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1.            ADAM Adolphe (1803-1856) Compositeur français, auteur de la musique du ballet Giselle - L.A.S., 1 p. in-8 ; [St-Pétersbourg], 23.XII.1839. 360.-

Après le succès du Postillon de Longjumeau, Adam était parti pour un long séjour en Russie qui allait bientôt être écourté pour des raisons de santé, mais aussi - comme le compositeur le reconnaît dans cette missive - à cause d'un mauvais suivi de ses affaires parisiennes.

«... Des lettres de Paris... arrivées aujourd'hui m'apprennent que je suis ruiné complètement par une faillite. - écrit Adam à M. Vallade, Consul de France à Saint-Pétersbourg - Pour sauver quelques débris de ce désastre, s'il y a moyen, il faut que quelqu'un suive mes affaires... et je ne sais comment faire...». Il sollicite son conseil, d'autant que même «... Mr Favart, malgré ses promesses n'a pas été voir ma mère...», etc.

A Saint-Pétersbourg, Adolphe Adam avait composé un ballet pour Marie Taglioni («L'Ecumeur de mer»), puis, sur le chemin du retour, un «Intermède» pour le roi de Prusse. Dès son arrivée à Paris, il retrouva le goût pour la composition et, en 1841, le ballet Giselle lui apporta un succès impérissable.

 

2.            ALBERT Ier de Monaco (1848-1922) Prince souverain dès 1889 - L.A.S., 1 1/3 pp. in-8 ; Paris, 21.V.1919. Papier à son chiffre couronné. 350.-

Magnifique missive concernant le retrait des forces américaines de la Principauté de Monaco. «... I am not alone to regret their departure as I received from our population a request expressing the wish that this departure could be postpassed... One was able to note the earnestness of their mind when seeing over hundred and fifty thousand of them visiting the oceanographic museum of Monaco or the old witnesses of our past centuries. One saw them always anxious of learning, may it be some feature of History or the manuals of scientific work...», etc.

A l'ambassadeur américain en France.

 

3.            ALBERT, Eugène d' (1864-1932) Pianiste et compositeur allemand - Ligne de musique A.S., datée de Liverpool le 1er décembre 1923, extraite de son plus célèbre opéra, Tiefland. Très jolie pièce in-8 obl. 280.-

 

4.            ARMSTRONG Louis (1900-1971) Trompettiste et chanteur de jazz noir américain - Signature autographe tracée au-dessus d'un petit portrait monté (mi-buste, jouant de la trompette). Sur feuillet in-12 obl. ; vers 1947. Trous de classement. 300.-

 

 

5.            ARNAULT, Pierre-Louis d' (1771-1832) Général français né à la Martinique - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Ospedaletto (Italie), 11.X.1813. 300.-

Très belle lettre à son supérieur à l'Armée d'Italie (le général GRENIER ?), pour l'informer que, selon ses ordres, il a fait relever les avant-postes de la division du général Campi et avancer un bataillon sur le plateau du Tarvis de manière à contrôler la route de Weissenfels. Il relate les événements qui s'y sont passés le 7 à onze heures, lorsqu'une compagnie de Voltigeurs, attaquée par l'ennemi, s'est défendue avec «... la même valeur qu'elle avoit défendu le 27 du mois dernier à la position de Riegersdorf, le village de Hartz...». Deux heures plus tard, celui-ci ayant de nouveau été attaqué par un Bataillon entier, Arnauld ordonna au capitaine Berger d'aller en renfort des troupes du capitaine Dufrasne et leur intrépidité a montré «... ce que peut le Soldat français quand il est bien commandé : l'ennemi malgré sa grande supériorité en nombre n'a pu gagner un pouce de terrain...», etc.

 

6.            BAILLOT Pierre (1771-1842) Violoniste et compositeur français - L.A.S., 1 p. in-4 ; Paris, 5.VI.1809. Adresse et marques postales sur la IVe p. 240.-

Le virtuose de réputation européenne qu'est devenu Baillot accepte de recevoir son corres-pondant chez lui «Rue du faubourg St Denis, N° 107 - près la rue de Paradis» : «... Je serai on ne peut plus flatté... et... charmé d'entendre Monsieur votre fils...».

Professeur au Conservatoire de Paris, le compositeur laissa une méthode pour l'enseignement du violon intitulée «Art du violon», qui fit longtemps autorité.

 

7.            BAKER Joséphine (1906-1975) Chanteuse et danseuse noire américaine - PHOTO signée, 12°. Vers 1930. 750.-

Très beau portrait en pied de la jeune artiste dans le rôle de «La Créole», avec signature autographe «Souvenir de Joséphine Baker». Cliché Piaz, Paris. [Voir reproduction]

 

8.            BÉRIOT, Charles de (1802-1870) Violoniste belge, époux de Maria Malibran - L.A.S., 1 p. in-12 ; (Paris), 24.X.1838. 260.-

Deux ans après la mort accidentelle de son épouse, le soprano Maria Malibran, le violoniste s'adresse au luthier français Charles F. GAND (1787-1845) pour le prier de remettre le violon (le sien ? Il possédait l'un des meilleurs Amati !) «... que je vous ai donné pour réparer...» à Monsieur Tarbey avec lequel il dit s'être arrangé : «... Je me charge de la réparation...».

Originaire de Versailles, le luthier Gand est considéré comme l'un des premiers maîtres français ; artistiques et à la sonorité noble, ses violons sont appréciés des amateurs. Une de ses guitares, fabriquée en 1810, est conservée au Musée du Conservatoire de Paris.

 

9.            BERLIOZ Hector (1803-1869) Compositeur français - L.A.S., 1 p. in-16 ; (Paris, novembre 1838 ?). 950.-

Jolie lettre à un «cher Collaborateur» (Auguste BARBIER, 1805-1882, le librettiste de Benvenuto Cellini ?). «... Voulez-vous être assez bon pour faire insérer mon programme dans le J.al du Commerce ?... L'un des deux billets serait en ce cas pour le dir. du journal...».

Le 25 novembre 1838, Berlioz avait prévu de donner un concert à la salle du Conservatoire mais, malade, il fut remplacé à la direction par Habeneck. Autour du 20 novembre, certains changements furent apportés au programme qui comprenait principalement de la musique de [Berlioz, suite]

 

Berlioz (Ouverture du Roi Lehar, Symphonie Fantastique, etc.), comme en témoigne une lettre du compositeur adressée à Réty. Dans une autre missive, datée du même jour, Berlioz demandait des billets «pour les journaux».

On sait par ailleurs que le Journal du Commerce cessa de paraître en 1839...

Le concert du 25 novembre 1838 fut suivi d'un autre, le 16.XII.1838, dirigé en personne par Berlioz, à la fin duquel Paganini rendit publiquement hommage au compositeur dauphinois par un don de vingt mille francs !

 

10.            BONAPARTE Pauline (1780-1825) Sœur de Napoléon Ier, immortalisée dans le marbre par Canova - P.S. «Pse Borghèse», 1 p. in-4 ; vers 1820. Mouillures et petite restauration. 240.-

Longue note de frais, signée par le Baron de LINDT et acceptée par la Princesse, relative à un voyage effectué de Livourne à Fiumicino (Rome) ; il y est question d'achats (12 bouteilles de liqueur, une peau de cygne), de transports (bateau, voiture, cheval, etc.), et d'un prêt que le Baron accorda à la Princesse (15 piastres et 37 Baj), etc. Curieuse pièce.

 

11.            BONAPARTE-WYSE Marie-Laetitia (1831-1902) Petite-fille de Lucien Bonaparte, écrivain et publiciste français - L.A.S., 1 p. in-16 ; vers 1865. Papier à son chiffre. 300.-

Charmante missive accompagnant l'envoi d'une invitation officielle pour Monsieur de Prenay (?), «... bien que ce fut sous entendu, puisque vous deviez venir...», etc. Marie-Laetitia signe ici «M. Rattazzi», du nom du futur Premier ministre italien Urbano RATTAZZI - l'un des principaux artisans, avec Cavour, du Risorgimento - dont elle était l'épouse depuis 1863.

 

12.            BONNARD Pierre (1867-1947) Illustre peintre néo-impressionniste français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Vernouillet, «Les Carrières», [24.VIII.1907]. Enveloppe autographe. 850.-

De sa grande écriture désordonnée, l'artiste fournit au critique et écrivain Félix FÉNÉON les curieux renseignements dont il a besoin : «... La merveilleuse lotion s'appelle Lotion de St Louis. On la trouve chez un coiffeur de la rue de Clichy touchant la Belle Jardinière...», le célèbre magasin parisien offrant des vêtement à prix fixes. Quant au «... colis expédié par Mme Fénéon...», il est arrivé à destination et «... Marthe écrira sans doute...», etc.

Cette amusante missive témoigne de l'amitié qui liait les deux couples. Entré en 1906, comme directeur, chez le marchand d'art Bernheim-Jeune, Félix Fénéon avait organisé la même année une exposition des œuvres de Bonnard. Quant à Marthe, elle était le modèle favori du peintre, sa maîtresse, puis son épouse dès 1925. D'une sensibilité maladive, Marie Boursin, dite Marthe (1870-1942) était sujette à des dépressions nerveuses qui poussèrent le couple à de continuels changements de résidence et de climat. En 1907, les deux amants s'étaient installés à Vernouillet, d'où Bonnard écrit cette lettre ; ils n'y restèrent que deux années mais le peintre nous a laissé quelques beaux paysages de ce court séjour aux environs de Paris. Marthe avait une phobie de la saleté et le peintre tenta d'exorciser cela en multipliant les tableaux où l'on voit sa compagne nue, souvent dans son bain, éternellement occupée aux soins de sa personne.

 

13.            BRAGANCE, Marie de (1538-1577)Duchesse de Parme, petite-fille du roi Manoel Ier de Portugal - L.S. «M a», 1/2 p. in-folio ; Parme, 12.IV.1569. Trou de classement touchant la signature. Adresse et sceau sous papier sur la IVe page. Autographe rare. 375.-

Elle exprime sa reconnaissance au comte de San Secondo qui a bien voulu prendre en considération ses souhaits en faveur d'un prisonnier, lequel sera bientôt libéré. «... mi pare che egli sia in gran parte meritevole di gratia, prego V. S. che si contenti di farlo liberare di prigione, et dargli bando di questo stato per qualche tempo...». Epouse d'Alexandre FARNESE, alors dans les Flandres, Marie de Bragance avait à l'époque la responsabilité du Gouvernement du duché.

 

14.            BRAHMS Johannes (1833-1897) L'illustre compositeur allemand - L.A., cinq lignes tracées au crayon au dos de sa cartedevisiteportant son nom imprimé («Joahnnes Brahms»). Marge sup. légèrement rognée. 950.-

Brahms accompagnera très volontiers son correspondant dont il attend des nouvelles : «... Ich erwarte Ihre Verfügung und wünsche schönsten zum Morgen !».

Joli document original - non signé mais avec nom imprimé au verso - de ce compositeur dont les autographes sont de plus en plus rares et recherchés.

 

15.            BRUNE Guillaume (1763-1815) Maréchal d'Empire, massacré par les Royalistes en Avignon - L.A.S., 1/2 p. in-8 ; Milan, 6.III.1801. Bel en-tête à ses nom et grades. 340.-

«Brune, Conseiller d'Etat, Général en Chef» de l'armée d'Italie, délivre au citoyen Rieille un reçu pour les trente mille francs qu'on lui a remis «... pour complément de mon dernier crédit...». Le lendemain, 7 janvier 1801, le futur maréchal prenait congé de son armée avec laquelle il avait remporté la bataille de Monzambano et s'était emparé de Vérone avant de signer l'armistice de Trévise (16.I.1801.). Ex-collection W. Künzel (1819-1896).

 

16.       BUSH George H. (n. 1924) Vice-président puis président des Etats-Unis de 1989 à 1993, il dirigea la guerre du Golfe contre l'Irak en 1991 - L.A.S. «George», 12° obl. ; [Washington], 1.III.1981. En-tête officiel gravé. Lettre jointe, avec envel. envoyée en franchise postale (signature imprimée). 850.-

 

En tant que vice-président récemment élu aux côtés de Reagan, George H. Bush répond par quelques lignes de sa main à l'invitation d'une amie new-yorkaise : «... Cindy - Hope we can, but life is hastic. Thanks so much...».

Message accompagné d'une L.S. de Jennifer A. Fitzgerald, «Assistant to the Vice President for Appointments and Scheduling» confirmant le désir de George Bush de participer à la manifes-tation new-yorkaise à laquelle il a été invité : «... As soon as his schedule becomes firm, we will be pleased to contact you...»

Autographe peu commun, adressé à une célèbre «gossip columnist» du New York Post, Cindy ADAMS.

 

17.            CALDANI Leopoldo M. A. (1725-1813) Célèbre médecin et anatomiste italien - P.A.S., 1 p. in-8 ; (Padoue, vers 1780). Peu commun. 350.-

Ordonnance médicale, rédigée en latin, où l'illustre savant nous livre les noms et le dosage de chaque composant d'un «Decotto antivenereo detto del Salvadori», ainsi que la manière de le préparer. Cette décoction, que l'on conservera dans un pot de verre hermétique et en un lieu très froid, devra être secouée avant toute utilisation, etc.

Médecin à Florence, le docteur Matteo SALVATORI (1736-1808) étudia aussi la phtisie.

 

18.            CALLAS Maria (1923-1977) Célèbre soprano grec - PHOTO signée, 12°. Traces de montage au dos. 1800.-

Joli portrait mi-buste de trois-quarts (cliché EMI, Londres), imprimé et édité par la Maison de disques «Columbia».

Au dos, texte publicitaire donnant la liste des rôles interprétés par Maria Callas.

 

19.            CAMUS Albert (1913-1960) Ecrivain français, prix Nobel en 1957 - Manuscrit autographe, 2 pp. in-4 ; (vers 1947/48). 2000.-

 

Au crayon gras et de sa petite écriture, Camus a jeté sur le papier puis en partie rayé, onze lignes du discours de la Peste, placé à la fin de la première partie de L'Etat de Siège. Ce «spectacle en trois parties» devait être représenté pour la première fois le 27 octobre 1948 par la Compagnie Renaud-Barrault.

Au dos, douze lignes, écrites par Camus à l'encre noire et légèrement corrigées, sont un appel en faveur du compositeur franco-polonais René LEIBOWITZ (1913-1972) dont les amis «... ont décidé de se réunir pour lui offrir le piano dont il a besoin. A ceux qui voudraient bien nous aider dans cette entreprise... nous offrons trois sortes d'arguments : 1) les artistes n'ont jamais fait de mal au monde... ; 2) Un compositeur sans piano est comme un acrobate sans trapèze. Il est dans le vide ; 3) Quoique Leibowitz soit un compositeur atonal, les souscripteurs pourront aimer en même temps leur goût pour la banale tonalité...», etc.

Elève de Webern, Leibowitz fut le théoricien le plus intransigeant du dodécaphonisme schoenbergien. Fixé à Paris dès 1945, il fut le maître de Pierre Boulez et de H. W. Henze.

 

 

20.            CANDOLLE, Augustin Pyrame de (1778-1841) Botaniste suisse - L.A.S., 1 p. 8° gr. ; «Samedi» (Genève, v. 1840). Adr. autogr. sur la IVe page. 300.-

«A Monsieur Coquerel (Athanase C., 1795-1868) pasteur de l'Eglise réformée de Paris - Hôtel de la Couronne», que le botaniste souhaiterait avoir à nouveau pour hôte le mardi suivant, désirant le présenter à une parente de son épouse, «... Mad. Victor Menet... Elle seroit très flattée de vous recevoir... Pictet demeure rue des Granges, Maison Sellon, au 1er étage...», etc.

 

21.       [Nobel de la paix] CARTER Jimmy (n. 1924) Président américain, Menahem BEGIN (1913-1992) Premier ministre israélien, Anouar Al-SADATE (1918-1981, assassiné) Président égyptien - PHOTO signée par les deux premiers et carte officielle signée par Sadate, 12° obl. 750.-

Deux belles pièces réunissant les autographes des trois personnages ayant œuvré pour tenter de pacifier le Proche Orient ; on se souvient que leur rencontre s'était terminée par les accords de Camp David et la signature d'un traité de paix israélo-égyptien.

La photo-couleurs nous montre les trois prix Nobel côte à côte ; elle fut signée par Begin et Carter peu après leur rencontre historique. Anouar Al-Sadate, qui allait être assassiné en 1981 par des militaires intégristes, a quant à lui apposé sa signature (en arabe) sur une carte officielle aux armes de la République égyptienne. Rare ensemble.

 

22.            CARUSO Enrico (1873-1921) L'illustre ténor italien – AUTOPORTRAIT original in-12, signé et daté «Enrico Caruso - 12 Sep 1918 - Greenwich». Monté sur papier fort. Crayon. 2000.-

Bel autoportrait où Caruso s'est représenté de profil, souriant. Dessin probablement exécuté à la hâte pour un admirateur londonien. [Voir reproduction]

 

23.            CARUSO Enrico - L.A.S., 1 p. in-4 gr. ; Bellosguardo, 23.VIII.1914. Enveloppe autographe. Deux pièces jointes. 750.-

Amicale lettre, en réponse au message reçu du chef d'orchestre Leopoldo MUGNONE, écrite sur une feuille portant en tête les armoiries (?!) du ténor, ainsi que les mots : «Patrimonio del Comm. Enrico Caruso - Fattoria di Bellosguardo - Signa (Firenze)». Le chanteur promet de faire la correction «... alla strumentatura del Madrigale...» dès son arrivée à Livorno où il a laissé le «... rotolo di musica... mentre io sono quà solo per avere un po' di tranquillità pel mio mal di testa...». Il avisera son correspondant de son arrivée à Florence et lui recommande d'éviter les «... cerimonie poichè io le detesto...», etc. On joint deux télégrammes expédiés de New-York au même : le premier adresse des vœux et semble se placer en 1916 ; le deuxième date d'avril 1921, trois mois seulement avant la mort du ténor : «... Apprendo con immenso piacere tuo grande successo... appena avrai tempo pregoti venir vedermi...».

 

24.            CASTILLA Ramón (1797-1867) Général et président péruvien. Métis, il avait participé à la guerre d'indépendance ; dès 1839, il joua aussi un rôle politique qui le porta à la présidence de 1845 à 1851 puis de 1855 à 1862 - P.S., 1 p. in-folio obl. ; Lima, 30.VII.1858. Tache brunâtre dans la marge droite et au dos. Texte en partie imprimé. Autographe rare. 500.-

«El Ciudano Ramón Castilla, Benemerito de la patria en grado heroico y eminente, Gran Mariscal Presidente provisorio de la Republica, y Presidente de la Sociedad Humanitaria de los fundadores de la Independencia del Peru» accueille, en tant que membre de ladite société le colonel Pedro Torres, «... uno de los ilustres campiones de la Independencia, que con su valor y heroismo dio libertad à la Nacion...», etc. Belles armoiries du Pérou imprimées en tête.

 

25.            CHARLES IX de France (1550-1574) Roi dès1560 - P.S. «Charles», 3 pp. in-folio ; (Paris), 16.V.1567. 1450.-

 

«Rolle d'aucunes expédi[ti]ons commandées par le Roy...» : dons en faveur du Sénéchal de Saintonge, des écuyers Pierre et François Brissonnet, du Sieur de Bourdeille, etc. ; lettres de légitimation accordées aux enfants naturels de Jehan de Lissarague, Pierre de Sillon et Loys de Lestoille ; lettres de naturalité en faveur de deux gentilshommes romains, d'un Espagnol et d'un natif d'Asti en Piémont, etc.

Document fort intéressant, contresigné par le secrétaire d'Etat Florimont ROBERTET.

 

26.            CHARLES X de France (1757-1836) et Jules de POLIGNAC (1780-1847) Le roi et son Premier ministre, à l'origine de la révolution de Juillet 1830 - L.S. par les deux, 1 p. in-folio ; Paris, 4.VI.1830. 500.-

Cent jours avant la révolution qui devait définitivement éloigner les Bourbons du pouvoir, le roi de France remercie un «Cousin» pour ses vœux reçus l'année précédente, à l'occasion de la fête de Noël (!), «... vœux que vous adressez à la Divine Providence pour ma personne et pour le bonheur de ma famille. Il m'est agréable de vous assurer des dispositions favorables qui m'animent constamment pour tout ce qui vous intéresse...», etc. Polignac, en tant que chef du gouvernement réactionnaire, a contresigné la missive. Autographe rare, de cette époque.

Après les «Ordonnances» de juillet, le roi dut s'exiler en Autriche et son ministre, arrêté, jugé et condamné, dut subir six longues années de prison !

 

27.            CHARLES QUINT de Habsbourg (1500-1558) Roi d'Espagne dès 1516, empereur germanique dès 1519, il abdiqua en 1556 - L.S. «Yo El Rey», 1/2 p. in-4 ; Valladolid, 29.IX,1522. 2250.-

Le souverain ordonne à son «... escrivano de Racion de nuestra Casa...» de payer 200 ducats d'or à «... Lope Hurtado de Mendoza - gentil ombre de nuestra Casa y guarda de nuestra Real persona...» ; peu importe si l'intéressé «... aya estado y este de aqui adelante, absente de nuestra Corte... Los seis meses que era obligado a nos servir residiendo, como de presente rreside en Roma por nuestro mandado con nuestro muy Santopadre...», le pape ADRIEN VI !

Document important à plus d'un titre : l'empereur venait en effet de regagner l'Espagne après avoir vaincu les Français à la Bicocca (27 avril) ; depuis le 9 janvier 1522, l'ancien précepteur et ministre de Charles Quint avait été élu pape (ADRIEN VI) et don Lope de HURTADO était resté à Rome auprès de nouveau souverain pontif comme ambassadeur et conseiller (en réalité plus au service de l'empereur espagnol que du pape !) après avoir accompagné «nuestro muy Santopadre». Rappelons enfin que le 15 octobre suivant Charles Quint allait nommer Fernando CORTÉS «gouverneur général de la Nouvelle-Espagne» (Mexique), pays récemment conquis après l'extermination des chefs aztèques. Entre temps, Magellan périssait dans un naufrage, le 6 septembre 1522, après avoir le premier circumnavigué la terre.

En 1522, le soleil ne se couchait en effet jamais sur l'Empire de Charles Quint !

 

28.            CHATEAUBRIAND, Fr. René, vicomte de (1768-1848) Ecrivain et homme politique français - Manuscrit autographe, 1 p. in-8 obl. ; (Paris, 30.VI.1821 ?). Annoté en tête à l'encre rouge «Chateaubriand». 320.-

Message vraisemblablement destiné à une personne gérant ses affaires. «C'est le 1 er juillet... que je devrai un terme du loyer à Berlin...», écrit Chateaubriand, demandant qu'on annonce à Monsieur Henneberg, bénéficiaire de la somme, que celle-ci va lui parvenir, bien qu'il préfèrerait régler ce terme directement à la duchesse de Dino, l'amie de Talleyrand.

Dès janvier 1821 et jusqu'au 19 avril suivant, Chateaubriand avait été ambassadeur à Berlin où, raconte-t-il à ce sujet dans ses «Mémoires d'outre-tombe» (1ère partie, livre 4ème), «... Les soirées sont longues... ; j'habite un hôtel appartenant à Mme la duchesse de Dino. Dès l'entrée de la nuit, mes secrétaires m'abandonnent... Enfermé seul auprès d'un poêle à la figure morne, je n'entends que le cri de la sentinelle de la porte de Brandebourg...», etc.

 

29.            CHERUBINI Luigi (1760-1842) Compositeur italien, directeur du Conservatoire de Paris de 1822 à sa mort - L.A.S., 1/2 p. in-8 ; Paris, 30.IX.1834. Adresse autographe sur la IVe page. 600.-

 

Cherubini informe «Monsieur Gide fils, rue St Marc...» qu'il vient de trouver, à son retour de vacances, des épreuves à corriger, mais qu'on a oublié d'y joindre «... le manuscrit, et je ne pourrai faire les corrections sans celui-ci...», etc.

En 1835, Cherubini faisait paraître son Cours de contrepoint et de fugue, ainsi qu'une réduction pour chant et piano de son opéra Ali-Baba.

A Casimir GIDE (1804-1868), musicien et libraire parisien.

 

30.            CHRISTIE Agatha (1890-1976) Romancière et auteur dramatique anglais. Certains de ses personnages, comme le détective Hercule Poirot ou Miss Marple, sont devenus des types - PHOTO signée, 12° ; vers 1970. 1850.-

Très rare portrait de l'un des plus populaires auteurs de romans policiers dits «classiques». Cliché la représentant de face (mi-buste) le menton appuyé sur sa main droite. Signature autographe complète d'Agatha Christie, tracée sur le support, juste au-dessous de l'image.

 

31.            CINÉMA - P.A.S. de Frédéric VILLIERS (1852-1922), reporter et illustrateur anglais ; [Bedhampton], 11.V.1908. 350.-

Quelques mots, signature et date autographe, tracés sur carte in-12 obl. par ce dessinateur, correspondant de guerre dès 1876, qui fut le premier à utiliser une caméra cinématographique  pour illustrer une campagne militaire (celle entre Grèce et Turquie, en 1897).

Voici un extrait d'une biographie anglaise présentant le personnage de Frédéric Villiers : «... Villiers used the cinematograph camera for first time in history of campaigning during the war between Greece and Turkey. In April 1897 he joined Greek army for Standard. He was also one of war correspondents to open the trade route of Eastern Soudan on march from Berber to Suakin, and was the only war artist present at the siege of Port Arthur, in 1904...»

 

32.            CLUSERET Gustave (1823-1900) Homme politique français, journaliste, révolutionnaire, ami de Bakounine et de Garibaldi. Lors de la guerre de Secession, il avait obtenu le grade de général dans l'armée américaine nordiste - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Paris, novembre 1888). 280.-

L'aventurier Cluseret avait laissé place à l'homme politique. Au dos d'un rare et intéressant bulletin imprimé ayant servi pour sa campagne électorale («Election Législative Complémentaire du 25 novembre 1888 - Comité Central Républicain Socialiste - Candidat - G. CLUSERET»), lors de laquelle il fut effectivement élu député du Var, Cluseret rédige une lettre destinée au journaliste Milhaud dont il attendait des nouvelles urgentes. Il demande où en est le journal et présente son ami Garrel «... qui vous remettra cette lettre [et] vous parlera du contenu de la sienne...».

 

 

33.            COCTEAU Jean (1889-1963) Ecrivain et peintre français - L.A.S., 2 pp. pleines in-8 ; St Jean-Cap-Ferrat, 22.V.1960. Enveloppe autographe. 1000.-

Magnifique missive dans laquelle Cocteau évoque avec nostalgie un demi-siècle de souvenirs.

S'adressant au musicologue Bernard GAVOTY (1908-1981), il se plaint du fait que Maurice SACHS lui ait soustrait une partie de sa correspondance : «... On m'a volé toutes mes lettres... et je ne sais hélas où elles circulent. Reynaldo  [HAHN] c'est ma jeunesse - Versailles - Proust, les dîners du Dimanche chez les Daudet, sa voix exquise qui coulait par ce que sa cigarette laissait libre dans le jardin à la française de sa bouche, de sa moustache, de sa barbe...». Il parle ensuite du dessin qu'il avait fait de Reynaldo Hahn, publié en 1935 dans ses «Portraits-souvenirs» : «... d'une grande ressemblance : Reynaldo devant le piano à queue... Il nous enchantait et, comme le rossignol de la ballade allemande, il nous aurait, en chantant, fait devenir vieux sans nous en apercevoir. C'était l'époque de l'amitié... on se réunissait, on chantait, on écoutait, on se brouillait pour se réconcilier. On aimait vivre...», etc.

 

 

34.            COLETTE Sidonie Gabrielle (1873-1954) Romancière fr. - L.A.S., 4 pp. sur deux cartes in-24 obl. ; (Paris, v. 1895). Rare de cette époque. 400.-

Sympathique lettre au poète français Gustave KAHN (1859-1936), personnage dont il est question dans Claudine à l'Ecole. «... Vous, je vous aime bien, parce que vous m'envoyez vos livres avec des dédicaces aussi charmantes que si j'étais quelqu'un de sérieux...». Colette va lire son ouvrage car «... les livres que j'aime, je les lis toujours d'un bout à l'autre sans les lâcher... je vous dirai après si j'aime le Roi Fou, autant que la Pluie et le Beau temps. Je sens qu'il ne me plaira pas de la même façon, et je voudrais savoir quel est le Kahn que j'aime le mieux...». Elle envoie les amitiés de Willy.

Les deux volumes de G. Kahn ayant paru en 1895 et la rédaction de Claudine à l'école ayant été achevée en janvier 1896, cette lettre de Colette se situe vraisemblablement au début de leur amitié.

 

35.            CORTOT Alfred (1877-1962) Pianiste et pédagogue suisse - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Lausanne, 1.III.1960. En-tête à son adresse. 200.-

A une jeune pianiste : «... malheureusement je ne dispose chez moi que d'un seul piano et les œuvres dont vous me proposez l'audition exigent l'exécution en duo pour se voir revêtues de toute leur signification...». Il espère pouvoir donner chez lui «... aux environs de Pâques... le conseil pianistique souhaité, indépendant du répertoire suggéré...», etc.

 

36.            DANTON Georges (1759-1794) Politicien fr. Ministre de la Justice en 1792, il contribua à la création du Tribunal révolutionnaire qui allait le condamner à mort en 1794 ! - L.S. «D'Anton», 1 p. pet. in-4 ; Paris, 9.XI.1792. Adresse et marques postales («Déb. de Bar-sur-Aube»). Pièce jointe. 3200.-

Peu avant la mise en jugement de l'ex-roi Louis XVI, le tout-puissant ministre répond à un «Avocat en Parlement» qui lui a soumis une brochure intitulée «Réflexions sur l'élection des Juges de District» (brochure ici jointe, 20 pp. in-12, édition originale imprimée dans l'Aube). Danton affirme avoir lu avec intérêt ce texte touchant «... aux réformes dont est susceptible l'Ordre judiciaire....». La multiplicité de ses occupations ne lui permettant pas «... d'entrer... pour le moment dans le détail des réflexions...», il ne perdra pas de vue pour autant ce projet, ayant l'intention d'en faire «... quand il en sera tems, l'usage convenable...».

Le 11 octobre, Danton avait été élu par la Convention membre de son Comité de Constitution, aux côtés de Condorcet, Sieyès, Paine, Barère, Brissot, etc. L'ordre judiciaire ayant déjà été en partie réorganisé par la Constituante en 1790, il faudra attendre l'arrivée au pouvoir de Napoléon Ier et la promulgation de ses «Codes» pour obtenir une vraie refonte du système judiciare français.

Cette missive est précieuse en ce que, indépendamment de la rareté des autographes de cet orateur (notamment sur lettre, sa signature se trouvant généralement au bas d'extraits de lois, de brevets, etc.), elle montre que Danton, jusqu'à la Révolution - et même après, peut-être ici par distraction ! - usait de la particule...

 

37.            DEGAS Edgar (1834-1917) Peintre, pastelliste et dessinateur français - L.A.S., 2/3 p. in-12 ; «Mardi» [Paris, 28.II.1899]. Adresse autographe au verso. Marques postales. 2000.-

 

«Carte-lettre» adressée à Henriette JOURDAIN, épouse du peintre Roger Jourdain et célèbre mondaine dont le Salon parisien était à l'époque fréquenté par de nombreuses personnalités du monde des Arts et des Lettres. «... Je n'avais pas oublié, chère Madame, Votre aimable lettre m'a trouvé prêt. Il s'en est passé depuis qu'on ne s'est vu...».

 

Madame Jourdain a posé pour plusieurs de ses amis peintres ; Albert Besnard, notamment, a laissé d'elle un célèbre portrait, exposé au Salon de 1886 et conservé actuellement au Musée d'Orsay.

 

38.            DIAGHILEV, Serge de (1872-1929) Impresario russe, il créa la prestigieuse troupe de danseurs, les Ballets russes - L.A.S. «K», 1 p. in-12 ; Londres, vers 1925. Enveloppe autographe et pièce jointe. Autographe rare. 800.-

Bref message en russe demandant à son jeune secrétaire et ami Boris KOCHNO (1904-1990) de lui faire apporter son «pince-nez» dans sa chambre du Savoy Hotel (papier à en-tête). Diaghilev signe d'un élégant «K», initiale russe du mot «Chat», surnom qu'il adopta dans ses rapports avec Kochno. Curieusement, l'impresario a joint à son envoi une coupure illustrée extraite d'un journal anglais et représentant un chaton couché sur le dos en train de téter un biberon qu'il serre entre ses quatre pattes (commentaire imprimé sous l'image : «A "Daily Express" reader's happy snapshot of a motherless kitten who is quite content to be bottle-fed»).

 

39.            DONIZETTI Gaetano (1797-1848) Compositeur. Avec son rival Bellini et Rossini, son aîné, il fut l'auteur le plus fêté de l'Europe musicale du XIXe - L.A.S., 1 p. 8° ; «1 er mars» (Paris, 1835). 2 petites restaurations. 2950.-

Missive concernant l'imminente représentation au Théâtre italien (12.III.1835) du Marin Faliero, son premier opéra composé pour Paris. Donizetti propose la loge royale à un «Comte», personnage vraisemblablement très influent de la haute société parisienne : «... Mercredi prochain 4 mars aura lieu... la répétition générale de Marino Faliero ; la Direction du théâtre m'[a] assuré que la Loge Royale est à vos ordres...». Il envoie quatre entrées «... afin que vous choisissiez votre compagnie de crainte de vous ennuyer...».

L'opéra n'obtint qu'un demi-succès, bien que le choix des chanteurs fût des meilleurs : la Grisi, G. B. Rubini, Tamburini, Lablache et Nicholas Ivanoff. La disparition de Bellini allait bientôt laisser le champ libre à Donizetti dont La Lucia di Lammermoor en 1837, puis La Fille du Régiment et La Favorite en 1840 remporteront un immense succès.

 

 

40.       DU BARRY, Jeanne Bécu, Comtesse (1743-1793) Favorite de Louis XV, elle fut guillotinée lors de la Révolution - P.A.S., 1 p. in-8 obl. ; Louveciennes, 14.II.1784. Ex-collection Muoni (cachet au dos). 1400.-

Billet par lequel elle demande à son trésorier, Monsieur Lollibeaux, «... de payer au Sieur Labbé, marchand de bois... la somme de deux mille livres...», vraisemblablement pour une livraison au château de Louveciennes, demeure que Louis XV avait fait construire pour elle par l'architecte Ledoux. Au dos, «Bon à payer» et «acquit» des deux personnes citées dans le document.

 

 

41.             DUFOUR Guillaume-Henri / TRONCHIN Henri (1794-1865), lieutenant-colonel fédéral d'artillerie - Manuscrit autographe, 88 pp. in-4 ; 1816. Reliure d'époque, demi vélin à petits coins. 3800.-

Important manuscrit ayant pour titre «Sur le génie. Leçons commencées le 12° avril 1816 sous Monsieur Dufour, capitaine du génie en France. Fortifications permanentes», cours du célèbre général suisse Henri DUFOUR (1787-1875), transcrit ici par l'un de ses élèves, Henri Tronchin, futur officier suisse au service des Pays-Bas.

Les feuillets de droite de cet intéressant manuscrit portent le texte, ceux de gauche présentent de nombreux dessins techniques, certains d'un très beau graphisme. Ce cours très complet comprend des données sur les reliefs de défilement, la construction graphique des profils, les ouvrages avancés (lunettes, couronnes, contre-gardes, redoutes casematées). Dufour y analyse les systèmes de Coëhorm et de Vauban, etc., etc.

 

42.            DUKAS Paul (1865-1935) Compositeur fr., une des plus fortes personnalités musicales de son temps - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Paris), 2.VI.1918. 200.-

Le compositeur - dont la dernière composition, le ballet La Péri, datait de 1912 - annonce à son correspondant qu'il acceptera avec plaisir sa proposition (un nouveau livret ?).

 

43.            DUMAS Alexandre (1762-1806) Général mulâtre, père du célèbre romancier - L.A.S., 1 1/3 pp. in-4 ; Villers-Cotterets, 9.II.1802. En-tête à son nom et vignette gravée. Rare.  750.-

Il manifeste sa gratitude envers ses voisins, les époux Collard (Jacques C., futur tuteur du petit Alexandre Dumas, et sa femme, fille naturelle de Philippe-Egalité, duc d'Orléans, et de Madame de Genlis !) qui lui ont rendu un service. Il souhaite les revoir bientôt à Paris et ajoute : «... L'objet des relations extérieures est au moment de se terminer ; si vous avez l'occasion de parler de ce qui me regarde à ce Ministre [Talleyrand], vous m'obligerez beaucoup...».

Désargenté, porté au nombre des généraux en non-activité après ses mésaventures de Naples, et surtout mis en disgrâce par le général Bonaparte depuis la Campagne d'Egypte, Dumas a rejoint sa jeune épouse à Villers-Cotterets où, le 24 juillet 1802, elle allait accoucher d'un fils, le célèbre écrivain. Malade et inactif, le «brave des braves» se voit obligé de quémander - comme en témoigne notre missive - l'appui d'anciens amis... Notons encore que le général Dumas, mort après une longue maladie, ne laissa aucune fortune à sa famille qui se vit même refuser par le nouvel empereur la pension de veuve et d'orphelins. Emouvant document !

 

44.            DUNANT Henri (1828-1910) Philanthrope suisse, premier prix Nobel de la paix en 1901 pour avoir été à l'origine de la Croix-Rouge internationale en 1863 - L.A.S., 3 pp. in-8 ; «Mercredi soir» [Genève, 4.XI.1863]. 3850.-

A Gustave MOYNIER (1829-1910), cofondateur de la Croix-Rouge avec Dunant, le général Dufour et deux autres Genevois.

Le 29 octobre 1863, une réunion composée d'experts et de représentants des gouvernements étrangers (36 délégués) convoquée à Genève votait une sorte deCharte contenant les bases fondamentales et uniformes de la nouvelle institution philanthropique. Alors que le «Compte Rendu» de cette séance historique était sous presse chez l'imprimeur Jules-Guillaume Fick - celui-ci avait déjà édité «Solferino» -, Dunant souhaite apporter quelques modifications à la présentation de la brochure afin de la rendre moins «dépendante» de la Société genevoise d'utilité publique, organisatrice de la manifestation.

«... Je vois au revers de la couverture du C.te Rendu la mention du bulletin de la Société... Croyez-vous que ce soit bien nécessaire ? Tout au moins ne pourrait-on pas mettre ce détail dans l'intérieur... ou le supprimer tout à fait, ce qui me paraîtrait préférable ?... Le titre était bien écrasé et pressé... Je ne sais si Vous avez donné Vos directions, pour cela, à Mr. Fick...». Dans cette incertitude, il préfère attirer l'attention de Moynier «... sur ces minuties... [car] Mr Fick manque quelquefois un peu de goût...», etc.

Déjà responsable de la Société genevoise d'utilité publique, Gustave MOYNIER présidait aussi la Commission fondatrice de la Croix-Rouge depuis son origine, le 9 février 1863.

 

45.            DVORAK Antonin (1841-1904) Compositeur tchèque, ami de Brahms. Son œuvre s'inspire du folklore de son pays - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Vysoka, 13.VII.1896. En allemand. 6850.-

Importante missive à son éditeur allemand, Fritz SIMROCK auquel le compositeur vient d'envoyer une «partition» et des «voix» («Stimmen»). Dvorak reconnaît qu'il est incapable de lui garantir le parfait accord entre toutes les parties composées et la partition principale. Il assure toutefois les avoir lui-même jouées et a pu constater qu'elles sont correctes et parfaitement dans la tonalité.

Le compositeur ne peut faire face à une augmentation des coûts de publication ; il envoie les texte non revus des poèmes traduits en langue allemande que Simrock avait lui-même promis de faire faire à Madame Stieler, de Munich, etc.

«... Ich kann nicht dafür stehen, das die Stimmen ganz genau mit der Partitur übereinstimmen ; giebt es doch gedruckte Musik wo auch nach Erster stehen geblieben sind. Übrigens ist nur diesen Stimmen gespielt werden und alles hat wunderschön geklungen... Bis ich dem Extract... von den Gedichten habe, schicke ich es - aber hier auch kann ich nicht dafür bürgen dass das Deutsch stylhaft und ganz correct ist...», etc.

Dvorak ne cite pas ici nommément ses compositions mais, en 1896, il mit en musique les trois poèmes symphoniques op. 107, 108 et 109, tirés des ballades tchèques de K. J. ERBEN et publiés la même année par Simrock à Berlin. Un quatrième poème, op. 110, également composé en 1896, ne paraîtra chez le même éditeur qu'en 1899.

Les poèmes symphoniques, joints à ses quatuors, forment la vraie structure de l'art musical de Dvorak.

 

46.            ECHECS - L.A.S., 1 p. in-8, de William LEWIS (1787-1870) Chess player et théoricien des échecs, auteur de plusieurs œuvres sur ce jeu ; Londres, 19.I.1831. Autographe peu commun. 600.-

 

«... I enclose you a Prospectus of a new Work on Chess which I intend to publish if I can obtain a sufficient number of subscribers ; should you be able to show it to any of your friends likely to encourage such a Work...», etc.

 

47.            ECHECS - Rejkjavik 1972 - Signatures autographes de Bobby FISCHER (n. 1943), de Boris SPASSKY (n. 1937) et de Lothar SCHMID (n. 1928) sur enveloppe «souvenir» reproduisant les portraits des deux joueurs. Cachet postal du 2.VII.1972. 600.-

Exceptionnel document réunissant les signatures des protagonistes de l'un des tournois internationaux d'échecs les plus mémorables.

Surnommé le «match du siècle», celui-ci se déroula en pleine guerre froide entre les deux champions issus des grandes puissances mondiales ; Bobby Fischer sortit gagnant de cette épreuve grâce à une tactique (absence, retards, dispute avec le juge) qui mit les nerfs de Boris Spassky à dure épreuve. Cette victoire, la première remportée par un Américain sur un Russe, jeta les Soviétiques (politiciens compris !) dans un profond désarroi...

 

48.            EDOUARD VII d'Angleterre (1841-1910) Roi dès 1901 - L.A.S., 2 pp. in-12, au recto/verso de sa carte avec adresse imprimée («Sandringham - Norfolk») et couronne royale. Datée «Jan: 17th». 450.-

«My dear, Yr very kind letter has touched me so much that I must write a few lines... I hope he will now be a confort to you. If only you could find him a nice wife with some money. I shall be in town for a few days next week and may happy to come & see you - should you like to see me...». Fils de la reine Victoria, Edouard VII n'accéda au trône qu'à l'âge de 60 ans !

 

49.            EICHMANN Adolf (1906-1962) Fonctionnaire de la Police nazie, coresponsable de la «solution finale» et organisateur de la déportation en masse des Juifs vers les camps de la mort. Jugé à Jerusalem puis exécuté pour crime contre l'humanité - Notes autographes, 4 lignes non signées sur feuille in-8 gr. obl. ; [Jerusalem, 1961]. 750.-

Notes destinées à son défenseur, l'avocat allemand SERVATIUS, écrites durant l'une des séances du tribunal qui allait le condamner en 1962. Eichmann précise où placer un certain document (n° 931) se trouvant dans le dossier relatif à l'«Organisation» de sa tristement célèbre activité ! Sur papier rayé, probablement fourni par les services pénitenciers israéliens.

 

50.       EICKE Theodor (1892-1943) Criminel nazi, l'un des principaux responsables des camps d'extermination - L.S. au crayon gras noir, 1/2 p. in-4 ; Berlin, 22.V.1935. Papier à en-tête de la GESTAPO. Trous de classement. Autographe rare ! 1750.-

 

De son bureau d'inspecteur des Konzentrationslager, il demande à son supérieur («Politischen Polizeikommandeur Herrn Reichsführer-SS Himmler - im Hause») de décider si un simple blâme suffit contre le SS=Obersturmbannführer Gerlach.

Au crayon vert, HIMMLER répond de sa main : «bleibt» (c'est bien ainsi).

 

 

51.            ESCRIVÁ de Balaguer, Josemaría (1902-1975) Saint espagnol, fondateur de l'Opus Dei en 1928. Canonisé par Jean-Paul II le 3 oct. 2002 - L.A.S., 2 pp. in-12 obl. ; Rome, «Pascua 1958». En espagnol. 2600.-

 

Sur une carte à l'en-tête de l'Opus Dei, le célèbre prélat espagnol - dont la récente canonisation a suscité des controverses - adresse ses vœux pour les fêtes de Pâques à un futur cardinal de la curie romaine, alors membre de la S. Congrégation du Saint Office. «... Queridisimo Monseñor : ... que el Señor Resucitado les lleve de sus mas grandes bendiciones...». Escrivá exprime le désir de rencontrer son correspondant et le prier de transmettre ses salutations à un ami commun.

Les documents manuscrits de ce nouveau Saint de l'Eglise catholique, dont nous n'avons vu en vente à ce jour aucun autographe, sont rarissimes !

 

52.            ESPAGNE, Marie-Christine d' (1858-1929) Reine dès 1879, épouse d'Alphonse XII et mère d'Alphonse XIII - L.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Au Palais de Madrid, 20.VI.1886. Papier de deuil. 500.-

La souveraine annonce au roi de Wurtemberg la naissance d'Alphonse XIII, fils posthume d'Alphonse XII. «... Je m'empresse d'informer Votre Majesté que la Providence vient d'exaucer mes vœux et ceux de l'Espagne, m'ayant accordé le lundi 17 courant, à midi et demi, le bonheur d'avoir donné le jour à un Prince, qui a été baptisé le samedi 22... avec les noms de Alfonso, Leon, Fernando... Le Prince nouveau-né a eu comme parrain Sa Sainteté le Souverain Pontife Léon XIII et comme marraine S. A. R. l'Infante d'Espagne Doña Maria Isabel...... et aux termes des articles 60 et 67 de la Constitution du Royaume, a été proclamé Roi d'Espagne avec le nom d'Alphonse XIII... Cet heureux événement... seul pouvait soulager en partie la douloureuse amertume que la mort de mon regretté et bien aimé Epoux le Roi Alphonse XII a laissé à jamais dans mon cœur...». Marie-Christine assura la Régence du royaume d'Espagne de 1885 à 1902.

 

53.            [Portugal] FERDINAND VII d'Espagne (1784-1833) Roi dès 1808 à l'abdication de son père Charles IV. Détrôné par Napoléon et remplacé par Joseph, il ne retrouva son royaume qu'en 1814. Il restaura l'absolutisme et persécuta les libéraux - L.S. «Fernando», 2/3 p. in-f° ; San Ildefonso, 31.VII.1828. Adresse et sceau sous papier aux armes sur la IVe page. 375.-

Lettre diplomatique adressée à un souverain. Ferdinand lui fait savoir son intention d'envoyer pour ambassadeur au Portugal le conseiller Don Pasgual VALLEJO «... para el desempeño de Mi Mision en la Corte de Lisboa... [homme aux] apreciables calidades de amor a mi Persona...», etc. Contresignée par le Premier ministre Manuel GONZALEZ SALMON (1778-1832).

 

 

54.            FLAMMARION Camille (1842-1925) Astronome français - L.A.S., 1 p.in-8 ; Paris, 7.III.1921. En-tête : Société Astronomique de France. 250.-

Très intéressante missive. «Je vous félicite, mon cher Collègue, de votre observation de la lumière cendrée de Vénus, et nous la signalerons à notre prochaine séance... pour être ajoutée aux antérieures...». Il fait remarquer que l'on peut obtenir des précisions sur ce sujet à la page 461 de son Astronomie Populaire. «... Cette observation est ancienne, mais assez rare, et prouve l'excellence de votre vue ainsi que de celle des étoiles terrestres de votre constellation...».

 

55.            FRANCHOMME Auguste (1808-1884) Violoncelliste français, dédicataire d'une Sonate écrite par son ami CHOPIN - MUSIQUE A.S., 1 p. in-4 obl. ; Paris, 27.VII.1860. 475.-

«Adagio» pour violoncelle et piano, huit belles mesures sur triple portée tracées au centre d'une feuille d'album ornée d'un encadrement imprimé de couleur rose dont les angles reproduisent des formes géométriques. Charmante pièce, très décorative !

 

56.            FRANCK César (1822-1890) Compositeur et organiste belge - L.A.S., 2/3 p. in-12 ; vers 1885. 450.-

Quelques lignes d'excuses à la suite d'un oubli : «... Je vous demande pardon...». Belle signature. Autographe peu commun.

 

57.            FRANÇOIS-JOSEPH Ier d'Autriche (1830-1916) Empereur d'Autriche et roi de Hongrie dès 1848 - P.S. «Franz Joseph m.p.», 1 p. gr. in-folio obl. ; Schönbrunn, 4.VI.1850. Plis renforcés au dos. Magnifique sceau plaqué sous papier aux armes impériales. 500.-

 

Monté sur le trône dix-huit mois plus tôt après l'abdication de son oncle Ferdinand Ier, le souverain n'a que 19 ans lorsqu'il signe ces lettres patentes en faveur d'un colonel, commandant le régiment d'Infanterie «Duc de Wellington» (!), promu au grade de «Generalmajor».

Pièce contresignée par le ministre de la Guerre, le comte Franz GYULAY (1798-1868), futur commandant en chef de l'armée d'Italie en 1859, battu à Magenta par Napoléon III lors de la deuxième Guerre du Risorgimento italien.

C'est en 1854 que François-Joseph allait épouser la célèbre Sissi.

Magnifique pièce, très décorative, avec en-tête gravé (noms et titres). Rare de cette époque.

 

58.            FRÉDÉRIC II de Prusse (1712-1786) Roi dès 1740, homme de guerre et fin lettré - L.S. «Frch», avec long paraphe, 1/2 pp. in-folio ; Berlin, 10.IV.1756. En allemand. 650.-

Document par lequel le roi accorde l'admission gratuite au Joachimdalschen Gymnasio des jeunes Ramel et Berger, ce dernier étant le fils d'un capitaine décédé.

 

59.            GAGARINE Youri (1934-1968) Cosmonaute soviétique, le premier homme à avoir effectué, en 1961, un vol spacial autour de la terre - Belle signature autographe sur carte postale illustrée in-12. Vers 1966/68. 480.-

Jolie signature tracée au beau milieu d'un ciel azur parsemé de légers nuages blancs entourant le monument érigé à Moscou à la mémoire de Pouchkine, où l'écrivain est représenté debout sur un imposant piedestal fleuri. Imprimée en 1965, cette carte n'a pu être signée par le cosmonaute qu'entre 1965 et 1968, année de sa mort accidentelle.

 

60.            GAULLE, Charles de (1890-1970) Général, Président-fondateur de la cinquième République française - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 31.X.1958. En-tête à son nom. Pièce jointe. 850.-

Suite à l'insurrection du 13 mai 1958 à Alger, Charles de Gaulle avait été placé par l'Assemblée Nationale à la tête du gouvernement français, avec les pleins pouvoirs pour six mois et des pouvoirs spéciaux pour l'Algérie. Il répond ici à un diplomate dont l'épouse, l'actrice Alice DELYSIA (1889-1979), vient d'être honorée pour «... les courageux services rendus au Pays...» durant la Résistance, etc.

Joint : carte de visite imprimée («Le Général & Madame de Gaulle») avec trois lignes autographes de remerciements et de vœux d'Yvonne de GAULLE (1900-1979) ; Colombey le 17 décembre 1956.

 

61.            GEORGE III d'Angleterre (1738-1820) Roi dès 1750. Sous son règne, les Etats-Unis conquirent leur indépendance - L.S. avec compliments autogr., 1 p. in-f° ; St James, 13.VI.1772. Adr. et cachet sous papier en IVe p. 500.-

Le souverain anglais, qui était en proie à des troubles mentaux depuis 1765, réitère à son correspondant ses sentiments d'amitié et d'affection. Très belle signature «Georgius R[ex]» du dernier «roi» américain. Pièce contresignée par le ministre William H. ZUYLESTEIN (1717-1781), quatrième comte de ROCHFORD.

 

62.       GIGLI Beniamino (1890-1957) Ténor italien - PHOTO in-12 avec dédicace A.S. datée «1942». Très légers défauts. Beau portrait mi-buste de face, cliché du photographe romain Pesca (cachet au dos). 200.-

 

63.            GOETHE, Johann Wolfgang von (1749-1832) L'illustre poète allemand - L.S. «Goethe», 1 p. in-4 pleine ; Weimar, 21.II.1807. Marge droite renforcée au dos, avec légères traces de colle en transparence. 5800.-

Lettre ayant accompagné l'envoi d'un article pour le Jenaische Allgemeine Literatur-zeitung, article renfermant le discours de l'historien suisse Johannes von MÜLLER sur Frédéric le Grand. Goethe précise à son correspondant (Henrich C. A. EICHST-DT, rédacteur du journal) qu'il a préféré retirer deux autres textes destinés à la revue, les ayant trouvés trop sérieux, «... und freylich, wo soll jetzt der leichte gute Humor herkommen mit dem man manche Dinge behandeln müsste...» («et vraiment, d'où doit sortir maintenant la bonne humeur avec laquelle on devrait traiter de tels sujets...»). Le poète termine sa missive en annonçant qu'il pense se rendre à Jena au printemps, etc. Long texte d'une petite écriture fine et élancée.

 

64.            GOUNOD Charles (1818-1893) Compositeur français - L.A.S., 3/4 p.in-8 ; (Paris, vers 1868). 260.-

A Pierre A. LANTELME (1824-1901), musicien et marchand d'instruments. «... Voici une lettre relative au piano droit (moyen-oblique) que j'ai choisi dernièrement chez vous... Veuillez en prendre connaissance et faire effectuer l'envoi du n° 36.590 à l'adresse indiquée...».

 

 

65.            GOURGAUD Gaspard (1783-1852) Général napoléonien, l'un des compagnons de l'empereur à Sainte-Hélène - P.A.S., 1 p. in-12 obl. ; Troyes, 30.III.1814. 600.-

Le jour même de la capitulation de Paris, Gourgaud, alors premier officier d'ordonnance de l'empereur, délivre ce «Bon pour trente six rations de fourrages pour les chevaux de M.M. de Mortemart et St Marsan et pour les miens...».

La veille, Napoléon était arrivé à Troyes où il avait couché au château de Pouilly avant de repartir à l'aube de ce 30 mars. Gourgaud et ses deux compagnons (le duc Casimir-Louis de MORTEMART, 1787-1875, officier d'ordonnance de l'empereur, et le comte Charles Asinari de SAINT-MARSAN, 1790-1842, fils du diplomate piémontais en poste à Berlin) le suivaient de près. Ils allaient bientôt tous se retrouver à Fontainebleau, pour l'abdication...

Petit document, rare de cette époque, nous faisant revivre un grand moment de l'histoire française : la première abdication de Napoléon !

 

66.       GRISI Carlotta (1829-1899) Danseuse it. Son interprétation de «Giselle», en 1841, la rendit célèbre. Aimée par Alfred de Musset et Théophile Gautier - L.A.S., 1 1/3 pp. in-12 ; (Paris, vers 1842). Adresse autographe. 420.-

La jeune et éblouissante danseuse aux yeux bleus prie le compositeur Alphonse LEDUC (1804-1870) de remettre «... à un commissionnaire mes cartes de visite que ma cuisinière vous portera et vous donnerez à ce commissionnaire le nom et l'adresse des journalistes auxquels elles sont dues. Mettez sur mes cartes P.P.C. ...». Ayant chargé de ce service le portier de Nestor ROQUEPLAN, directeur du Théâtre des Variétés, Carlotta Grisi envoie 5 francs «... pour le récompenser...». Autographe peu commun.

 

67.            GUEVARA, Ernesto «Che» (1928-1967) Révolutionnaire cubain d'origine argentine. Compagnon de Fidel Castro, ministre de l'Industrie de 1961 à 1965, il quitta ses fonctions pour organiser la guerre révolutionnaire en Amérique Latine et fut tué en Bolivie - P.S. «Che», 1 p. in-4 obl. ; La Havane, décembre 1961. Papier uniformément bruni (piqûres). En-tête aux armes de la «Republica de Cuba». 3600.-

Très rare autographe de ce personnage sud-américain devenu un mythe depuis sa mort survenue à l'âge de 39 ans alors qu'il combattait aux côtés de la guerrilla bolivienne.

Le «Che» signe ici un diplôme («Mencion de Honor») délivré par le ministère de l'Industrie à un technicien cubain, considéré meilleur travailleur du mois de décembre de l'année 1961, «Año de la Education», pour «... su esfuerzo en Pro del Incremento de la Producciòn...».

 

68.            [Portugal] GUILLAUME Ier d'Allemagne (1797-1888) Roi de Prusse dès 1861, il fut proclamé empereur d'Allemagne à Versailles, en 1871 - L.S. «Prince de Prusse», 1 p. in-folio ; Berlin, 30.IV.1858. Enveloppe. 550.-

«Par autorisation de Sa Majesté le Roi» Frédéric-Guillaume IV dont la démence venait d'être publiquement reconnue, le prince Guillaume de Prusse annonce le mariage de Stéphanie de Hohenzollern, sa cousine «... avec Sa Majesté le Roi de Portugal et des Algarves...», Pierre V. Lettre contresignée par le Premier ministre Otto Theodor MANTEUFFEL (1805-1882).

 

69.            HAMMARSKJÖLD Dag (1905-1961) Diplomate suédois, secrétaire général de l'ONU dès 1953. Prix Nobel de la paix à titre posthume en 1961 - L.S. avec trois lignes de compliments autographes, 1/2 p. in-4 ; New York, 19.I.1959. En-tête officiel gravé : «Secretary-General» avec logo de l'ONU. Peu commun. 750.-

«Dear Mr Popovic, On my return to Headquarters I found your kind greetings for which I thank you most warmly. Your good wishes are heartily reciprocated...». A Koca POPOVIC (1908-1993), ministre des Affaires étrangères de Yougoslavie de 1953 à 1965.

Joint : photo de presse prise deux jours avant qu'Hammarskjöld ne périsse dans un accident d'avion, nous montrant le diplomate aux côtés du président congolais, le général Mobutu.

 

70.            HASKIL Clara (1895-1960) Pianiste roumaine, interprète exceptionnelle de Mozart, Schubert et Schumann - L.A.S. «Clara», 1/2 p. in-8 ; (Cannes, vers 1952). 320.-

Amicale missive adressée au compositeur d'origine roumaine, Marcel MIHALOVICI (1898-1985). «... Cher Chip, je suis allée me réchauffer avec un bouillon au Café des Alliés ! Voulez-vous venir me prendre là ?...». A partir de onze heures cependant, elle attendra son correspondant au Majestic où elle a rendez-vous avec le docteur Maras.

Les autographes de Clara Haskil, dont la carrière artistique ne rencontra le succès du grand public que très tardivement, soit une dizaine d'années avant sa mort, sont rares et recherchés.

 

 

71.            HIMMLER Heinrich (1900-1945) L'implacable «Reichsführer» des SS - L.S., 1 p. in-4 obl. ; Munich, 9.III.1931. Trous de classement. En-tête imprimé du Parti avec vignette et croix gammée. 1350.-

Le chef des Schutzstaffeln der N.S.D.A.P. informe un collaborateur qu'il vient d'être promu SS-Truppführer. Belle signature, accompagnée d'un cachet rouge avec aigle portant en exergue les mots : «National. Deutsche Arbeiterpartei - Reichsführer-SS».

 

72.            HUNTINGTON Samuel (1731-1796) Révolutionnaire américain, signataire de la Déclaration of Independence de 1776. Président du Continental Congress en 1781 lorsque la Constitution entra en vigueur, il est de ce fait considéré comme le premier Président des Etats-Unis - L.A.S., 1 p. in-folio ; Norwick, 30.VII.1789. 3850.-

Lettre originale adressée «To the President of the United States of America», George WASHINGTON ! Pièce conservée comme copie par l'expéditeur qui, y ayant apporté une correction, a probablement préféré réécrire sa missive.

Il s'agit du message que Samuel HUNTINGTON, alors Gouverneur du Connecticut, prépara en réponse à la lettre présidentielle du 23 juillet 1789 accompagnant l'envoi (imprimé ?) du texte d'une des premières lois approuvées par le nouveau Congrès des Etats-Unis. Le 20 juillet 1789 en effet, avait été voté l'Act Imposing Duties on Tonnage imposant une taxe, calculée d'après son tonnage, à tout navire étranger arrivant dans un port du pays. Cette loi allait être à l'origine de fortes tensions entre la France et les Etats-Unis, mettant les deux pays en état de quasi-guerre.

George Washington, responsable de la promulgation des lois en tant que chef de la toute nouvelle République, n'était alors Président que depuis quelques mois (30.IV.1789).

Au dos de la feuille, Huntington a noté de sa main, en vue d'un classement : «Copy of a letter to President Washington - July 30th 1789». Intéressante pièce.

 

73.       JACK L'EVENTREUR ? - Feuille d'album in-12 obl. sur laquelle est monté un feuillet portant la signature et la date autographe («Edward - July 16th 1879») du Prince Albert Victor Edward d'ANGLETERRE (1864-1892), duc de Clarence. 350.-

Autographe peu commun de ce prince anglais, petit-fils de la reine Victoria, en qui certains historiens ont cru reconnaître le tristement célèbre Jack l'Eventreur dont les assassinats répétés de prostituées terrorisèrent Londres en 1888. Billet signé par le prince alors que celui-ci accomplissait son service militaire sur le bateau-école Britannia, peu avant son départ pour une croisière de trois ans autour du monde avec son frère George V.

D'une santé fragile, Edward mourut à l'âge de 27 ans.

 

 

74.            KELLERMANN, Fr. Et. Christophe (1735-1820) Maréchal d'Empire, duc de Valmy - P.S., 1 1/2 pp. in-folio ; (Strasbourg, août 1808). 250.-

Le maréchal Kellermann, alors commandant en chef de l'armée de réserve stationnant à Strasbourg, nous livre ici - l'authentifiant par sa signature, «Duc de Valmy» - le texte de la lettre qu'il vient de recevoir du ministre de la Guerre Clarke précisant les ordres de l'empereur, lequel désire que les troupes soient dirigées «... le plus promptement possible sur Metz...». Il en sera de même pour celles «... que le Grand-duc de Bade doit envoyer en France...» via Strasbourg, etc. Clarke demande à quelle date arriveront ces troupes à Mayence et à Strasbourg, et sollicite un état exact de la composition et de la situation de chacun de ces régiments ainsi que de l'artillerie ; le document devra en outre faire mention de la force effective de chaque corps, du nombre d'hommes présents sous les armes, de l'état de leur armement, de leur habillement et de leur équipement.

Napoléon tenait sans doute à connaître l'état de son armée avant l'entrevue d'Erfurt lors de laquelle il allait obtenir d'Alexandre Ier le soutien de la Russie au cas où l'Autriche déclarerait la guerre à la France (sept./oct. 1808). Kellermann avait été fait «duc de Valmy» le 3 juin précédent ; dès lors sa signature avait pris, comme ici, sa forme «ducale».

 

75.            KONTSKI, Antoine de (1817-1899) Pianiste et compositeur polonais à Paris dès 1837, il donna des concerts au Japon et aux Etats-Unis où il séjourna quelques années - L.A.S., 1 p. in-8 ; «343, rue St Honoré» (Paris, vers 1845). 200.-

Il demande à Félix LE COUPPEY (1811-1887), professeur au Conservatoire de Paris, d'y «... accueillir mon Elève, Mr Abel, avec cette bienveillance qui vous caractérise. Il s'adresse à vos lumières, pour être admis dans votre Classe...».

 

76.            KOURAKIN, Alexandre (1752-1818) Prince, diplomate russe, ancien vice-chancelier et ami personnel de Paul Ier. En 1807, il négocia avec Napoléon le Traité de Tilsitt - L.S., 1 p. in-4 ; Paris, 10.II.1812. 275.-

A un noble italien qui doit se rendre en Hollande : «... je viens de faire pour vous la demande du passeport nécessaire... Je ne puis vous garantir une prompte décision...», etc.

Annexée à la France en 1810, la Hollande dépendait directement du gouvernement de Paris où Napoléon, en ce début d'année 1812, préparait sa Campagne de Russie. Ambassadeur en France depuis 1808, le prince Kourakin se trouvait donc dans une situation plutôt délicate et à la déclaration de la guerre, en mai 1812, il devra attendre lui-même longtemps ses passeports...

 

77.            KRISHNAMURTI Jiddu (1895-1986) Philosophe indien, interprète moderne de la pensée hindouiste - Portrait signé, 4° gr. ; La Haye, 18.II.1931. Excellent état de conservation. 600.-

Superbe portrait original (cm 32 x 24 env., mi-buste de profil), exécuté au fusain par Marthe Antoine Gérardin. Cette artiste, qui a signé et daté son œuvre, obtint de Krishnamurti qu'il la signe dans le coin inférieur droit.

 

78.            KUBITSCHEK Juscelino (1902-1976) Président du Brésil de 1956 à 1961 - P.S., 1 p. in-folio ; Rio de Janeiro, 2.IV.1959. 260.-

En tant que «Presidente da Republica dos Estados Unidos do Brasil», Kubitschek confirme Luigi Gabriele Asinari Sigray di San Marzano dans ses fonctions de Consul général de la République italienne dans la ville de Curitiba, «... e recomenda que como tal o reconneçam...».

Pièce contresignée par le ministre des Affaires étrangères, Francisco NEGRAO DE LIMA (1901-1981). Document très décoratif aux armes du Brésil imprimées à sec en tête, avec sceau plaqué sous papier et bel encadrement.

 

79.            LANNES Jean (1769-1809) Maréchal d'Empire, mort des suites de blessures qu'il reçut à la bataille d'Essling - L.S. «Lannes», 1 p. in-4 ; Paris, 19.VI.1808. Légère brunissure. 2800.-

«Le Maréchal, Colonel-Général des Suisses» adresse au Maréchal Berthier «... diverses propositions d'emplois d'officiers et d'avancement faites par les Colonels des... régimens suisses...». Il est question du remplacement du capitaine WURTZ de Rudens par Alexandre WATTEVILLE, de Berne, ainsi que celle du capitaine Daniel NESER (accusé de «mauvaise conduite») par «... le juge WELTNER auquel Votre Excellence s'intéresse et qu'elle m'a recommandé...», etc.

Lannes était «Colonel général des Suisses» depuis le 13 septembre 1807 et «duc de Montebello» depuis quatre jours ! Quelques mois plus tard, en octobre 1808, il fut appelé à l'armée d'Allemagne où la mort allait le frapper à l'âge de 50 ans, le 31 mai de l'année suivante. Ses autographes sont rares, et notamment ceux en tant que chef des «Suisses» au service de la France.

 

80.            LECOURBE Claude-Jean (1759-1815) Général français. Il avait servi dans l'Armée d'Helvétie en 1799 - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Alkirk (Jura), 9.VI.1815. En-tête à son nom et grade. 380.-

Missive datant des CENT-JOURS ! Ses liens avec Moreau avaient valu à Lecourbe une disgrâce totale en 1800 et, en 1815, il avait accepté de se rallier à Napoléon au seul but de défendre la France menacée. Commandant le Corps d'Observation du Jura, il tient tête, en ce mois de juin 1815, avec quelques milliers de combattants, aux 40.000 Austro-allemands de Colloredo. Les fonds permettant de payer les travaux du génie manquent et Lecourbe promet au Col. J. A. MARION (1766-1826) de faire son possible «... pour vous [en] obtenir encore..., mais comme ces travaux sont pressés et indispensables, le seul moyen d'y parvenir est de faire coopérer la troupe et pour cela il faut donner une petite rétribution. Ce n'est pas trop de dix sols... dans douze jours les travaux doivent être finis...». Personne n'imaginait alors la défaite qu'allaient subir les Français neuf jours plus tard à Waterloo...

 

81.            LEONCAVALLO Ruggero (1858-1919) Compositeur italien – PHOTO in-12 signée au recto avec MUSIQUE autogr. au dos. Vers 1905. 1600.-

Magnifique portrait de face (cliché Lindt) où le compositeur arbore d'imposantes moustaches en croc très en vogue à l'époque, signé à l'encre rouge «R. Leoncavallo». Au verso, belle ligne de musique sur les paroles «Ridi pagliaccio !», extraite de son célèbre opéra Paillasse et envoyée à un admirateur hongrois dont Leoncavallo a tracé lui-même l'adresse.

 

 

82.            LINSINGEN, Alexander von (1850-1935) Général allemand, il se distingua sur le front germano-russe durant la Première Guerre mondiale. Gouverneur de Berlin en 1918 - PHOTO in-12 signée vers 1925. Beau portrait sépia, en uniforme, mi-buste. 200.-

 

 

83.       LISZT (Au sujet de) - L.A.S. de Pierre ZIMMERMAN  (1785-1853, pianiste français), 1 p. in-8 ; (Paris, vers 1841). 250.-

Il décline l'invitation de son confrère Félix LE COUPPEY (1811-1887), ayant «... Liszt  et Döhler à dîner ; il s'en suivra de la musique le soir...», etc. En dédommagement, Zimmermann saurait un gré infini à son correspondant s'il venait le jeudi 1er avril entendre chez lui de la musique avec Madame Le Couppey.

Au printemps 1841, entre deux séjours en Angleterre, Liszt fit une courte incursion à Paris où Thalberg régnait en maître absolu sur le monde musical. Au bout de trois concerts, le pianiste hongrois reconquit et améliora même ses positions d'autrefois...

 

84.       LOUIS XVIII de France (1755-1824) Roi dès 1814 - L.A.S. «Louis Stanislas Xavier», 2/3 p. in-8 ; Compiègne, 1.VIII.1773. Nom du destinataire et très beau cachet de cire rouge à ses armes sur la IVe page. 600.-

A Monsieur Cochin. «Mr le Controleur General [l'abbé de TERRAY] doit renvoyer à votre examen... un mémoire par lequel le Cte de Modene, un de mes gentilshommes d'honneur, supplie le Roy de lui accorder l'acensement d'un domaine dans la Principauté d'Orange...». Le futur roi prend intérêt à l'affaire et une note en tête indique que l'on y a donné suite immédiatement.

 

85.            LOUŸS Pierre (1870-1925) Ecrivain français - L.A.S. «Pierre», 4 pp. in-8 ; «Lundi» (vers 1890). 350.-

De «l'Infirmerie de la Caserne Courbet - Abbeville», Pierre Louÿs adresse cette amusante lettre à son demi-frère Georges (1847-1917), futur ambassadeur à St-Pétersbourg, qui lui avait rendu visite la veille.Il lui décrit l'endroit sordide où il se trouve : «... Imagine une petite salle... avec les huit lits les plus vieux..., et lits de camp naturellement... Six lits y sont occupés... Il y a un rhumatisant, deux urèthriteux, un entorsé, et deux autres qui n'ont pas l'air bien malades...». Sa couche ayant été occupée par un fiévreux de 42°, il préfère s'en servir le moins possible !

«... Autant la vie de caserne me plaisait autant cette longue inaction... m'est odieuse. J'ai quitté tous mes amis, je me trouve au milieu de huit idiots qui s'ennuient comme moi ; c'est insupportable...», etc. Autographe peu commun, de cette époque.

 

86.            LOWE, Sir Hudson (1769-1844) Général anglais, gouverneur de Sainte-Hélène pendant la captivité de Napoléon Ier - L.A.S., 2 1/3 pp. in-folio ; Malte, 1.VII.1805. Manque un centimètre et demi de papier vierge au bas du deuxième feuillet. 750.-

 

Les Corses au service du futur geôlier de Napoléon !

Missive relative aux recrues corses destinées à servir dans le «Corsican Rangers» commandé par Hudson Lowe. «... Among the Men... are 27 Corsican inlisted on the 30th November 1803 and 24 Corsican inlisted on the 11th April 1804. These Men were conscripts for the French Army, taken Prisoners on their way from Corsica to France, and conducted to Malta...», etc.

Le futur gouverneur de Sainte-Hélène sollicite la récompense qui lui est due pour l'enrôlement de ces Corses, ainsi que les frais auxquels il a dû faire face pour eux ; il signe «Hudson Lowe - Lt Col. Commdt - Royal Corsican Rangers».

Fils d'un chirurgien-major, né et élevé à l'armée, Hudson Lowe était lieutenant lorsque son régiment fut envoyé en 1793 dans la Corse soulevée contre les Français. Après l'évacuation de l'île par l'armée anglaise, il tint garnison à Minorque où il fut chargé d'organiser une légion franche de chasseurs recrutés parmi les réfugiés corses et dont il eut le commandement. A la suite de la rupture de la paix d'Amiens, il reçut la mission de former un corps analogue et en mai 1806, l'île de Capri s'étant rendue aux Anglais, il y fut envoyé avec son régiment de Corsican Rangers.

Hudson Lowe aurait-il été choisi en 1816 comme geôlier de Napoléon, en fonction de sa connaissance du caractère corse, acquise en commandant son régiment de Rangers ?

 

87.            MARINETTI Filippo Tommaso (1876-1944) Ecrivain italien, initiateur du Movimento Futurista dans la Littérature et dans l'Art - L.S., 1 p. in-8 ; Milan (vers 1909). En-tête de la revue «Poesia», qu'il dirigeait. 750.-

Intéressante lettre adressée à un confrère français dont Marinetti sollicite un avis : «... Je vous prie de vouloir bien m'envoyer votre jugement sur notre Manifeste du Futurisme et votre adhésion totale ou partielle...». La réponse de son correspondant paraîtra dans «Poesia».

 

88.       [Mme Necker] MARMONTEL Jean-François (1723-1799) Ecrivain français. Librettiste pour Rameau, Grétry, Piccinni, etc. - L.A.S., 1 p. in-8 ; [Paris], 7.III.1781. 600.-

A  Suzanne NECKER (1739-1794), femme du ministre, pour lui communiquer une lettre de Madame de La Porte (mère de l'intendant de Lorraine) «... où Mr Necker est loué et béni... c'est la 3e page qui est intéressante. Gardez-la... si elle vous paroit digne de grossir le recueil des bénédictions dont la France retentit...». Puis, en post-scriptum, il ajoute : «... Ste Thérèse disait du diable : le malheureux ! il n'a jamais aimé !».

 

89.            MASSENET Jules (1842-1912) Compositeur français - L.A.S., 3 pp. in-8 ; Paris, 18.XII.1886. 250.-

«Cher ami, C'est hier, après ma demande relative à la répétition générale, que la note envoyée aux journaux a été rédigée. C'est vous dire à quel point Sardou tient à sa répétition portes-closes !!! Je ne suis rien dans ce théâtre et mon désir exprimé très ou trop chaleureusement... ne m'a attiré qu'un accueil qui rend ma présence au théâtre assez désagréable maintenant...», etc.

Au théâtre de la Porte St Martin on préparait la première représentation (21.XII.1886) du «Crocodile», pièce de Victorien SARDOU avec accompagnement musical de Massenet.

 

 

90.            MATISSE Henri (1869-1954) Peintre français, remarquable dessinateur et coloriste - P.S. «Lu et approuvé - Henri Matisse», 1 p. in-4 ; Paris, septembre 1925. Pièces jointes. 2400.-

Par sa signature apposée au bas de la page, Matisse approuve le contenu de cette lettre-contrat émanant d'un éditeur d'art. Il consent notamment «... à la reproduction de 64/80 dessins inédits dans un volume publié par nous...» et s'engage à «... exécuter pour un tirage spécial de ce livre une eau-forte originale, qui sera tirée à 110 exemplaires signés et numérotés par vous et dont la planche... doit être livrée avant le 1er novembre prochain...», etc. L'éditeur s'acquittera d'un pourcentage sur le prix du livre «... pour les droits de reproduction et la somme de 1500 fr. pour l'exécution de ladite eau-forte...», etc.

Il est joint une dizaine de lettres, notes et copies dactylographiées (en tout 12 pp. in-4 environ) échangées entre l'éditeur-galeriste et l'entourage du peintre ; la plupart sont relatives aux «... 25 lithographies, 6 bois, 3 eaux-fortes, douze dessins originaux...», etc., confiés à la vente, et une importante lettre de Marguerite Duthuit, fille de Matisse, concerne les pièces remises ou vendues ; certains relevés - dont l'un signé par Jean Matisse, le fils aîné du peintre - font état des prix, etc.

Intéressante documentation relative à l'activité artistique de l'un des plus illustres peintres de la première moitié du XXème siècle.

 

91.            MELBA Nellie (1861-1931) Célèbre soprano - PHOTO in-8° avec dédicace A.S. ; (Bruxelles, vers 1888). Trace de punaise dans la marge sup. 800.-

Photo-cabinet (cliché Dupont, Bruxelles) la représentant en buste, de face, vraisemblablement au tout début de sa carrière. Après une année d'études auprès de Mathilde Marchesi, Nellie Melba avait en 1887 chanté à l'Opéra de Bruxelles son premier rôle sur une scène européenne (Gilda, dans Rigoletto), obtenant un succès extraordinaire. Rare, de cette époque !

 

92.            MELBA Nellie - L.A.S., 2 pp. in-8 face à face ; Londres (juin 1902 ?). En-tête à son chiffre, et adresse impr. : 30, Great Cumberland Place. 450.-

Celle qui fut durant 40 ans la Primadonna assoluta du Covent Garden, répond ici à l'invitation de l'actrice anglaise Violet VANBRUGH (1867-1942), épouse dès 1894 de l'acteur-manager Arthur Bourchier.

«Dear Mrs Bourchier, It is too kind of you to think of me but I have promised to go to the Cavendish-Bentincks (9ème duc et duchesse de Devonshire dès 1908) to see the procession (du couronnement d'Edouard VII, le 26.VI.1902 ?). I am coming to see Baby Melba...», le petite fille du couple d'acteurs. «... If... the young lady sleeps I can come at any other time...».

 

93.            MONCEY, Bon Adrien Jeannot de (1754-1842) Maréchal d'Empire - Rare L.A.S., 1 p. in-folio ; Milan, 9.IV.1801. En-tête à son nom («Moncey, Lieutenant général») et petite vignette gravée. 380.-

En sa qualité de commandant par intérim del'armée d'Italie - Moncey y remplaça Brune du 8 mars au 19 juin 1801 -, le futur maréchal demande l'intervention immédiate du «... citoyen Dubard, Trésorier général de l'armée... pour savoir où en sont nos finances actuelles et nos espérances pour l'avenir...». Il y a en effet, précise-t-il, déjà deux millions d'arriérés pour la solde «... et nous touchons à la fin de germinal, mille autres besoins nous assiègent, et il faudrait voir au plus pressant...».

Vainqueur à Marengo (1800), le général Bonaparte avait repris sa place de Premier Consul à Paris ; occupé à la construction de son futur empire, il semble avoir... oublié de payer la solde des grognards, si indispensables à ses victoires !

 

94.            MONTHOLON, Charles-Tristan de (1787-1853) Général, aide de camp de Napoléon durant les Cent-Jours et à Waterloo, il suivit son maître à l'île de Sainte-Hélène - P.S., avec 3 lignes autographes, 1 2/3 pp. in-4 ; Paris, 1833/1834. Sur papier timbré. 1200.-

Etonnant document où le compagnon de Napoléon Ier avoue qu'il a commis des erreurs dans l'administration de l'énorme capital laissé par l'empereur. Par cette déclaration, il reconnaît que Laffitte et Cie «... sont encore aujourd'hui mes créanciers dans divers comptes, d'une somme très importante... Qu'en outre... [ils] ont des répétitions considérables à exercer contre moi pour le déficit qui s'est trouvé exister, par mon fait, dans les fonds de la succession Napoléon ; que ce déficit par suite de conventions verbales avec le général Bertrand a été l'objet d'un compte chez MM. J. Laffitte et Cie qui se solde contre moi par Cinq Cent mille francs...», etc. Montholon termine sa déclaration en s'engageant à payer à Laffitte «... la somme de Cent mille francs dans deux ans...».

Par testament, Napoléon avait laissé à Montholon la colossale somme de 2.250.000 francs, mais ce dernier ne toucha qu'une infime partie de ce leg. Avec l'argent reçu il entreprit des spéculations qui furent désastreuses et, menacé de prison pour dettes, il dut se réfugier en Belgique (1828). Après la Révolution de 1830, il sollicita et obtint d'être réintégré dans l'armée, mais on refusa de l'employer en raison de sa faillite commerciale, évoquée dans notre document.

Montholon ne fut réhabilité qu'en 1838, peu avant d'être incarcéré durant six ans au fort de Ham avec le futur Napoléon III, après l'aventure de Boulogne !

 

95.            MOSCHELES Ignaz (1794-1870) Pianiste et compositeur originaire de la Bohême - MUSIQUE A.S., 8° obl. ; Leipzig, 11.I.1850. 360.-

Bel extrait d'un «Fragment of a Nursery tale», environ trente cinq notes sur double portée d'un «Allegretto grazioso» pour piano. Excellent pédagogue, Moscheles assurait alors, avec Mendelssohn-Bartholdi, la direction du Conservatoire de Leipzig.

 

 

96.            MUSSOLINI Benito (1883-1945) Homme d'Etat italien surnommé «Le Duce» - Deux lettres dactylographiées, l'une signée «Mussolini» avec quelques mots de correction au début, l'autre non signée mais très raturée et comportant de nombreux rajouts autographes, 3 1/2 pp. in-folio chacune ; Rome, [1928]. En-tête : Ministro della Guerra, Ufficio stralcio ricompense medaglie e croci di guerra. Textes en italien. Les deux : 3000.-

Au roi Victor-Emmanuel III, pour lui proposer de décerner au héros italien Filippo CORRIDONI (1888-1915), mort sur le champ de bataille, la médaille d'or du mérite militaire. Ces missives retracent la vie du patriote lequel, guidé par un idéalisme totalement désintéressé, milita très jeune au sein du mouvement syndical puis, entraînant les masses populaires, s'engagea dans le conflit contre l'Autriche où il périt au combat.

Le parti fasciste sut habilement exploiter l'idéalisme ardent de ce soldat (manifestations, érection de monuments, etc.) dont le fervent patriotisme devait servir d'exemple au peuple.

Textes fort intéressants concernant un héros de la Première Guerre mondiale idéalisé par le Fascisme.

 

97.            NAPOLÉON Ier Bonaparte (1769-1821) Empereur des Français - L.S. «Bonaparte», 1/2 p. in-folio ; Le Caire, 24.I.1799. En-tête imprimé. Adresse au dos avec contreseing manuscrit  («Le G.al en Chef»). 2650.-

Le général en chef - qui loin de Joséphine vit une romantique histoire d'amour avec Pauline Fourès, connue vers la mi-décembre 1798 - ordonne au citoyen Poussielgue de faire en sorte «... que les marchands de Damas payent dans la journée de demain (!) ce qu'ils doivent encore...» faute de quoi il leur infligera une contribution supplémentaire de dix mille francs.

Belle signature, finissant par un vigoureux paraphe, sur un document qui révèle une volonté manifeste d'affaiblir économiquement les habitants de Damas.

Texte autographe de BOURRIENNE (1769-1834), secrétaire de Napoléon de 1797 à 1802.

 

98.            NAPOLÉON Ier Bonaparte - L.S. «Napo», 1 p. 4° ; St Cloud, 28.IV.1806. Texte autographe de Claude MÉNEVAL (1778-1850). 3250.-

Au prince Eugène de Beauharnais, que l'empereur avait adopté deux mois plus tôt.

Le mémoire du général MARMONT ne satisfait pas Napoléon : «... il y a de bonnes choses ; mais il ne remplit pas encore mon but. Je désire apprendre qu'on ne perd pas de temps et que les travaux de Palmanova sont en grande activité...». Il y a déjà dix ans qu'il a ordonné l'établissement d'une carte du Milanais jusqu'à l'Adige ; il veut maintenant savoir où en est ce travail : «... Faites d'abord lever les bords de l'Isonzo... le temps peut venir où nous serons obligés de reprendre les anciennes frontières vénitiennes...». La chose est urgente, car «... c'est là que se porteraient les premiers coups... Vous ferez suivre le travail de là au Tagliamento, du Tagliamento à la Piave et de la Piave à l'Adige...».

Napoléon pensait vraisemblablement déjà à la Campagne d'Allemagne (la Prusse étant sur le point de s'allier à la Russie) et tente de se protéger de son principal adversaire, l'Autriche, qui pourrait venir l'attaquer sur le versant italien des Alpes.

Superbe signature, très marquée, avec vigoureux paraphe.

 

99.            NAPOLÉON Ier Bonaparte - L.S. «Napol», 1/2 p. in-4 ; Portoferrajo, 23.VII.1814. 2600.-

Au comte Bertrand, afin qu'il demande, par lettre officielle, au Sieur Pezella l'état de ce qu'ont produit les Salines de l'île depuis cinq ans, le prix auquel le sel a été vendu et ce qu'a coûté son extraction : «... envoyez-le chercher, remettez-lui la lettre, et dites-lui que je veux connaître la vérité, que j'espère qu'il ne me trompera pas et qu'il justifiera la bonne opinion que j'ai de lui. Dites-lui qu'une bonne Compagnie m'offre 60.000 f. des Salines et que je suis disposé à l'accepter...». Jolie signature, presque complète, de Napoléon alors souverain de l'île d'Elbe.

 

100.            NAPOLÉON Ier Bonaparte - Copie originale de la lettre que l'empereur adressa à son frère JOSEPH ; «Longwood, 25 Juillet 1818», 1/2 p. 4°. 4800.-

 

Précieux document destiné «Au Prince Joseph», entièrement écrit de la main du général Henri-Gratien BERTRAND (1773-1844), dans lequel le prisonnier de Sainte-Hélène demande à son frère de faire remettre «... au Sieur Bertrand, notaire demeurant à Paris... trois mille livres Sterling pour y être à la disposition du Comte Charles Tristan de Montholon...», auquel l'empereur déclare devoir cette importante somme d'argent.

Cette «copie conforme» porte à la fin les signatures autographes des trois exécuteurs testamentaires de Napoléon Ier : le général Bertrand, le valet de chambre Louis MARCHAND (1791-1876) et le comte Charles-Tistan de MONTHOLON (1787-1853).

A noter qu'à l'époque, 3000 livres sterling correspondaient à 72.000 francs français, somme considérable que le comte de Montholon, criblé de dettes à son départ pour Sainte-Hélène, n'avait sûrement pas ! Cette générosité impériale pourrait s'expliquer par le fait que Madame de Montholon venait d'accoucher sur cette île lointaine d'un deuxième enfant dont la paternité, comme pour la petite Napoléone, née en 1816, est encore de nos jours attribuée à l'empereur. Par cette fausse reconnaissance de dette, il n'est pas exclu que Napoléon ait voulu commencer à constituer en France, auprès du notaire Bertrand, un fond permettant de donner une éducation à «ses» deux filles. Ce document apporterait en outre implicitement la preuve que le général Bertrand et le valet Marchand était parfaitement au courant de la liaison que Napoléon entretenait avec Madame Montholon...

La petite Joséphine de Montholon, venue au monde en cette année 1818, étant morte en bas âge, seuls les descendants de sa sœur, de deux ans son aînée, Napoléone de Montholon (qui épousa en première noces en 1837 le vicomte Ch.-Raoul du COUËDIC de Kergoaler, dont elle eut un fils Charles-Florian, puis en seconde noces en 1846 le baron Léonard-Léonce de Bonfils de ROCHON DE LA PEYROUSE dont elle eut sept enfants), pourraient de nos jours, grâce à l'ADN, éclaircir ce doute quant à leur lien de parenté avec Napoléon Ier.

[Voir aussi le n° 94, Montholon]

 

101.            NAPOLEONICA 1822 - P.A.S. de L. J. MARCHAND (1791-1876), signée aussi par le général H. G. BERTRAND (1773-1844) et par le comte Ch. T. MONTHOLON (1787-1853), 1 p. in-4 ; Paris, 10.III.1822. 1500.-

Déclaration publique des trois exécuteurs testamentaire de Napoléon Ier, adressée «Au Rédacteur du Courrier» afin de dissiper une rumeur qui tendrait à faire croire que leurs rapports avec le banquier Jacques LAFFITTE (1767-1844), financier et dépositaire des fonds confiés par l'empereur lors de son départ pour l'exil, sont tendus : «... Des malentendus toujours inséparables d'une affaire délicate et difficile ont exercé la malignité et pourraient égarer l'opinion publique...». Les trois hommes tiennent donc, malgré le procès en cours, à préciser que «... la loyauté et la délicatesse de Monsieur Laffitte ne sauraient en être atteintes...», d'autant que le banquier «... n'a jamais demandé que les garanties que dans notre opinion même il avait le droit d'exiger...».

Plusieurs années furent encore nécessaires pour parvenir à régler ce litige !

Belle réunion de signatures des principaux compagnons d'exil de Napoléon à Sainte-Hélène.

 

102.            NOUREIEV Rudolf (1938-1993) Danseur et chorégraphe soviétique d'une exceptionnelle virtuosité - Jolie PHOTO signée, 8°, couleurs, prise lors d'un interview. Vers 1990. 320.-

 

103.            O'MEARA Barry (1782-1836) Médecin de Napoléon Ier à Sainte-Hélène dès 1815, il fut relevé de ses fonctions par Sir Hudson Lowe en 1818 pour avoir pris trop ouvertement le parti de l'empereur - P.A.S., 1/3 p. in-4 ; [Londres, 15.X.1830]. Adresse, marques postales et cachet de cire noire sur la IVe page. Quelques restaurations ne touchant pas le texte. 1250.-

 

Intéressante pièce adressée à Effingham WILSON, précisant les rectifications à apporter au texte du volume 4 d'un ouvrage sur Napoléon Ier à Sainte-Hélène (vraisemblablement une édition anglaise du «Mémorial» de Las Cases). O'Meara demande notamment que l'on corrige le passage relatif au buste du roi de Rome, qui avait été envoyé clandestinement au prisonnier en juin 1816. A la page 527, ligne 8, «... instead of : Las Cases sent a bust of young Napoleon to the Emperor by a gunner who was going by the way of St Helena to India - read : A bust of young Napoleon was brought out by a gunner who was going by way...», etc. (on remarquera que le nom de Las Cases a disparu !) D'autres changements concernent les pages 528 et 551.

L'épisode du buste du duc de Reichstadt est l'un des plus touchants dans l'histoire de la captivité de Napoléon [Voir lettre du général Bertrand à Las Cases, datée du 18 janvier 1819, chapitre XIV du Mémorial].

 

104.            ORSINI Felice (1819-1858)Révolutionnaire italien, condamné à mort pour avoir attenté à la vie de Napoléon III - Copie originale d'époque de sa lettre à l'Empereur, 2 1/2 pp. in-folio ; [Mazas, 11.II.1858]. Marge droite rognée, avec perte de quelques mots au recto et au verso. 500.-

Rare document d'époque, copie en italien (rappelons que la lettre d'Orsini à Napoléon fut bien écrite dans cette langue ; les copies françaises que l'on rencontre parfois n'étant que des traductions anciennes !) de la célèbre lettre qu'Orsini, alors enfermé à Mazas, adressa à l'Empereur des Français : «... Le disposizioni che feci contro me stesso nel processo politico incorso all'occasione dell'attentato del 14 Gennajo, sono sufficenti per mandarmi alla morte, ed io la subirò senza domandar grazia...», etc.

En terminant sa missive dans laquelle il tente longuement d'expliquer pourquoi l'Italie a besoin de la France pour accéder à son indépendance, Orsini exhorte Napoléon III à venir en aide à son pays : «... fintantochè l'Italia non sarà indipendente, la tranquillità dell'Europa e quella di V. M. non potranno essere che una chimèra. Vostra Maestà non respinga adunque il voto supremo d'un patriota sui gradini del patibolo, liberi la nostra patria e le benedizioni di 25 milioni di Cittadini l'accompagneranno alla posterità...».

Notre document présente quelques variantes par rapport au texte publié. La lettre originale se trouve en Angleterre dans les Archives impériales de Farnborough.

 

 

105.            PAGANINI Nicolò (1782-1840) Violoniste et compositeur italien-Lettre en son nom, écrite et signée en tête «Mr Paganini» par son ami l'éditeur de musique Antonio PACINI (1778-1866), 1 p. in-8 ; «Paris, ce Samedi» (automne 1834). Adresse sur la IVe page. 750.-

Ecriture ressemblant fort à celle du violoniste, mais très probablement rédigée par son ami Pacini : «Mr Paganini présente ses civilités à Madame la Comtesse Apponi et lui fait savoir que la répétition aura bien lieu ce soir de huit à neuf h. ...». L'illustre musicien sollicite l'honneur de sa présence et a déjà été demandé au concierge d'ouvrir «... la loge qu'elle voudra ; on entre du côté de la rue Grange Batelière, entrée des acteurs...», etc.

Lettre en français, adressée à Thérèse APPONYI (1790-1874), épouse de l'ambassadeur d'Autriche auprès du gouvernement de Louis-Philippe.

 

106.            PAISIELLO Giovanni (1740-1816) Compositeur it., maître de chapelle du Premier Consul Bonaparte qui l'appela à Paris en 1802 et pour lequel il composa entre autres une Messe du sacre en 1804 avant de regagner Naples -

 

L.A.S., 1 p. in-4 ; Naples, 1.VII.1812. Adresse autogr. au verso. 1600.-

Paisiello demande à «... Monsieur Gregoire - Segretaire de la Direxion de la Musique Imperiale... Au Conservatoire de Musique...» de retirer pour son compte la somme correspondant à six mois de salaire que l'Empereur lui octroie, et à toutes fins utiles, lui fournit un «... certificato di vita...». Le compositeur prie M. Grégoire de lui faire avoir le montant qui lui revient «... secondo il solito per la via di Mons.r C. Rottingher...», après en avoir déduit ce qu'il reste lui devoir. Paisiello le prie en outre de faire parvenir à destination une lettre pour son confrère LE SIEUR, et ajoute «... un piccolo cartellino...» (?) pour son correspondant, etc.

Rare lettre autographe signée de ce compositeur napolitain dont l'œuvre, par son originalité, annonce celle de Rossini.

 

107.     PAOLI Pasquale (1725-1807) Général et patriote corse - L.S., 3/4 p. in-4 ; Bastia, 29.VII.1790. Adresse sur la IVe page. 2000.-

Farouche adversaire de la France depuis que les Gênois avaient vendu à celle-ci leurs droits sur la Corse en 1767, Pasquale Paoli, vaincu, avait été contraint de s'exiler en Angleterre. Rappelé par l'Assemblée nationale constituante, il vient de rentrer dans son pays. «... Je suis dans cette ville depuis le 17 - annonce-t-il à un ami resté à Londres - et j'ai lieu d'être content de l'affection de mes compatriotes aussi bien que des bonnes dispositions des Français. Je ne puis pas vous en dire davantage... Je suis trop pressé dans ce moment...». Quant à la somme d'argent qu'il avait été prévu d'envoyer à M. Gentili, Paoli préfèrerait, si son correspondant la détient toujours, qu'elle soit remise à M. Cavallo pour rembourser le prêt ayant servi à diverses dépenses relatives à son voyage et à celui de M. Lomagna.

Pasquale Paoli avait été nommé lieutenant et gouverneur dès son retour dans l'Ile de Beauté. En 1793, ayant pris position contre la Convention, il fit appel aux Anglais, obligeant notamment la famille Bonaparte à se réfugier en France. Contrairement à son attente, les Anglais nommèrent dans l'île un autre vice-roi que lui en la personne d'Eliott ; le patriote s'exila alors à nouveau et ne revint jamais plus dans sa Corse natale.

 

 

108.     PHAM VAN DONG (1908-2000) Premier ministre du Viêt-nam du Nord puis du Viêt-nam réunifié, il fut l'un des fondateurs de son pays et un étroit collaborateur de Hô Chi Minh - Rare signature autographe, «P. V. Dong», sur feuille in-8 obl. avec en-tête imprimé : «Conférence de Genève - 26 Avril 1954». Pièce datée et signée aussi par V. K. KRISHNAMENON (1897-1974), ministre indien des Affaires étrangères dont les idées politiques exercèrent une grande influence sur Nehru. 380.-

 

109.            PISSARRO Camille (1830-1903) Peintre français, l'un des maîtres de l'Impressionnisme - P.A.S. (dans le texte), 1 1/2 pp. in-8 obl. ; Eragny, 28.IV.1895. Petite fente restaurée. 1850.-

Signac et, à travers lui, qu'il entre en contact avec Seurat, lequel vient de mettre au point sa théorie divisionniste...

Les amateurs appréciant ses œuvres étant hélas encore rares, le peintre doit emprunter de l'argent à un agriculteur du village. Ainsi, il trace sur les deux faces de ce feuillet, en guise d'exemple, deux types de «reconnaissance de dette» qu'il va remettre à son créancier contre un prêt de deux mille francs.

Dans la première formule, datée du 28 avril 1895, Pissarro écrit : «Je soussigné Camille Pissarro, artiste peintre, reconnais devoir à Mr. A... Cultivateur à Eragny... la somme de... remboursable à volonté à 5% l'an...» ; dans la seconde, datée du «1er mai» [1895], le nom du créditeur «Alexandre Desseaux» apparaît en toutes lettres, et le peintre s'engage «... à lui rembourser le 1er mai dix huit cent quatre vingt dix sept...» la même somme au même taux d'intérêt.

Charmante pièce, datée d'un des lieux les plus appréciés par Pissarro, comme en témoignent les nombreux paysages de la campagne autour d'Eragny qu'il nous a laissés sur ses toiles.

 

110.            PONSELLE Rosa (1897-1981) Soprano américain - Belle PHOTO in-12 signée «Rosa Ponselle - 1968» où la cantatrice, en costume, pose en pied dans le rôle de «Norma». 250.-

 

111.     POPE Alexander (1688-1744) Poète et essayiste anglais, il dicta les règles qui devaient présider à une saine critique et fit dans ses œuvres un large usage de son ironie légère et de sa veine de poète satirique - Signature autographe «Alex[ande]r Pope» sur petit fragment de document sur parchemin, avec son joli sceau de cire rouge (poignée de main et quelques mots en exergue). Pièce jointe. 800.-

Rare autographe de l'illustre écrivain, conservé avec un ancien feuillet (endommagé) donnant l'explication suivante : «[From] a deed bearing date 12st January 1716. Alexander Pope of Chiswick in the County of Middlesex. Grant of the 1st part. - J. W. J. - August 27th 1833». Cette attestation semble avoir été rédigée par l'éminent bibliothécaire du British Museum, John Winter JONES (1805-1881). Intéressé par l'étude de la littérature dès son plus jeune âge, ce dernier sera engagé dès 1837 comme assistant bibliothécaire au British Museum, contribuant à faire de cette institution l'une des plus importantes bibliothèques du monde.

 

 

112.            PORTUGAL, Isabel Maria de (1801-1876) Princesse portugaise, sœur de Pierre Ier du Brésil, Régente de 1826 à 1828 - L.S. «Infanta Regente», 1/2 p. in-folio ; «Palacio de Nossa Senhora d'Ajuda», 2.XII.1826. Enveloppe avec adresse et sceau sous papier. Fentes de scellement. 800.-

La jeune princesse, alors «... Regente dos Reynos de Portugal e dos Algarves, e seus Dominios, em Nome d'El Rey...» son frère, répond au cardinal Giacomo GIUSTINIANI (1769-1843) qui lui avait annoncé sa récente promotion au cardinalat («... à Sacra Purpura...») : «... esta distinçeao, com que o Santo Padre quis premiar as vossas relevantes qualidades..., me fas augurar que sereis em hum tao alto Logar hum novo ornamento de Igreja Universal...», etc.

A noter qu'en 1830, à la mort de Pie VIII, le cardinal Giustiniani aurait été élu pape s'il n'avait été frappé d'une «exclusive» venant de l'Espagne (exclusive = usage qui voulait que la France, l'Espagne et l'Autriche puisse exclure un nom de la liste des candidats) le contraignant à se retirer ; les cardinaux durent voter une cinquantaine de fois avant de trouver un autre nom sur lequel réunir une majorité de suffrages, et le cardinal Cappellari, qui règnera sous le nom de Grégoire XVI, fut enfin choisi le 2 février 1831, après presque deux mois de Conclave !

La lettre de l'Infante Isabelle-Marie est contresignée par Don Francisco d'ALMEIDA.

 

113.            PORTUGAL, Jeanne de (1537-1573) Fille de l'empereur Charles Quint, elle épousa en 1552 le prince héritier Jean du Portugal. Veuve en 1554, son fils Sebastien devint roi en 1557 - P.S. «Yo la princesa», 1/2 p. in-folio ; Valladolid, 7.II.1559. Grande tache d'humidité claire, loin de la signature, laissant le texte parfaitement lisible. 1200.-

Au nom de son frère Philippe II d'Espagne, alors engagé contre la France dans la guerre qui allait se terminer deux mois plus tard par la Paix de Cateau-Cambrésis (3.IV.1559), Jeanne d'Autriche autorise don Rodrigo de Navaez y Rojas, alcade d'Antequèra (Malaga) à engager ses biens dans l'achat d'une «tenencia».

Belle et rare signature de la princesse Jeanne du Portugal en tant que Régente d'Espagne. C'est par héritage qu'en 1578, à la mort de son fils Sébastien à la bataille d'Alcacer, le royaume du Portugal passa sous la domination de Philippe II d'Espagne, frère de Jeanne.

 

114.            PROKOFIEV Serge (1891-1953) Compositeur russe - L.A.S. «S. Prkfv», 1 p. in-12 ; [Paris], 14.V.1929. Au dos, son adresse autographe (avec signature «Prokofieff») et celle du destinataire. 3200.-

Prokofiev n'a malheureusement pas trouvé le billet dont lui parle son correspondant ; il s'empresse de le lui faire savoir et le prie, par la même occasion, de communiquer à «V. F.» (Vera FOKINA, 1886-1958, danseuse de la compagnie des Ballets Russes) l'adresse du journaliste Pierre Blois, critique à la Liberté qui cherche à interviewer «S. P.» (S. P. DIAGHILEV).

Le destinataire de cette lettre est Boris E. KOCHNO (1904-1990), secrétaire «très» personnel de Diaghilev, mais aussi librettiste, réalisateur et conseiller artistique des célèbres Ballets Russes. Dès 1921, Prokofiev avait écrit la musique de plusieurs ballets pour la compagnie animée par Diaghilev ; le 21 mai 1929, peu avant la mort de ce dernier, aura lieu la première du Fils prodigue, texte de Kochno sur musique de l'illustre compositeur russe.

Rare pièce rédigée en russe (traduction jointe), datant de l'époque où Prokofieff collaborait avec Serge DIAGHILEV.

 

115.            RAVEL Maurice (1875-1937) Compositeur français, son Boléro lui apporta la célébrité - Signature et adr. autogr. ; St Jean-de-Luz, (v. 1930). 200.-

Rabat d'enveloppe (12° obl. triangulaire) sur lequel le compositeur a écrit «Ravel - rue Tourasse, 9 - St Jean-de-Luz - (Bsses Pyrénées)». Jolie petite pièce à laquelle est joint un portrait photographique (reprod.) pour une éventuelle présentation sous cadre.

 

116.            RECHID Moustafa (1802-1858) Pacha turc, il fut de nombreuses fois Grand Vizir entre 1846 et 1858 - L.S., 1 p. 8° ; Londres, 31.V.1839. 600.-

A la femme de lettres anglaise, Miss Julia PARDOE (1806-1862), auteur d'ouvrages historiques, de voyages, ainsi que de six volumes de «Confessions» parus en 1855.

«... En prenant congé de vous, permettez-moi de vous offrir quelques objets qui vous rappelleront un pays [la Turquie] qui est heureux d'avoir été visité par vous et un de ses habitants qui profane pour vous la plus haute considération...».

Miss Pardoe venait en effet de publier (1838) son précieux volume intitulé Beauties of the Bosphorus, illustré par W. H. Bartlett de vues de Constantinople et de ses environs. Dans ce livre, elle parlait entre autres de la résidence d'été, située sur le Bosphore, de Kibrisli Mehemet Emin Pacha Yali, un proche de Réchid Pacha.

 

 

117.            REGER Max (1873-1916) Compositeur allemand - L.A.S., sur cp, 1 p.in-12 obl. ; Munich, 16.X.1902. Adresse autographe au verso. 860.-

Max Reger remercie le «Tonkünstler» Albert FUCHS (1858-1910, compositeur et musicologue suisse, professeur au Conservatoire de Dresde) pour l'article très flatteur qu'il vient de publier sur lui dans la «Neue deutsche Lied» et regrette de ne pouvoir aller lui interpréter personnellement sa dernière composition. Après avoir sollicité quelques explications, il se plaint d'une surcharge de travail : «... Ich habe wunderlich viel Arbeit, muss jeden Abend bis 10 Uhr mindestens arbeiten... Die Bachichen Kirchencantaten habe ich neu heraus etc...». Venant de rentrer à Munich - où il a épousé (1902) Elsa von Bercken - il donne à Fuchs sa nouvelle adresse : «... von 26 Okt. ... München, Wörthstrasse 20 I...».

Comme en témoigne cette intéressante missive, Max Reger n'aura de cesse, dès lors et jusqu'à sa mort, de travailler chaque jour à ses compositions.

 

 

118.            RENOIR Auguste (1841-1919) Peintre français, il sut, par ses toiles et ses couleurs, imposer son univers personnel où dominent la joie et la sensualité - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Cagnes, 21.V.1910. 3450.-

A propos d'une jeune amie, son élève. «... J'ai reçu de Rivière et de vous des nouvelles de Renée [Rivière] qui me font de la peine, d'autant que j'ai beau me torturer l'esprit... Illusions déçues, que voulez-vous y faire, et j'ai bien peur que cela finisse plutôt mal, si elle ne peut reprendre le dessin et je n'en crois rien...».

Renoir, déjà malade, avait accepté de guider cette élève dans son art après avoir peint son portrait, aujourd'hui conservé au Musée d'Art moderne de Paris. Renée RIVIÈRE (1885-1972) était la fille du critique d'art Georges RIVIÈRE (1855-1943) et la future épouse de Paul CÉZANNE, le fils unique du célèbre peintre impressionniste.

Renoir avoue encore dans sa lettre qu' «... un peu fatigué du midi...» il rentrera avec plaisir à Paris vers la mi-juin, etc.

L'année 1910 avait bien commencé pour le peintre : il s'était fait fabriquer un chevalet lui permettant de mieux travailler face à la toile et avait écrit, avec l'aide de son ami Rivière, la préface d'un livre d'art ; enfin, il avait peint plusieurs beaux portraits : le couple Bernheim, le marchand Durand-Ruel, un autoportrait, etc. Mais une grave crise de rhumatismes allait hélas bientôt paralyser ses jambes et l'obliger à se servir d'un fauteuil roulant...

 

 

119.            RILKE Rainer Maria (1875-1926) Poète autrichien et Auguste RENOIR (1840-1917) l'illustre sculpteur français - L.A. de Rilke, signée par Rodin, 1 p. in-8 ; Paris, 30.I.1906. En-tête à l'adresse du «182, Rue de l'Université». Enveloppe autographe de Rilke. 2600.-

Belle lettre réunissant les autographes des deux célèbres personnages, datant de la courte période (15.IX.1905/12.V.1906) durant laquelle Rilke servit de secrétaire à Rodin.

Le sculpteur fait écrire qu' «... empêché à son plus vif regret d'assister à la Répétition du Théâtre des Arts... [il] se hâte de... rendre le billet... M. Rodin vous remercie empressément de la grande attention dont vous venez de le distinguer si aimablement...», etc. L'enveloppe ayant contenu cette lettre porte le nom de l'auteur dramatique Saint-Georges de BOUHÉLIER (1876-1947) dont la pièce «Le Roi sans couronne» fut effectivement représentée en 1906.

Rilke avait connu Rodin en 1902 lors de son voyage à Paris où il s'était rendu avec la seule l'intention d'écrire une biographie du Maître : leur amitié durera jusqu'à la mi-mai 1906, date à laquelle ils se brouillèrent pour ne se réconcilier qu'en 1910.

 

 

120.            ROCHAMBEAU, Donatien de (1755-1813) Général fr. tué à la célèbre bataille de Leipzig - P.S., 1 p. in-4 obl. ; Quartier général du Port Républicain, 9.XI.1802. Rare en-tête de l'Armée de St-Domingue, à son nom. 500.-

«... Rochambeau, Capitaine Général...» (les mots «de Division» ont été rayés) délivre une permission aux époux Frédéric Chasseriau, lesquels «... ayant rempli toutes les conditions prescrites par l'arrêté sur les Passeports...» sont autorisés à s'embarquer pour la France.

Le général Rochambeau venait de remplacer le général Leclerc (mort le 2 nov. 1802) à la tête de l'Armée de Saint-Domingue. Contraint de capituler une année plus tard, il ne rentrera en France qu'après huit ans d'emprisonnement en Angleterre. La campagne de 1813 lui sera fatale.

Frédéric CHASSERIAU pourrait être le futur général (1774-1815) originaire de La Rochelle ; officier sous Leclerc à Saint-Domingue en 1802, rentré en France en 1804 (et non en 1802, sans doute à cause des derniers événements survenus dans l'île), il sera blessé mortellement dans la dernière charge, au mont Saint-Jean, le soir de la bataille de Waterloo !

 

 

121.     RODE Pierre (1774-1830) Violoniste et compositeur fr. - L.A.S., 1 p. in-8, montée sur feuille in-4. Adresse autographe au verso. Vers 1828. 300.-

Rode envoie à son «cher Philip» une lettre qu'il lui prie «... de remettre à Messieurs les artistes de l'orchestre...», peut-être après son dernier concert parisien (1828) dont l'insuccès contribua à accélérer sa fin ! Ce grand virtuose fut l'une des idoles du violoniste français Edouard DELDEVEZ, qui conserva précieusement cette petite relique dans son album personnel.

 

 

122.            RODIN Auguste (1840-1917) Sculpteur et aquarelliste français - P.A.S., 1 p. in-8 ; «182, Rue de l'Université», 30.IX.1899. Photo jointe. 760.-

Par ce document Rodin déclare recevoir un acompte à valoir sur les 1500 francs pour les «... 2 bronzes (petits)...». Intéressant message auquel est joint une belle photo in-4 (cliché Adelys, Paris) représentant son «Penseur» en bronze. [Voir aussi n° 119,Rilke]

 

 

123.            ROMME Gilbert (1750-1795) Conventionnel montagnard, il contribua à l'élaboration du calendrier républicain. Condamné à mort, il se suicida - L.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Cahors, 2.VII.1794. En-tête imprimé à son nom et titres. Marge droite rognée touchant la fin de quelques mots. Cachet de la célèbre collection M. Thorek. 350.-

Le «Représentant du Peuple, envoyé dans le Département de la Dordogne et autres circonvoisins» renseigne le Comité de Salut Public sur la «... fonderie des Prins, ci-devant St Julien, district de Casteljaloux...» qui, présentant de nombreux avantages, doit donc continuer son activité. Romme expose les décisions prises en ce sens, nomme le nouveau responsable de la fonderie et ajoute à la fin quelques ordres relatifs au rappel des 2ème et 3ème Bataillons du Lot & Garonne qui pourraient s'avérer fort utiles.

Romme était alors le responsable des «Fonderies - Grosse Artillerie en fer coulé» (en-tête).

 

124.            [Esclavage]  ROSCOE William (1753-1831) Historien et antiesclavagiste anglais - L.A.S., 1 p. in-8 ; Lodgeham, vers 1825. Adresse et cachet de cire rouge sur la IVe page. 250.-

Comme il l'avait craint, il ne pourra assister à la conférence prévue pour le lendemain ; il en informe immédiatement son correspondant, le philanthrope anglais William RATHBONE (1787-1868), afin que les organisateurs puissent prendre leurs dispositions : «... It is my intention to address a few lines in the morning to yourself, Mr Hodgson & Mr Cropper which may be read at the meeting if thought advisable...».

James CROPPER (1773-1840) fut un grand philanthrope anglais qui œuvra pour l'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis ; quant à M. Hodgson, il pourrait s'agir du médecin, écrivain et politicien William H. (1745-1851).

 

125.            ROSSINI Gioacchino (1792-1868) Compositeur italien - L.S., 2/3 p. in-4 ; Paris, 11.X.1825. Nom du destinataire sur la IVe page. INÉDITE. 1250.-

Le compositeur présente une jeune cantatrice, Madame GAY, «... nata Saint-ville, virtuosa di canto, che raccomando caldamente alla vostra amicizia, pregandovi di esserle utile nelle diverse occorrenze...». Dotée d'une belle voix, cette dame connaîtparfaitement la musique et «... desidera... trovare un impegno per un Teatro d'Italia...», etc.

Missive adressée au ténor, plus tard pédagogue, Davide BANDERALI (1789-1849), que le compositeur réussira à faire engager comme professeur au Conservatoire national de Paris en 1828. Le texte est autographe de Carlo SEVERINI, directeur du Théâtre Italien, qui périt en 1838 dans l'incendie de son établissement.

 

126.            ROUGET DE LISLE Joseph (1760-1836) Officier fr., auteur du Chant de guerre pour l'armée du Rhin devenu l'hymne national fr.La Marseillaise  - P.A., signée 2 fois dans le texte, 1 p. in-8 gr. ; Paris, 11.VII.1797. 750.-

Manuscrit autographe original d'une curieuse déclaration, relative à ses rapports avec l'imprimeur parisien Louis-Gabriel MICHAUD (1773-1858), dont voici un extrait : «... Trompé par de fausses apparences sur la nature et les suites de l'altercation... entre Mr Rouget de Lisle et Mr Michaud cadet... Désabusé par une exposition des faits précise et circonstanciée, je m'empresse de reconnaître que Mr Rouget de Lisle est un brave et galant homme... et je l'autorise à faire de ma déclaration tel usage qu'il jugera convenable...», etc. Rouget de Lisle a-t-il composé ce texte pour le soumettre et le faire signer à son détracteur afin d'arriver à un arrangement à l'amiable ? Ce genre de déclaration aurait en effet dû logiquement être souscrit par l'offenseur (un journaliste ?), mais ce dernier n'a pas apposé sa signature sur le document...

 

127.            ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778) Ecrivain et philosophe genevois - Manuscrit autographe, 1/2 p. in-4 ; Paris, vers 1745. 950.-

Travaillant comme secrétaire pour sa protectrice Madame DUPIN (1706-1795) qui désirait accomplir un ouvrage sur les Femmes et les Lois, le jeune Rousseau résume ici en quelques lignes l'essentiel d'une Ordonnance des Rois de France tirée du recueil de Laurière et Secousse.

Ce curieux texte nous informe que l'art. 13 de la Confirmation des privilèges accordés aux habitants de la ville de Saint-André (vraisemblablement le bourg St-André-les-Avignon dont Philippe le Bel releva l'importance vers la fin du XIIIème siècle) précisait ceci : «Dans le cas que des adultères soient surpris par un officier de justice... ils seront fustigés ensemble nuds par la ville, pudibundis mulieris tamen coopertis» (les parties honteuse de la femme couvertes !), à moins que les coupables n'acceptent (ou soient en mesure) de payer l'amende.

Le feuillet n'est écrit que sur sa partie droite car l'autre moitié était destinée à recevoir les éventuels commentaires de Madame Dupin.

 

 

128.            SACKEN, Fabian W. Osten-Sacken, baron (1752-1837) Général russe. Officier de cavalerie, il combattit les Turcs, les Polonais puis les Français. Fait prisonnier à la bataille de Zurich en 1799, il reviendra en France sous les ordres de Blücher en 1814 et sera nommé gouverneur militaire de Paris durant quelques mois -P.S., 1 p. in-folio ; Voisins-le-Bretonneux, 22.V.1814. Beau sceau de cire rouge aux armes. Autographe rare. 600.-

«Bon Collectif Garde Impériale Russe - Moi, soussigné, Commandant de l'artillerie à cheval... certifie au Maire de St Cyr qu'il a fourni... en fourrages de l'avoine..., de foin..., de paille..., en vivres mille deux cent quatre vingt seize portions...», etc. Cette déclaration est suivie d'un récapitulatif rédigé et signé par le maire de la commune de St Cyr qui reste créditeur de 3173 francs.

Intéressant document se plaçant à un moment historique important : le 6 avril précédent, à Fontainebleau, Napoléon Ier avait abdiqué, et le 3 mai il se trouvait déjà à l'île d'Elbe ; la France entière était occupée par les alliés ; quant aux troupes russes, commandés par le baron Sacken, elles avaient reçu la responsabilité de maintenir l'ordre dans Paris d'avril à juin 1814.

 

129.     SADE, Donatien-Alphonse-François, dit le Marquis de - P.A.S., 1/2 p.in-4 ; Epernon, «Ce 1erjour Complémentaire de l'an 6» [17.IX.1798]. 4600.-

 

Voici huit ans que Sade a retrouvé sa liberté après une longue détention. Dans la misère, il se voit obligé dès le 10 septembre 1798 de se séparer de sa maîtresse, Madame Quesnet, et de se retirer quelque temps à Epernon, dans la Beauce, chez l'un de ses fermiers ; très vite cependant, il doit repartir, l'un de ses créanciers ayant fait opposition sur le revenu de ses fermes.

Cette procuration, donnée à son fils aîné Louis Marie de Sade, s'inscrit en pleine période de disette : le célèbre Marquis tente ici vainement, une fois encore, de monnayer ses biens...

«... Je donne par les présentes pouvoir au citoyen Louis Sade, mon fils, d'emprunter la somme de vingt mille francs... Je lui donne également pouvoir... d'opérer la levée des séquestres, de la prévenir, de retirer les fonds dégagés... le tout pour me faire parvenir lesdites sommes...», etc.

Important document biographique, entièrement autographe et signé à la fin «Sade».

 

 

130.            SAINT-PIERRE, Jacques Henri Bernardin de (1737-1814) Ecrivain français, auteur de Paul et Virginie  - Manuscrit autographe, 1/2 p. petit in-4. Autographe peu commun. 400.-

Curieuses observations ayant pour titre «Harmonie de l'homme», où l'écrivain compare la terre à l'être humain ! «... Nous avons dit que le globe de la terre avait son atmosphère comme un vaste poumon, ses fleuves comme des veines, la mer tiède et salée comme l'organe de l'urine, les roches comme les os, ses terres végétales sont ses chairs, et le soleil son cœur...», etc.

 

131.            SANTA-CRUZ Andrés (1794-1865) Général péruvien, Président de la Bolivie et «protecteur» de la Confédération Bolivie-Pérou - P.S. de son paraphe, 1 p. in-folio obl. ; Lima, 20.III.1827. En-tête à son nom et titres et aux armoiries du Pérou. Pli central renforcé au dos. Rare. 450.-

En tant que «... Gran Mariscal de los Ejercitos Nacionales...», Andrés Santa-Cruz décerne à un colonel de son armée une décoration en récompense de la part qu'il a prise «... en las dificiles y arriesgadas empresas del sitio del Callao, que ha concluido la guerra del continente...»

 

132.            SARTRE Jean-Paul (1905-1980) Philosophe, écrivain et critique français, prix Nobel (qu'il refusa) en 1964 - L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 ; [Paris, 27.I.1955]. Enveloppe avec adresse autographe. 2000.-

 

A la veuve du pacifiste français Yves FARGE (1899-1953), ancien ministre communiste, journaliste et président du mouvement des «Combattants de la paix». Après lui avoir exprimé son regret pour «... le ton que vous avez pris : j'espérais qu'il y avait plus d'amitié entre les partisans de la Paix...», Sartre fait savoir à sa correspondante sa décision de renoncer au voyage au Vietnam qu'elle organise ; il se dit malade et trop occupé : «... je me suis engagé à terminer fin mars une pièce de théâtre [Nekrassov, qui sera représentée le 8 juin suivant au théâtre Antoine] et j'ai trop de retard pour interrompre mon travail...».

L'écrivain s'étend ensuite longuement sur les problèmes qu'il rencontre pour participer au voyage en Chine, où il se rendra volontiers si on veut bien en repousser la date : «... voici les faits... Le voyage est long, sans doute assez pénible... Si le mois de Septembre était favorable... ce serait certainement pour moi l'époque la meilleure. Je me permets d'ajouter que j'avais demandé à France-Chine si Simone de Beauvoir pourrait être invitée avec moi...», etc.

De septembre à novembre de cette même année, Sartre sera effectivement en Chine, reçu par le maréchal Chan-Yi, alors Premier ministre. Sa visite lui ouvrira la porte des grands voyages et Simone de Beauvoir l'accompagnera : invités officiels, ils firent ainsi leurs débuts de couple voyageur, d'inséparables globe-trotters politiques. Lettre fort intéressante.

 

133.            SCHWEITZER Albert (1875-1965) Médecin, théologien et musicien français, prix Nobel de la paix en 1952 - L.A.S., 1 p. in-8 obl. ; Gunsbach (Alsace), 11.I.1933. Trous de classement (loin du texte). 650.-

A propos d'une réduction pour piano des Cantates de BACH. «... Also : Clavierauszüge der Bach'schen Cantaten so viel nicht wahr, Sie schreiben mir Ihren Namen darein...», etc.

 

134.            SHELLEY Percy (1792-1822) Le célèbre poète romantique anglais - document A.S., 1 p. in-8 obl. ; Londres, 2.III.1818. Petites corrosions de l'encre aux lettres «to S». Autographe rarissime ! 4500.-

Chèque, en partie gravé, donnant aux Banquiers «Brooks and Dixon» l'ordre de payer «To Self» ou au porteur, «Fifteen Pounds», modeste somme mais ô combien importante pour le poète à cette époque. Quatre traits de plume biffant la signature indiquent que le paiement a bien été effectué.

Ce document - l'un des très rares autographes de Shelley qui mourut en mer à l'âge de 30 ans ! - est vraisemblablement INÉDIT car non cité par F. L. Jones dans ses deux volumes de lettres publiés en 1964, où l'on trouve toutefois d'autres chèques du même genre. Il se place dans un des moments les plus difficiles de la courte vie du poète : il avait perdu son procès visant à obtenir la garde de ses enfants, l'argent lui manquait, il était malade et son humeur était des plus sombres... Il éprouvait un besoin confus et fort d'écarter de lui les redoutables groupes humains aux réactions imprévisibles, aux terribles mouvements de passion et ne désirait plus satisfaire ses amours et ses haines que dans un univers malléable et docile.

En septembre 1817, Mary Godwin lui avait donné une fille, Clara, et dans leur maison de Marlow s'étaient installées l'ancienne maîtresse de Byron ainsi que la jeune fille de ce dernier, Allegra. Tous vivaient aux frais de Shelley qui trouva aussi le moyen d'aider financièrement Leigh Hunt, son ami intime grâce auquel KEATS rencontra le maître de maison.

Le 11 mars 1818, neuf jours après avoir signé ce chèque, Shelley quittait définitivement son pays pour se fixer en Italie où une mort tragique l'attendait. Il s'agit donc là d'un de ses tout derniers autographes datés de l'Angleterre.

 

135.            SIBELIUS Jean (1865-1957) Compositeur finlandais, il est, avec Schönberg, l'un des principaux représentants de la musique européenne de son temps - L.A.S., 2/3 p. in-4 ; J-rvenp--, 19.XII.1920. Envel. avec adr. autogr. 750.-

 

Après la publication de sa Symphonie n° 5 et la fin de la guerre, Sibelius a repris une vie paisible dans sa demeure campagnarde au Nord d'Helsinki. De là, il adresse cette lettre amicale à l'architecte Hugo LINDBERG (1863-1932), de Helsingfors. Ce texte en suédois, non traduit, fait partie d'une correspondance suivie s'étalant sur de nombreuses années, le musicien ayant continué à vouer une grande amitié à la famille Lindberg même après la disparition de l'architecte. Belle pièce.

 

136.            SIMENON Georges (1903-1989) Romancier belge, il créa le personnage du «Commissaire Maigret» - L.S., 1 p. in-4 ; Lakeville (U.S.A.), 4.IV.1953. Papier avion à son nom et adresse. 420.-

Denyse, son épouse d'Outre-Atlantique, «... a été particulièrement heureuse de vous connaître tous...», écrit Simenon à un responsable des éditions Fayard faisant partie du cercle de ses anciens amis. Malheureusement, l'écrivain n'a pas «... de longues nouvelles à proposer pour le moment. A la première occasion, je verrai si il n'y a pas un manuscrit quelque part. Mais vous [Simenon, suite] savez que je n'écris guère de nouvelles, car je m'y sens moins à l'aise que dans le roman...», confession touchante venant d'un écrivain très prolifique, auteur d'histoires courtes et suggestives, et qui dans la seule année 1953 allait publier trois nouveaux «Maigret» !

Depuis le Libération, en 1945, Simenon avait quitté la France pour les Etats-Unis à cause de l'épuration : on lui reprochait d'avoir continué à écrire et à publier pendant l'occupation allemande... Là-bas, il rencontre une jeune canadienne, Denyse, sa secrétaire, qui deviendra sa seconde épouse en 1950. Le couple s'installe à Lakeville, dans la Shadow Rock Farm, achetée par Simenon qui croit avoir trouvé là le bonheur. L'année 1952 est celle du voyage triomphal en Europe où l'écrivain est accueilli en héros à Paris, Liège et Bruxelles. C'est à cette époque qu'il retrouve ses «vieux amis» dont il est question dans cette lettre, et les présente à Denyse.

Simenon ne reviendra s'installer définitivement en Europe qu'en 1955.

 

 

137.            SIVORI Camillo (1815-1894) Violoniste italien, unique élève de Paganini - L.A.S., 1 p. in-12 ; Paris, 30.III.1853. 200.-

«... Mi avete messo in un bello imbarazzo, poichè in iscritto non mi trovo capace di esprimervi il sentimento d'amicizia che ho concepito per voi, ed il silenzio, in questo caso, è molto più eloquente della vera sincerità...», etc.

A son ami le compositeur napolitain Giulio COTTRAU (1831-1916).

 

138.            SOEMMERING, Samuel Thomas von (1755-1830) Médecin et anatomiste allemand, il se consacra à l'étude du crâne et du système nerveux. En 1809, il avait inventé un «télégraphe électrique» - L.A.S., 3 pp. in-8 ; Munich, 13.VI.[1815]. En allemand. Autographe rare ! 2000.-

Le savant annonce l'envoi d'un article «... aus Moll's Berg- u. Hüttenkunde...» puis, à propos des derniers événements (à Vienne, on venait de signer un traité qui sanctionnait le partage de la Pologne entre la Prusse et la Russie), avoue n'avoir pas encore perçu, en Bavière, les signes d'allégresse provoqué par le «magnifique siège des Flandres» ; il se sent par contre obligé de fêter «en mauvais convive» le fait que la Prusse ait dû accepter le partage de la Saxe (et de la Pologne), ce qui selon lui présage d'un avenir plutôt sombre : «... Hier hat man keine Spur des Jubels über die herrlichen Siege in Flandern vernommen, welcher sich in Ihren Gegenden doch so lebhaft -usserte. Wir feyern hier schlimmere G-ste... Jammer Schade ! dass sich Preussen zur Theilung Sachsens herabliess. Es th-te für sich u. seine Nachkommen am klügsten, wenn es diese widerrechtliche, in unseren Zeiten so höchst gef-hrliche Besetzung wieder verliesse...».

A noter que Soemmering était originaire de Torun (Thorn), ville polonaise passée sous domination prusienne en 1815.

 

139.            STRAUSS Richard (1864-1949) Compositeur allemand - L.A.S., 1 p. sur carte postale in-12 obl. ; Berlin, 31.X.1913. Adresse autogr. au dos et cachet de la Maison de pianos Jbach. Trous de classement. En allemand. 425.-

Au responsable de la fabrique de pianos JBACH, de Berlin, pour solliciter l'envoi d'un accordeur qualifié en mesure de réparer son très délicat piano à queue. En 1913, avait lieu à Berlin la première de son Deutsche Motette, sur un texte de F. Rückert.

 

140.            TALMA François (1763-1826) Tragédien fr., protégé de Napoléon Ier. Il a introduit au théâtre une réforme profonde dans le sens du naturel et de la vérité historique - L.A.S., 1/2 p. in-12 ; (v. 1822). Adr. sur la IVe p. 300.-

A Louis DUCIS (1775-1847), beau-frère de Talma, portraitiste et peintre d'histoire distingué : «... Mon ami, veux-tu... remettre à Monsieur Caunois (Fr.-Auguste C., 1787-1859, sculpteur et graveur de médailles) mon profil... pour la médaille qu'il désire faire d'après moi...».

Ducis a peint entre autres deux tableaux ayant pour sujet Talma, œuvres aujourd'hui conservées au Musée du Théâtre Français à Paris.

 

 

141.            TALLEYRAND, Charles Maurice de (1754-1838) Diplomate et ministre fr. - L.S. «Le P.ce de Talleyrand», 1 1/4 pp. 4° ; Paris, juillet 1815. 400.-

Napoléon vient d'être exilé à Sainte Hélène et Louis XVIII a enfin retrouvé son trône, attendu durant vingt longues années ! Talleyrand est quant à lui toujours là, plus que jamais occupé à faire accepter aux Français le retour des Bourbons.

Il dit ici à Monsieur Goupy (le banquier parisien ?), venu lui exprimer ses sentiments dévoués, combien il regrette que la multiplicité des affaires dont il est chargé l'ait empêché de profiter de sa visite : «... C'est avec une véritable satisfaction que j'ai mis sous les yeux du Roi votre demande... Sa Majesté m'a paru toute disposée à vous...» accorder la permission de porter une décoration étrangère, sous certaines conditions cependant, ici précisées, etc.

 

 

142.            TCHAIKOVSKI Petr Ilitch (1840-1893) Compositeur russe dont l'œuvre a exercé une influence importante sur plusieurs générations de musiciens - L.A.S., 2 pp. in-12 obl. ; Klin, 9/21.X.1892. En-tête à son chiffre et bords dorés. 5250.-

 

Tchaikovski écrit de Klin où, désormais illustre et financièrement à l'aise, il s'est installé depuis peu dans l'espoir d'y trouver une certaine tranquillité d'esprit. «Cher ami ! Cette petite lettre vous sera remise par une sympathique compatriote... très bonne pianiste, que je recommande à Votre bienveillante protection...». Le compositeur, qui durant quelques jours avait séjourné à Paris au début de la même année, espère que son correspondant (Edouard COLONNE, l'organisateur de concerts ?) voudra bien accorder son soutien à la jeune artiste, Madame Stoss-Petroff, et l'en remercie d'avance.

C'est précisément à Klin que Tchaikovski va composer en cette année 1892 son opéra Iolante et surtout la musique du ballet Casse-Noisette, deux œuvres dont la première représentation allait avoir lieu le 29 décembre suivant.

Les autographes de la toute dernière période de la vie du compositeur (il mourut une année plus tard) sont peu communs.

 

 

143.            TOLSTOI Léon (1828-1910) Romancier russe dont l'œuvre est une critique profonde de la société corrompue par le luxe, le plaisir et le mensonge - P.A.S., deux lignes en russe au bas d'une L.A.S. de Marie MAKLAKOV, 1 p. in-8 ; (Moscou, 27.II.1899). 2500.-

 

Depuis le 10 janvier, Tolstoï est à Moscou ; il y restera jusqu'au 19 mai et comme on peut le lire dans son «Journal», il travaille à son roman Résurrection, souvent dérangé par des étudiants en grève qui voudraient le voir mêlé plus activement à leurs manifestations. N'ayant donc que peu de temps à consacrer à sa correspondance, c'est Marie MAKALAKOV (sa petite-nièce, née Obolenski, et femme de N. A. Makalakov, futur ministre de l'Intérieur russe ?) qui est chargée par l'écrivain de répondre en son nom à Petr Pétrovitch NICOLAEV (1873-1928), ce philosophe idéaliste et chrétien qui partageait les idées de Tolstoï.

L'auteur de Guerre et Paix fait savoir à son ami qu'il a bien reçu ses 500 roubles et qu'il lui écrira bientôt personnellement. Puis il ajoute de sa main au bas de la page un post-scriptum de deux lignes pour le remercier et approuver le texte de sa petite-nièce, avant de signer de son nom complet «Léon Tolstoï», le tout en russe, naturellement.

Belle pièce écrite dans un moment crucial de la vie littéraire de l'écrivain qui, dans ses Carnets personnels, notait à la date du 26 juin 1899 : «... Quatre mois... J'ai travaillé et je travaille intensément à Résurrection. Il y a beaucoup de choses, il y a des choses pas mauvaises, il y a ce au nom de quoi on a envie d'écrire...».

 

144.            VENDÉE (Pacification de la) : FOUCHÉ Joseph (1759-1820) Le célèbre ministre de la Police impériale - P.S., 1 p. in-4 + 1/2 p. d'attestations au dos ; Paris, 2.IV.1800. Coin supérieur droit légèrement jauni et pli renforcé. En-tête : Ministère de la Police gén.le de la République, vignette et cachets républicains. 1600.-

On sait la part importante qu'a pris, en accord avec le général Hédouville et avec l'appui du Premier Consul, l'abbé Etienne BERNIER (1762-1806, l'illustre chef vendéen, curé de St-Laud à Angers, futur négociateur du Concordat et évêque d'Orléans) à la pacification de la Vendée. Nous offrons ici le laissez-passer l'autorisant à se rendre «... dans les départements de l'Ouest...» et donnant une description précise de ce personnage, lequel a ajouté sa signature dans la marge gauche.

Au dos, attestation du préfet du département de Maine et Loire, signalant le passage de Bernier à Angers le 18 Germinal an 8 (8.IV.1800) ; au-dessous, deux années plus tard, fut apposée la griffe de Fouché sous la phrase suivante : «Vu Bon pour aller à Angers - Paris le 14 floréal an dix...» (5.V.1802), etc. Bernier venait d'être nommé évêque d'Orléans le 10.IV.1802.

 

 

145.            VERLAINE Paul (1844-1896) Poète «maudit» français, ami de Rimbaud - P.A.S., 1 p. in-12 obl. ; (Paris), 11.V.1891. 450.-

Verlaine déclare avoir reçu de son éditeur VANIER la somme de 6 frs «... pour un volume...» qu'une note au bas du feuillet identifie comme étant celui des «Pages de Mallarmé».

En 1891, Stéphane Mallarmé avait effectivement publié un volume intitulé «Pages» ; Verlaine cédait-il son exemplaire à Vanier pour six francs ?

 

146.            VIARDOT Pauline  (1821-1910) Cantatrice française - P.A.S., 1/2 p. in-8 obl. ; Varsovie, 25.XII.1857. 260.-

Charmante pensée, pleine de modestie, tracée sur une feuille d'album lors d'une tournée en Pologne : «C'est si joli du papier blanc ! Pourquoi le salir ? - Pauline Viardot - Varsovie, 24 Déc. 1857». La cantatrice n'appréciait visiblement pas uniquement le papier vierge puisqu'elle était depuis deux ans l'heureuse propriétaire du magnifique manuscrit autographe du Don Giovanni de Mozart...

 

147.            WAGNER Cosima (1837-1930) Fille de Liszt, épouse de von Bülow puis de Richard Wagner - L.S., 3 pp. in-8 ; Bayreuth, Wahnfried, 27.II.1900. 500.-

A propos de la carrière artistique de son fils Siegfried WAGNER, fort appréciée semble-t-il par le destinataire : «... Je lui ai fait part de votre proposition pour le second concert, mais... il a quitté Rome et... est à présent en route pour Berlin... Le 2 mars nous nous réunissons à Berlin... Il vous fera savoir immédiatement sa décision...». Elle exprime sa satisfaction de voir son fils «... diriger l'illustre corporation artistique...» fondée par son correspondant.

Missive vraisemblablement adressée à Edouard COLONNE (1838-1910), le chef d'orchestre français qui créa à Paris l'Association des Concerts Colonne.

 

 

148.            WAGNER Richard (1813-1883) Compositeur all. - Curieux billet A.S. (initiales), 1 p. in-12 obl. ; (Sienne, fin août 1880 ?). Portrait joint. 2000.-

Jolie feuille sur laquelle le compositeur a tracé de sa grande écriture, à l'encre mauve, les mots suivants : «Ja ! Ja ! - So ist'es - R W.» (Oui ! Oui ! - C'est comme cela...).

Au dos, message A.S. au crayon (3ème pers.) émanant de l'écrivain et dramaturge italien Pietro COSSA (1830-1881) qui se dit désolé de n'avoir pas trouvé chez eux «... l'illustre Wagner e la sua gentilissima signora [e] lascia mille saluti...». De sa main, Cosima WAGNER a noté au-dessous : «Cossa - Consul de France (?!) - Casalta di Lucca».

Pietro Cossa - dont les tragédies à sujet historique s'inspirant au vérisme étaient alors en vogue - avait l'habitude de séjourner sur les côtes toscanes et il est vraisemblable qu'il soit allé rendre visite à Wagner lors du séjour que celui-ci fit dans cette région. Le compositeur, qui logeait dans la superbe villa de Torre Fiorentina, près de Sienne, étant absent, Cossa lui écrivit sans doute son message au dos de ce billet que Wagner avait laissé traîner quelque part chez lui... Le village de Casalta (Lucques) était probablement le lieu de résidence de Cossa.

Notons enfin que c'est en visitant la cathédrale de Sienne, en août 1880, que Wagner eut l'idée du temple du Graal ; plus tard, à Bayreuth, il suggéra à Joukowsky de s'en rappeler lors de la mise en scène du Parsifal.

 

149.            YSAŸE Eugène (1858-1931) L'illustre violoniste, compositeur et pédagogue belge - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8 ; Bruxelles, 15.III.1923. 550.-

Superbe ligne de musique, vingt notes tracées à l'encre rouge d'un crescendo offert à une amie en «... Hommage et souvenir d'un vieux ménétrier Wallon...». Charmante pièce.

 

150.     ZOLA Emile (1840-1902) Romancier français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 gr. ; Médan, 16.XI.1882. 900.-

Lettre INÉDITE, adressée à un correspondant italien, le comte Alberto Alberti, qui lui avait demandé un texte manuscrit : «... Est-ce simplement quelques lignes... pour les autographier... ? Est-ce un travail plus long ? Je vous avouerai que, dans ce moment, je ne pourrai que copier quelque chose dans mes œuvres («Les Quatre Journées de Jean Gourdon» ou «L'Inondation» ?) ... Donnez-moi des détails ; sans quoi il m'est bien difficile de vous satisfaire...», etc.

Dans la «Correspondance d'Emile Zola», on trouve à la même date une autre lettre faisant allusion à celle que nous offrons ici. Il semblerait que l'article en question devait servir à recueillir des fonds en faveur des sinistrés des inondations de l'Adige, près de Vérone. Ce genre de catastrophe naturelle avait déjà été décrite dans les deux ouvrages ci-dessus cités [voir Corr. Tome IV, page 344].

 

151.            ZWEIG Stefan (1881-1942, suicide) Ecrivain autrichien - L.S., 1 p. in-12 obl. ; Londres, 9.XI.1936. Adresse au dos. Trous de classement. 300.-

 

A un confrère autrichien dont il a reçu l'ouvrage, qu'il se réserve de lire dans un moment de tranquillité : «... Ich danke Ihnen sehr... Ich lese sofort, das Buch, wie ich einen ruhigen Augenblick habe und mit wirklich aufrichtiger Neugierde...».

Sur carte postale, avec son adresse londonienne imprimée en tête : «40, Hallam Street...».


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