la lettre, relative aux rapports qu'entretenait Voltaire avec la politique : «... La belle chose que de gouverner les hommes ! de se tourmenter pour les faire entendre raison sans que rien ne vous en revient ! ce pays soupirait après un renouvellement d'alliance avec quelques Cantons voisins ; nos grands Politiques y avoient échoués, il n'y avoit plus question à mon arrivée ici...». Et le philosophe d'en conclure que «... La passion, ou si vous voulez, folie la plus universelle, est la vanité, et il y en a plus ici que nul part. J'avois rangé la cérémonie au gré du Canton de Soleure... ils ont trouvé moyen de renverser mon projet...», etc. Après maints détails, la lettre se termine par cette phrase plutôt curieuse : «... Outre la grande cérémonie, je dois boire environ 300... santés à la Suisse ; je me donne déjà pour noyé..., j'ay fait mon testament... je vous laisse ma Pucelle manuscrite, plus complète que l'imprimée...» !

Un «R» majuscule tracé en tête semble indiquer qu'Algarotti répondit à cette missive.

Document hors du commun, provenant d'une ancienne collection anglaise. [Voir aussi le numéro 68, Cramer]

 

279.                VOLTAIRE (Un adversaire de)  - L.A.S., 3 pp. in-4, de Jean-Pierre BIORD  (1719-1785) évêque de Genève ; (Annecy), 23.II.1773.                                                                                                            (750.-)                500.-

«... Vous avez écrit à notre ami commun, M. Riondel ; mais hélas, il n'est plus dans le cas de vous répondre que devant Dieu...», écrit Biord qui pensait avoir été oublié par son correspondant, et auquel il rappelle dans cette longue lettre, d'autres disparitions qui l'ont affecté, etc. Puis, plus loin, il avoue n'avoir pas su «... que le fameux Voltaire ait pensé à quitter mon Diocèse ; mais il pourroit se faire qu'il cessât d'être mon diocésan, non pas comme je le souhaiterois...» mais pour des raisons de politique religieuse que l'évêque de Genève explique ici assez clairement, etc.

Pour apprécier à leur juste valeur les rapports toujours très désobligeants qu'entretenaient Biord et Voltaire, rappelons ce que ce dernier écrivait à d'Hornoy dans sa lettre de février 1772 : «... Un polisson d'évêque in partibus sabaudianis...», Biord étant contraint de résider à Annecy puisque les Genevois ne voulait pas d'un évêque catholique sur leur territoire !

 

280.                VOLTAIRE (Autour de) - L.A.S. de Jean-Louis WAGNIÈRE (1740-1802), son secrétaire dès 1757 et auteur de «Mémoires sur Voltaire et ses ouvrages», 2 pp. in-4, datée de «Ferney-Voltaire» le 9.IV.1789. Adresse sur la IVe page.                                                                                                                                            (600.-)                400.-

A un ancien correspondant de son illustre maître, le Marseillais Dominique AUDIBERT, pour le prier d'accueillir et protéger son fils, porteur de la lettre, et lui accorder «... une partie de la bienveillance et des bontés que vous avez bien voulu me témoigner...» ; il souhaiterait qu'il trouve une place de commis «... dans une maison honnête...». Le jeune homme revient de Cadix, avec des lettres pour MM. Favre Dragon, de Treytorens et Guex, et Rabaud. Il s'agit de «... mon fils Hénoch (né en 1767, futur maire de Ferney), filleul d'un  homme illustre, unique, votre ami... ; je vous sollicite un peu à l'ombre des mânes de ce grand homme... dont la mort cruelle et extraordinaire fait le malheur de ma vie...», etc.

Encore quelques précisions, puis Wagnière signe comme ancien secrétaire de «feu Mr de Voltaire» et en tant que «pensionnaire de S. M. I. l'Impératrice de Russie», à laquelle il avait remis la bibliothèque de l'écrivain après la mort de celui-ci.

 

281.                WAGNER Richard (1813-1883) L'illustre compositeur allemand, protégé du roi Louis II de Bavière - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Paris, novembre 1859 ?). En français.                                                          (3500.-)                2500.-

Arrivé à Paris le 15 septembre 1859, Wagner y donna l'année suivante une suite de concerts où l'on joua des extraits de Tannh-user, Lohengrin et du Fliegende Holl-nder. Des critiques favorables, écrites par Hector BERLIOZ, furent publiées dans le Journal des Débats dont Edouard BERTIN (1797-1871) était le directeur. Dans le but de rencontrer ce dernier, Wagner s'adresse ici à un personnage, certainement fort influent à Paris, qui lui a fait l'honneur de se souvenir de lui. Le compositeur lui dit sa reconnaissance et se propose d'aller le prendre chez lui jeudi soir, après quoi ils se rendront ensemble chez Bertin.

Cette missive pourrait être adressée au jeune médecin Auguste de GASPERINI (1825-1868), grand amateur de musique, critique et chroniqueur musical qui, dès décembre 1859, allait ouvrir à Wagner les portes des cercles influents de la capitale française.

 

282.                WILSON Woodrow (1856-1924) Président américain de 1913 à 1921. Prix Nobel de la paix en 1919 - P.S., 1 p. in-folio obl. ; Washington, 4.X.1915. En-tête et texte partiellement impr., beau sceau.                (800.-)                500.-

Par ce document, «Woodrow WILSON - President of the United States of America...» approuve le choix qui a été fait de nommer le Chevalier GENTILE au poste de «... Consul of Italy at New Orleans... for the States of Alabama, Arkansas, Florida, Louisiana, Mississippi, Tennessee and Texas...». Pièce très décorative, portant un beau sceau plaqué sous papier aux armes des Etats-Unis, et contresignée par le secrétaire d'Etat Robert LANSING (1864-1928).

 

283.                WORDSWORTH William (1770-1850) Poète anglais, chef de file de l'ecole lakiste - Manuscrit autographe, fragment in-oblong de sept lignes (cm 11 x 7). Annotations au dos.                                        (500.-)                300.-

Fragment de manuscrit donnant l'index d'un volume de Poèmes : «Part 1st Miscellaneus : Prefatory sonnet to be... - Not love nor war - The Stream... to a Lake - ... The fairest brightest hours - Beloved Tale !...», etc. Au dos, d'une autre main : «Mr Wordsworth from Miss W. - 1824». Petit trou réparé, marges irrégulièrement découpées. Intéressante relique poétique.

 

284.                ZULOAGA Ignacio (1870-1945) Peintre portraitiste basque espagnol, il manifeste dans ses tableaux de genre un goût prononcé pour le folklore hispanique - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 23.I.1924.                (300.-)                200.-

Zuloaga remercie un femme poète pour l'envoi de son dernier ouvrage : «... Je rentre d'Espagne et je trouve... votre beau livre de vers... Je suis très flatté de la belle dédicace que vous avez eu l'amabilité d'ajouter...», etc.

A Anna de NOAILLES, dont il fit un portrait, et qui publia cette année-là un volume intitulé  Poème de l'amour ?


 


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